Le Hamas palestinien est
aujourd'hui piégé par les évolutions politiques dans la région. Alors qu'il
aurait pu faire valoir son statut de mouvement de résistance à un occupant
colonial pour se garder de prendre parti dans le conflit syrien, il s'est
engagé contre Damas. Et par ricochet, l'Iran et les Hezbollah. Ce sont ainsi
ces seuls vrais soutiens jamais eu dans la région qu'il s'est aliéné et qui
n'ont pas été compensé par un alignement « sunnite ». L'Egypte, sous Morsi, n'a
pas vraiment ouvert la « prison de Ghaza », la gestion du dossier ayant été une
affaire de l'armée. Avec la destitution de Morsi, la prison se referme à double
tour et l'armée égyptienne a redoublé d'activité pour détruire les tunnels,
sources vitales pour la bande de Ghaza. Les médias égyptiens, en digne
disciples de radio milles collines, déversent une propagande éhontée qui a
cessé de viser le Hamas et s'étend à tous les palestiniens. Et aux syriens
accessoirement. Les évolutions de la situation en Syrie comme en Egypte se
traduisent par un affaiblissement politique du Hamas Mahmoud Abbas, incapable
de refuser quelque chose aux américains, a profité de cet affaiblissement des
liens régionaux du Hamas, pour accepter de reprendre la scabreuse comédie de la
négociation. Les palestiniens ne se font guère d'illusions, ils savent que
l'insistance de John Kerry à la reprise des négociations n'est qu'un simulacre
qui sert les seuls intérêts de l'occupant israélien. Même dans l'hypothèse peu
sérieuse qu'un accord puisse être réalisé, Israël a d'emblée fermer le jeu en
indiquant que tout accord sera soumis à référendum. Il n'y a rien de changer
dans l'état d'esprit expansionniste d'Israël, pas plus que dans le soutien
permanent des Etats-Unis à ce que décide l'Etat hébreu. Les seuls changements
sont l'affaiblissement de la Syrie et le coup d'Etat en Egypte qui isolent totalement
le Hamas dans la région. Même les promesses d'investissements du Qatar ont peu
de chance d'être tenus, le nouvel émir n'étant pas forcément engagé par les
promesses de son paternel. Mahmoud Abbas qui tenait compte du Hamas avait fait
des conditions minimales d'un arrêt de la colonisation des territoires occupés,
vient de les oublier. Il accepte de négocier sans obtenir aucune garantie en ce
sens. C'est donc la seule neutralisation de Ghaza et l'affaiblissement de la
faction palestinienne qui la dirige qui motive la reprise des négociations. Si
tant est que ce mot veuille dire quelque chose pour des palestiniens qui
n'oublient pas apparemment ce n'est pas le cas pour Abbas qu'on les a mené
en bateau pendant deux décennies au nom de négociations fictives. Mais quelle
capacité de négociation aura « l'Autorité palestinienne » si son action
s'appuie sur la neutralisation d'une partie du camp palestinien ? L'obéissance
des « négociateurs » palestinienne est telle qu'ils n'oseront pas songer à
mettre dans la balance la « nuisance » que représenterait Hamas et qui parle de
« cadeau important fait au gouvernement d'occupation extrémiste. Mustafa
Barghouti, secrétaire général de l'Initiative nationale palestinienne le
constate : on ne négocie pas sans changement du rapport de force, l'engagement
sur des critères précis, et une cessation complète des activités de
colonisation ». Des constats de bon sens et il est clair que ces conditions ne
sont pas réunies. Et que l'on est dans la reproduction du processus d'Oslo qui
a vu le nombre de colons israéliens passer de 150.000 à 650.000. Ce « péché
d'Oslo », c'est une évidence, va se répéter. Mais Mahmoud Abbas ne peut rien
refuser aux américains ! Hélas !
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