ELWATAN-ALHABIB
dimanche 26 mai 2013
 


La G4G parle : Assad plus fort que jamais

 

 

L’hebdomadaire allemand Der Spiegel a obtenu l’évaluation de la situation syrienne que fait le BND (service de renseignement allemand, ou Bundesnachrichtendienst), et que son chef Gerhard Schindler a communiqué à un groupe sélectionné d’hommes politiques. En un an, le BND a modifié radicalement son évaluation. Le BND estime que le gouvernement Assad “est plus stable qu’il ne l’a jamais été depuis longtemps” et qu’il peut “entreprendre des opérations avec succès, à volonté, contre les groupes rebelles”. (Dans Spiegel Online, le 22 mai 2013.)
«It is a notable about-face. As recently as last summer, Schindler reported to government officials and parliamentarians that he felt the Assad regime would collapse early in 2013. He repeated the view in interviews with the media. At the time, the BND pointed to the Syrian military's precarious supply situation and large numbers of desertions that included members of the officer core. German intelligence spoke of the “end phase of the regime.”
»Since then, however, the situation has changed dramatically, the BND believes. Schindler used graphics and maps to demonstrate that Assad's troops once again possess effective supply lines to ensure sufficient quantities of weapons and other materiel. Fuel supplies for tanks and military aircraft, which had proved troublesome, are once again available, Schindler reported. The new situation allows Assad's troops to combat spontaneous rebel attacks and even retake positions that were previously lost. The BND does not believe that Assad's military is strong enough to defeat the rebels, but it can do enough to improve its position in the current stalemate.
»The assessment appears to be consistent with recent reports from Syria, where government troops have been able to regain the upper hand in the region stretching from Damascus to Homs, including coastal areas near Homs. Furthermore, fighters loyal to Assad have expelled rebel fighters from several districts on the edge of Damascus and cut off their supply lines to the south. Currently, the regime is in the process of severing rebel supply lines to the west.
»Meanwhile, the BND believes that rebel forces, which include several groups of Islamist fighters with ties to al-Qaida, are facing extreme difficulties. Schindler reported that different rebel groups are fighting with each other to attain supremacy in individual regions. Furthermore, regime troops have managed to cut supply lines for weapons and evacuation routes for wounded fighters. Each new battle weakens the militias further, the BND chief said.
»Should the conflict continue as it has in recent weeks, says Schindler, government troops could retake the entire southern half of the country by the end of 2013. That would leave only the north for insurgent fighters, where Kurdish rebels have tighten control over their areas.»
Sur le terrain, les rebelles évoluant de plus en plus de manière autonome, sinon antagoniste et bien entendu anarchique avec des affrontements internes qui ne cessent de les affaiblir, les liens hiérarchiques avec la “direction politique” organisée sous l’égide du bloc BAO deviennent quasiment inexistants, estime Schindler. Cette situation laisse peu d’espoir que des conversations de paix puissent être conduites (notamment à la conférence Genève-II, lancée par la Russie et les USA), cette “direction politique” étant réduite à un état de non-représentation et n’ayant plus guère comme issue que de radicaliser sans cesse sa position pour rendre les négociations impossibles sans trop mettre en évidence son impuissance et son inexistence.
«Schindler's report on the state of the rebel groups allows little room for hope that serious talks between the insurgents and the Assad regime will take place soon. The BND says there is no functional chain of command between opposition leaders abroad and the militias inside of Syria. The fighters on the ground simply don't recognize the political leadership, says the BND.»
Cette évaluation du BND confirme (voir notamment le 22 mai 2013) toutes les évaluations, notamment dans les services et organismes spécialisés du bloc BAO, concernant la situation sur le terrain. Il s’agit notamment de la victoire dans la bataille de Qusair (voir Al Monitor Lebanon Pulse, le 21 mai 2013), considérée comme une affirmation stratégique majeure et, pour notre propos, comme un événement opérationnel qui prend une allure de symbole de la signification de cette “guerre syrienne”. Il s’agit alors d’un élément fondamental pour la définition de Guerre de 4ème Génération (G4G), qui est devenue, dans le développement des événements, particulièrement depuis 2008, la transcription opérationnelle de la crise générale d’effondrement du Système.
Nous avons suivi épisodiquement ce que nous jugions être l’évolution du concept de G4G, comme l’évolution d’un concept qui, plus encore que signifier une nouvelle “génération” de forme de guerre, présente la particularité de désigner un concept de guerre échappant complètement aux seules règles et aux seuls éléments de l’activité militaire. Par exemple, en 2006, à propos de deux crises militarisées (entre Israël et le Hezbollah à l’été 2006 et lors de l’opération israélienne contre Gaza au début 2009 [voir le 16 août 2006 et le 23 janvier 2009]), nous observions l’évolution radicale du concept qui implique de plus en plus essentiellement et nécessairement des domaines que nous avons l’habitude de considérer comme non-militaires. Notre appréciation progressant, nous en venons à considérer que la G4G est un concept de “guerre” complètement adaptée à notre époque, et intégrant les changements considérables apportées par une époque (surtout depuis 2008) qui est celle de l’infrastructure crisique et de la crise d’effondrement du Système. Parmi les éléments essentiels caractérisant la nouvelle forme des conflits (qu’il est de plus en plus difficile de nommer “guerre”), on notera la prépondérance de la communication (système de la communication) et le rôle fondamental des forces structurantes que sont les principes, et, à l’inverse, l’attaque des forces Système caractérisées par l’équation dd&e (déstructuration, dissolution & entropisation).
La “guerre syrienne” dans son développement depuis deux années est devenue parfaitement un conflit G4G en ceci qu’il échappe à toutes les règles militaires classiques, et qu’il évolue comme une “guerre” d’une forme anarchique si l’on s’en tient aux seuls concepts militaires et géopolitiques courants. La communication y joue un rôle fondamental (voir le 2 avril 2012), y compris la communication autour d’instruments de guerre qui ne sont pas nécessairement amenés à servir, et dont on peut même avancer que leur fonction pourrait être justement de ne pas être utilisés (le cas des S-300 russes livrés ou pas à la Syrie). Également et d’une façon paradoxale, la diplomatie y joue un rôle considérable comme “arme de combat”, puisque c’est bien la diplomatie qui a permis à la Russie d’y gagner le rôle de leadership qui est désormais le sien. (Cela, contre la non-diplomatie d’un bloc BAO totalement noyé dans l’affectivité [voir le 11 juin 2012], campé sur un ultimatum d’autodestruction de l’adversaire et un soutien affiché apporté à toutes les forces subversives, noyant ainsi le peu de légitimité à laquelle pourrait prétendre une partie de l’opposition syrienne dans un océan d’imposture et de montages illégaux et financiers grossiers, avec en soutien de pointe l’un des membres les plus fictifs et les plus anti-principiels du bloc BAO, le Qatar, passé maître dans l’influence déstructurante.) Enfin, la question principielle y joue également un rôle essentiel, en donnant ou en refusant aux uns et aux autres, à mesure de l’évolution de la situation opérationnelle, une légitimité qui permet de tenir un rôle essentiel au travers de l’autorité que confère cette légitimité. C’est encore le cas de la Russie, mais aussi celui du régime Assad qui disposait pourtant au départ des troubles d’une légitimité plus que chancelante et en pleine dissolution, et qui s’est re-légitimisé à mesure que la “guerre” a avancé, à l’aune de l’évidence déstructurante de l’action de ses adversaires. Dans l’aventure, d’autre part, les autres intervenants de ce côté qui est celui de la défense des principes structurants, qui tenaient un rôle complètement secondaire à l’origine, notamment le Hezbollah et l’Iran, ont acquis eux-mêmes une légitimité d’acteurs à part entière, hors de leurs propres territoires, sur un plan régional affirmé.
Il n’est nullement assuré que la “guerre syrienne” évolue en une guerre régionale affirmée, ou plus (pire) encore, en conflit plus généralisée. Il n’est pas plus assuré qu’elle débouche sur une victoire affirmée et une re-stabilisation du pays affecté (sous un pouvoir ou l’autre) et des autres pays de la zone. Mais d’ores et déjà, la “guerre syrienne” interprétée selon le prisme de la G4G, touche toute la région et la transforme radicalement, dans des conditions et selon des orientations que nous ne pouvons imaginer, – et cela avec des conséquences générales sur l’évolution de la crise d’effondrement du Système, qui sont elles aussi hors de notre capacité de prévision, et qui pourraient être radicales dans leur enchaînement d'effets et de conséquences. La “guerre syrienne“, selon le modèle G4G, a quitté la dimension nationale et la dimension idéologique, et même la dimension religieuse, qui sont toutes des sous-produits de l’affrontement entre Système et antiSystème, pour attendre la dimension de cet affrontement qui est la dimension principielle (autour des principes, déstructuration contre structuration). Une seule certitude est que l’évolution actuelle sanctifie absolument à la logique de la crise de l’effondrement du Système, qui se joue effectivement sur cet affrontement principiel et qui enchaîne sans vergogne, à chaque séquence, la dynamique d’autodestruction sur la dynamique de surpuissance. Le bloc BAO, qui a choisi son camp comme on sacrifie à une fatalité qui a elle-même déjà fait son choix, parce que ce camp est celui du Système, essuie les déboires habituels.
... Le reste évolue en fonction de cette évolution générale. Il y a deux ans, “Les Amis de la Syrie” se réunissaient pour la première fois, à Tunis : ils étaient 88 ; il viennent de se réunir, le 22 mai à Amman. Ils étaient onze.
 
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