Des milliers de Palestiniens ont enterré hier, dans
la colère, Arafat Jaradat, prisonnier palestinien mort alors qu'il était soumis
à la question par les agents du Shin Beth. C'est l'Autorité palestinienne qui a
confirmé que le prisonnier est mort sous la torture. Cela se passe en
Cisjordanie où l'Autorité palestinienne en dépit de la mort définitive du
processus de paix poursuit sa coopération sécuritaire avec l'occupant. Comme si
la reconnaissance du statut d'observateur à l'Etat palestinien - une victoire
politique indéniable - était suffisante en soi.
Pourtant, Mahmoud Abbas ne l'ignore pas, il y a
certaines questions sur lesquelles les Palestiniens, au-delà de leurs
convictions politiques diverses, ne transigent pas, c'est le droit au retour et
le soutien aux prisonniers palestiniens. Des milliers de détenus palestiniens
se sont mis en grève de la faim après la mort d'Arafat Jaradat tandis que la
Cisjordanie occupée prenait un air d'Intifada. Signe qui ne trompe pas sur
l'évolution des esprits, les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa (Fatah) ont promis
de riposter à la mort de Arafat Jaradat qualifiée de «crime horrible». Sommé
par le gouvernement israélien de ramener le calme, Mahmoud Abbas a accusé
l'Etat hébreu de «vouloir créer le chaos» dans les territoires occupés. «Nous
voulons la paix et la liberté pour nos prisonniers et nous ne nous laisserons
pas entraîner dans leurs manœuvres malgré leurs tentatives», a-t-il indiqué
dans un message plutôt codé.
Ce qui se passe en réalité est que la sommation de
ramener le calme s'est accompagnée de la libération de 100 millions de dollars
parmi les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne qui étaient
bloquées par Netanyahu. La carotte et le bâton. Et surtout suprême mépris d'un
régime raciste qui dit aux Palestiniens : «On vous tue et on vous donne votre
argent pour vous faire taire». Mais le vrai problème est dans l'Autorité
palestinienne. Tel-Aviv exige de Mahmoud Abbas de faire la police «chez lui»
alors qu'il n'existe aucun processus de paix et que l'expansionnisme
colonialiste ne se dément pas. Et gageons que l'imposteur Tony Blair, qui
préside un fantomatique Quartet, va subitement sortir de son hibernation pour
venir demander aux Palestiniens de la mettre en veilleuse.
Mahmoud Abbas est-il irrémédiablement prisonnier d'un
processus de paix qui n'existe pas ? Un processus que même ceux qui ont, par
ruse, enfermé la cause palestinienne dans le sas d'Oslo ne font pas semblant de
croire qu'il existe. Les Palestiniens, eux, le savent, en Cisjordanie comme à
Ghaza. Toute cette comédie de la négociation a permis à Israël d'occuper les
territoires palestiniens, d'organiser une «purification» ethno-religieuse, de
changer la donne sur le terrain et, sans surprise, de permettre aux faux
parrains de la paix que sont les Américains de demander aux Palestiniens de
prendre «en compte la réalité du terrain». Il y a de l'Intifada dans l'air
palestinien et ce peuple, comme tous les autres, a le droit de protester et de
se soulever pour défendre son droit à la vie, à la liberté et à la dignité.
MAHMOUD ABBAS SERAIT TRES MAL AVISE D'ESSAYER DE
REPRIMER LA COLERE PALESTINIENNE MEME SI ELLE S'EXPRIME EN INTIFADA. S'IL
REPOND A L'HUMILIANTE SOMMATION D'ISRAËL, L'INTIFADA AURA LIEU CONTRE
L'AUTORITE PALESTINIENNE. CAR, AU VU DU PIETRE BILAN DU «PROCESSUS D'OSLO»,
RIEN NE JUSTIFIE QUE DES PALESTINIENS JOUENT AUX SUPPLETIFS DANS UN FAUX
PROCESSUS DE PAIX QUI NE CACHE PAS UN VRAI PROCESSUS DE DEPOSSESSION COLONIALE.
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