IRIB-Ce
n'est pas faire dans l'exagération d'affirmer que l'homme de la rue en
Algérie est pris d'engouement pour la bataille électorale qui a cours en
France avec pour enjeu la présidence de la République.
Cet engouement s'affiche et s'exprime comme s'il s'agissait dans cette
élection présidentielle d'une affaire algérienne. Si le résultat du
scrutin présidentiel en France devait tenir compte de ce que les
Algériens voudraient qui en sortirait vainqueur, alors il n'y a
absolument pas « photo », François Hollande l'emporterait haut la main
sur Nicolas Sarkozy. C'est
un euphémisme d'écrire que le président sortant de la France fait
l'objet en Algérie d'une détestation qui en intensité dépasse de loin
celle que les Algériens ont vouée à certains de ses prédécesseurs. Elle
s'est cultivée en eux du fait que Nicolas Sarkozy leur est apparu comme
ayant réuni en sa personne tous les griefs qui, pour une raison ou une
autre, ils ont eu à développer contre les présidents français s'étant
succédé à l'Elysée depuis l'indépendance de l'Algérie. C'est donc un
autre euphémisme de dire que sa défaite probable le 6 mai réjouira en
Algérie sans retenue. Pour l'élection présidentielle française, les
Algériens ont le cœur à gauche non par conviction doctrinale pour la
majorité d'entre eux mais au constat que seul le candidat de cette
famille politique est en mesure de battre l'actuel occupant du palais de
l'Elysée. François Hollande, puisque c'est de lui qu'il s'agit en cette
occurrence, est leur candidat préféré par défaut. L'homme
bénéficie de ce côté-ci de la Méditerranéen d'un capital de sympathie
raisonnée. Ne serait-ce que parce qu'il n'affiche pas l'arrogance
haïssable qu'ils reprochent à son rival, qu'il n'exprime pas comme lui
de sentiments xénophobes, qu'il ne fait pas dans l'islamophobie ou la
stigmatisation de l'émigration.Mais autant ils ne cachent pas leur
penchant pour le candidat socialiste, autant ils ne s'illusionnent pas
sur les changements que sa victoire est susceptible d'apporter aux
relations algéro-françaises. La
prudence en la matière leur est dictée par les enseignements qu'ils ont
retenus de l'histoire. C'est en effet avec les socialistes au pouvoir
en France que les relations des deux nations ont été les plus heurtées
au point que s'est imposé le point de vue en Algérie qu'il est
préférable pour les intérêts nationaux que la France soit dirigée par un
pouvoir de droite plutôt que de gauche socialiste. Nicolas Sarkozy a
pourtant réussi le tour de force de faire renoncer les Algériens à ce
point de vue et à leur faire adopter celui du « tout sauf lui ». Bien
entendu, l'élection présidentielle en France est une affaire
franco-française. Ce que les étrangers souhaitent voir advenir au
scrutin du 6 mai n'entre pas en ligne de compte dans le vote que feront
les électeurs français en la circonstance. Mais c'est un secret de
Polichinelle que la rue en Algérie attend sans cacher de quel côté elle
penche, que ces électeurs leur offrent la satisfaction en donnant la
victoire au rival de Sarkozy, de savoir que la France n'est pas celle
qu'a incarnée ce dernier pendant ces cinq années de mandat présidentiel. Source: Le quotidien d'Oran
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