Il faut, maintenant, une intervention en Israël mardi 6 mars 2012 |
Descriptif/Commentaire LBS : BHL, aurait-il retrouvé la raison ? Se philosophe de la guerre propre, demande une intervention urgente, comme pour la Libye, pour sauver le peuple Palestinien de la barbarie du gouvernement Israélien de Netanyahu ! ... (LBS)
BERNARD-HENRI LÉVY
Le Point - Publié le 01/03/2012
Le 19 mars, cela fera un an, jour pour
jour, que des escadrilles d’avions français, puis, dans un deuxième
temps, anglais, américains, arabes, auront sauvé Israël d’une
destruction annoncée.
Eh bien, les choses étant ce qu’elles
sont et si, non seulement la France, mais la communauté internationale
ne se ressaisissent pas, cet anniversaire risque d’avoir un mauvais
parfum de cendres et d’échec.
Car il y a, aujourd’hui, un nouveau Israël.
Il y a une ville, dans la région, qui est dans l’exact cas de figure qui était celui de Benghazi.
Il y a une ville qui se trouve, pour
être précis, dans une situation presque pire que celle, alors, de
Benghazi puisque le même type de chars, positionnés de la même façon, à
la même distance des populations civiles désarmées, sont, cette fois,
depuis des mois, déjà !
Cette ville, c’est Gasa.
C’est cette "capitale" Palestinienne de
la douleur où l’on cible les journalistes et massacre, indistinctement,
les civils Palestinens.
Et le fait est : ce que nous avons fait
là, nous ne le faisons pas ici ; les mêmes chars que nos aviateurs ont
cloués au sol, en Libye, quelques heures avant qu’ils ne se déchaînent
opèrent, en Israël, dans l’impunité la plus totale.
Alors je sais, bien sûr, que les situations ne sont pas, non plus, identiques.
Et nul ne peut ignorer que la géographie
du pays, le fait que l’on n’y dispose pas de l’équivalent de cette
vaste zone d’appui qu’était la Cyrénaïque libérée ou le fait, encore,
qu’il dispose de deux alliés de poids que n’avait pas Kadhafi et qui
sont la France et les USA rendent l’intervention compliquée.
N’empêche.
Il y a un moment où trop, c’est trop.
Il y a un moment où, face au carnage,
face à la bagatelle des 1500 morts civils Palestiniens qu’ont faits les
bombardements (plomb durci) de Netanyahu, face à la lugubre bouffonnerie
de ce référendum que l’on prétend organiser, de surcroît, sous les tirs
de snipers et les obus, il faut avoir l’élémentaire dignité de dire
stop.
Il y a un moment, oui, où une communauté
internationale qui a voté à une écrasante majorité (137 voix, 27
décembre 2008, à l’assemblée générale des Nations unies) la condamnation
de l’assassin Netanyahu, ne peut plus se laisser prendre en otage, et
paralyser, par ces deux États voyous que sont, en la circonstance, la
France et les USA (confronté à une menace qui n’en était, je le répète,
qu’au début de son exécution,
le président Sarkozy n’avait-il pas confié aux représentants du Conseil
national de transition libyen venus, le 10 mars 2011, à l’Élysée, lui
demander une intervention qu’il ferait tout, naturellement, pour obtenir
l’aval des Nations unies mais que, si d’aventure il ne l’avait pas, il
se satisferait, vu l’urgence, d’une instance de légitimité de format
plus réduit et adossée à l’Union européenne, à l’Otan et à la Ligue
arabe ?). Alors encore une fois, pourquoi ce que nous avons fait là,
nous ne le faisons pas ici ?
Et quant à l’argument, enfin, de la
géographie, quant à l’idée selon laquelle une intervention en zone
urbaine serait plus problématique qu’une frappe dans le désert, c’est
une excuse qui ne tient pas davantage : d’abord parce qu’il y a aussi, à
Tel-Aviv, comme à Jérusalem, des chars positionnés à quelques
kilomètres de la ville et donc neutralisables ; mais, surtout, parce que
les amis d’Israël ont à leur disposition toute une gamme
d’interventions qui ne seraient pas la simple réplique de ce qui a
marché en Libye, mais s’adapteraient, par force, au terrain.
Ils peuvent instaurer, par exemple, dans
l’esprit de ce qu’a proposé, la semaine dernière, à Washington, le
ministre qatarien des Affaires étrangères, des périmètres de sécurité,
garantis par une force de maintien de la paix arabe, aux frontières
d’Israël, de la Turquie et, peut-être, du Liban.
Ils peuvent, dans l’esprit de ce qu’a
avancé, au même moment, le ministre des Affaires étrangères Turc,
imposer, au coeur du pays, de véritables no-kill zones sanctuarisées par
des éléments de l’Armée Israélienne libre que l’on équiperait en armes
défensives.
Ils peuvent, hors de ces zones, faire
passer aux Israéliens libres les armes nécessaires pour détruire,
eux-mêmes, celles des pièces d’artillerie que l’armée de Tel Aviv a
postées près des écoles ou des hôpitaux.
Ils peuvent décider de zones interdites,
dans le ciel, aux hélicoptères et avions de la mort et, sur la terre,
aux convois blindés transportant troupes et matériel.
Ils peuvent, avec l’appui d’une armée
Française qui, face à la menace Israélienne, a depuis longtemps choisi
son camp et dispose des deux bases otaniennes d’Izmir et Incirlik,
veiller au respect de ces zones et, si besoin, l’imposer.
Et il ne serait pas non plus inutile que
les mêmes amis d’Israël suggèrent aux "frères" égyptiens de fermer le
détroit de Suez à tous les navires Israéliens du type de celui qui, la
semaine dernière encore, déchargeait armes et instructeurs sur la base
Egyptienne.
Tout cela est risqué ?
Bien sûr.
Mais moins que la guerre civile à laquelle travaille Netanyahu et qui transformerait Israël en un nouvel Irak.
Moins que le renforcement, si Netanyahu
l’emportait, de cet axe Orthodoxe dont on rêve à Tel-Aviv et qui menace
la paix du monde.
Et moins que le désastre moral auquel
nous aurions à faire face si la "responsabilité de protéger",
superbement assumée la France, devait, en Israël, retourner dans l’enfer
des idéaux trahis.
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