Ennahdha s'oppose à l'instauration de la charia dans la Constitution
Au cœur d’âpres débats, qui ont
fait apparaître de profondes dissensions politiques, l’instauration de
la charia en Tunisie ne sera pas la pomme de discorde qui
fissurera la cohésion nationale. Ainsi en a décidé le parti au
pouvoir Ennahdha, qui a tranché dans le vif en annonçant, le lundi 26
mars, son soutien au maintien de l'article premier de la
Constitution de 1956.
En d’autres termes, aucune
référence explicite à la charia ne sera gravée dans le marbre, au grand
dam d’une partie de l’électorat du mouvement de Rached
Ghannouchi qui espérait avoir gain de cause, Ennahdha mettant un
point d’honneur à tenir ses promesses électorales.
"Le bureau exécutif d'Ennahda
affirme son engagement à respecter son programme électoral d'octobre
2011 d'une manière générale et notamment l'article de la
Constitution qui stipule que la Tunisie est un Etat libre,
indépendant et souverain, sa religion est l'islam, sa langue l'arabe et
son régime la République", a précisé dans un communiqué
la direction d’Ennahdha, taxée de nouer des liaisons dangereuses
avec l’aile dure du mouvement par l’opposition libérale.
Cet arbitrage n’a pas été sans
créer de vifs remous au sein même du parti, où il est décrié comme une
concession, ou pire encore comme une "trahison" par la voix
indignée du leader du mouvement islamiste Al-Arydha ("Pétition populaire"), Hechim Haamdi, dans un entretien à l’AFP.
Lors d'une conférence de presse,
Rached Ghannouchi en personne a justifié la décision d'Ennahdha au nom
du "souci de préserver l'unité nationale" mise à
rude épreuve par la mouvance salafiste, qui crie à l’apostasie à
tue-tête. "Nous ne voulons pas que la société tunisienne soit divisée
en deux camps opposés idéologiquement, l'un
pro-charia et l'autre anti-charia. Cela ne nous réjouit pas et
c'est très grave. Nous voulons plutôt une Constitution qui soit pour
tous les Tunisiens quelles que soient leurs convictions", a
souligné ce dernier, avant de conclure que "l'islam n'autorise pas
de traiter autrui de mécréants".
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