Après que la Russie et la Chine eurent mis leur véto
à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU le 4 février,
l’Assemblée générale des Nations Unies a approuvé une résolution
condamnant la violence en Syrie. Bien que non contraignante, elle va
accroître encore d’avantage la pression sur le gouvernement syrien, et
ouvre la porte à une intervention extérieure dans le futur.
Les conflits sectaires, les facteurs géopolitiques, et surtout la
politique du « diviser pour mieux régner » menée par l’Occident ont
permis l’émergence d’intenses contradictions au sein du Monde arabe, et
les affrontements internes en Syrie ont fournis une excuse à l’Occident
pour s’immiscer.
La crise actuelle en Syrie n’a pas simplement pour objet la
protection des Droits de l’homme ainsi que le prétendent les
Occidentaux. Ils veulent renverser le gouvernement actuel et le
remplacer par un autre qui soit pro-occidental. La Syrie est considérée
comme un problème pour la stratégie moyen-orientale de l’Occident du
fait de ses liens étroits avec l’Iran et le Liban, tous deux hostiles
aux États-Unis.
Afin de jouer un rôle au Proche-Orient, la Ligue arabe est prête à
soutenir la stratégie occidentale dans la région. À n’en pas douter,
après avoir résolu le problème syrien d’une façon non pacifique, la
cible suivante serait l’Iran.
Le véto chinois ne signifie pas que Beijing se range aux cotés du
gouvernement syrien, ou qu’il est aveugle aux affrontements sanglants,
mais qu’il ne veut pas que la Syrie suive le même chemin désastreux que
la Libye, qui a abouti à une situation de guerre civile généralisée.
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine a la responsabilité et l’obligation de défendre la Charte des Nations Unies,
source du droit et code de conduite international, et donc doit rejeter
toute résolution qui viole cette Charte et ses principes.
Si la Chine se rend compte qu’une résolution est à même de menacer la
souveraineté d’un État et va à l’encontre de la justice, et qu’elle ne
fait rien, il s’agirait là d’une faute grave.
La réponse furieuse de l’Occident aux vétos russe et chinois montre
que ceux-ci ont dévoilé le véritable objectif des Occidentaux – essayer
de dominer le Moyen-Orient et monopoliser l’Organisation des Nations
Unies – qu’ils avaient pris soin de masquer derrière leurs nobles
revendications de défense des droits de l’homme en Syrie.
Le monde a été témoin de trop d’invasions d’États souverains et de
trop de meurtres de civils innocents au nom de l’ingérence humanitaire.
Les interventions militaires depuis la fin de la Guerre froide montrent
que l’Occident, pendant qu’il brandit l’étendard de la protection des
Droits de l’homme, ne fait en réalité que rechercher ses propres
intérêts stratégiques globaux et régionaux.
Que cela soit les pays envahis après les attaques terroristes du 11
septembre 2001, ou encore certains pays musulmans qui ont subi des « révolutions colorées » l’an passé, le fait est que, à l’inverse de la protection des Droits de l’homme, ces invasions et ces « révolutions » ont entrainé la détérioration de la stabilité intérieure et de la situation humanitaire.
L’expérience montre que, depuis la Guerre froide, quelles que
puissent être les divergences qui existent entre eux, les pays
occidentaux se serreront les coudes quand ils sont en conflit avec un
pays non occidental. Même à l’ère de la globalisation, il existe
toujours une ligne de démarcation claire entre l’Occident et le reste du
monde.
Pour des raisons à la fois historiques et pratiques, l’équilibre du
pouvoir entre l’Ouest, particulièrement les États-Unis, et le monde
non-occidental, est inégal. De la même façon qu’un pouvoir absolu sans
surveillance ou restrictions a pour conséquence la corruption au sein
d’un État, un pouvoir sans contrepoids dans la communauté internationale
deviendra lui aussi impérieux et sans pitié, devenant de ce fait une
menace pour la stabilité du monde entier.
Après la Guerre froide, les États-Unis ont réussi à « avoir une emprise ferme sur l’ONU pour opprimer la communauté internationale » pendant que les pays petits ou moyens n’osaient pas exprimer leur mécontentement.
La réaction hystérique des États-Unis au véto chinois montre qu’ils
n’ont pas compris l’évolution de la Chine. À un moment où la politique
de la canonnière est remise au goût du jour, une approche modeste et
auto-disciplinée de la diplomatie semble peut-être un peu démodée.
Si la Chine et les États-Unis peuvent coexister pacifiquement, il
s’agirait d’un accomplissement sans précédent. Mais l’histoire des
relations sino-étatsuniennes montre qu’une telle coopération ne peut
être atteinte par le compromis ou la simple requête, et qu’il ne faut
espérer aucune relation gagnant-gagnant par le simple truchement de nos
bonnes volontés. La lutte sans rupture des relations ne doit pas être la
base de l’attitude chinoise envers les États-Unis, car seulement quand
nous serons prêts à payer le prix de la rupture, alors nous serons à
même de lutter sans nous déchirer.
Quelle que soit la difficulté de la situation à l’extérieur, la Chine
ne va pas arrêter son développement. Pas avant que les diplomates ne
cessent de faire appel à notre bon cœur. Ni tant qu’il sera facile de
fouler au pied les sentiments de 1,3 milliard de Chinois, et pas avant
que la Chine ne soit en capacité de défendre la Charte et les normes des
Nations Unies ainsi que la paix et la justice dans le monde par des
actes et non plus des mots.
En tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, la Chine se doit
d’assumer la grande responsabilité de préserver la paix mondiale. Afin
de préserver l’unité, la Chine a été contrainte à faire usage de son
véto.
Parce qu’elle est membre de la communauté internationale, la Chine
est consciente qu’elle ne peut réaliser ses propres intérêts sans
coopération avec le monde extérieur. Mais la Chine sera également
attentive à ces pays occidentaux qui vont trop loin. Ayant par le passé
été envahie par les puissances occidentale, la Chine comprend la
souffrance qui en résulte. Ainsi la Chine qui s’éveille ne reproduira
pas les mêmes erreurs, parce que le peuple chinois croit que ce que vous
ne vous voulez pas que l’on vous fasse, il ne faut pas le faire subir
aux autres.
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