Ouyahia au secours de la France
l
Ahmed Ouyahia invite Erdogan à
«cesser de faire de la colonisation française de l’Algérie un fonds de
commerce». Le Premier ministre
a rapellé que la Turquie s’est prononcée contre l’indépendance de l’Algérie de 1954 à 1962 .
Il est apparemment de bon ton que nos
dirigeants se mettent à lancer des signes de «bienveillance» envers
l’Etat français. Sarkozy ne pouvait sûrement pas trouver
meilleure défense contre l’attaque du Premier ministre turc
l’appelant à balayer devant sa porte avant de criminaliser le génocide
arménien, que celle que lui a offert hier le Premier ministre
algérien, Ahmed Ouayhia.
FONDS DE COMMERCE
Ce dernier, qui n’a pas adopté le ton
de la neutralité et encore moins donné la part belle au sens de la
mesure vis-à-vis de deux belligérants d’une polémique née
entre deux pays que sont la France et la Turquie, choisit de s’en
prendre à l’un des deux Etats qui est la Turquie l’invitant à «cesser de
faire de la colonisation de l’Algérie un fonds de
commerce». Le secrétaire général du RND, mais surtout Premier
ministre, qui n’a pas trouvé «opportun» de critiquer la colonisation
française et rappeler les horreurs subies par le peuple algérien
du fait de 132 années de colonisation, a choisi de s’attaquer à la
seule Turquie qui a «osé» rappeler à la mémoire ces horreurs dont ont
été victimes les Algériens. «Personne n’a le droit de
faire du sang des Algériens un fonds de commerce», dit-il en
invoquant à son tour l’histoire pour rappeler que «la Turquie, qui était
membre de l’OTAN, pendant la guerre d’Algérie, et qui l’est
encore, avait participé, de par sa qualité de membre de cette
Alliance, à fournir des moyens militaires à la France, dans sa guerre en
Algérie, au moins par l’achat d’une bombe larguée en Algérie
ou d’une balle tirée contre des Algériens».
Ceci et de noter que la même Turquie
«avait voté contre la question algérienne de 1954 à 1962». Ne s’arrêtant
pas à cette page de l’histoire, Ahmed Ouyahia, et
comme pour enfoncer davantage les Turcs, souligne que «la flotte
militaire algérienne ayant pris part à la bataille de Navarin, en 1827,
opposant les Ottomans à la coalition militaire française,
anglaise et russe, a été entièrement détruite… Même le dey Hussein
(dey de la régence d’Alger au moment du débarquement des troupes
militaires française à Alger en 1830) avait quitté
le pays trois jours après l’invasion d’Alger par les troupes
militaires du roi Charles X». Au-delà des faits que l’histoire et les
peuples ont le loisir de juger la sortie, peu mesurée d’Ouayhia,
est sans conteste un signe de faveur adressé à l’Etat français en
ces temps où il est important pour le régime de s’attirer des soutiens
extérieurs, notamment de cet ancien colonisateur qui veut
garder une influence certaine sur ses anciennes colonies. Outre ses
attaques contre la Turquie qui ouvrent un front de discorde avec un pays
qu’il qualifie pourtant «d’ami», Ouyahia enfonce le
clou en citant la tentative avortée d’une loi criminalisant la
colonisation française en Algérie. Il estime qu’une telle loi serait
«une carte politique, pas plus» et qu’elle serait un «désaveu
aux dirigeants algériens depuis 1962 qui n’avaient pas élaboré une
telle loi». Et d’ajouter : «Défendre la révolution passerait par
l’édification d’une Algérie forte.»
Ainsi, pour Ouyahia, il faut des
conditions pour défendre son histoire ! Le Premier ministre
assimilerait-il la faiblesse actuelle du régime comme celle de
l’Algérie ? Quand nos dirigeants cesseront de confondre régime et
Etat ce ne sera que salutaire pour l’Algérie qui n’a heureusement pas à
rougir de son histoire et encore moins de sa belle
révolution contrairement au régime qui, lui, a toutes les raisons du
monde d’aller quémander le satisfecit des puissants du monde. Après les
regrets à peine voilés, prononcés à l’Assemblée
française, du ministre des Affaires étrangères, de ne pas faire
partie de l’Union européenne «à cause» de l’indépendance de l’Algérie,
le Premier ministre offre une nouvelle tribune à Nicolas
Sarkozy pour toiser d’un œil indifférent la mémoire de la guerre de
Libération nationale.
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