Il y aura peut-être des « télévisions privées » en 2012, mais dans
la démarche de préservation d’un régime obsolète, cela ne sera qu’un
élément de plus dans le mauvais décor du faux pluralisme mis en place
depuis deux décennies. Et même si le régime n’a rien d’un puriste en
matière de respect des Constitutions et des lois, dans ses annonces à
usage extérieur des « réformes » il prend, en direction de
« l’intérieur », des garanties pour n’avoir que des télévisions
« amies » dans le paysage. Il y a déjà, selon un décompte non officiel,
une dizaine de projets adossés à des journaux existants ou des hommes
d’affaires qui sont dans l’intime proximité des princes. Et, alors qu’on
attend la loi « spécifique » sur l’audiovisuel, le communiqué officiel
très généraliste qui l’a annoncé pose déjà les limitations. Il ne suffit
pas d’être algérien, de respecter un cahier de charges, pour entrer
dans les « happy few ». Ainsi, le « privé » algérien – pardon d’abuser
des guillemets mais comment faire autrement pour rappeler que la
télévision « publique » est privatisée par le pouvoir ? – qui aspire à
lancer une télévision doit passer un double écueil. Non seulement, il
doit conclure une convention avec une Autorité de régulation des médias
audiovisuels qui sera mise en place. Cette Autorité, censée être
« indépendante, jouissant de la personnalité morale et de l’autonomie
financière » reste encore indéfinie pour sa composition, son
fonctionnement et ses attributions. Il est bien entendu improbable que
la formule « indépendante » recouvre le sens « non spécifique » qui lui
est universellement donné. Mais qu’à cela ne tienne, il y a un autre
grand verrou. La signature d’une convention avec ladite Autorité de
régulation ne constitue pas un ticket d’entrée dans le paysage
audiovisuel. Il faudra en effet ensuite une autorisation délivrée par le
pouvoir. Himself ! Gageons que ce ne sera pas une simple formalité !
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