ELWATAN-ALHABIB
dimanche 7 août 2011
 

Les taraouihs sonores, une agression contre la



sacralité du Coran et la tranquillité du citoyen




Abdelkader DEHBI

L’usage assourdissant et généralisé des haut-parleurs des mosquées, diffusant à plein volume, la prière des taraouih, engendre en ce mois sacré de Ramadhan, une immense et insoutenable cacophonie qui se répand chaque soir, pendant plus d’une heure, dans de nombreux quartiers de la capitale et même dans d’autres villes du pays.
Cacophonie physiquement insupportable, parce qu’il s’agit d’une véritable agression sonore, affectant la vie et la tranquillité de milliers de familles au voisinage des mosquées. Des familles qui n’osent pas trop s’en plaindre, de crainte d’être considérées comme antireligieuses. Une cacophonie moralement révoltante parce qu’elle constitue qui plus est, une grave atteinte à la majesté du Coran – parole de Dieu – qui se retrouve ainsi désacralisé et comme bradé et jeté dans la rue par ceux-là mêmes qui sont en charge d’en enseigner la glorification et le respect. Renseignements pris, le ministère des Affaires religieuses aurait donné des instructions de réduire le volume des haut-parleurs. Malheureusement, ces interventions n’ont été suivies d’aucun effet, comme pour narguer à la fois les autorités religieuses et la majorité des autres citoyens. Des citoyens qui, bien que pratiquants, ont choisi en toute liberté de ne pas s’associer à ces prières de taraouih qui sont après tout, des prières subrogatoires, c’est-à-dire, facultatives, mais qui ont malheureusement pris ces dernières années en Algérie l’allure d’une espèce de « must social », c’est-à-dire d’une véritable « mode religieuse ostentatoire ». Une mode, dont les effets pervers font que les mosquées, toujours clairsemées lors des prières obligatoires, se retrouvent paradoxalement pleines à craquer chaque soir, pour entrer en compétition entre elles à coups de décibels et où le texte sacré joue, le plus souvent hélas, le rôle de simple support à une joute « psalmodique » sonore furieuse, tenant plus du show populiste et profane que de la pieuse et déférente récitation qui sied à la majesté des textes et des lieux. On ne citera que pour souligner ce phénomène de « mode » scandaleuse, la présence de plus en plus nombreuse de femmes, souvent accompagnées de leur progéniture braillarde dans ces prières, contrevenant ainsi d’une manière flagrante à la prescription d’un hadith formel du Prophète (QSSSL), recommandant aux femmes d’accomplir leurs prières chez elles. Il faut rappeler ici que si le principe de la prière des taraouih durant le mois sacré du Ramadhan introduit depuis le califat de Omar, a toujours bénéficié du consensus le plus large des ouléma autant que des fidèles, il n’a jamais été question pour autant, qu’un tel office religieux se transforme en une vulgaire braderie attentant au caractère sacré du Coran d’abord, et nuisant subsidiairement à la tranquillité des autres fidèles, dont la présence à ces prières n’a aucun caractère obligatoire. Cette grave déviation doit être pédagogiquement combattue, à la fois au niveau l’exégèse des textes sacrés en direction des imams. En particulier le célèbre hadith de Tirmidi rapportant en substance la mise en garde du Prophète (QSSSL) contre les « clameurs qui s’élèveront des mosquées » et qui constitueront avait-il prévenu, « les signes avant-coureurs de la fin des temps ». Cette grave déviation, doit être combattue aussi – et plus prosaïquement – au nom des exigences de la paix publique dans un pays qui prétend se définit comme un « Etat de droit », c’est-à-dire un Etat qui respecte et fait respecter la liberté de tous ses citoyens, sur un pied d’égalité : qu’il s’agisse de garantir la liberté de culte dans les mosquées et ailleurs, ou qu’il s’agisse de garantir également, la tranquillité et la quiétude des familles.

En tout état de cause, la passivité et l’impéritie de l’autorité publique – en particulier le Ministère des Affaires Religieuses et les Services de Police Urbaine – face à de tels errements, sont perçues par le citoyen ordinaire, au mieux, comme l’un des nombreux signes de faiblesse de l’Etat. Au pire, elles pourraient être interprétées au deuxième degré comme une volonté de pis-aller, masquant des calculs et des manipulations politiques inavouables, destinées sans doute, à donner une certaine image dégradée de l’Islam….

Encore qu’on aurait du mal à mon avis, à prêter la moindre velléité d’imaginer ou de décider quoi que ce soit, à un pouvoir qui nous donne l’impression de faire le mort. A moins qu’il ne soit réellement mort et qu’on en s’en soit pas encore aperçus, frappés que nous sommes, par une sorte de syndrome de Salomon (*).

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(*) Le Coran – Sourate de Saba Verset 14 – a mentionné comment le Prophète-Roi Salomon (sur Lui le Salut) a été surpris par la mort pendant qu’il passait en revue ses troupes constituées de Djinns. Le corps sans vie de l’auguste prophète resta juché sur sa monture, entouré d’une armée de djinns figés dont aucun n’osa rompre les rangs. Et ils ne s’aperçurent de la mort de Salomon (sur Lui le Salut) qu’après de longues années de souffrances, quand un ver de terre finit par ronger la canne sur laquelle il était appuyé, dans une posture de profonde méditation

 
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