1969-2011 : 42 ans de règne sans partage se fracassent sous les calicots croutés d’un régime plus qu’anachronique.
Mouammar 1er bédouin-colonel devenu président-guide retrouve le sable sous lequel il a enseveli son peuple.
La tente de jadis transformée en bunker est sans doute la dernière escale d’un guide en totale sortie de route dans une entêtante odeur de poussière et de temps révolu.
Il se terre dans son bunker, disent les médias occidentaux, ravis de tourner en dérision les clowns-dirigeants arabes.
Les nouvelles se succèdent et ne se ressemblent pas : le fils du guide, lui-même guide de son père, donné prisonnier la veille, parade le lendemain dans un quartier de tripoli.
Qu’importe, le compte à rebours a commencé et ni le manoir-bunker de Bab el Azizia ni l’orgueil extrinsèque et inutile de Seif el Islam ne sauveront un régime depuis longtemps insupportable.
La mitraille crépite, les avions de l’OTAN zèbrent le ciel de tripoli, et Mouammar est invisible et aphone. Les dictatures ont de si minables agonies !
Le roi des rois d’Afrique qui a juré de tenir tête à tout le monde se terrerait-il comme une taupe apeurée ? La saveur des apogées s’efface vite devant la trouille des fins de règne.
Les infos le donnent fuyant vers l’Algérie ou l’Afrique du Sud. Fuyant !!! Le peuple libyen a du mal à digérer cette image d’un héros en carton-pâte prenant ses jambes à son cou.
Longtemps pénétré de sa propre importance, et ne commandant que par la seule vertu de l’arbitraire, à l’instar de Ben Ali, Moubarak, Abdallah Saleh, Bachar el Assad et de presque tous les dirigeants arabes, Kadhafi ne voyait que ce qu’il voulait voir.
Car un tyran se figure si mal les travers de sa personnalité qu’il n’a guère de faire sienne la réalité flagrante.
La pellicule défile : 1969, un jeune capitaine autoproclamé colonel dépose le roi Idriss Senoussi et instaure la Jamahiryra, (la république des masses) et abolit le suffrage universel.
La légende du roi clown est en marche. Il se plaça dés le début de son règne sur un horrible piédestal et s’estima hors d’atteinte, essaya de concocter des idylles en langueur avec ses projets d’union avec l’Egypte , le Tunisie et tutti quanti.
Il crut bon remplacer le bon gout par le clinquant. Son apparence devint ostentation et son sens du théâtral enflait.
Plutôt que chef d’état, il devint une curiosité, un phénomène de foire qui offusquait les uns et n’amusait pas les autres. Impossible d’imaginer la vigueur avec laquelle il se contorsionnait pour affecter cette sérénité de troubadour politique.
Banni de la communauté internationale après les attentats de Lockerbie et d’UTA, puis réintégré après avoir payé cash de sa personne et de son portefeuille, il fut le premier à reprocher aux tunisiens leur désamour vis-à-vis de Benali.
Pourtant, la chute de ses voisins aurait du lui faire ouvrir les yeux. Foin de tout cela. Les tyrans ne sentent jamais le sol qui se dérobe comme une plage quand la marée se retire.
Combien même les sanctuaires de leur despotisme craquèlent, tanguent, les « rais » et « gaids » arabes s’accommodent du doute, trouvent du charme à la destruction des choses, à l’effacement de leurs peuples.
Ils se refugient dans la fringale des discours, arc-boutant le verbe et se composant une bravoure de dernière heure.
Le pouvoir personnel - graine insidieuse plantée dans l’âme des despotes qui contrefait la réalité en dessinant des sociétés parfaites, soumises, des peuples sans visages - est le carburant d’une misère démocratique et sociale programmée.
« T’hal foumek tarou snanek » est un programme politique qui régit l’uniformité d’une vie où rien ne vient. Le rôle incolore laissé à la populace fige son quotidien : 12 heures de jour sans sens et 12 heures de nuit en sang d’encre.
Il fait nuit noire sur Tripoli, comme le faisceau d’un phare , un rai de liberté éclaire les grains de poussière figés par 42 ans d’un règne immonde.
Les manifestants mêlés aux rebelles ont des yeux incrédules. Tant de puissance tombe en compote que ça leur donne un comportement bizarre : ils ont des prudences de locataires et des indulgences de désespérés.
Pourtant c’est la réalité : kadhafi, c’est fini et bel et bien fini .fuyant, suicidé, refugié ou tué, il ne sera plus le maitre d’œuvre d’un cauchemar qui ne le concernait pas.
les enfants de Libye, las, éreintés par les mensonges, les promesses non tenues, devenus des êtres griffonnés, à peine esquissés, sont plus que jamais conscients que ni l’OTAN, ni la charité occidentale ne seront combleront leurs manques ou panseront leurs plaies.
Et dans la froide profondeur du pétrole, git une dignité flouée pendant plus de 40 ans.
Kadhafi chassé, voilà Sarkozy et compagnie qui s’agitent. Décidément le pétrole est après le vin, la mixture préférée des « civilisés ».
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