Le roi Mohammed VI en visite hier en Tunisie
Les Marocains cherchent-ils à «marquer» Alger ?
Le roi Mohammed VI cherche à placer de nouvelles entreprises...
Rabat craint que le nouveau rapprochement tuniso-algérien ne se fasse à
ses dépens et le monarque vole, lui aussi, au secours de l'économie
tunisienne.
Le monarque marocain, Mohammed VI, est arrivé hier à Tunis pour la 1re
fois depuis l'avènement des rvoltes arabes. Au-delà de la signature
d'accords bilatéraux dans les secteurs public et privé, que vient
chercher Mohammed VI derrière sa visite en Tunisie ? Le roi du Maroc est
accompagné lors de sa visite en Tunisie dune délégation comprenant une
centaine d'hommes d'affaires qui ont déjà participé, jeudi, au Forum
économique tuniso-marocain, tenu sur le thème «Des synergies à bâtir au
service de la croissance et l’emploi». Le volet du renforcement de la
coopération bilatérale est par ailleurs le principal point apparent à
l'ordre du jour de la visite du monarque marocain.
En effet, Hichem Loumi, le vice-président de l'Union tunisienne de
l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) parle de trois
thèmes, à savoir «l’évaluation des économies des deux pays, les
opportunités d’investissement et surtout la complémentarité en matière
de croissance et d’emploi». «On vise à faire de la Tunisie un hub
régional, une plate-forme de correspondance, dans le but d’optimiser les
marchés voisins», a-t-il précisé, en affirmant que l’objectif est de
faire de «Tunisie-Maroc une plateforme compétitive pour
l’internationalisation des entreprises du Maghreb».
«Se partager le gâteau»
Tout ceci est beau, mais ce n’est sûrement pas l'unique objectif du
Maroc derrière ce premier déplacement de Mohammed VI dans un pays sur
lequel a soufflé le «printemps arabe ». De l'avis de tous les
observateurs, Rabat suit avec prudence le réchauffement de l'axe
Tunis-Alger, suite à la venue de Mehdi Jomaâ au pouvoir en Tunisie,
surtout après le récent soutien financier apporté par le gouvernement
algérien à son voisin de l'Est. Les relations tuniso-algériennes étaient
plutôt au frigo pendant la gouvernance de la «troïka», dirigée par les
islamistes d'Ennahdha. Plus encore, le président tunisien, Moncef
Marzouki, se reconnaît une descendance marocaine dans la mesure où il a
de la famille installée au Maroc et que son père y soit décédé et
enterré. Donc, Rabat craint que ce nouveau rapprochement tuniso-algérien
ne se fasse à ses dépens et le monarque vole, lui aussi, au secours de
l'économie tunisienne.
Faute de financements, comme l'avait fait Alger, Rabat offre d'aider à
faire de Tunis un hub régional et une plate-forme de correspondance vers
les pays voisins, notamment l'Afrique occidentale, soit le même
objectif préconisé par les Marocains. «Le Maroc propose de nous allier
pour se partager le gâteau et damer le pion aux Européens, au lieu de se
casser la figure l'un de l'autre», ironise un homme d'affaires
tunisien, qui veut garder l'anonymat.
En contrepartie, Rabat souhaiterait des facilités pour ses financements
en Tunisie, notamment via Attijariwafa Bank et sa filiale tunisienne
Attijari Bank. On parle des désirs marocains de s'octroyer certaines
entreprises saisies aux barons du régime de Ben Ali. Il est à souligner
qu'actuellement, 100 sociétés tunisiennes sont implantées au Maroc,
contre 30 sociétés marocaines installées en Tunisie. Les échanges
commerciaux sont encore très faibles. Le total ne dépasse pas les 250
millions d’euros dans les deux sens, malgré l’affiliation des deux pays à
l’accord d’Agadir d’échanges commerciaux.
Mourad Sellami
Commentaire:
A.Dehbi
le 31.05.14
Un glacis criminel de 40 ans !
ALGERIENS, INDIGNEZ-VOUS … !
Appel de monsieur A.Dehbi
I M P O R T A N T :
Je demande
patriotiquement à TOUS les citoyens et citoyennes qui visiteront cette
page, de bien vouloir LIRE cet Appel et le DIFFUSER aussi largement
qu'ils le pourront.-- Je ne connais pas personnellement l'auteur de ce
CRI D'ALARME, M. Hocine Malti,ancien Vice-Président de Sonatrach,
brillant ingénieur en pétrochimie et grand expert en économie
pétrolière, mais je le sais de réputation, grand patriote et homme
intègre.
Adressé à Monsieur le Président de la République
Par Hocine Malti, 27 mai 2014
Monsieur le Président de la République,
Vous venez d’autoriser l’exploration et l’exploitation du gaz de
schiste sur le territoire de notre pays à tous, l’Algérie. Nous
avez-vous consultés, nous les citoyens, avant de prendre une décision
aussi grave ? Avez-vous, ne serait-ce que pour la forme, consulté la
représentation nationale ? Sachant à quel point vous et le régime dont
vous êtes la façade avez travesti les règles de la démocratie dans notre
pays, vous auriez probablement obtenu l’accord quasi-unanime de ceux
qui sont censés nous représenter. Cela nous aurait cependant permis de
repérer les quelques courageux qui auraient osé vous dire, non.
Savez-vous ce qu’est le gaz de schiste, Monsieur le Président ?
Savez-vous comment l’on procède pour extraire ce gaz de la roche qui le
contient ? Savez-vous quels sont les dangers encourus lors de
l’extraction ? Savez-vous de quelles réserves l’Algérie dispose-t-elle ?
Savez-vous qu’elles seront les retombées financières sur le pays, une
fois l’exploitation entamée ? Savez-vous quelles décisions ont été
prises en la matière par d’autres pays, censés disposer de réserves
importantes de cette ressource ?
Vous souvenez-vous, Monsieur le Président, de l’ardoise que vous
transportiez dans votre cartable d’écolier ? Imaginez plusieurs ardoises
collées les unes aux autres jusqu’à constituer une couche épaisse de
quelques dizaines de mètres située à deux ou trois mille mètres sous
terre. La roche ainsi constituée s’appelle schiste. (D’autres roches
identiques à l’ardoise de par leur consistance et leur dureté
s’appellent également schiste. Ce sont celles-ci surtout qui sont
présentes au Sahara, mais j’ai choisi l’ardoise car elle plus parlante
pour le commun des mortels.) A l’intérieur de cette roche se trouvent
des milliards de micropores, voire de nanopores qui contiennent du gaz :
c’est le gaz de schiste. Vous est-il arrivé, Monsieur le Président, de
faire tomber votre ardoise sur le chemin de l’école ? Pouviez-vous dire,
à l’avance, si elle allait se briser en deux, trois ou plusieurs
morceaux ? Et quelles seraient la taille et la forme de ces morceaux ?
Bien évidemment, non. Afin de produire le gaz contenu dans cette roche
très peu poreuse, on doit le libérer en provoquant par des techniques
particulières un phénomène identique, on doit faire éclater la roche ;
en jargon du métier on dit que l’on doit procéder à la fracturation du
schiste. Tout comme dans l’exemple de l’ardoise qui se brise, on est
dans l’incapacité de dire quel en sera le résultat, mais aussi et
surtout, on ne pourra prédire jusqu’à quelle profondeur s’étendra la
fracturation. L’opération est d’autant plus incontrôlable qu’elle se
déroule dans les entrailles de la terre. On ne sait donc pas si seule la
couche de schiste a été fracturée, tout comme on ne sait pas si, ce
faisant, les fissures que l’on a créées ne sont pas devenues autant de
canaux de communication vers d’autres couches plus poreuses situées
au-dessus ou au-dessous de la couche porteuse. C’est malheureusement ce
qui arrive dans la très grande majorité des cas car, sachez Monsieur le
Président, que pour extraire le gaz de schiste, on doit pénétrer cette
couche par un forage dit horizontal et procéder de proche en proche au
plus grand nombre possible de fracturations qui peuvent alors atteindre
d’autres niveaux. La fracturation en elle-même se fait par injection à
très haute pression d’eau à laquelle on a additionné du sable et des
composants chimiques extrêmement nocifs pour la santé des hommes et des
animaux, mais aussi pour la végétation ; en effet, certains sont
radioactifs, tandis que d’autres sont cancérigènes. Les quantités d’eau
utilisées sont de l’ordre de quelques dizaines de milliers de mètres
cubes par forage, ce qui est une quantité énorme, vu la rareté de cette
denrée précieuse dans les zones arides sahariennes. De retour à la
surface après usage, ce mélange eau-produits chimiques est généralement
jeté dans la nature. Comme vous le voyez, Monsieur le Président, on a là
un énorme gaspillage d’eau, qui s’infiltrera dans le sol, entraînant sa
pollution avec elle et laissant derrière elle d’immenses décharges de
produits chimiques. Je dois donc vous dire, Monsieur le Président, que
si vous maintenez votre décision, l’Histoire retiendra que vous aurez
semé la mort pour plusieurs décennies dans toutes les zones sur
lesquelles auront travaillé les compagnies que votre gouvernement aura
agrées ; et que vous aurez traité votre peuple de la même manière que
l’a traité la puissance colonisatrice dans les années 1960, en procédant
à des essais nucléaires au Sahara. Et ce n’est pas tout. L’eau polluée
par les composants chimiques qu’elle contient, injectée sous très haute
pression, pénétrera à travers les fractures qu’elle aura créées dans
d’autres couches plus perméables et plus poreuses puis migrera
probablement vers les trois grandes zones aquifères présentes dans le
sous-sol saharien, dont la couche albienne notamment qui contient – je
ne sais si vous le savez – des milliers de milliards de mètres cubes
d’eau accumulés durant des siècles. C’est cela le plus grand risque que
votre décision fait courir à la plus importante richesse que recèle le
Sahara. L’Histoire a déjà enregistré que vous et le système que vous
représentez avez privé la génération actuelle d’Algériens du bien-être
que leur aurait procuré la manne pétrolière du pays en bradant ses
ressources en hydrocarbures[1] afin de satisfaire les appétits des
majors pétroliers, américains notamment, dans le but affiché de vous
acheter des alliances, mais aussi celui de gonfler les comptes en banque
de vos proches et des mafieux qui vous entourent. De même, qu’elle
retiendra que, pour les mêmes raisons vous aurez également privé les
générations futures de l’eau, source de la vie. Comment peut-on
qualifier cela, Monsieur le Président ? Non-assistance à personne en
danger ? Crime contre l’Humanité ? Je vous laisse le choix du
qualificatif. Ce n’est pas parce que vous avez donné comme instruction,
lors du conseil des ministres du 21 mai 2014 qui a entériné la décision « de
veiller à ce que la prospection, et plus tard l’exploitation des
hydrocarbures schisteux soient menés en permanence avec le souci de
préserver les ressources hydriques et de protéger l’environnement »
que vous vous serez délié de toute responsabilité en la matière. Car,
plus que la corruption que vous et vos maîtres de l’ombre[2] avez
instaurée comme méthode de gouvernance, plus que la maltraitance et le
mépris avec lesquels vous avez traité votre peuple durant les quinze
années de votre règne – et plus sachant que vous venez d’entamer un
quatrième mandat – poussant notamment la jeunesse de ce pays vers
l’exil, y compris sur une embarcation de fortune avec la mort au bout du
voyage, c’est un crime autrement plus grave que vous allez commettre,
Monsieur le Président. J’espère que vous êtes conscient que l’Histoire
retiendra que ce crime vous est imputable à vous et à vous seul, car
eux, vos maîtres de l’ombre, s’en laveront les mains bien sûr. D’autant
plus que vous n’ignorez pas que les guerres du futur seront des guerres
pour l’eau ; mais cela vous n’en avez cure visiblement, car ce ne seront
pas vos guerres, ni même celles de votre descendance, car vous n’en
avez pas. Au lieu de préserver ce bien précieux pour l’Humanité toute
entière et pour des millions d’Algériens qui ne sont pas encore nés,
vous nous dites : « Après moi le déluge ! »
Monsieur le Président,
Je suppose que l’on vous a dit que l’Algérie était classée en
troisième position dans le monde pour ce qui est des réserves de gaz de
schiste. Sachez que les chiffres qui vous ont été avancés émanent
apparemment de rapports établis par le Secrétariat à l’Energie
américain, dans lesquels il est bien spécifié qu’il s’agit là de
réserves non prouvées, qu’elles seraient de l’ordre de 19 800
milliards de mètres cubes et qu’elles seraient situées en majorité au
sud-est du Sahara dans une zone de 120 000 kms² environ. Aucune étude
sérieuse, ni aucun travail de recherche sur le terrain ne sont venus, à
ce jour, confirmer la véracité de ces chiffres. La lecture de ces
rapports, qui utilisent tous des verbes déclinés au conditionnel, montre
d’ailleurs bien que ce ne sont là que des estimations grossières,
basées sur une superficie calculée très approximativement – je dirais
même outrageusement gonflée – tout comme le sont les autres éléments
(épaisseurs des couches, porosité, etc.), qui entrent en jeu dans les
calculs. On ne peut par conséquent pas bâtir une politique
d’exploitation, et encore moins prendre des engagements commerciaux sur
la base de chiffres de réserves qui sont loin d’être prouvées, comme
l’ont si bien souligné les auteurs des rapports en question. Ce qui est
par contre toujours constaté dans le domaine du calcul des réserves en
hydrocarbures, c’est que l’on aboutit généralement à des réserves
prouvées 2,3 ou 4 fois inférieures, si ce n’est plus, à celles des
réserves initialement estimées. Le fait que nous soient répétés sur tous
les tons, tant par les responsables de Sonatrach, que par des membres
de votre gouvernement, ou par certains médias algériens, des chiffres
mirobolants de réserves qui flattent l’égo des Algériens, n’en fait pas
pour autant des vérités.
Saviez-vous, Monsieur le Président, que la Chine, que les mêmes
milieux pétroliers américains classent en première position dans le
monde pour ce qui est des réserves non prouvées de gaz de schiste,
qu’ils estiment être de 32 000 milliards de mètres cubes, vient de
signer un méga contrat de livraison de gaz naturel avec la Russie, qui
lui livrera à compter de 2018 et pendant 30 ans des quantités qui iront
crescendo jusqu’à atteindre 38 milliards de mètres cubes par an ?
Pourriez-vous m’expliquer, Monsieur le Président, pourquoi les Chinois
s’engageraient à ce point avec les Russes alors qu’ils disposeraient de
réserves de gaz de schiste équivalentes à 1000 années d’importation
depuis la Russie ? Visiblement les Chinois sont moins enthousiastes que
les Américains sur l’estimation des réserves que recèlerait leur pays,
mais surtout refusent de s’engager dans l’exploitation d’une ressource
qui, dans les limites des connaissances actuelles, est dangereuse pour
l’homme et son environnement, quitte à payer une énorme facture aux
Russes. Pourriez-vous me dire aussi, Monsieur le Président, pourquoi la
France, qui posséderait elle aussi des réserves importantes de gaz de
schiste, a adopté un moratoire qui en interdit l’exploitation sur le sol
français, tant que la technologie n’aura pas suffisamment évolué et
permettra de protéger le peuple français contre un désastre écologique ?
Quitte à continuer à payer dans ce cas-là aussi d’importantes factures à
la Russie et à l’Algérie. Face à une telle interdiction, le groupe
Total se dit alors : « Si on ne peut pas le faire chez nous, pourquoi
n’utiliserions-nous pas comme laboratoire des pays moins regardants en
la matière, tels que l’Algérie ? » et décida donc de venir polluer notre
Sahara et semer la mort dans notre pays. Puis, au passage, Total
testera de nouvelles techniques, moins polluantes, moins mortelles,
qu’il utilisera en France lorsqu’il les aura mises au point et qu’il
nous vendra très cher ce jour-là. Total n’est pas le seul groupe
pétrolier à vouloir se lancer dans l’aventure du gaz de schiste en
dehors des frontières de son pays. Les majors anglo-saxons en font de
même.
Alors de grâce, Monsieur le Président, évitez à ce pauvre peuple
algérien une nouvelle catastrophe. Ne trouvez-vous pas qu’il a
suffisamment souffert après avoir subi 132 années de colonialisme, après
avoir payé un lourd tribu de quelques centaines de milliers de morts
durant les 7 années et demie de la guerre de libération, après que
200 000 de ses enfants aient laissé leurs vies lors d’une guerre civile
qui ne dit pas son nom, après que votre régime ait décidé d’innocenter
les auteurs de tous bords des atrocités commises durant cette période,
puis enfin après que la Cosa Nostra qui constitue l’ossature de votre
pouvoir ait dépouillé, avec votre bénédiction, ce pauvre peuple d’une
richesse que la Nature a attribué à toute la nation algérienne et pas
uniquement à la caste que vous et vos maîtres de l’ombre avez constituée
autour de vous ? Le gaz de schiste présent dans notre pays n’est pas
votre propriété privée, vous ne pouvez donc pas en disposer et
l’utiliser comme bon vous semble, comme vous le faites, Monsieur le
Président.
Venons-en maintenant à l’aspect économique de la question. Aux
Etats-Unis, pays pionnier en ce domaine, nombre de compagnies ont
démarré voici plusieurs années une telle activité. Pour des raisons
purement économiques bien entendu, puisqu’il n’y a – nous le savons tous
- qu’un seul dieu qu’elles adorent, un dieu qui s’appelle Dollar. Or,
les dollars n’étaient pas au rendez-vous, en tout cas pas autant
qu’elles l’auraient souhaité. Pour une raison bien simple : les
découvertes qu’elles avaient faites ne constituaient pas des gisements
au sens où on l’entend habituellement ; ce ne sont que des poches de gaz
qui recèlent des quantités qui ne justifient pas les énormes
investissements qu’elles ont consentis pour les exploiter. Ceci est,
sachez-le Monsieur le Président, un phénomène normal et connu en la
matière, car la technique utilisée à ce jour ne permet de fracturer
qu’une zone limitée et de ne drainer donc qu’un volume relativement
restreint de gaz. Si l’on veut produire plus, il faudrait forer un
nombre beaucoup plus grand de puits horizontaux, donc plus compliqués et
plus chers, ce qui rendrait l’opération non rentable. Tant et si bien
que nombreuses sont celles parmi ces compagnies, qui avaient sollicité
des crédits bancaires pour lancer leurs opérations, qui aujourd’hui
éprouvent de grosses difficultés à honorer leurs engagements de
remboursement. Certaines ont dû tout simplement mettre la clé sous le
paillasson, cesser toute exploitation de gaz de schiste. Certains
experts disent même que cette histoire de gaz de schiste n’est, dans
l’état actuel des connaissances, qu’une opération purement spéculative,
une bulle qui finira par éclater un jour. Pourquoi, me diriez-vous
alors, voudraient-elles démarrer en Algérie, une activité similaire à
celle qui n’avait pas fonctionné comme elles l’auraient voulu chez
elles ? Elles pensent probablement, que la configuration géologique du
Sahara, la nature des roches qu’on y rencontre et la sédimentation
qu’elles ont subie durant plusieurs millénaires rendent les gisements
plus prolifiques qu’ils ne le sont dans les Montagnes Rocheuses du
Colorado ou dans les plaines de l’Oklahoma. Elles sont surtout
convaincues que la règlementation algérienne en matière d’écologie et
d’environnement – dans la mesure où il en existe une – est moins
contraignante qu’elle ne l’est aux Etats-Unis, ce qui rendrait rentable
l’exploitation. Et puis, elles savent, qu’en tout état de cause, un gros
paquet de dollars versés au compte du « parrain » du secteur, intronisé
par votre régime, permettra de régler la question. Enfin, la dernière
raison qui pousserait ces entreprises à venir exploiter notre gaz de
schiste est celle déjà évoquée plus haut, à savoir que l’Algérie
constituerait pour elles un laboratoire d’essais.
Quoiqu’il en soit, sachez Monsieur le Président, que les techniques
que l’on utilise jusqu’à ce jour pour extraire le gaz de schiste en
font une activité dévoreuse de capitaux. Il ne faut donc pas s’attendre à
ce que des milliards de dollars se mettent à pleuvoir sur les caisses
du Trésor algérien, comme on vous l’a fait peut-être miroiter. On n’est
pas aujourd’hui, comme on l’était en 1956, à la veille de la découverte
d’un nouvel Eldorado au Sahara. Aussi, vous dirais-je que si ce qui
motive votre décision c’est – comme je le suppose – le fait que
l’Algérie va se trouver très bientôt dans l’impossibilité d’honorer ses
engagements en matière de livraison de gaz naturel au marché intérieur
et à l’exportation, la parade est pourtant simple. Engagez, tout
d’abord, Monsieur le Président, une lutte impitoyable contre la
corruption dans le secteur pétrolier, dans celui de la construction des
autoroutes ou celui des caisses agricoles et vous économiserez
immédiatement et au minimum, une bonne dizaine de milliards de dollars
par an, qui viendront compenser les pertes qui résulteraient d’une
éventuelle non livraison de gaz à certains clients. Demandez l’avis de
Chakib Khelil, de Amar Ghoul, de Amar Saâdani et celui de votre frère
Saïd sur la question, ils vous éclaireront certainement plus que je ne
peux le faire Entreprenez également et dans les plus brefs délais une
étude sérieuse du modèle énergétique que devrait adopter l’Algérie. Vous
constaterez que l’on y produit des quantités de pétrole et de gaz qui
ne sont nullement en adéquation avec les besoins financiers réels du
pays, qu’une énorme gabegie règne dans ce secteur, que les recettes
engrangées par les ventes d’hydrocarbures ne sont qu’un grand
cache-misère qui donne l’impression que les Algériens vivent dans
l’opulence, si l’on se réfère à la quantité et à la variété des produits
que l’on trouve sur le marché. L’essentiel et le superflu, mais le tout
entièrement manufacturé ailleurs. Vous parlez de plans quinquennaux ?
Faites alors en sorte que par une série de mesures que vous adopterez
dans le cadre de ces plans, une partie au moins de ces marchandises soit
produite dans le pays. Et puis posez-vous la question, Monsieur le
Président : l’Algérie est-elle condamnée à demeurer ad vitam aeternam
un simple fournisseur d’énergie ? Et même si la réponse à cette
question était « Oui », ce dont je doute personnellement, n’existe-t-il
pas dans le pays d’autres sources d’énergie que les hydrocarbures,
qu’ils soient conventionnels ou non ? Quid par exemple de
l’énergie solaire dans un pays dont les 4/5 de la superficie sont
inondés de soleil pratiquement 365 jours par an ?
A tous les Algériens : arrêtez la minuterie de cette bombe à retardement !
C’est maintenant à vous, mes compatriotes que je m’adresse. C’est
pour faire savoir à toutes les Algériennes et à tous les Algériens quel
sera le triste sort que réserve le régime en place aux générations
futures, que j’ai interpellé d’une manière aussi violente, dira-t-on
peut-être, le Président de la République. C’est animé d’une grande
révolte et avec une énorme tristesse sur le cœur que j’ai écrit ces
lignes. Encore que je n’ai pas décrit tous les dangers qui guettent
notre pays et notre peuple. D’autres que moi se sont exprimés sur la
question ces derniers temps ; il suffit simplement de lire ce qui a été
publié sur le sujet par la presse algérienne dans le courant de la
semaine écoulée pour se rendre compte que je n’ai nullement exagéré la
description de la bombe à retardement que le gouvernement vient de
planter au cœur du système hydrique de notre pays. Comme toute bombe à
retardement, ce n’est pas dans l’immédiat qu’elle explosera ; c’est sur
la durée que se feront sentir ses effets. Celle-ci est particulièrement
traîtresse et pernicieuse ; c’est petit à petit et par petites doses
presque imperceptibles qu’elle distillera son poison. Mais une fois
qu’elle aura entamé son processus de destruction, plus rien ni personne
ne l’arrêtera. Ce sera l’apocalypse, mais ce sera trop tard. C’est
pourquoi je dis à tous les Algériens que c’est maintenant qu’il faut
agir, c’est aujourd’hui qu’il faut empêcher qu’un tel crime soit commis
contre notre descendance, contre nos enfants, contre nos petits-enfants
et contre ceux qui arriveront plus tard. Je sais que les termes que j’ai
utilisés sont très durs et je sais que je prends des risques en
dénonçant de cette manière l’infamie que le régime s’apprête à accomplir
en notre nom à tous. Je sais que l’on va m’accuser de tous les maux et
de tous les vices de la terre. On les inventera s’il le faut. Je n’irai
pas jusqu’à dire comme Amar Saâdani que s’il devait m’arriver quelque
chose, c’est Tewfik ou quelqu’un d’autre qui en sera responsable. Je ne
pouvais cependant pas me taire, car je sais quelles seront, sur le long
terme, les conséquences de la décision prise lors de la dernière séance
du conseil des ministres. C’est pourquoi je dis aux Algériens, à tous
les Algériens, indignez-vous. Faites des pétitions, faites des
manifestations, faites en sorte que le Président de la République
renonce à cette fausse bonne idée d’accorder son feu vert à
l’exploitation du gaz de schiste. Agissez de telle manière qu’il fasse
ce qu’il a été poussé à faire en 2006 quand sous la pression à laquelle
il a été soumis de toutes parts, il a été amené à renoncer à mettre en
vigueur la loi scélérate sur les hydrocarbures de Chakib Khelil et ce
malgré le soutien de la première puissance mondiale. Je suis pour ma
part fier d’avoir alors participé par certains de mes écrits, pour une
part aussi minime soit-elle, à la victoire qui a permis au peuple
algérien de préserver ses richesses en hydrocarbures de la prédation par
les multinationales pétrolières à laquelle les avait condamnées cette
loi.
Alors je vous dis, Algériennes, Algériens, unissez-vous, obligez le
pouvoir en place à renoncer à ce suicide collectif qu’il cherche à nous
imposer. Indignez-vous ! Indignez-vous ! Indignez-vous !
___________________________
[1] Voir « Sonatrach, 50 ans après », par Hocine Malti, in mon blog sur Mediapart, in Algeria Watch, 22 décembre 2013, in El Watan, 23 décembre 2013 et autres.
[2] Il s’agit, vous m’avez compris, des généraux janviéristes qui vous ont installé à la tête de l’Etat.