ELWATAN-ALHABIB
samedi 30 septembre 2017
 

Israël prépare un génocide et l’Union européenne se tait








Un parti avec des membres au gouvernement israélien vient d’approuver un plan visant à expulser de force les Palestiniens hors de leur patrie. Un spécialiste éminent sur l’holocauste avait auparavant qualifié le projet de potentiellement génocidaire et avait comparé les valeurs de son chef à celles des nazis. Pourtant l’Union européenne, qui revendique une mission morale de combat contre l’extrémisme, le racisme et la xénophobie, refuse de le condamner.


La faction Union Nationale, dont certains membres siègent au parlement d’Israël au sein du parti Le Foyer Juif [Jewish Home], a approuvé le projet lors d’une conférence cette semaine. Il appelle à annexer la Cisjordanie occupée dans un Plus grand Israël et à obliger de fait les Palestiniens à quitter leur patrie sous la menace de violences s’ils refusent les conditions d’Israël.
Selon le quotidien de Tel Aviv Ha’aretz, le projet promu depuis longtemps par Bezalel Smotrich, avocat du Foyer Juif, est un « ultimatum de capitulation ou de transfert pour les Palestiniens. » Le choix proposé aux Palestiniens est sinistre : « Quiconque veut et peut renoncer à la réalisation de ses aspirations nationales pourra rester ici et vivre comme individu dans l’État juif, » déclare le plan.
Sinon, « Quiconque refuse ou ne peut renoncer à ses aspirations nationales recevra notre aide pour émigrer dans un des pays arabes. »
Mais si le Palestiniens ne choisissent pas de se soumettre à « l’État juif » ou de partir, ils auront à affronter une « force encore plus grande » que la brutalité qu’Israël utilise déjà pour réprimer les droits de millions de personnes sous occupation militaire.

Le « sceau d’approbation » de Netanyahu »

Le projet a été approuvé à l’unanimité par les délégués présents à la conférence, dont Uri Ariel, ministre de l’Agriculture dans le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou.
Ariel et Smotrich sont des personnalités importantes parmi les extrémistes israéliens qui prônent le remplacement de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem par un temple juif.
Netanyahu n’a pas encore explicitement approuvé le plan mais lui a donné ce que Haaretz nomme un « sceau d’approbation » en envoyant un message d’accueil enregistré à la conférence.
J’ai été heureux d’apprendre que vous alliez consacrer les discussions de la conférence au thème de l’avenir de la Terre d’Israël, » a dit Netanyahu. « Jusqu’à il y a peu, ce pays était désert et abandonné, mais depuis que nous sommes revenus à Sion, après des générations d’exil, la Terre d’Israël fleurit. »
L’affirmation de Netanyahu, selon laquelle la Palestine était « déserte et abandonnée » avant la colonisation sioniste n’est pas seulement une falsification de l’histoire mais une justification potentielle pour des actions futures visant à éliminer par la force les Palestiniens.

Génocide

Le projet adopté par la conférence répond très probablement à la définition légale du génocide. Il affirme que son objectif est de « démanteler le collectif national palestinien. »
La convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide définit le génocide comme l’un des actes commis « dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel. »
Bien que dans la compréhension populaire le génocide soit assimilé à l’extermination physique d’un groupe d’êtres humains, sa définition légale inclut un nombre plus large d’actes. La question-clé dans la définition d’un acte comme génocidaire est dans l’intention de son auteur.
Les partisans du projet indiquent explicitement que l’existence des Palestiniens en tant que peuple est un obstacle à la domination ethno-religieuse juive, et que leur intention est de cibler les Palestiniens parce qu’ils sont membres d’un groupe national particulier.
« Nous ne présumons pas qu’il y a ici deux récits égaux, » a expliqué Smotrich. « Il y a un côté correct, et l’autre qui nuit au droit d’Israël à exister en tant qu’État juif. »

Valeurs de la SS allemande

Daniel Blatman, professeur des études sur l’Holocauste à l’Université hébraïque, a écrit en mai que Smotrich s’est inspiré pour son projet du livre biblique de Josuah, qui décrit le massacre systématique d’un peuple par les « enfants d’Israël ».
Blatman a appelé Smotrich, vice-président de la Knesset, le parlement israélien, « le plus haut personnage du gouvernement ayant dit à ce jour sans honte que l’option du génocide est sur la table si les Palestiniens n’acceptent pas nos conditions. »
« L’admiration de Smotrich pour le génocidaire biblique Joshua bin Nun le conduit à adopter des valeurs qui ressemblent à celles des SS allemands, » a ajouté Blatman, membre du Musée du mémorial de l’holocauste aux États-Unis.
Nombreuses sont les bourses d’études sur les droits de l’homme et les analyses juridiques qui affirment qu’Israël perpètre déjà un génocide.
Des hommes politiques israéliens ont depuis longtemps promu le transfert forcé des Palestiniens, et l’idée jouit d’un soutien large et constant dans l’opinion publique.

Silence de l’UE

Le mois dernier, Vera Jourova, commissaire à la justice de l’Union européenne, a rappelé sa visite au mémorial israélien de l’holocauste Yad Vashem.
« Nous devons être ceux qui transmettent le message contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme aux générations futures, » a-t-elle écrit sur Twitter.
« C’est l’Union européenne, » a ajouté Jourova, prenant la responsabilité morale de s’exprimer sur une valeur européenne essentielle.
Dans le même esprit, The Electronic Intifada a demandé au bureau du chef de la politique étrangère de l’Europe Federica Mogherini s’il exprimerait une condamnation claire, sans équivoque et spécifique du projet de transfert et de son aval par les ministres du gouvernement israélien, dont, implicitement, par Netanyahu.
Mais l’Union européenne a refusé de le faire. Au lieu de cela, un porte-parole a fourni une déclaration automatique et générale selon laquelle « l’Union européenne appuie la solution à deux États et a constamment affirmé que le respect du droit international, y compris le droit international relatif aux droits de l’homme, est la pierre angulaire de la paix et de la sécurité dans la région. »
Autant pour l’autorité morale.

Sans vergogne

Bien sûr, la réticence de l’Union européenne à condamner le plan n’est guère surprenante. Jourova elle-même a eu récemment des entretiens amicaux avec une autre membre éminente du parti Le Foyer Juif, la ministre israélienne de la Justice Ayelet Shaked.
En 2014, Shaked s’était fait remarquer pour avoir fait la promotion d’un appel au génocide des Palestiniens, sur Facebook.
Le post de Shaked déclarait que « le peuple palestinien tout entier est l’ennemi » et elle justifiait sa destruction, « y compris ses vieux et ses femmes, ses villes et ses villages, ses biens et ses infrastructures. »
Et en juillet, l’ambassade de l’Union européenne à Tel Aviv a engagé l’avocat israélien du génocide Avishai Ivri pour participer à une vidéo promotionnelle postée sur sa page Facebook.
L’ambassade a retiré la vidéo après que The Electronic Intifada ait attiré l’attention sur les appels d’Ivri à « effacer » Gaza et à assassiner systématiquement des milliers de Palestiniens.
Mais l’Union européenne n’a jamais condamné les déclarations d’Ivri, ni ne s’est excusée pour l’avoir embauché.

Honorer les criminels de guerre

Ignorant les appels à la destruction du peuple palestinien, les diplomates de l’Union européenne ont maintes fois honoré ceux qui ont commis des atrocités contre lui. Jeudi, Emanuele Giaufret, l’ambassadeur de l’UE installé depuis peu à Tel Aviv, a assisté à une cérémonie de commémoration en l’honneur de Shimon Peres, l’ancien président israélien mort il y a un an. Giaufret a affirmé que Peres était « une inspiration vivante pour beaucoup », qui a « travaillé toute sa vie » pour faire « avancer la paix. »
Peres a occupé de fait tous les postes principaux dans les gouvernements israéliens pendant sa longue carrière de plusieurs décennies.
« Dans tous ces postes, » a rappelé l’historien Ilan Pappe, « les décisions qu’il a prises et les politiques qu’il a poursuivies ont contribué à la destruction du peuple palestinien et n’ont rien fait pour faire avancer la cause de la paix et la réconciliation entre Palestiniens et Israéliens. »
Parmi tous ceux qui assistaient à la cérémonie, il y avait Henry Kissinger et Tony Blair, des personnalités parfaites pour rendre hommage à un homme dont les Palestiniens et les Libanais se souviendront toujours comme d’un raciste impénitent, un colonisateur et un criminel de guerre.

A4* Ali Abunimah est un journaliste palestino-américain, auteur de The Battle for Justice in Palestine. Il a contribué à The Goldstone Report : The Legacy of the Landmark Investigation of the Gaza Conflict. Il est le cofondateur de la publication en ligne The Electronic Intifada et consultant politique auprès de Al-Shabaka.



SOURCE: Chronique de Palestine
 
samedi 23 septembre 2017
 

Les USA isolés : Trump et l’art de rompre l’accord avec l’Iran






Contrairement à ce qui s’en est officiellement rapporté, la rencontre des P5+1 en marge de l’Assemblée générale de l’ONU pour évaluer l’application de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran ne s’est pas particulièrement bien passée, comme l’ont confirmé des diplomates à Asia Times.
Le secrétaire d’État Rex Tillerson a été forcé de concéder que Téhéran respecte les termes de l’accord. Mais il a encore une fois martelé le nouvel angle d’attaque des USA – aujourd’hui, l’Iran ne serait pas « à la hauteur des espérances ».
Autour d’une table tendue, Tillerson – pour la première fois – a rencontré le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif. Au moins, la rencontre n’a pas été explosive. « Personne n’a crié », a-t-il dit après. « Nous ne nous sommes pas lancés de chaussures à la tête. Le ton n’était pas colérique du tout. »
La représentante des Affaires étrangères de l’UE, Federica Mogherini – qui n’est pas exactement une flèche – s’est sentie obligée de rappeler que l’accord est dûment respecté. Elle a même prévenu, « tous les États-membres sont considérés comme liés par son application. La communauté internationale ne peut pas se permettre de démanteler un accord qui joue correctement son rôle. »
La Russie et la Chine ne renégocieront pas l’accord – et c’est définitif. Et les membres de l’UE des P5+1 – la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne – s’y tiendront aussi, comme Mogherini elle-même l’a confirmé.
Aujourd’hui, même les ours perdus sur les glaciers fondus de l’Arctique savent que le président Trump a ajouté une note de suspense, en annonçant qu’il a « décidé ». Personne ne sait ce qu’il a décidé, même pas Tillerson. Et pourtant, même le commandant de l’US Strategic Command, le général John Hyten, a admis « les faits sont que l’Iran respecte les termes du Plan global d’action conjointe que nous avons signé. »
Ce qui s’est passé est que l’administration Trump a changé son fusil d’épaule : ce qui était un accord technique, centré sur le nucléaire, englobe aujourd’hui l’influence géopolitique de l’Iran en Syrie, en Irak et au Yémen, ainsi que son programme de missiles et ses cyber-opérations – toutes des questions non-nucléaires qualifiées par Mogherini elle-même comme « hors de la portée » du Plan global d’action conjoint (Joint Comprehensive Plan of Action).
J’ai suivi les négociations nucléaires à Vienne en 2015 pour Asia Times. A cette époque déjà, la délégation américaine faisait tout son possible pour inclure les missiles balistiques, quelque chose que les autres parties rejetaient catégoriquement, particulièrement la Russie et la Chine.
Ainsi, à toutes fins pratiques, l’administration Trump veut un accord totalement différent, ou il s’en retirera unilatéralement. Techniquement, cela signifie qu’elle se dresse contre une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies soutenue par le droit international.

Quid de la « voie de la modération » ?

Au pupitre de l’ONU, le président iranien Hassan Rohani a délivré un message pondéré, élégant, cultivé et en même temps, caustique qui réfute totalement les affirmations de Trump à l’aide de faits avérés. Le thème central était « la voie de la modération ». Une perle : « La modération est la synergie des idées et non la danse du sabre ». Le contraste avec la doctrine belliqueuse, manichéenne de Trump était frappant.
Rohani ne se lasse jamais de souligner que le Plan global d’action conjointe pourrait devenir « un nouveau modèle pour les relations internationales » – un cadre à envisager, par exemple, dans le cas de l’intraitable Corée du Nord. La chancelière allemande Angela Merkel est publiquement d’accord avec Rohani sur ce point. Mais aujourd’hui, Rohani a été forcé de déclarer que la réponse de Téhéran à une abrogation possible de l’accord par les USA sera déterminée par la réaction des Européens.
Le nouveau Roi soleil, le président français Emmanuel Macron, s’est jeté avec enthousiasme dans la mêlée, se posant en médiateur entre Washington et les autres membres des P5+1. Mais en fait, les nouveaux « piliers » vantés par Macron – des restrictions sur les missiles balistiques, un nouvel accord qui s’appliquerait après 2025, et une « discussion ouverte avec l’Iran sur la situation actuelle dans la région » – se résument à une approbation du changement des règles par l’administration Trump.
Si Trump décide d’un retrait des USA du Plan global d’action conjointe, Téhéran a déclaré en public qu’il continuera à le respecter, du moment que les autres membres du P5+1 continuent également à se déclarer tenus par ses termes – et ce sera le cas. Le vrai problème se fera jour quand l’administration Trump, soutenue par le Congrès, prendra le chemin inévitable d’une nouvelle salve de sanctions contre l’Iran – avec des conséquences incendiaires possibles.
Ce qui est clair est que ni la « RC » – le partenariat stratégique Russie-Chine – ni les Européens ne vont isoler Téhéran. Pour la « RC » en particulier, l’Iran est destiné à devenir une plate-forme majeure de l’interpénétration de l’Initiative Belt and Road et du North-South Transportation Corridor (Corridor de transport nord-sud), un membre à part entière de l’OCS et même possiblement des BRICS Plus, et un fournisseur de gaz naturel pour l’Europe. De plus, Rohani a régulièrement répété que, quoi qu’il arrive, l’Iran n’allait jamais tenter de développer une arme nucléaire.
La décision fatidique de Trump va conditionner ses relations avec la Corée du Nord. S’il se retire du Plan global d’action conjointe, il enverra un message sans équivoque à Pyongyang, et il compliquera également les efforts d’apaisement des tensions de la « RC ». La RPDC ne se fatiguera même pas à envisager de négocier avec une « nation compatissante » qui refuse de se tenir aux termes d’accords multilatéraux.
Tout ce bruit et cette fureur des USA ne signifiera en définitive qu’une seule chose : une autre guerre ruineuse et ingagnable en Asie du Sud-Ouest (c-à-d au Moyen-Orient), simplement pour satisfaire les désirs d’un assortiment de généraux en pantoufles de l’appareil politico-industriel de Washington.
Pepe Escobar
22 septembre 2017
Article original en anglais : Brute isolation : Trump and the art of unraveling the Iran deal, Asia Times, le 21 septembre 2017
Traduction Entelekheia
Image Pixabay
NdT : Le titre fait allusion au livre de Donald Trump publié en 1987, ‘The Art of the Deal’ (‘L’art de la négociation).
 
mercredi 20 septembre 2017
 

Du 11 septembre aux groupes de haine : la marginalisation économique des musulmans d’Occident





Les musulmans vivant en Occident ont été dépeints comme une menace pour les valeurs démocratiques occidentales et comme l’« autre » dangereux, faisant le jeu des groupes extrémistes qui véhiculent l’idée qu’ils sont indésirables en Occident.


CJ Werleman
Lundi 18 Septembre 2017


Depuis le 11 septembre 2001, l’objectif des militants islamistes violents et des bigots racistes et antimusulmans a été de rendre la vie des musulmans vivant en Occident aussi inconfortable que possible. 

Depuis plus de dix ans, une constellation d’événements a convergé non seulement pour représenter 1,6 milliard de musulmans comme une entité culturelle, sociale et politique monolithique, mais aussi synonyme de la violence nihiliste et psychopathe de groupes extrémistes tels que le groupe État islamique autoproclamé. 

Des journaux télévisés aux blogs de droite, des campagnes présidentielles à la propagande pro-israélienne nue, les musulmans vivant en Occident ont été dépeints comme une menace pour les valeurs démocratiques occidentales et comme l’« autre » dangereux. 

La normalisation de la peur et de l’altérisation des musulmans a entraîné une myriade d’impacts négatifs sur les communautés musulmanes : des politiques antiterroristes draconiennes qui ont instauré de nouveaux cadres juridiques autour de pratiques autrement illégales et anticonstitutionnelles de surveillance, de profilage, de détention, de torture et de harcèlement, au discours public qui encourage subtilement la violence dans les rues contre les musulmans et contre tous ceux qui pourraient être perçus comme étant musulmans. 

La hausse fulgurante des crimes de haine contre les musulmans en Europe, aux États-Unis et ailleurs a été bien documentée. Par exemple, le Royaume-Uni n’a pas seulement connu une augmentation annuelle des crimes de haine de 40 %, mais également une hausse de plus de 500 % des crimes de haine contre les musulmans dans la semaine qui a suivi l’attentat du London Bridge inspiré par l’État islamique. Dans le même temps, les crimes de haine antimusulmans ont doublé aux États-Unis au premier semestre 2017 par rapport au premier semestre de l’année précédente. 

Alors que les crimes de haine contre les musulmans tout comme les mesures antiterroristes controversées et contre-productives ont reçu une attention limitée de la part des médias, on connaît moins les effets en cascade que ces circonstances ont produits contre les communautés musulmanes d’Occident déjà opprimées. 

Un nouveau rapport publié par le gouvernement du Royaume-Uni met en lumière les impacts socio-économiques de l’islamophobie dans la société britannique. Les principales conclusions sont les suivantes : 

· Les musulmans forment le groupe de la société britannique qui éprouve les plus grands handicaps économiques. 

· Les musulmans sont plus susceptibles que les non-musulmans de vivre dans des quartiers défavorisés, de connaître des handicaps en matière de logement, d’éducation et de santé et d’être touchés par le chômage. 

· La « promesse de mobilité sociale [est] brisée » pour les jeunes musulmans, pour qui le succès scolaire ne se traduit pas par de bons débouchés sur le marché du travail. 

Les musulmans britanniques vivent dans les quartiers les plus pauvres, gagnent les revenus les plus faibles, ont un accès plus restreint à l’enseignement supérieur et connaissent des niveaux de discrimination disproportionnés. Les auteurs notent que, pris ensemble, « ces facteurs contributifs ont de profondes implications pour la mobilité sociale ». Ils concluent que « les musulmans sont exclus, victimes de discriminations ou en situation d’échec à toutes les étapes de leur passage de l’enseignement à l’emploi (ou au sous-emploi/chômage) ». 

De même, un rapport publié en 2016 par la Commission pour les femmes et l’égalité de la Chambre des communes a révélé que les handicaps qui perturbent la mobilité sociale des musulmans britanniques résultaient d’une combinaison de différents éléments, à savoir « la discrimination et l’islamophobie, les stéréotypes, la pression des familles traditionnelles, un manque de conseils personnalisés en matière d’orientation dans l’enseignement supérieur et un manque de modèles dans le monde de l’enseignement et de l’emploi ». 

Lorsque les jeunes musulmans britanniques sont invités à décrire leur réalité, ils affirment avoir l’impression de devoir travailler « dix fois plus dur » que leurs pairs non musulmans en raison d’une discrimination antimusulmane et que « l’islamophobie, la discrimination et/ou le racisme sont très présents et répandus, vécus sous des formes directes et indirectes et endurés de l’école au travail ». 

À l’école, les jeunes musulmans britanniques estiment que « les enseignants ont des attentes soit stéréotypées, soit excessivement faibles vis-à-vis des jeunes musulmans », tandis qu’au travail, ils estiment que les « idées fausses et les hypothèses stéréotypées sur l’islam ou les hypothèses faites au sujet d’attentes sexospécifiques peuvent rendre difficile l’intégration des musulmans sur le lieu de travail ». 

Fait important, ces idées fausses et ces hypothèses stéréotypées au sujet des musulmans n’existent pas par hasard, mais sont plutôt le résultat d’une « série d’événements politiques interconnectés, d’initiatives, de changements au sein de l’opinion publique et d’une rhétorique ciblée », selon un rapport publié récemment par le Haas Institute, intitulé « La légalisation de l’altérisation : les États-Unis d’Islamophobie ». 

En faisant remonter les origines de l’hystérie antimusulmane actuelle à un article de 1990 publié par The Atlantic Monthly et écrit par Bernard Lewis, qui a décrit erronément l’islam comme étant contraire aux valeurs occidentales, les auteurs observent que cette thèse du « choc des civilisations » a été reprise par des universitaires tels que Samuel Huntington, des experts des médias tels que Bill Maher et des personnalités politiques comme Donald Trump. Les attentats du 11 septembre ont essentiellement servi à étendre cette dichotomie de type « nous contre eux » dans le discours public, représentant à jamais les musulmans et les Arabes comme « les principaux démons de nos fantasmes les plus paranoïaques ». 

Selon ce rapport, l’islamophobie s’est infiltrée dans les marges de la société occidentale au cours de la première décennie qui a suivi le 11 septembre, mais a été injectée dans le courant dominant lorsque les extrémistes ultra-antimusulmans Pamela Geller et Robert Spencer ont orchestré des protestations contre la prétendue « mosquée à Ground Zero » en 2010. L’indignation montée de toutes pièces que ces protestations ont générée à travers les médias de droite a permis de promouvoir un cadre d’opportunistes islamophobes typiquement financés par des groupes pro-israéliens, normalisant ainsi une culture de suspicion et de haine antimusulmanes. 

Dans le même temps, des groupes et des organisations cultivant la haine antimusulmane sont apparus pour tirer profit de l’antipathie croissante du public à l’égard des musulmans, notamment ACT4America, dirigé par la célèbre islamophobe Brigitte Gabriel, et American Laws for American Courts (ALAC), dirigé par David Yerushalmi, un activiste du mouvement de colonisation israélien qui a été décrit comme « l’homme derrière le mouvement anti-charia ». 

Ces individus et ces groupes islamophobes se sont associés non seulement pour inspirer des récits qui représentent les musulmans comme des terroristes en devenir, mais aussi pour parrainer une législation qui marginalise les musulmans en les désignant comme l’« autre » dangereux et contribuer ainsi à introduire des centaines de lois anti-charia et anti-burqa à travers divers pays occidentaux. 

En fin de compte, ce sont ces forces qui ont convergé pour ouvrir la voie à une plus grande marginalisation socio-économico-politique des musulmans en Occident, ce qui porte non seulement atteinte à la cohésion sociale, mais fait également le jeu des groupes extrémistes qui véhiculent l’idée que les musulmans sont indésirables en Occident. 




- CJ Werleman est l’auteur de Crucifying America (2013), God Hates You. Hate Him Back (2009) et Koran Curious (2011). Il est également l’animateur du podcast « Foreign Object. Vous pouvez le suivre sur Twitter : @cjwerleman. 



Photo : un musulman passe devant une église en France (AFP). 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation. 
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http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/du-11-septembre-aux-groupes-de-haine-la-marginalisation-conomique-des-musulmans-d-occident http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/du-11-septembre-aux-groupes-de-haine-la-marginalisation-conomique-des-musulmans-d-occident

 
mardi 19 septembre 2017
 

Un rapport accablant sur les falsifications du Pentagone de documents de transferts d’armes aux rebelles syriens.







Un nouveau rapport accablant publié en commun par deux groupes internationaux de surveillance des armes confirme mardi que le Pentagone continue d’expédier un nombre important d’armes en Syrie et que le ministère de la défense brouille les pistes qui mènent au dossier. Mardi le projet de rapport sur la criminalité organisée et la corruption (OCCRP) et le Réseau des rapports d’enquête des Balkans (BIRN) ont présenté une preuve probante attestant que non seulement le Pentagone est actuellement impliqué dans l’expédition d’armes pour une valeur de 2,2 milliards provenant d’un réseau de trafiquants privés à ses partenaires alliés en Syrie (il s’agit principalement d’armes de l’ancienne armée soviétique), mais aussi qu’il falsifie réellement des documents tels que les certificats d’utilisateur final vraisemblablement pour masquer l’implication des Etats-Unis.
Le projet de rapport sur la criminalité organisée et la corruption (OCCRP) et le Réseau des rapports d’enquête des Balkans (BIRN) ont publié des fichiers d’approvisionnement internes de défense des États-Unis après une recherche approfondie qui a révélé que le Pentagone organise un trafic d’armes à grande échelle qui provient des Balkans et du Caucase pour finir en Syrie et en Irak. Le programme est apparemment une partie de l’équipement et de la campagne d’assistance aux forces démocratiques syriennes (SDF, une coalition de groupes YPG/J et ASL opérant principalement dans l’est de la Syrie). Le trafic est colossal et le programme semble être là pour des années. Selon Foreign Policy’s (FP) qui rapporte le contenu du rapport :
Le ministère de la défense a prévu une somme de 584 millions de dollars spécifiquement pour cette opération syrienne pour les exercices financiers 2017-2018 et a affecté 900 millions de dollars de plus pour des dépenses dans les munitions de style soviétique d’ici 2022. Un total de 2,2 millions de dollars, une évaluation probablement minimaliste du flot d’armes à destination des rebelles syriens pour les années à venir.
Mais, ce qui est certainement le plus choquant, c’est l’aveu suivant selon lequel les fournisseurs du  Pentagone ont des liens  avec des réseaux criminels connus. De FP encore :
D’après le rapport un grand nombre de fournisseurs d’armes principalement en Europe de l’Est et également dans les anciennes républiques soviétiques y compris le Kazakhstan, la Géorgie et l’Ukraine ont tous des liens avec le crime organisé à travers l’Europe de l’est avec des documents commerciaux douteux.
La véritable quantité de matériel nécessaire au programme du pentagone (une usine de munitions a annoncé qu’elle planifiait d’embaucher 1000 nouveaux employés en 2016 afin de faire face à la demande) aurait poussé les fournisseurs à la limite de leurs productions, forçant le ministère de la défense à assouplir les normes sur le matériel qu’il était prêt à accepter.
Il est probable que l’association du crime organisé est la raison pour laquelle le Pentagone a cherché à modifier ses documents. De plus, la quantité d’armes expédiées dans les champs de bataille syriens et dans d’autres endroits du Proche-Orient implique une prolifération inévitable parmi les  groupes terroristes, un phénomène qui a déjà été documenté de manière exhaustive dans le cadre du programme CIA  soi-disant clos pour renverser le gouvernement syrien. Les alliances et les associations parmi l’ancien groupe de l’ASL que le ministère de la défense  continue de soutenir dans le nord et l’est restent fluides, ce qui signifie que les armes fournies par les EU continueront à passer parmi des groupes sans obligation de rendre compte de leurs destinations.
L’un des auteurs du rapport de l’OCCRP et du BIRN, Ivan Angelovskia a affirmé à Foreign Policy que le Pentagone était en train de supprimer tout ce qui, dans les dossiers d’approvisionnement, prouverait que les armes sont directement expédiées à l’opposition en Syrie. Le rapport repose sur des notes internes du gouvernement des États-Unis qui révèlent que les lieux des destinations des armes ont été supprimés des documents originaux.
Dossiers d’approvisionnement du pentagone falsifiés et modifiés.
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Un CUF(Certificat d’utilisateur final) est-il encore un CUF  s’il ne comporte pas un utilisateur final?
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Balkan Insight, qui détient le rapport d’enquête originale : sept documents d’approvisionnements américains ont été blanchis pour supprimer la référence à la Syrie après que des journalistes aient contacté le Pentagone pour se renseigner sur la question de savoir si les pays exportateurs -Bulgarie, Roumanie, Serbie, Ukraine et Géorgie ont été informés de la destination.
Le fait que Foreign Policy, qui est la première publication sur la sécurité nationale dans le monde, admette que le programme d’achat d’armes du Pentagone pour la Syrie est lié au crime organisé de l’Europe de l’Est est en soi-même largement significatif. À ce stade, la preuve est tout simplement si écrasante que même les sources de l’establishment comme FP (qui est généralement pro-interventionnistes en Syrie) ne peuvent pas le nier.
FP rapporte en outre que le programme du Pentagone «semble être en train de faire face au monde sombre des revendeurs d’armes de l’Europe de l’Est. Et ajoute que « le Pentagone aurait supprimé seulement des preuves mentionnant ceux qui utiliseront les armes en dernier lieu, pour éviter de se heurter à l’un des piliers des protocoles internationaux contre le trafic illicite d’armes.
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La carte a été établie dans le cadre du rapport du OCCRP et du BIRN, confirmé par le magasine Foreign Policy. Notez que la carte indique que les armes antérieures de la CIA sont allées directement dans la province de Idlib (NORD OUEST section en vert) et à la région frontalière du Golan (sud). Ces deux régions étaient et sont toujours occupées par Al Qaida (dans Idlib, Hay’at Tahrir al-Sham d’AQ). A Idlib en particulier, les analystes ont confirmé le nettoyage génocidaire concernant les religions minoritaires effectué par Al QAIDA à l’aide des armes de la CIA.
Le mois dernier nous avons présenté la journaliste bulgare Dilyana Gaytandzhieva qui a été licenciée de son emploi après avoir été interrogée par les responsables du renseignement national pour avoir révélé le même réseau d’armes du Pentagone qui est le sujet de l’enquête du OCCRP et du BIRN. A l’époque Al Jazeera avait été la seule et principale source internationale qui avait couvert l’histoire et avait confirmé qu’un agent bulgare avait interrogé Gaytandzhieva et la chaine avait tenté de retrouver ses sources. Une source anonyme avait divulgué un grand nombre de fichiers gouvernementaux internes liés au trafic d’armes à un journaliste de Trud Newspaper basé en Europe de l’Est et qui était à la base des rapports de la journaliste bulgare. La plus récente enquête publiée mardi semble inclure certains de ces mêmes documents, également confirmés par Gayandzhieva.
Tyler Durden
Article original en anglais : Bombshell Report Catches Pentagon Falsifying Paperwork For Weapons Transfers To Syrian Rebels, Zero Hedge, le 13 septembre 2017.
Traduit par Saadia Khallouki, relu par Martha pour Réseau International
 
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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