De Sarajevo à Guantanamo, l'itinéraire des "six d'Algérie" |
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Par Marc Perelman (Journaliste basé à New York) 22H50 25/11/2007 De Sarajevo à Guantanamo, l'itinéraire des "Six d'Algérie" Par Marc Perelman (Journaliste basé à New York) 22H50 25/11/2007 http://rue89.com/2007/11/25/de-sarajevo-a-guantanamo-litineraire-des-six-dalgerie Premier volet d'une enquête sur ces détenus arrêtés illégalement en Bosnie en 2001 suite à des pressions américaines. Les Six Algériens arrêtés en Bosnie (Département de la défense) La neige tombe drue, en cette nuit de janvier 2002, sur une petite foule réunie aux abords de la prison centrale de Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. Elle est venue accueillir six hommes à leur sortie du pénitencier. Mais depuis quelques jours, une rumeur enfle: ces détenus d'origine algérienne, qui viennent d'être innocentés d'un complot d'attentat contre l'ambassade américaine, vont être livrés aux militaires américains. Les heures passent et les portes de la prison restent closes. Soudain, les forces spéciales de la police bosniaque font leur apparition. Quelques minutes plus tard, les policiers tentent d'exfiltrer les six individus. Echauffourées, gaz lacrymogène, matraques… Au milieu de la confusion, un convoi parvient finalement à se frayer un passage et fonce dans la nuit avec, à son bord, les détenus. Ils sont en route pour la base militaire américaine de Guantanamo Bay, à Cuba, où ils seront parmi les premiers occupants de la fameuse prison. Pourtant, quelques heures avant leur transfert, les plus hautes instances judiciaires bosniaques avaient rendu deux décisions interdisant expressément une telle opération: l'une innocentant les six du complot contre la mission américaine, pour lequel ils étaient incarcérés depuis trois mois, et l'autre interdisant ce transfert extrajudiciaire. En Avril 2002, la Cour suprême de Bosnie a officiellement suspendu l'enquête criminelle contre eux et, deux ans plus tard, le procureur général de Bosnie les a formellement acquittés. Plusieurs institutions bosniaques et européennes ont, depuis lors, réclamé leur libération. En vain. Le Pentagone maintient que ce sont des "ennemis combattants" affiliés à Al-Qaeda qui continuent de constituer une menace pour la sécurité des Etats-Unis. Ils sont aujourd'hui encore à Guantanamo. Leur cas doit être abordé par la Cour Suprême américaine le 5 décembre. Après des années de silence, plusieurs des acteurs clés ont, pour la première fois, accepté d'évoquer ce qui s'est produit dans les coulisses de cette affaire, à Sarajevo, fin 2001 et début 2002. Le verdict est clair: un bras de fer inégal entre une Amérique traumatisée par le 11 septembre et une Bosnie aux ordres, sous les yeux d'une communauté internationale complice d'une violation flagrante du droit. Ceci dans un pays où les Etats-Unis et l'Union européenne n'ont pourtant pas ménagé leurs efforts pour créer un système judiciaire modèle après la sanglante guerre civile des années 90... Plus troublant encore, une enquête basée sur de multiples témoignages et des documents inédits amène inévitablement à se poser la question: les "Six d'Algerie" ont-ils été victimes d'une terrible méprise que personne n'a ensuite osé corriger par honte de l'admettre? "Si nous quittons la Bosnie, Dieu préserve votre pays" 11 septembre 2001: Après les attenats de New York, George Bush décide de lancer la "guerre contre le terrorisme" afin d'éradiquer le réseau Al-Qaeda. Comme le déclare alors Cofer Black, un haut responsable antiterroriste, "il est temps de retirer les gants". En plus de l'Afghanistan, du Pakistan ou du Moyen-Orient, la Bosnie s'impose comme une priorité. Depuis des années, les services secrets américains gardent un œil sur une poignée de volontaires musulmans étrangers qui s'y étaient rendus (avec l'appui tacite des Etats-Unis) pour combattre les Serbes aux côtés de leurs frères musulmans pendant la guerre civile. Certains se sont installés en Bosnie après l'accord de paix de Dayton qui mit un terme aux hostilités en novembre 1995, travaillant souvent pour des organisations caritatives musulmanes. Début octobre 2001, l'ambassade américaine à Sarajevo demande à la police fédérale bosniaque d'enquêter sur un groupe d'individus correspondant à ce profil. Les autorités locales portent rapidement leur attention sur Bensayah Belkacem, un natif Algérien vivant avec son épouse bosniaque et leurs deux filles près de la ville de Zenica. Il est arrêté le 8 octobre 2001, officiellement pour avoir falsifié son passeport yéménite afin d'entrer en Bosnie. A son domicile, les enquêteurs trouvent prétendument un morceau de papier avec la mention manuscrite "Abu Zubeida" et un numéro de téléphone au Pakistan. Abu Zubaydah Abu Zubaydah est un lieutenant de Ben Laden qui sera arrêté au Pakistan six mois plus tard. En outre, les officiels américains, citant des relevés et des écoutes téléphoniques, affirment aux autorités bosniaques que Bensayah a passé 70 coups de téléphone en Afghanistan dans les mois suivants le 11 septembre et discuté de moyens d'obtenir des passeports avec Abu Zubaydah par téléphone. Ils leur fournissent une liste de suspects. La police bosniaque découvre que l'un d'eux, Saber Lahmar, vit dans la même maison que son beau-père, qui travaille comme… portier de l'ambassade américaine à Sarajevo. Lahmar est aussitôt mis sous surveillance. Le 16 octobre, les services américains interceptent une conversation à partir de son téléphone incluant ce qu'ils interprètent comme une référence codée à une future attaque contre les ambassades américaine et britannique à Sarajevo. Le jour suivant, les deux missions sont fermées. Ce même jour, lors d'une réunion entre officiels américains et bosniaques, Christopher Hoh, le chargé d'affaires américain, explique au Premier ministre de la Fédération bosnienne, Alija Behmen, que Washington retirera son personnel et rompra les relations diplomatiques entre les deux pays si Sarajevo n'arrête pas les suspects. "Si nous quittons la Bosnie, Dieu préserve votre pays, Monsieur le premier ministre", lâche Hoh, selon un document produit par les avocats américains des six prisonniers. Un avocat du Département d'Etat, Vijay Padmanabhan, confirme l'existence de cette rencontre mais nie que de telles menaces y aient été proférées. Il explique que les Américains y ont simplement transmis des informations de leurs services secrets concernant le projet d'attentat contre l'ambassade. Quoi qu'il en soit, la police locale arrête Lahmar et quatre autres hommes d'origine algérienne en l'espace d'une semaine. Ils sont placés en détention provisoire pendant trois mois pour leur rôle dans le projet d'attentat, tandis que la police et le FBI lancent une enquête de grande ampleur. Vers la fin de leur détention provisoire, les médias locaux rapportent que les hommes sont sur le point d'être expulsés. Le 10 Janvier 2002, les autorités bosniaques publient un arrêté d'expulsion pour quatre d'entre eux. Le jour suivant, le ministère des Affaires étrangères bosniaque demande au gouvernement algérien de prendre les Six en charge. Alger refuse net (voir la lettre de l'ambassade d'Algérie à Rome). Aucun élément de preuve ne justifie de maintenir ces hommes en prison Tout se joue le 17 Janvier 2002. Ce jour là, le procureur fédéral de Bosnie informe le juge de la Cour suprême en charge du dossier qu'il n'existe aucun élément de preuve justifiant de maintenir les hommes en prison. Le magistrat ordonne leur libération immédiate. Au même moment, la chambre des droits de l'homme, la cour la plus élevée de Bosnie, rend une injonction exigeant du gouvernement qu'il prenne toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que les hommes ne soient pas expulsés de force. Mais les autorités bosniaques reçoivent aussi une note de l'ambassade américaine leur indiquant que les Etats-Unis se déclarent prêts à prendre les Six d'Alger en charge. Et le soir même, les forces du ministère de l'intérieur bosnien extirpent les hommes de la prison et les livrent à une base militaire américaine tôt le lendemain matin. Ligotés, les yeux bandés, ils sont embarqués dans un avion C-130 vers Guantanamo, où ils arrivent le 20 janvier après des escales en Turquie et en Allemagne, sans doute pour ramasser d'autres "ennemis combattants". _________________________________________________________________________________________________ Sarajevo-Guantanamo: témoins à charge contre Washington Par Marc Perelman (Journaliste basé à New York) 12H43 27/11/2007 Suite de notre enquête en trois parties sur les "Six d'Algérie", arrêtés illégalement en Bosnie en 2001 suite aux pressions américaines sur la communauté internationale et les autorités bosniennes. Le cas des "Six d'Algérie", toujours détenus à Guantanamo, passera devant la Cour suprême des Etats-Unis le 5 décembre. Que s'est-il réellement passé pendant les quelques jours fatidiques de janvier 2002 qui ont conduit à l'incarcération des "Six d'Algérie" à Guantanamo? Les autorités américaines et bosniaques restent muettes. Des documents juridiques permettent de lever une partie du voile. Surtout, des représentants de la communauté internationale sur place à l'époque ont accepté de briser des années de silence. Parmi eux, Wolfgang Petritsch, un diplomate autrichien qui dirigeait la mission internationale en Bosnie et avait à ce titre des pouvoirs très élargis. Il révèle que les dirigeants bosniaques lui ont avoué s'être sentis obligés de se conformer aux demandes américaines. "Les Etats-Unis ont exercé une pression énorme sur eux", raconte-t-il. Pour Madeleine Rees, une Britannique qui représentait le Haut commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme en Bosnie, blâmer les seuls Américains est une excuse trop facile. Petritsch et les plus hauts officiels internationaux "savaient exactement ce qui se passait et ils n'ont rien fait, ce qui signifie qu'ils étaient complices", accuse-t-elle. Pour Petritsch: "Si j'avais protesté plus ouvertement contre cette violation du droit, je suis convaincu que cela aurait compromis la mission internationale dont j'avais la charge. J'ai dû choisir." Il affirme que des officiels américains lui ont clairement fait comprendre que Washington était prêt à retirer son soutien à la mission internationale s'il protestait publiquement contre le transfert des "Six d'Algérie". L'administration Bush, elle, nie en bloc: "Les Etats-Unis ne menacent pas et n'intimident pas, ce n'est pas notre style", affirme Padmanabhan, l'avocat du Département d'Etat. "Notre mission était d'établir un environnement stable" En plus du poids de son ambassade, Washington a également pu compter sur la présence d'Américains à la tête de plusieurs institutions internationales clés en Bosnie: la force internationale de stabilisation de l'Otan, connue sous le nom de Sfor, la mission de l'ONU et celle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Pour Madeleine Rees, il ne s'agit pas d'une simple coïncidence: "Les Etats-Unis ont utilisé leur position dominante dans l'appareil international en Bosnie pour poursuivre leur objectifs de politique étrangère." Une accusation vivement rejetée par le général à la retraite Jacques Klein, qui dirigeait la mission de l'ONU, ainsi que par Robert Beecroft, qui était à la tête de la délégation de l'OSCE. Ils précisent toutefois que le transfert des Six était du ressort de la Sfor, la force multinationale de l'Otan, commandée à l'époque par le général américain John Sylvester. Petritsch, qui est aujourd'hui ambassadeur d'Autriche aux Nations unies à Genève, se souvient avoir confronté Sylvester au sujet du rôle ambigu joué dans le transfert des Six par les soldats américains servant sous ses ordres: "Il m'a clairement indiqué qu'il n'était autorisé à répondre à aucune question au sujet de cette affaire parce qu'il ne portait pas une ‘casquette' internationale mais sa ‘casquette' américaine. C'était une réponse profondément troublante." Le Général Sylvester, qui est aujourd'hui consultant en Virginie, dit n'avoir aucun souvenir spécifique d'une telle conversation. Toutefois, il admet que s'il était "officier de l'OTAN, [il était] également un général américain". "Notre mission était d'établir un environnement stable en Bosnie et ces individus faisaient peser une menace directe sur cet objectif." La justice bosnienne bafouée Une chose est incontestable: en orchestrant ce transfert extrajudiciaire, Washington a bafoué le système judiciaire mis en place par les Occidentaux dans la Bosnie de l'après-guerre. Au premier chef, la chambre de droits de l'homme, qui fut créée par les accords de paix de Dayton en 1995. Elle avait la particularité d'être composée de juristes internationaux et locaux et d'être dotée de vastes pouvoirs. Ses décisions étaient sans appel. Du moins en théorie. Car son injonction de janvier 2002 ordonnant aux autorités bosniennes de ne pas transférer les Six d'Algérie restera, comme on l'a vu, lettre morte. De même que ses jugements prononcés à trois reprises en 2002 et 2003 affirmant que la Bosnie avait violé la convention européenne des droits de l'homme et devait prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les droits fondamentaux des six prisonniers. "La constitution de la Bosnie était considérée comme la meilleure au monde en termes de droits de l'homme" en raison notamment des larges pouvoirs octroyés à la chambre, explique Manfred Nowak, le rapporteur spécial de l'ONU pour la torture qui était en 2001 un des magistrats de la chambre. "Notre rôle était de développer la règle de droit, particulièrement les droits des prisonniers. Évidemment, cela a été ignoré dans ce cas précis." Stress et violences physiques Padmanabhan, l'avocat du Département d'Etat, est on ne peut plus clair sur ce point: les Etats-Unis n'ont aucunement tenu compte de ces décisions judiciaires quand il s'est agi de désigner ces hommes comme "ennemis combattants". Il précise qu'ils ont eu la possibilité de présenter leurs arguments devant les tribunaux militaires mis en place par l'administration Bush pour les détenus de Guantanamo. Ces instances spéciales font l'objet de furieuses batailles devant la justice américaine et au Congrès, notamment en raison des droits limités octroyés à la défense, de l'admission d'éléments de preuve classifiés ainsi que d'informations obtenues grâce à des méthodes dites "coercitives". Les Six ont du attendre début 2004, soit plus de trois ans, pour avoir accès à leurs avocats de la firme Wilmer-Hale de Boston, qui a pris leur cas pro bono. Selon ces derniers, qui ont effectué une dizaine de voyage à Guantanamo, leurs clients souffrent de symptômes aggravés de dépression et de désordres liés au stress. Certains ont subi des violences physiques et l'un d'entre eux, Saber Lahmar, est placé en isolation depuis juin dernier pour avoir incité des détenus à se suicider et se mettre en grève de la faim. En juillet 2004, les Six d'Algérie ont déposé des recours dits d'habeas corpus devant une cour fédérale à Washington affirmant que leur détention indéfinie sans accusation criminelle était illégale. Après deux arrêts contradictoires en première instance, une cour d'appel a jugé en février dernier que de telles pétitions étaient recevables uniquement par des commissions militaires. Cependant, la Cour Suprême a finalement accepté d'entendre un recours des Six (joint à ceux d'autres détenus de Guantanamo) le 5 décembre. Cette décision ne portera cependant pas sur le fond de l'affaire. Or, si des doutes existent depuis le début sur la véracité des accusations contre les Six, les informations filtrant depuis Guantanamo n'ont fait que les aviver. |
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25-11-2007 | |
Les Britanniques chiffrent leur engagement militaire dans les guerres au service des US(a) comme étant de 6000 soldats en Afghanistan, nombre qui devrait s’élever à 7700 en fin de cette année et environ 5500 en Irak, évaluation qui sera revue à la baisse de moitié très vite en début d’année prochaine. Ces 11 500 hommes de troupe souffrent d’un mauvais entraînement, d’une impréparation majeure au type de conflit qu’ils sont censés livrer. Ils se sentent trahis et méprisés par leur direction et leur moral est au plus bas. Cette semaine, 5 anciens responsables de la Défense ont lancé une attaque publique en règle à la Chambre des Lords contre l’actuel gouvernement Brown pour le budget qu’ils estiment très insuffisant consacré aux soldats envoyés dans cette partie de l’Asie. Ils ignorent que la somme allouée à l’aide du partenaire étasunien dans son bourbier de guerre perpétuelle contre le terrorisme et qui est surtout un financement par les impôts de l’industrie militaire étasunienne a régulièrement augmenté d’année en année depuis 2002. Il ne s’est trouvé personne pour rétorquer que cette onéreuse aventure entamée par Tony Blair n’a aucune retombée positive pour le pays, et que surtout elle a été amorcée sous des prétextes mensongers et qu’il s’agit bien d’une guerre illégitime. Ici, le vassal, ex-empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais au plus fort de sa puissance au 19ième siècle, n’a pas les moyens de réaliser proprement son acte de soumission, entretenir à peine 10 000 hommes, hors de son territoire, et n’ose se retirer du bourbier. Osons espérer que les Européens en retirent une leçon pour les éventuels engagements qui leur seront proposés dans le cadre de l’Otan ou de la Défense européenne à venir. Convergence des Causes |
LE PRESIDENT FRANCAIS EST-IL ISLAMOPHOBE? |
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La polémique prend de l'ampleur Le président français est-il islamophobe ? Nicolas Sarkozy est-il islamophobe ? Les propos d'une rare violence qu'aurait tenus le président à l'égard des musulmans ne font pas la Une des quotidiens dans leur version imprimée mais sont commentés vivement dans la Toile. C'est le correspondant à Bruxelles du quotidien Libération, Jean Quatremer, qui a sorti le scoop dans son blog. Contacté par El Watan, notre confrère affirme n'avoir reçu aucun démenti de l'Elysée ou du gouvernement français. Voici son texte paru le 14 novembre dernier. « L'histoire se raconte dans les chancelleries européennes. Nicolas Sarkozy, recevant le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, le 21 septembre, puis suédois, Fredrik Reinfeldt, le 3 octobre, se serait livré à une véritable diatribe anti-musulmane devant ses invités. Selon mes sources, le chef de l'Etat s'est lancé dans une diatribe confuse d'une vingtaine de minutes, dans un langage très dur, très familier, choquant pour tout dire, contre le “trop grand nombre de musulmans présents en Europe” et leurs “difficultés d'intégration”. Il a aussi décrit de façon apocalyptique le “choc de civilisation” qui oppose les musulmans à l'Occident. Le tout, manifestement, pour justifier son opposition à l'adhésion de la Turquie à l'Union. Mais ses interlocuteurs, qui n'en sont toujours pas revenus, ne sont même pas sûrs de l'avoir bien compris, tant le discours était décousu et surtout hors de propos avec l'objet de ces rencontres, la préparation du Sommet de Lisbonne des 18 et 19 octobre. Ils en ont, en tout cas, retiré la désagréable sensation que Sarkozy, non seulement avait un sérieux problème avec les musulmans, mais avait du mal à maîtriser ses nerfs. » Cet article crée une polémique qui prend de plus en plus d'ampleur. Il n'a pour l'instant (jusqu'à samedi soir) pas été démenti par l'Elysée. Le Monde et Libération ont diffusé cette information sur le site Internet mais pas dans la version papier. Les réactions des lecteurs sont violentes. « Pourquoi donc Libération n'a pas jugé utile de publier dans sa version imprimée une information de cette importance ? », avons-nous demandé au journaliste de Libération, Jean Quatremer. « Vous savez aussi bien que moi la façon dont fonctionne un journal, ses priorités, ses horaires de bouclage, etc. J'ai eu une confirmation tardive de l'information, j'ai immédiatement mis en ligne le papier sur mon blog qui fait partie intégrante de l'offre d'information de Libération. Il a été immédiatement signalé dans la rubrique Monde du site du journal. Le journal l'a même mis en Une du site vendredi toute la journée et le papier est toujours signalé en rubrique Monde. Sans doute le journal papier a-t-il considéré que l'information ayant déjà été divulguée sur le site, il n'était pas nécessaire de la reprendre. Les priorités sont différentes sur le papier et sur le net ainsi que le mode d'écriture. En tous les cas, une chose est sûre : il n'y a pas volonté d'étouffer l'info. Enfin, non, je n'ai pas eu de réactions de l'Elysée, ni de qui que ce soit », explique à El Watan Jean Quatremer. L'auteur du scoop rappelle le discours de Nicolas Sarkozy aux ambassadeurs le 27 août dernier qui avait alors déclaré : « Nous aurions tort de sous-estimer la possibilité d'une confrontation, entre l'Islam et l'Occident (...) l'affaire des caricatures en a été un signe avant-coureur. » Affaire à suivre. Pour lire l'article en entier et les réactions sur le blog de Jean Quatremer : http://bruxelles.blogs.libertion.fr/coulisses/ Rémi Yacine |
Une présentation du dernier ouvrage du grand journaliste Eric Laurent sur Bush et l'Iran... visitez son blog, il est très intéressant...
"Bush, l'Iran et la Bombe
Enquête sur une guerre programmée "
Les Etats-Unis et L'Iran sont-ils au bord de la guerre ?
Un conflit de cette ampleur, dans une zone aussi sensible, pourrait avoir des conséquences incalculables. Depuis plusieurs mois, Eric Laurent enquête sur cet affrontement qui se profile. Il a rencontré les principaux protagonistes américains, iraniens, européens, russes, israéliens, restitué le détail des négociations engagées et aussi obtenu des révélations sur une guerre qui semble déjà programmée du côté américain. Il révèle pour la première fois que dès la fin de l'année 2003, George W. Bush a adopté une directive top secret, dont le nom de code est CONPLAN 8022 qui prévoit l'utilisation d'armes nucléaires tactiques contre l'Iran. Une première depuis Hiroshima. Il apporte des informations stupéfiantes sur les hommes de l'ombre qui, autour du Vice Président Cheney ont poussé le président américain à l'épreuve de force. Malgré l'échec irakien. Avec son nouveau livre, Eric Laurent nous fait pénétrer dans les coulisses du pouvoir, à Washington, mais aussi à Téhéran où le chef spirituel du Président iranien Ahmadinejad, l'Ayatollah Yazdi déclare que l'Iran doit se préparer à une guerre imminente avec Washington qui conduira au retour immédiat du 12e Imam révéré par la religion Chiite. Nous découvrons aussi que malgré l'affrontement américano-iranien, les affaires continuent, notamment pour la firme du Vice Président Chenney, Halliburton. Malgré l'interdiction officielle, la firme pétrolière possède un bureau à Téhéran, exploite un gisement gazien géant iranien et coopère avec les gardiens de la Révolution iraniens pourtant considérés officiellement par l'administration Bush comme une organisation terroriste. Parmi les nombreuses révélations qui composent l'ouvrage, Eric Laurent évoque l'opération Merlin : la CIA s'est trompée en voulant transmettre de fausses informations à Téhéran sur la fabrication de l'arme nucléaire et lui a en réalité permis de réaliser des avancées considérables. Un livre qui déchiffre une des crises les plus graves que nous ayons jamais vécu, et l'énigme George W. Bush : désormais le Président américain pense qu'il sera jugé par l'Histoire et la postérité et s'identifie à Truman, considéré aujourd'hui comme un des grands présidents après avoir connu des sommets d'impopularité.
Sources Le blog d'Eric Laurent
Bush et l'Iran: une «guerre programmée»
par Alexandre Sirois
La question n'est plus de savoir si les États-Unis attaqueront l'Iran. Il est maintenant plus approprié de se demander: quand les Américains passeront-ils à l'attaque?
C'est ce qu'estime le journaliste français Éric Laurent, qui vient de publier un essai intitulé Bush, l'Iran et la bombe (Plon). Il y prédit l'imminence d'une «guerre programmée» entre Washington et Téhéran.
«Il y a une volonté de la part de l'administration Bush d'intervenir militairement contre l'Iran. Elle considère que le dossier nucléaire iranien est la plus grande menace pour la paix mondiale», dit-il.
«Tout ce qui concerne les frappes potentielles et les moyens militaires à utiliser a déjà été planifié depuis longtemps. Fin 2003 et début 2004, tout a été mis en place par le Pentagone», ajoute le journaliste, rencontré hier à Montréal.
Éric Laurent, mieux connu pour avoir exposé «le monde secret des Bush» dans un essai précédent, a cette fois décidé de se pencher sur les intentions de l'actuel président américain et de sa garde rapprochée dans le dossier iranien.
Il explique que les néo-conservateurs qui ont tant inspiré George W. Bush ces dernières années préparaient, en même temps que la guerre contre l'Irak, celle contre l'Iran.
Et ce qui est loin d'être rassurant, c'est que ces stratèges semblent avoir commis les mêmes erreurs dans le dossier iranien que dans le dossier irakien. «Les services de renseignement américain sont d'un flou absolu et ont une méconnaissance totale des réalités iraniennes, dit-il. Notamment de l'ampleur du danger nucléaire iranien.»
La boîte de Pandore
Ce qui n'a pas empêché l'administration Bush de planifier une attaque contre le régime des mollahs dans les moindres détails. De décider, par exemple, qu'elle pourrait utiliser des armes nucléaires tactiques. Le meilleur moyen de détruire des installations profondément enfouies sous terre par les autorités iraniennes.
«Ce serait tout un symbole. Un interdit qui serait levé. La première fois depuis Hiroshima qu'on banaliserait l'utilisation de l'arme nucléaire. La boîte de Pandore serait ouverte», prévient le journaliste.
Éric Laurent s'est servi du travail de plusieurs reporters américains bien informés pour son essai. On n'y trouvera donc bien peu de matériel original quant à la nature de la préparation d'une intervention militaire américaine contre l'Iran.
Sa force est plutôt de mettre tous ces renseignements en contexte, entre autres à l'aide de nombreuses entrevues avec des sources - dont il préserve l'anonymat - proches de l'administration et de la famille Bush.
Même les démocrates
Des contacts obtenus, explique-t-il en entrevue, à la suite d'un séjour d'un an et demi au sein d'un prestigieux institut de recherche à Washington, le Woodrow Wilson Center, au milieu des années 80.
Contacts qui, jumelés à sa solide connaissance de l'univers politique américain, lui font dire que si ce n'est pas Bush qui déclenche une série de frappes contre l'Iran, ce sera son successeur. Même s'il est démocrate.
Car un président des États-Unis ou une présidente - précise-t-il en faisant référence à une possible élection d'Hillary Clinton - qui ferait des concessions à l'Iran «perdrait la face».
«Il faudrait des concessions iraniennes. Que les Iraniens se mettent brusquement à changer de cap, à 180 degrés. Et ça me paraît extrêmement improbable, dit-il C'est un dossier extrêmement épineux qui ne pourra pas se résoudre, à mon avis, autrement que par la force.»
COMMUNICATION DE SMAIL GOUMEZIANE LORS DES DEBATS D'EL WATAN |
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Aisance financière de l'Algérie : mythes et réalités Est-ce à dire qu'aisance financière et pauvreté sont, paradoxalement, condamnées à faire bon ménage ? N'est-ce pas tout simplement la confirmation que, selon le bon sens populaire, « l'argent ne fait pas le bonheur… de ceux qui n'en ont pas ? » Examinons cette réalité ambivalente à travers quelques chiffres : Les réserves de change du pays dépassent les 90 milliards de dollars, soit plus d'une année de produit intérieur brut (PIB), ou plus de quatre ans d'importations. Une partie de ces réserves (42 milliards de dollars, soit 36% du PIB) est centralisée par l'Etat dans un Fonds spécial dit de Régulation des recettes (FRR). Quant au budget de l'Etat, il affiche, désormais, avec satisfaction, un excédent de l'ordre de 12,7% du PIB. Pourtant, les conditions de vie des algériens ne s'améliorent guère de façon significative. Pis, pour une grande partie d'entre eux, la pauvreté reste endémique, quand elle ne s'aggrave pas. Le revenu annuel moyen par tête d'habitant est bien remonté à plus de 3 000 dollars, après la chute vertigineuse des années 1990, mais il ne fait, somme toute, que dépasser légèrement son niveau de… 1987 (et encore, à dollar constant). 15% de la population active algérienne sont encore officiellement au chômage. Pis, parmi les chômeurs, deux sur trois sont des jeunes de moins de 30 ans. Selon l'indicateur de pauvreté humaine des Nations unies (voir le Rapport sur le développement du PNUD 2006), la population algérienne vivant avec moins de deux dollars par jour était en 2004 de 15,1% de la population globale, soit près de 5 millions d'habitants. Si l'on tient compte du seuil de pauvreté national de l'Algérie, ce sont 22,6% de la population qui vivent en dessous de ce seuil, soit un algérien sur quatre ! Dans ces conditions, une grande partie de la population se trouve fragilisée face aux fluctuations erratiques du marché national, de plus en plus achalandé, vaille que vaille, par les importations. Ainsi, toute modification des prix des denrées ou toute rupture dans les approvisionnements se répercutent brutalement sur le pouvoir d'achat comme on a pu le constater ces derniers mois, ne serait-ce que dans le domaine des fruits et légumes ou du lait. En effet, pour le citoyen lambda, deux dollars par jour, soit 150 DA, c'est tout juste de quoi acheter deux kilos de pommes de terre et, au vu des importations de ces derniers mois, de qualité douteuse ! Même lorsque les prix sont « stabilisés » pour « protéger » les consommateurs, comme c'est le cas pour le pain, c'est toute une profession artisanale qui est déstabilisée en amont, aboutissant à la fermeture de milliers de boulangeries. Ainsi donc, l'aisance financière, en devises et en dinars, du pays se conjugue avec de fortes contraintes économiques et sociales pour une grande partie de la population. Etrange paradoxe que ce pays qui serait riche, alors que son peuple est pauvre. Un paradoxe d'autant plus incompréhensible pour la population à qui on vante en permanence les performances en termes de croissance globale, alors qu'elle en subit quotidiennement les effets pervers : pénuries récurrentes dans les produits de base ; flambées des prix cycliques ; difficultés multiples pour l'accès au logement ou aux soins ; explosion de l'informel ; multiplication des nouveaux riches ; chômage persistant et concurrence de la main-d'œuvre internationale, y compris dans les métiers non qualifiés (1)… Comme s'il y avait un mur invisible entre le « matelas » de devises et de dinars de l'Etat et le sort de la population. Le syndrome mercantiliste En fait, si paradoxe il y a, il est ailleurs. Car, si la pauvreté d'une partie importante de la population est bien palpable, l'aisance financière de l'Etat est un trompe-l'œil et ne démontre en rien que l'Algérie soit riche. Cette aisance financière est illusoire pour plusieurs raisons. D'une part, elle résulte d'excédents financiers aléatoires et non renouvelables. Ils sont issus d'une activité primaire, celle des hydrocarbures qui a une durée de vie limitée (au mieux une génération), générant un excédent commercial externe particulièrement sensible aux fluctuations du marché international et constituant un gisement fiscal couvrant aux deux tiers le budget national. Historiquement, cela n'a rien d'exceptionnel. Bien des pays ont connu une telle situation. Suite à la découverte du Nouveau monde, dès le XVIe siècle, certains pays cédèrent avec laxisme aux bienfaits de l'or et des pierres précieuses rapportés par bateaux entiers des Amériques. Ils pensaient alors que richesse et développement se mesuraient au volume du trésor amassé. Ce fut le syndrome mercantiliste. Il coûta cher à des pays comme l'Espagne, le Portugal ou l'Italie qui, longtemps, furent à la traîne du formidable essor impulsé par la Révolution industrielle. Sa critique scientifique dès les XVIIe et XVIIIe siècles, notamment par Adam Smith, fut à l'origine de la constitution de l'économie politique en tant que science. Depuis, celle-ci a réalisé des progrès considérables, et la révolution industrielle est désormais reléguée au rang d'ancêtre de la nouvelle Révolution scientifique et technique qui accompagne la mondialisation. Au-delà de tous ces bouleversements et des leçons qu'ils ont générées, on sait, ne serait-ce que depuis l'expérience algérienne de 1986, que les recettes d'exportation et fiscales peuvent fondre comme neige au soleil (2), tandis que le niveau des importations, dépendance alimentaire oblige, atteint vite son niveau incompressible. Dès lors, en ce début de XXIe siècle, forts de tout cet héritage historique, scientifique et pratique, peut-on, sans réagir, laisser l'Algérie se fourvoyer elle aussi dans le syndrome mercantiliste au risque, à son tour, de louper définitivement le train de cette nouvelle révolution scientifique et technologique ? Par ailleurs, que penser du niveau des réserves de change ? Quand on examine les pays développés ou même émergents, on constate que celui-ci n'atteint jamais le niveau algérien. Ainsi, le rapport réserves de change/PIB est de 2% en France, de 16% en Norvège, de 26% en Corée du Sud et même de… 8% en Arabie Saoudite. En Chine, où l'on pratique également une politique dynamique de constitution de réserves de change, le taux n'est que de l'ordre de 50% de son PIB contre 100% en Algérie. Est-il justifié de conserver un tel volume de réserves, dites de précaution, pour anticiper sur un possible retournement du marché pétrolier, comme ce fut le cas en 1986 ? Ce niveau de 90 milliards de dollars, n'est-il pas exagéré au regard de cet objectif ? D'autant que ce volume et le rythme accéléré avec lequel il a été constitué correspondent, on l'a vu, à une stratégie de change fondée sur les seules perspectives offertes par l'évolution des termes de l'échange issus des hydrocarbures. Ce faisant, ce trop-plein de réserves de change ne constitue-t-il pas un signal plutôt négatif en direction du système financier international, qui le comprendrait davantage comme proportionnel au niveau du risque/pays et comme la seule réponse possible de l'Algérie à une crise de son commerce extérieur ? Par ailleurs, que penser de l'utilisation qui est faite de ces ressources tirées des hydrocarbures ? Côté dinars, le budget national est davantage « infrastructurel » : les moyens alloués à l'économie productive sont nettement insuffisants. En matière de fonctionnement, les dépenses pour les secteurs liés au transport, aux routes et autres équipements infrastructurels l'emportent sur les autres secteurs nationaux dont ils se déconnectent chaque jour davantage ; l'éducation et la santé restent des parents pauvres ; en matière de recettes, le système fiscal, alimenté à 65% par les hydrocarbures, continue d'ignorer le poids de l'informel et des activités spéculatives (3), et l'impôt pèse fortement sur les secteurs productifs légaux (l'impôt sur les bénéfices des sociétés, par exemple, est encore trop lourd pour les entreprises qui souhaitent réinvestir productivement leurs bénéfices) ; beaucoup d'argent continue d'être affecté à fonds perdus à des entreprises en mal de véritable restructuration industrielle. Côté devises, le placement, pour partie, de ces ressources dans un Fonds de régulation des recettes (FRR) et, pour partie, dans des obligations américaines, semble répondre au principe de précaution. Cependant, s'agissant du FRR, son objet principal, qui est de « neutraliser les surliquidités » en termes inflationnistes, et sa gestion centralisée, méritent débat au regard de ce qui est fait dans d'autres pays pétroliers, comme la Norvège par exemple. D'autant que, dans la réalité, le FRR participe à l'équilibre du budget national sans que cela n'empêche ni les poussées inflationnistes directes de (+4,5% en 2007) ni la modification de la structure de l'inflation. Celle-ci, on le sait, a trouvé refuge dans le logement (où les familles les plus pauvres, quand elles ont un logement, engloutissent jusqu'à 50% de leurs maigres revenus) et dans le foncier pour y développer une immense bulle spéculative. Avec le risque, à court ou moyen terme, de perdre le contrôle de l'évolution de l'ensemble des prix des biens et services. Quant aux obligations américaines, constituent-elles le placement le plus rentable et le plus sûr, quand on connaît le niveau abyssal du déficit américain et l'évolution du dollar face à l'euro ? Est-il économiquement juste de financer le budget américain pour qu'il subventionne ses géants de l'agroalimentaire dans le but de doper artificiellement leur compétitivité, de concurrencer de façon déloyale la multitude de petits paysans du tiers-monde, notamment africains, producteurs de céréales ou de coton, et de les réduire aux limites de la survie ? Est-il socialement juste de contribuer au financement de la recherche technologique américaine quand ce secteur souffre de graves contraintes organisationnelles et de ressources en Algérie ? De même, est-il politiquement juste de financer, avec de l'argent algérien, le déficit américain causé, pour l'essentiel, par les énormes dépenses militaires (plus de 300 milliards de dollars/an) imposées par les engagements de l'hyper -puissance au Moyen-Orient ? Enfin, pour être durable, l'aisance financière doit pouvoir s'appuyer sur une monnaie nationale reconnue internationalement. Une monnaie convertible, car c'est de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas là le premier symbole de l'évolution de la richesse d'un pays ? Aussi, jusqu'à quand l'Algérie va-t-elle se contenter, pour avoir des devises, de l'excédent sur ses recettes d'exportations d'hydrocarbures, du recours à l'endettement international ou aux capitaux extérieurs (4) ? Le temps est venu de débattre sérieusement et sereinement de la question de la convertibilité du dinar et de mettre un terme à la double existence officielle et parallèle de la monnaie nationale car, on le sait, la convertibilité est un des moyens essentiels de lutte contre l'économie spéculative, la fraude fiscale et les fuites invisibles de capitaux qui gangrènent, via le commerce extérieur de l'Algérie, les activités productives du pays. La monnaie nationale, à travers son taux de change librement établi, pourra alors refléter les performances objectives de l'économie nationale. Derrière le pétrole, la gouvernance Dès lors, cette aisance financière en trompe-l'œil ne peut cacher la réalité d'une croissance sans développement, illustrée par la 102e place que l'Algérie occupe selon l'indicateur de développement humain des Nations unies pour 2006 (elle occupait la 103e place en 2005). Pourtant, on va le voir, ni le pétrole ni le gaz ne sont responsables de ce non-développement. En effet, faire le constat d'une croissance sans développement ne signifie pas qu'il faille se passer de ces formidables ressources financières en devises et en dinars que rapportent les hydrocarbures, ni qu'il faille vouer Sonatrach aux gémonies ou jeter aux orties son programme de développement. Pas plus qu'il faille culpabiliser son remarquable potentiel humain. Bien au contraire, il faut la consolider et valoriser au mieux ses travailleurs (un pas devrait être fait en ce sens avec la nouvelle grille des salaires), avant qu'ils ne cèdent aux sirènes de la concurrence internationale, en Algérie, au Maghreb, voire au-delà. Au demeurant, sous conditions de respecter l'éthique et l'environnement, tout excédent financier est bon à prendre. Il reste, cependant, que les excédents financiers tirés des hydrocarbures ont un impact limité, comme on l'a vu, aussi bien par le caractère non renouvelable de cette énergie que par l'usage peu productif qui en est fait. Comment comprendre autrement la part du lion consacrée aux investissements pétroliers et infrastructurels au regard de ce qui est alloué aux secteurs industriel et agricole ? Comment comprendre autrement la participation marginale des entreprises nationales et de leurs travailleurs à ces travaux infrastructurels ? N'est-ce pas une des causes de l'augmentation brutale du volume des importations (plus de 26 milliards de dollars en 2006) ? Le développement, il faut le rappeler, est d'abord affaire de choix, de stratégie et donc de gouvernance. A titre d'illustration, prenons le cas d'un autre pays pétrolier : la Norvège. Ce pays de moins de cinq millions d'habitants dispose aujourd'hui d'un niveau de réserves de change deux fois moins important que l'Algérie (47 milliards de dollars). Jusqu'au milieu du XXe siècle, le pays fut, avec le Portugal, le plus pauvre de l'Europe. Pourtant, ce pays caracole depuis plusieurs années en tête du classement mondial en termes de développement : le PIB norvégien par habitant a été multiplié par six en une quarantaine d'années (contre un peu plus de deux fois en Algérie) ; le revenu annuel moyen par habitant est désormais de 64 000 dollars, soit 20 fois supérieur à celui de l'Algérie. Comment la Norvège en est-elle arrivée là ? Tout d'abord, il faut savoir que la production de pétrole (140 millions de tonnes) et de gaz (87 milliards de m3) ne participe au mieux qu'à hauteur de 25% à la croissance de la richesse nationale grâce à une structure productive nationale plus équilibrée : les hydrocarbures constituent 15% du PIB norvégien, quand ils représentent près de 45% du PIB algérien ; les hydrocarbures ne représentent que 57% des exportations norvégiennes, contre 97% pour l'Algérie. Autrement dit, la richesse nationale norvégienne est à 85% le fruit des secteurs hors hydrocarbures (25% pour les produits manufacturés contre 5,2% en Algérie), et près de la moitié des exportations y sont constituées de produits hors hydrocarbures, principalement des produits manufacturés et à haute valeur technologique. C'est dire que la croissance norvégienne est une croissance équilibrée et soutenable s'appuyant sur l'ensemble de son secteur productif. Ces performances ne sont pas sans relation avec les principes qui président à l'organisation et à la gestion du « Fonds de pension du gouvernement » mis en place comme en Algérie, et principalement alimenté par les recettes d'hydrocarbures. Trois principes essentiels guident son fonctionnement : veiller à ce que le budget ordinaire reste l'outil central de gestion de la politique publique ; veiller à maintenir une structure industrielle diversifiée ; consolider la stabilité de l'économie norvégienne. Sur cette base, le Fonds de pension du gouvernement est géré de façon transparente sous le contrôle du Parlement et les partenaires sociaux (patrons et syndicats) sont associés à la définition de ses objectifs. Parallèlement, les déficits éventuels du budget ordinaire peuvent être occasionnellement couverts dans des limites correspondant au rendement obtenu de la gestion du Fonds. Enfin, au niveau de la dépense publique, une large part est consacrée à l'éducation et à la santé. Dans ce cadre, dès lors que les réserves de change ne dépassent pas, comme on l'a vu, un niveau raisonnable de « précaution », les ressources du Fonds sont totalement investies à l'étranger avec trois objectifs essentiels : assurer une répartition sur toutes les places financières dans le monde ; investir selon un portefeuille largement diversifié ; respecter concomitamment critères de rentabilité, environnementaux et éthiques. Résultat, à fin 2006, plus de 300 milliards de dollars sont accumulés dans le Fonds, soit l'équivalent du PIB, et six fois le niveau des réserves de change. Le rendement annuel du Fonds est de 12,6%, soit 38 milliards de dollars d'intérêts ! Mieux, au-delà de ce résultat financier, ce succès accompagne, on l'a vu, des performances exceptionnelles en matière de développement humain : les dépenses publiques de santé et d'éducation représentent chaque année près de 16% du PIB (soit plus de 45 milliards de dollars), quand elles ne dépassent guère 7 à 8% du PIB en Algérie (7) ; le taux de chômage y avoisine les 3% de la population active, soit 5 fois moins important qu'en Algérie. Dès lors, on le voit, avec des ressources en hydrocarbures identiques et un niveau de réserves de change deux fois moins importants, la Norvège consolide chaque jour un peu plus sa place de leader du développement à l'échelle mondiale et prépare au mieux l'avenir de son peuple, puisque les formidables ressources accumulées par le Fonds seront au fur et à mesure de l'épuisement des ressources minérales, utilisées au financement des retraites (la population est moins jeune qu'en Algérie et le taux démographique est de l'ordre de six pour mille) et de la santé publique. La leçon de l'exemple norvégien est simple : le pétrole n'est pas responsable du non-développement ; il peut, sous certaines conditions de gouvernance, être le carburant du développement ; il ne peut en être le moteur, ce rôle étant dévolu à une structure productive largement diversifiée. Le problème de l'Algérie se situe donc ailleurs : au niveau de la politique de développement initiée depuis plusieurs décennies, dont on tarde à faire le deuil pour passer à des stratégies alternatives visant une réelle diversification et compétitivité de la structure productive nationale ; à celui du mode de gouvernance qui a accompagné jusqu'à aujourd'hui une telle démarche. Or, à ces deux niveaux, malgré les promesses de réformes, le passif reste lourd : les entreprises nationales hors hydrocarbures, publiques et privées, n'ont toujours pas accès aux ressources (financières, organisationnelles, techniques et humaines) dont elles ont besoin, et ne génèrent pas, à leur tour, les surplus nécessaires à leur développement ; le pays tarde à engager les réformes structurelles qui s'imposent pour sortir de la spécialisation primaire et sectorielle. Sur ce dernier point, c'est une véritable révolution dans le mode de gouvernance qu'il faut engager. C'est, en tout cas, une des conclusions que l'on peut tirer de récentes études multicritères (2005) sur la gouvernance dans le monde qui indiquent que l'Algérie demeure en deçà de la moyenne mondiale(8). Qu'on en juge pour six de ces critères, notés sur une échelle de un à cent (9). Pour le critère de « Responsabilité », l'Algérie obtient 25 points, quand la Corée du Sud recueille 68 points et la Norvège… 99 points. Pour le critère de « Stabilité politique », l'Algérie obtient 18 points, la Corée du Sud 61 et la Norvège 92. Pour le critère de « Efficacité de la gouvernance », l'Algérie obtient 43 points, la Corée du Sud 79 et la Norvège 98. Pour le critère de « Qualité de la régulation », l'Algérie obtient 26 points, la Corée du Sud 72 et la Norvège. Pour le critère de « Respect de la loi », l'Algérie obtient 32 points, la Corée du Sud 72 et la Norvège 99. Enfin, pour le critère de « Contrôle de la corruption », l'Algérie obtient 42 points, la Corée du Sud 69 et la Norvège 97. Une aisance financière globale et structurelle Au vu de ces quelques éléments d'analyse, et des comparaisons présentées succinctement, est-il encore nécessaire de souligner le caractère illusoire de l'aisance financière algérienne ? Probablement pas. Il n'empêche que la question de l'aisance financière réelle est à la fois une vraie question de recherche et une question politique majeure, à condition de l'examiner dans toutes ses dimensions et en relation avec la question du développement réel (10). De cette brève analyse, il ressort une première conclusion fondamentale : l'aisance financière n'a de sens que globale. Elle doit être la traduction d'un surplus économique global. Celui-ci doit être le résultat d'une croissance équilibrée dans toutes les composantes productives de la nation. Pour chacune de ces composantes, l'aisance financière doit être examinée dans ses origines, dans son contenu et dans sa destination. Dès lors, une seconde conclusion fondamentale peut être tirée : une aisance financière est réelle et durable quand elle a pour origine et pour contenu l'activité productive, et pour destination la consommation interne. Autrement dit, pour être significative, en termes de développement, l'aisance financière doit se situer à la fois au niveau de l'Etat, mais aussi à celui des entreprises et, last but not least, à celui des citoyens. C'est dire qu'au niveau de l'Etat, d'une entreprise ou d'un citoyen, une aisance financière tirée de rentes primaires, commerciales ou spéculatives ne peut être qu'artificielle, limitée dans le temps et contre-productive. C'est dire aussi qu'une aisance financière au niveau de l'Etat qui ne se conjuguerait pas avec une aisance financière au niveau des entreprises et des citoyens serait sans lendemain. Pour ces derniers, notamment, l'enrichissement de l'Etat ne peut être compris que s'il s'accompagne de meilleurs revenus directs (salaires et rémunérations) et indirects (redistribution sociale) et d'une amélioration structurelle de leur pouvoir d'achat. Là encore, l'exemple norvégien confirme cette conclusion : l'Etat y vit dans l'aisance financière, mais ses entreprises et ses citoyens aussi. Dès lors, dans tout pays, vouloir le développement c'est, in fine, viser l'aisance financière concomitante à chacun de ces trois niveaux. Aussi, toute stratégie de développement doit être jugée sur sa capacité à impulser l'émergence et la consolidation de cette triple aisance financière aux niveaux de l'Etat, des entreprises et des citoyens. Bien entendu, assurer l'aisance financière à ces trois niveaux ne signifie pas qu'il faille distribuer directement et sans contrepartie à l'Etat, aux entreprises ou aux citoyens les dividendes pétroliers. Il va de soi que l'aisance financière doit provenir de la création de richesse et d'une discipline budgétaire rigoureuse à chacun de ces niveaux. Dans cette perspective, comment imaginer que l'Algérie pourrait se développer sans un Etat tirant sa force de ressources budgétaires issues de tous les secteurs productifs, et de dépenses publiques principalement affectées en direction de ces mêmes secteurs productifs ? Inimaginable. Dès lors, comment générer des ressources hors hydrocarbures sans une urgente et profonde réforme fiscale, qui taxe fortement les activités rentières et spéculatives et favorise les activités et revenus productifs ? Comment structurer de façon dynamique la dépense publique pour favoriser ces mêmes secteurs productifs, et les secteurs d'accompagnement (éducation, recherche, santé, logement), sans un réexamen objectif des règles et procédures qui président encore aux équilibres budgétaires ? Mais ces conditions budgétaires, pour indispensables qu'elles soient, n'épuisent pas la question du développement. Dans ce cadre, comment imaginer que le pays pourrait se développer sans un tissu et un réseau d'entreprises publiques et privées nationales innovantes et performantes (donc à l'aise financièrement), au moment où la concurrence internationale et même intermaghrébine est des plus féroces ? Inimaginable. Récemment encore, au niveau international on constatait le faible niveau de compétitivité de l'économie nationale. Avec un indice de 3,48, parmi une quarantaine de pays en développement, l'Algérie se classait à la 29e place derrière la Tunisie, la Jordanie et la Libye (11). Pour dépasser cette réalité, comment pourrait-on promouvoir un maillage industriel cohérent et solide, sans lever toutes les contraintes qui pèsent depuis plusieurs décennies sur ces entreprises : accès limité, et en ordre dispersé, au foncier et au crédit ; blocage et fragilité de la recherche développement et de l'accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication ; embryons de filières technologiques nationales cantonnées dans les activités primaires, d'assemblage ou de conditionnement, atomisées et disséminées sur tout le territoire national ; insuffisance et faiblesse des partenariats entre l'Etat et les entreprises nationales, le plus souvent restreints aux sempiternelles mesures dites de restructuration financière (qui engloutissent, sans retour, des sommes astronomiques), ou plus récemment à celles relatives à la mise à niveau pour la conquête… des marchés extérieurs ; ouverture à des partenariats industriels ou commerciaux restreints aux domaines « traditionnels » ou déséquilibrés avec les entreprises internationales (celles-ci s'intéressant davantage au « matelas » de devises du pays qu'à son développement) ; intérêt limité pour la diaspora algérienne, ses élites et ses potentialités multiformes forgées dans la concurrence et l'adversité. Comment imaginer, enfin, que l'Algérie pourrait se développer sans que ses citoyens, notamment les jeunes, participent activement à la création de la richesse nationale hors hydrocarbures et à son partage équitable ? Inimaginable. A l'évidence, cette participation active ne peut résulter, comme c'est le cas aujourd'hui, de leur insertion, au petit bonheur la chance, dans les circuits de l'informel pour y subir la précarité et la dureté des petits boulots, quand ils ne sombrent pas dans toutes formes de délinquance. Cette participation active ne viendra pas non plus de leur quête insensée, et, au risque de leur vie, de l'eldorado européen, attisé en permanence par les réseaux satellitaires et par les filières illégales de passeurs transméditerranéens. On est là au cœur du développement. L'humain, et particulièrement les jeunes, constitue depuis longtemps l'enjeu crucial du développement : son atout et son objectif. Si l'on veut éviter que l'Algérie continue de se vider de sa sève, on mesure l'effort colossal qu'il faut consentir, en termes financiers, organisationnels, et même moraux, pour les nourrir, les éduquer et ouvrir leur esprit aux sciences et techniques, pour qu'ils acquièrent au plus vite ces compétences et qualifications qui leur permettront de rivaliser par le travail, la création et l'innovation avec les jeunesses du monde. Mais, c'est aussi celui qu'il faut soutenir pour créer les conditions qui permettront à ces jeunes d'exercer leurs savoirs et leurs talents en Algérie, devenant ainsi le fer de lance de la compétitivité des entreprises algériennes et au-delà de l'économie nationale, et son meilleur ambassadeur en termes « d'attractivité ». Parmi ces conditions, trois séries méritent de figurer en bonne place : celles qui favoriseront l'émergence d'un système éducatif et de recherche résolument tourné vers la modernité ; celles qui permettront l'organisation d'un véritable marché du travail multiplicateur d'emplois, et sur lequel ils pourront négocier de vrais « jobs », construire de vrais parcours professionnels, et faire évoluer leurs rémunérations au gré de leurs compétences, de leurs qualifications et de leur productivité ; celles, enfin, qui permettront l'organisation et l'expansion d'un marché intérieur regorgeant de produits et services, de qualité et à des prix compétitifs, issus pour une large part de la production nationale. Autrement dit, autant de conditions qui légitimeront et garantiront « leur aisance financière » par le travail productif. Une aisance qui leur permettra, en toute liberté, et sans le secours de l'Etat, de transformer leurs rêves en projets, et leurs projets en réalité. Alors, on pourra dire, avec raison et fierté, que l'Algérie et son peuple sont riches. Notes de renvoi : 1- Notamment asiatique : ils seraient, officiellement plus de 30 000. Mais aussi travailleurs des pays d'Afrique subsaharienne, en attente d'une hypothétique traversée vers l'Europe. Terre d'émigration, l'Algérie devient rapidement une terre d'immigration. 2- Celles-ci avaient chuté de l'ordre de 40% en une année, au moment même où le pays était surendetté ! 3- Ce qui explique pour une large part les niveaux élevés de fraude et d'évasion fiscales qui caractérisent le pays. 4- Le volume d'investissements extérieurs reste somme toute relativement modeste (moins de 1,5 milliard de dollars/an) et principalement orienté vers les hydrocarbures et la téléphonie. 5- Il fut notamment occupé cinq ans par les armées nazies lors de la Deuxième Guerre mondiale 6- Même en faisant la comparaison à parité de pouvoir d'achat, l'écart reste de un à huit. 7- Soit près de 10 000 dollars par an et par habitant de dépenses publiques d'éducation et de santé en Norvège, contre 250 dollars en Algérie, et un rapport de un à 40. Cela s'explique par le fait que le PIB norvégien est trois fois plus important que celui de l'Algérie, alors que sa population est près de sept fois plus faible. 8- Ces faibles performances en termes de gouvernance ne sont d'ailleurs pas étrangères à la détérioration du climat d'affaires, comme a pu le constater le rapport pour 2008 de « Doing Business » (Banque mondiale) qui classe l'Algérie à la 125e place sur 178. 9- Source : Kaufmann, Daniel, Aart Kray et Massimo Mastruzzi, in Governance indicators for 1996/2005, papier de recherche pour la Banque mondiale, et A decade of Measuring the quality of governance, septembre 2006. 10- Nous indiquions, lors d'un précédent débat d'El Watan, le contenu de ce développement réel analysé, « selon quatre regards croisés : celui de la diversification et de l'expansion de la production locale et des exportations ; celui du développement humain ; celui du développement durable ; celui du développement comme processus d'expansion des libertés ». 11- Il en est de même pour la productivité. Celle-ci est tellement basse que l'Algérie se classe à la 85e place sur 93, très loin derrière la Tunisie voisine (15e rang). Demain : Pays riche, pays pauvres : aux sources du paradoxe algérien, par le Dr Ahmed Benbitour Smaïl Goumeziane |
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13-11-2007 | |
Que devrons-nous retenir de l’année 2007 qui s’achève dans des bruits de bottes qui claquent et crissent d’impatience et de charges atomiques prêtes à la déflagration, à l’abri, sous les ailes de Faucons combattants F16 ? Ces rumeurs et ces clameurs autour de la prochaine victime annoncée, synchronisées à l’échelle planétaire, étouffent les éclats des massacres à grande échelle en Irak, en Afghanistan et en Palestine. La propulsion à la magistrature suprême en France d’un Naboléon au verbe court, dégainant l’insulte vulgaire et toujours enthousiaste pour une rixe comme seule réponse au malaise social ? Le mini-Tsar Cözy encombre certes toute les premières pages d’actualités, mais les effets de sa politique économique tant vantée par les déclinistes qui se sont évertués à en faire la promotion, ne feront pas la croissance escomptée. La France fera moins de deux pourcents de croissance et l’ensemble de la zone euro ne prétend pas dépasser les un plus un. Le commissaire aux affaires économiques européennes croit voir des nuages pointer à l’horizon, c’est qu‘il n’avait jamais levé les yeux ni vraiment observé le ciel depuis longtemps obscurci par l’attitude belligérante et ténue de l’Occident ( Europe, US(a) et Japon ) dans la croissance mondiale - 18,3% alors que l’Inde et la Chine y contribuent à 40% en 2007-. L’identité nationale tarde à être définie par le ministère auquel elle a été solennellement confiée. Mais si l’on en croit le dernier discours proféré la main sur le cœur par SAR Cözy devant le Congrès Étasunien, il nous faut imaginer que celle-ci, l’identité, voulue par le rejeton d’un nobliau hongrois coïncide avec les images d’un fantasmatique Visage Pâle vainqueur des sauvages Peaux Rouges fournies en Technicolor par les westerns conquérants des années cinquante. Le bel ouvrage de Hollywood, pure propagande antisoviétique, continue de hanter l’imaginaire rétréci et circonscrit à une mythologie révolue de notre apprenti-président. La faiblesse du dollar, et donc la cherté de l’euro, sont le moyen le plus artificiel imposé par Ben Shimon Bernanke et subi béatement par la BCE pour masquer la récession réelle du futur ex-empire. Notre ancien Sinistre de l’Intérieur ne s’est guère empressé de le faire remarquer outre-Atlantique. Le pays France semble être gouverné selon l’unique principe de la chasse à l’étranger sans-papiers et tout autre pouvoir régalien est remisé tant le canon théologique de la libre Concurrence et Pas d’État prévaut aussi bien dans la gestion des Universités que dans la pénalisation des délits financiers. La seule fonction que le pouvoir résiduel national exerce encore, sans devoir requérir préalablement les secours des Commissions Européennes, est celui de la police répressive. Il s’agit bien du champ d’activité affectionné et connu de notre ancien candidat à la Présidence où de minuscules succès seraient à comptabiliser. Les quelques immigrations « familiales » qui ont eu lieu se sont produites à l’occasion des régularisations des parents d’enfants scolarisés à l’été 2006. Dans ces cas, le test « a des haines » auraient dû se faire à rebours, et concerner les parents plutôt que les enfants. Nous apprendrons certainement un jour que les cas prévisibles justiciables de cette mesure infâmante n’excèdent pas quelques centaines, mais la loi a été faite pour flatter le racisme ambiant et détourner de la dure réalité que la France ne représente plus qu’une moyenne, de plus en plus médiocre puissance dans un monde en mutation. L’événement inaugural notable du millésime a eu lieu le 11 janvier 2007. La Chine a réussi à envoyer un missile, un dérivé de vecteur intercontinental, qui a détruit un ancien satellite météorologique en orbite à 800 Km au-dessus de la Terre. Désormais, les satellites espions et de téléguidage ne sont plus à l’abri d’une destruction. La Chine a acquis sûrement la technologie, en particulier le laser à très haute énergie, capable d’endommager les capteurs optiques de reconnaissance des satellites et de brouiller les systèmes GPS. Elle a la capacité aux moyens de radars laser de dépister des satellites avec orbitales basses. La maîtrise de l’espace par le Système GPS est bien contestée aux US(a). Ils ont tout fait par ailleurs pour faire échouer le développement par les Européens de leur propre système Galileo. Aujourd’hui retardé et englué dans un problème de financement par des entreprises privées alors que l’option d’un téléguidage autonome est le garant d’une entité politique européenne indépendante, sa venue au jour est compromise. Or toute la technologie d’armement US est fondée sur sa suprématie dans les airs. Les avions et les bateaux étasuniens aveuglés par les lasers chinois deviennent inopérants. Le second événement majeur nous vient du début de l’effondrement du système bancaire britannico-étasunien mis en activité par le facteur déclenchant de la crise des prêts hypothécaires cet été. Le fond du problème est quand même la situation de débiteur mondial et surtout vis-à-vis de la Chine et du Japon d’une économie étasunienne qui ne survit uniquement qu’en créant des dettes, et en les revendant à autrui, en les « titrisant » et en encourageant la production de bulles spéculatives, brouillant ainsi la réalité de son état de délabrement avancé. Les banques, depuis que la religion de la dérégulation n’admet aucun hérétique, se dotent de valeurs « actifs » dont elles calculent elles-mêmes la valeur théorique et qui leur servent de réserve virtuelle capitalistique . L’État britannique comme le fédéral étasunien quand les banques ne se sont plus faites confiance entre elles (elles sont structurées selon un modèle identique appelé engineering financier pour dire la fiction de leurs avoirs) sont intervenues en injectant des liquidités. Cette périphrase cache mal que les taxes et impôts de la glèbe ont servi et servent à combler le vide sidéral des réserves bancaires. La perte de confiance est contagieuse. Or le fonctionnement de ces nouveaux produits financiers sophistiqués suppose la croyance en la fiction de leur valeur escomptée, car les nouvelles normes de comptabilité permettent d’inclure dans les avoirs les résultats de ventes non réalisées. L’Islam et son interdit explicite de la spéculation et de la pratique d’enrichissement par le prêt de ce qui ne devrait servir que de moyen d’échange ne peut être vu par le système que comme l’ennemi théorique absolu. Perte d’influence et d’hégémonie par la guerre même faite au Reste du Monde, perte de la suprématie dans la guerre aérospatiale, la seule qui vaille depuis la première guerre mondialisée par l’Europe, perte accélérée de la domination du dollar et du système financier anglo-saxon, ce n’est qu’un début, Mr G W Bush. Convergence des Causes 13 novembre 2007 |
نـداء لـكـل الـجـزائـريـاتـ وكـل الـجـزائـريـيـن
خلال ندوة "النقاش الحر" التي أجراها مع قراء موقع الإنترنت "الجزائر السياسية" أعـلـن الأخ صلاح الدين سيدهم عن مبادرة تسعى إلى إخراج البلاد من المأزق التي تتخبّط فيه، و ذلك عبر مشروع جمع شـمـل كـل الإرادات النزيهة في إطار "منتدى الكرامة و التغيير"٠
لـقـد بدأ التفكير في هذا المشروع منذ سنوات في أوساط عدد من الإرادات الفكرية و السياسية ٠ ويـبـدو جـلـيـا أنـه حـان الأوان لـهـﺬه الـقـوى الـمـتـنـامـيـة لأن تـرى الـنـور وتسعى إلى تحقيق طموحات الـشـعـب – بـمـعـيـتـه ومـن أجـلـه - ، من أجل إقامة دولة القانون.
صرّح الدكتور سيدهم في مقدمة تدخله عبر موقع "الجزائر السياسية " أن هذه الفكرة قد تكون "بداية انـبـعاث حقيقي إن شاء الله، سـيـمـكـن الـجزائـريـين مـن فتح أبواب الحوار بينهم في جو يسوده الهدوء والاحترام مهما امتدت اختلافاتهم في الرؤى، ثم التجمع و التنظيم حول أرضية مشتركة تهدف إلى تغيير جذري و سلمي لنظام الحكم و تسليم السلطة للممثلين الحقيقيين الذين يتم انتخابهم بطريقة ديمقراطية"٠
سـتـوجّـه دعـاوى – دونـمـا أي إقـصـاء - إلـى شخصيات وطـنـيـة معروفة بنزاهتها ومن مـخـتـلـف الآفاق السياسية تمثل طموح أغلبية الجزائريين في أطار تنوعهم و اختلافهم، لكي تساهم في النقاش وإثراء بـيـان الـكـرامـة و الـتـغـيـيـر٠
لهذا ندعو كل الجزائريين و كل الجزائريات للمساهمة و النقاش بقوة وحزم في المواضيع الحساسة و الحيوية التي تهمّنا جميعا قبل أن يتم دعوة شخصيات لتحرير المشروع النهائي للميثاق٠ إن المشاركة القويّة والمباشرة للجزائريين في هذا المسعى سيكون عامـلا أساسيا في إنجاح المسار و المشروع الذي سينبثق عنه وسيكون بمثابة مثال يضمن مستقبل المنتدى للكرامة والتغييرحـتـى تـتـحـول الإرادة الـشـعـبيـة مـن طـور الشـعـارات إلـى طـور الـعـمـل الـجـاد.
طوال كل هذه المدة سيتفرغ موقع "تحيى بلادي" بصفة كاملة لهذه المهمة، في حين أن الدكتور صلاح الدين سيدهم سيكون المنشط الرئيسي للمناقشة ٠ وندعو بشكل خاص كل الشخصيات السياسية و الفكرية للمساهمة في هذا المنتدى و إثراء النقاش بأفكارهم وإقتراحاتهم٠
وسيكون تـنـظـيـم الـبرنامج عـلـى النحو التالي؛
ـ المبادئ الأساسية
ـ الديمقراطية
ـ مكانة الدين في الجمهورية
ـ مكانة الجيش في الجمهورية
ـ مسألة اللغة و الثقافة الأمازيـغـيـة
هذه المحاور كلها جد متقاربة بينها ومـتـداخـلـة، لذا لا نقدمها بطريقة منعزلة وبإمكان المتدخلين الإدلاء بآرائهم أو طرح تساؤلاتهم حول كل المواضيع بدون أي قيد٠
المنتدى سيفتح يوم أول نوفمبر 2007
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