ELWATAN-ALHABIB
lundi 18 septembre 2017
 

La déstabilisation de l’Égypte: le barrage éthiopien sur le Nil







  •  
  •  
  •  
Le nouveau grand « Barrage de la Renaissance » en Éthiopie, qui doit être terminé l’année prochaine, drainera près de la moitié (40%) des eaux du Nil chaque année pendant les cinq années qui suivront tandis que son lac de retenue se remplit. L’assèchement des eaux du Nil portera un coup dévastateur à la capacité de l’Égypte à subvenir à ses propres besoins alimentaires…


Comment le Président égyptien al-Sissi va-t-il survivre aux cinq prochaines années avec à peine plus de la moitié de l’eau provenant du Nil et que le pays souffre déjà de sérieuses pénuries d’eau et de coupures de courant (hydro)électrique, sans parler d’une inflation accablante, de la faim qui s’accroît et d’une insurrection terroriste?
Jusqu’ici le monde a pensé que d’une façon ou d’une autre l’Égypte, populeuse de presque 100 millions et en croissance, qui d’ores et déjà danse sur des sables mouvants économiques, parviendrait sans peine survivre à un phénomène que le pays n’a pas connu en plus de deux mille ans, presque moitié moins d’eau venant du Nil pendant cinq années d’affilée.
Et si une sécheresse frappe les hauts plateaux éthiopiens où se trouvent les sources du Nil, ce qui va probablement arriver au moins une fois au cours des cinq prochaines années du fait des tendances de réchauffement climatique, et que l’Égypte en perde plus de la moitié de son eau?
Si l’opinion internationale s’avère avoir tort, et qu’il se révèle impossible de survivre à la division presque par deux de la quantité d’eau disponible en Égypte pendant cinq années de suite, alors une explosion gigantesque couve en Égypte, le plus grand pays du monde arabe, cette explosion étant donc éventuellement provoquée par la construction d’un énorme barrage par l’Éthiopie générant 6 000MW d’électricité, une puissance que de toute façon les infrastructures éthiopiennes sont à ce jour incapables de gérer.
Si l’Éthiopie ne peut même pas distribuer l’énergie issue de cette nouvelle source d’électricité pour que son peuple l’utilise, du fait d’une absence quasi-totale de réseau électrifié national sans parler d’infrastructures au niveau local, pourquoi le pays s’est-il endetté à ce point pour construire un barrage qui causera tant de torts à l’Égypte, son voisin du nord?
Ceux qui sont bien informés posent cette question, car une catastrophe potentielle est peut-être à craindre en Égypte à travers une explosion populaire de rage poussée par la faim contre le pouvoir du Président al-Sissi, menaçant dans ses fondements la capacité des militaires égyptiens à maintenir la cohésion du pays. Comme en Syrie et en Irak, Daech s’assurerait de profiter du chaos qui s’ensuivrait pour répandre son insurrection à travers le pays, tout ceci pouvant mener vers une situation d’état égyptien en échec.
Un tel scénario a attiré l’attention vers l’éventualité d’une attaque militaire égyptienne contre le nouveau barrage éthiopien, si jamais la situation domestique commençait à se détériorer sérieusement. L’assèchement des eaux du Nil portera un coup dévastateur à la capacité de l’Égypte à subvenir à ses propres besoins alimentaires, et la rupture de son aptitude à produire des biens alimentaires pour l’exportation provoquera la perte de devises étrangères dont l’Égypte a dramatiquement besoin.
Le peuple égyptien supportera-t-il une telle augmentation de sa disette et de ses difficultés pendant cinq ans, sans une inévitable explosion? Al-Sissi parviendra-t-il à maîtriser les militaires égyptiens et à prévenir l’effondrement du gouvernement, conséquence d’une telle pénurie d’eau et d’une inévitable disette?
Les origines de l’idée de l’Éthiopie endiguant le Nil se trouvent à la Banque Mondiale, qui est majoritairement la propriété des USA. La Banque Mondiale, dont la politique a consisté pendant des décennies désastreuses à favoriser la construction de barrages dans certains des lieux les plus vulnérables de la planète, fut la première à lancer l’idée du « grand barrage » pour maîtriser des flots aux proportions bibliques, au profit d’une « Grande Éthiopie ».
Encore une fois, le problème est que 70% des Éthiopiens n’ont pas accès à l’électricité distribuée par le gouvernement, c’est-à-dire presque 70 millions de personnes. Le gouvernement éthiopien s’est tellement endetté dans la construction de ce nouveau barrage capable de générer 6 000MW d’électricité, qu’il ne reste plus rien pour payer la construction du réseau de distribution dont le pays a désespérément besoin. Ainsi, toute la puissance électrique produite n’ira pas améliorer la vie des Éthiopiens en vue d’une « Grande Éthiopie », mais sera vendue sur le marché est-africain pour rembourser l’onéreuse dette encourue dans la construction de ce machin.
Les besoins éthiopiens en électricité auraient pu être satisfaits pour de nombreuses et longues années par la construction d’une série de barrages plus petits et beaucoup moins chers, qui n’auraient pas causé de telles disruptions dans le flot des eaux du Nil.
Pourtant, à cause de l’insistance de la Banque Mondiale, l’Éthiopie a signé pour le « Grand Barrage » dont la conséquence pourrait être une explosion de colère en Égypte à même de menacer une large part de l’économie mondiale, car l’Égypte contrôle le Canal de Suez à travers lequel les plus grands partenaires commerciaux du monde, l’Asie et l’Europe, font 90% de leurs affaires. Ce sont les troupes égyptiennes, dont les salaires sont payés par les USA, qui surveillent le Canal de Suez et si les militaires égyptiens perdent le contrôle du pays lors d’une révolte populaire similaire à celle qui fit chuter Moubarak, alors la fiabilité militaire égyptienne à conserver le contrôle du Canal de Suez est remise en question. Évidemment, il resterait encore l’armée israélienne en coulisses, toujours prête à s’interposer pour occuper le premier Grand Canal de Suez.
Se pourrait-il que voir s’entre-déchirer l’Égypte et l’Éthiopie, deux des trois plus grandes nations africaines, soit dans les intérêts nationaux des USA, qui désirent à tout prix empêcher l’unité africaine, qu’elle soit politique ou économique?
Une fois de plus nous décelons la politique US de « gestion de crises » en coulisses de ce conflit latent, comprenez la création d’une crise puis sa gestion pour diviser et conquérir, pour pouvoir mieux piller et voler les ressources africaines en y rencontrant le moins de résistance possible.

Source : Destabilizing Egypt; Ethiopia’s Nile River Dams, American Herald Tribune.
Traduction par Lawrence Desforges, Global Relay Network
 
Commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]





<< Accueil
"Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

Archives
février 2007 / mars 2007 / avril 2007 / mai 2007 / juin 2007 / juillet 2007 / août 2007 / septembre 2007 / octobre 2007 / novembre 2007 / décembre 2007 / janvier 2008 / février 2008 / mars 2008 / avril 2008 / mai 2008 / juin 2008 / septembre 2008 / octobre 2008 / novembre 2008 / décembre 2008 / janvier 2009 / février 2009 / mars 2009 / avril 2009 / mai 2009 / juin 2009 / juillet 2009 / août 2009 / septembre 2009 / octobre 2009 / novembre 2009 / décembre 2009 / janvier 2010 / février 2010 / mars 2010 / avril 2010 / mai 2010 / juin 2010 / juillet 2010 / août 2010 / septembre 2010 / octobre 2010 / novembre 2010 / décembre 2010 / janvier 2011 / février 2011 / mars 2011 / avril 2011 / mai 2011 / juin 2011 / juillet 2011 / août 2011 / septembre 2011 / octobre 2011 / novembre 2011 / décembre 2011 / janvier 2012 / février 2012 / mars 2012 / avril 2012 / mai 2012 / juin 2012 / juillet 2012 / août 2012 / septembre 2012 / octobre 2012 / novembre 2012 / décembre 2012 / janvier 2013 / février 2013 / mars 2013 / avril 2013 / mai 2013 / juin 2013 / juillet 2013 / août 2013 / septembre 2013 / octobre 2013 / novembre 2013 / décembre 2013 / janvier 2014 / février 2014 / mars 2014 / avril 2014 / mai 2014 / juin 2014 / juillet 2014 / août 2014 / septembre 2014 / octobre 2014 / novembre 2014 / décembre 2014 / janvier 2015 / février 2015 / mars 2015 / avril 2015 / mai 2015 / juin 2015 / juillet 2015 / août 2015 / septembre 2015 / octobre 2015 / novembre 2015 / décembre 2015 / janvier 2016 / février 2016 / mars 2016 / avril 2016 / mai 2016 / juin 2016 / juillet 2016 / août 2016 / septembre 2016 / octobre 2016 / novembre 2016 / décembre 2016 / janvier 2017 / février 2017 / mars 2017 / avril 2017 / mai 2017 / juin 2017 / juillet 2017 / août 2017 / septembre 2017 / octobre 2017 / novembre 2017 / décembre 2017 / janvier 2018 / février 2018 / mars 2018 / avril 2018 / mai 2018 / juin 2018 / juillet 2018 / août 2018 / septembre 2018 / octobre 2018 / novembre 2018 / décembre 2018 / janvier 2019 / février 2019 / mars 2019 / avril 2019 / mai 2019 / juin 2019 / juillet 2019 / août 2019 / septembre 2019 / octobre 2019 / novembre 2019 / décembre 2019 / janvier 2020 / février 2020 / mai 2020 /


Powered by Blogger

Abonnement
Articles [Atom]