ELWATAN-ALHABIB
jeudi 30 juillet 2015
 

Daniel Dhombres, cadre de SOS Racisme, pris en flagrant délit de propos racistes



E. B.
Mercredi 29 Juillet 2015


Daniel Dhombres, cadre de SOS Racisme, pris en flagrant délit de propos racistes
Vous ne connaissez probablement pas Daniel Dhombres... et c'est tant mieux, car le monsieur est assez peu recommandable. Islamophobe patenté, mais coordinateur éditorial du site de SOS Racisme (les deux ne sont pas incompatibles), ses idées racistes et racialistes se sont clairement manifestées suite à la fameuse agression de Reims ce week-end.

Au cours de l'emballement médiatique qui a suivi cette affaire, on a vu la droite et l'extrême-droite alimenter la surenchère islamophobe aux côtés de SOS Racisme. Le compte twitter de SOS Racisme a retwitté à tout va de nombreux résistants soutenant leur lutte contre les affreux musulmanistes, retwittant même positivement l'élue FN Claire Pradel [1] (quand il s'agit de taper sur les musulmans, SOS Racisme n'est pas très regardant sur ses alliés).

Quand le parquet a nié le motif religieux de l'agression, Daniel Dhombres n'y a pas cru. Non, pour lui c'était évident, les agresseuses étaient forcément des intégristes-salafistes-islamistes (ou autres trucs en "istes" qui font peur). Le motif était forcément religieux! La preuve? La voici, et attention je le cite: "d'après mes infos l'origine de la victime vs celles des agresseurs laisse peu de place au doute" [2]. Ces propos semblent même choquer la journaliste très à droite Judith Waintraub, qui répond au "pote" Daniel Dhombres : "attention: les origines et les choix religieux sont indépendants".

Pour Dan Dhombres, vous l'avez compris, la victime étant une bonne française bien blanche, et les agresseuses étant d'origine maghrébine, c'était forcément une agression islamiste, enfin à caratère religieux. Les origines des protagonistes "laissent peu de place au doute".

Oh bien sûr, Dan Dhombres n'est pas le premier membre éminent de SOS Racisme à formuler des opinions racistes... Souvenons-nous du cas Mohamed Sifaoui, membre du Conseil National de SOS Racisme, qui a fait l'objet d'un rappel à l'ordre du CSA pour ses propos racistes répétés [3]... Combien de temps va encore durer l'imposture SOS Racisme, cette association qui alimente le racisme et l'islamophobie aux frais du contribuable (plus de 500 000 euros de subventions par an)?...





Références:

[1] https://twitter.com/Mou_Gui/status/625692516495527936

[2] Voir cette capture d'écran: https://twitter.com/alitalebb/status/626066308724051968

[3] http://www.arretsurimages.net/breves/2008-04-22/RMC-mise-en-demeure-du-CSA-apres-derapage-raciste-id504

 

 
lundi 27 juillet 2015
 

11-Septembre : Un article scientifique censuré au dernier moment lors d’une importante conférence sur le métier d’ingénieur

 





Dimanche 26 Juillet 2015


(Orléans, France) La conférence de la SEFI qui s’est déroulée du 29 juin au 2 juillet dernier s’est ouverte sur une controverse autour d’un cas de censure. Un article que deux auteurs étaient venus [des Etats-Unis] présenter a en effet été retiré du programme dans les tout derniers jours avant le début de la conférence, et les auteurs s’ent sont vus interdire l’entrée. L’article (désormais disponible en français et en anglais sur le site censoredbySEFI.org) consistait en la discussion d’un cas d’étude dans lequel un processus de relecture par des pairs (peer review) avait échoué à propos d’un important sujet d’ingénierie. L’article évoquait aussi les risques que ces processus faussés de peer review entrainaient pour la crédibilité de la profession d’ingénieur.
N’ayant trouvé aucune faute ou erreur technique, le comité de selection de SEFI 2015 avait accepté que cet article soit présenté [à Orléans] le 1er juillet dernier. Par la suite, ce même comité a censuré l’article, pour de vagues raisons sur lesquelles il a refusé de s’étendre. Cette censure de dernière minute, alors que les auteurs se rendaient à la conférence, indique que des raisons non-techniques ont joué un rôle central dans ce retrait. De plus, cela montre qu’une discussion sur l’éthique n’a pas sa place dans le curriculum d’ingénieur en Europe.
L’article censuré souligne les risques que court la profession d’ingénieur avec ces manquements éthiques qui poussent le public partout dans le monde à se demander si l’on peut vraiment se fier aux organisations représentatives des ingénieurs. Le papier étudie un cas où la relecture par des pairs d’un article technique dans un journal prestigieux ne s’est pas conformé à une analyse scientifique solide. Cela a débouché sur la publication de conclusions non étayées et sur le fait que les explications alternatives n’ont pas été autorisées.
L’article de huit pages intitulé « Les analyses du World Trade Center: Étude de cas sur l’éthique, la politique publique et la profession d’ingénieur » présente le contexte et une discussion critique de la seule publication scientifique expliquant le mécanisme de destruction des Tours Jumelles du World Trade Center le 11 septembre 2001. L’analyse de ce cas d’étude montre que l’explication présentée dans le Journal of Engineering Mechanics, “What Did and Did Not Cause the Collapse of World Trade Center Twin Towers in New York” (Z. P. Bažant 2008) ne correspond pas aux observations de première main.
Un élément-clef dans la critique de l’hypothèse de Bazant est le fait que seule une infime partie des matériaux de structure de la Tour Nord a été retrouvée à la base de la tour, dans ce qu’on appelle le Lobby (hall d’entrée). Cela n’est pas compatible avec l’hypothèse de Bazant basée sur un effondrement purement gravitationnel, et on doit donc se poser la question : « Où sont passés les débris des 106 étages supérieurs, qu’on aurait nécessairement dû retrouver dans l’hypothèse d’un processus d’effondrement « Crush-Down/Crush-Up » depuis le haut de la Tour jusqu’au niveau du Lobby. »
Si une conférence comme SEFI 2015 ne peut pas traiter des manquements éthiques dans la profession d’ingénieur, quel lieu reste-t-il pour demander aux ingénieurs, comme le demande d’ailleurs la National Society of Professional Engineers (USA), d’adhérer à un code d’éthique «… qui soit dédié à la protection de la santé public, de la sécurité et au bien-être (welfare). » La profession d’ingénieur pourrait bien se réveiller un jour et s’apercevoir que la crédibilité du public dans ses capacités à répondre à des problématiques comme le changement climatique ou la durabilité (sustainibility) s’est totalement évaporée.
La page « A propos de SEFI » sur leur site Web stipule que « LA SEFI a pour objectif de… renforcer la position des professions d’ingénieurs dans la société. » Ces aspirations éthiques s’ajoutent à celle de la National Society of Professional Engineers américaine, laquelle affirme que « les ingénieurs doivent exercer leur profession en adoptant un comportement professionnel qui respecte les plus hauts principes et standards en matière d’éthique. » Des violations caractérisées de cette même éthique, par la censure des discussions critiques sur des sujets aussi importants [que le 11/9] constituent un camouflet pour les « objectifs » de la SEFI.
Les auteurs demandent qu’en réponse à cette censure, qui est à la fois une violation de l’éthique et de la liberté académique, les deux présidents du Comité scientifique de la SEFI soient démis de leurs fonctions, et qu’une des institutions membre de la SEFI finance un nouveau voyage pour que M. Wayne H. Coste puisse présenter son article lors d’une prochaine conférence.
Pour plus d’information, consulter cette page.
Source : censoredbysefi.org, le 1er juillet 2015
Traduction : Christophe pour ilFattoQuotidiano.fr

Notes de l’auteur : La SEFI est le plus grand réseau d’institutions liées à la formation d’ingénieurs, de personnes, d’associations et de sociétés en Europe
Le premier auteur, Wayne H.Coste est un Ingénieur professionnel diplomé dans l’État du Michigan, il dirige la Truth Outreach, Inc.
Architectes et Ingénieurs pour la vérité sur le 11/9 est une association non partisane d’architectes et d’ingénieurs dont la mission est de rechercher, de compiler et de diffuser le plus largement possible les preuves scientifiques de la destruction des trois gratte-ciel du World Trade Center, d’appeler à une véritable enquête indépendante, et d’aider à ce que justice soit faite.
 

1er juillet 2015
Contact:  Wayne H. Coste, PE
Email: wcoste@CensoredBySEFI.org – MSmith@AE911Truth.org

http://ilfattoquotidiano.fr

 
dimanche 26 juillet 2015
 
La paille nucléaire iranienne et la poutre nucléaire israélienne

L’accord de Vienne sur le nucléaire : le désarroi des rentiers du pétrole

 

 

 

L’accord de Vienne déplaît aux Israéliens, aux Arabes et au Congrès des Etats-Unis.
« Purifie-toi des attributs ; du moi, afin de pouvoir contempler ta propre essence pure et contemple dans ton propre coeur toutes les sciences des prophètes, sans livres, sans professeurs, sans maîtres. » Jalal Eddine Ar Roumi, immense soufi iranien.
Avec un suspense digne des films à la Hitchcock, le feuilleton iranien avec une superproduction qui a mobilisé pas moins de sept acteurs, s’est achevé sur une note optimiste, un accord à l’arraché où chacun était pressé de conclure. Cet accord sans qu’il ne soit parfait, ferme en théorie le champ à une éventuelle fabrication dont on nous a annoncé régulièrement dans les deux mois et ceci depuis cinq ans. Unanimement salué par la presse iranienne toutes tendances confondues et célébré dans les rues de Téhéran.
Que dit l’accord ?
L’accord sur le nucléaire ouvre un nouveau chapitre dans les relations entre l’Iran et la communauté internationale, a déclaré mardi le président iranien Hassan Rohani, (...) Par ailleurs, malgré les demandes visant à réduire drastiquement le nombre de ses centrifugeuses, l’Iran en maintiendra 5 000 dans l’usine de Natanz et 1 000 à Fordow. D’après cet accord, l’Iran sera reconnu par les Nations unies comme une puissance nucléaire menant un programme nucléaire civil pacifique, comprenant un cycle d’enrichissement d’uranium, D’après l’agence, toutes les sanctions financières et économiques de l’ONU seront levées en même temps via une nouvelle résolution de l’ONU. Les sanctions de l’Union européenne et des Etats-Unis frappant les secteurs bancaire, pétrolier, gazier, pétrochimique, commercial, mais aussi de l’assurance et des transports seront levées dès que l’accord sera appliqué concrètement, tandis que des dizaines de milliards de dollars de revenus iraniens seront dégelés. Cependant, l’embargo sur les armes sera remplacé par un régime surveillé d’importation et d’exportation de matériels sensibles qui durera cinq ans.L’Iran pourra également entreprendre une coopération internationale pour construire de nouveaux réacteurs nucléaires, des réacteurs de recherche et d’autres centrales nucléaires de pointe. En vertu de l’accord, le site d’Arak conservera son réacteur à eau lourde, mais sera modernisé et équipé des technologies les plus modernes et les plus sûres au monde, L’Iran sera reconnu comme producteur de produits nucléaires, notamment d’uranium enrichi et d’eau lourde. (1)
Les conséquences de l’accord : changement d’alliance

L’accord de Vienne déplaît aux Israéliens, aux Arabes et au Congrès américain : « Ce qui alarme le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu écrit Joshua Keating ainsi que les dirigeants du Golfe, c’est au moins autant le programme nucléaire iranien qu’une convergence des intérêts iraniens et américains. Au cours de l’été 2012, quand les diplomates iraniens et américaines commencèrent leurs pourparlers secrets à Oman, lançant le processus qui vient d’aboutir par un accord sur le nucléaire iranien, le Proche-Orient était très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Quelques mois auparavant le dernier convoi de troupes américaines avait quitté l’Irak et leur retour à Baghdad apparaissait inconcevable. La chute de Bachar el-Assad, combattu par les rebelles syriens, semblait n’être plus qu’une question de temps. Al-Qaîda avait l’air totalement déconfite après la mort de Ben Laden (...). En d’autres termes, il y a trois ans, il était raisonnable de considérer que la question du nucléaire iranien et d’une éventuelle guerre régionale à son sujet, était le sujet le plus préoccupant du Proche-Orient. Le président des Etats-Unis évoque à présent l’accord comme un moyen de « voir si cette région qui a connu tant de souffrances, tant d’effusions de sang, peut emprunter une nouvelle voie. » L’accord sur le nucléaire iranien semble presque anecdotique. L’Iran est parvenu à étendre son influence régionale sans posséder l’arme nucléaire. Les rebelles chiites soutenus par l’Iran sont en pointe de la lutte contre Daesh en Irak, Assad est toujours au pouvoir en Syrie et malgré des mois d’attaques aériennes saoudiennes les rebelles Houthi contrôlent toujours la capitale du Yémen. Le chaos de la région convient bien à l’Iran et les adversaires de l’accord affirment que la levée des sanctions va encore accroître son influence (2).
La paille nucléaire iranienne et la poutre nucléaire israélienne

Sans surprise nous trouvons parmi les mécontents de l’accord, Israël, le Congrès des Etas-Unis et Hillary Clinton. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a dénoncé une « erreur historique pour le monde ». « Israël n’est pas lié par cet accord (...) car l’Iran continue à vouloir notre destruction. Nous saurons toujours nous défendre », a-t-il prévenu. « Netanyahou, lit-on sur le site europalestine, fulmine après l’accord concernant le nucléaire iranien. (....) Pourtant, on sait qu’Israël, contrairement à l’Iran, ne se prive pas d’attaquer ses voisins et de recourir à des armes prohibées extrêmement létales, bombes au phosphore, à fragmentations, gaz toxiques.. pour perpétrer ses massacres de populations civiles. Israël possède au moins deux sites nucléaires interdits, Dimona, un cadeau du gouvernement socialiste français de Guy Mollet en 1956, et le centre de recherches nucléaires de Nahal Sorek, à l’ouest de Jérusalem, offert par Eisenhower. En 2007, un journal italien dévoilait un scandale d’importance : le professeur palestinien Mahmud Saâda, expert, et membre d’une commission internationale chargée de la « sauvegarde à l’égard des guerres nucléaires et des radiations », rapportait que des « radiations émanant du réacteur israélien de Dimona, et les scories nucléaires de trois dépôts souterrains adjacents étaient sans doute la cause de très rares formes de tumeurs aux yeux et au cerveau chez des enfants palestiniens à Daheriyeh, au sud d’Hébron. L’augmentation de 60% de ces cancers ne s’expliquerait pas autrement. Alors, pourquoi ne parle-t-on que de l’Iran ? Et à quand les sanctions contre Israël ? ce pays qui a refusé de signer le traité de non-prolifération nucléaire et qui teste des armes effrayantes sur les Palestiniens, constitue le plus grand danger nucléaire de la planète. » (3)
Même le chef de la Ligue arabe a qualifié l’accord sur le nucléaire iranien de « premier pas » vers l’éradication des armes de destruction massive au Moyen-Orient, appelant néanmoins la communauté internationale à faire pression sur Israël considéré comme la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient. « Le temps est venu pour la communauté internationale d’arrêter la politique des deux poids, deux mesures et de prendre ses responsabilités en faisant pression sur Israël pour qu’il adhère au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires » et « pour que ses installations nucléaires soient soumises au système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique ».(4)
L’accord est « inacceptable », a lâché le président de la Chambre des représentants, John Boehner : « Si l’accord est aussi mauvais que je le pense à cet instant, nous ferons tout pour l’arrêter. Le Congrès, a le pouvoir d’en bloquer un élément central : la suspension des sanctions américaines, contrepartie des engagements iraniens... « . La candidate à l’investiture démocrate Hillary Clinton a affirmé que l’Iran n’aurait « jamais » l’arme nucléaire si elle était élue présidente des Etats-Unis.
La recomposition du Moyen-Orient
Il semble que les Etasuniens soient lassés par l’Arabie saoudite du fait de son exportation de la terreur salafiste. Ils se tournent alors vers l’Iran héritier de Darius, Une relation plus amicale entre l’Iran et l’Occident peut ouvrir des avenues à d’éventuelles opérations surd’autres questions, comme la résolution de la crise en Syrie. Pour les Etats-Unis et leurs alliés, l’accord est un pari : celui que l’ouverture de conversations avec Téhéran va permettre de pacifier la région et de donner davantage la parole aux modérés du régime. Une position partagée par le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov, selon qui l’accord rend possible une coalition « élargie » pour combattre ce groupe extrémiste sunnite, qui est hostile à l’Iran chiite autant qu’à l’Occident. « Le président américain voulait à tout prix cet accord historique. Il est conforté par l’opinion publique américaine puisque dans une enquête menée pour le Washington Post et ABC, 59% des personnes interrogées soutiennent l’idée de lever la quasi-totalité des sanctions à l’égard de l’Iran en échange d’un accord qui limiterait le programme nucléaire de façon à empêcher la production d’armes nucléaires. » (5)
Pour Gilles Munier : « C’est une indubitable victoire pour l’imam Ali Khamenei. Le mélange de fermeté, de souplesse et de pragmatisme a payé face à l’arrogance occidentale et aux menées occultes israéliennes. Laurent Fabius qui jouait le jusqu’au-boutiste a dû ravaler sa morgue. C’est aussi une victoire diplomatique pour Barack Obama, à 18 mois de la fin de son mandat.(...) L’accord signé à Vienne entrera en vigueur 30 jours après son adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU, c’est-à-dire vers la fin de cette année. Certes, l’Iran n’a pas obtenu tout ce qu’il demandait, mais les Etats-Unis non plus, et tout le monde devra faire avec, y compris les ennemis de Téhéran. (...) On peut compter sur la prochaine administration américaine pour traîner des pieds quand il s’agira de lever certaines sanctions, pour mettre en doute les rapports de l’Aiea qui se rendront en Iran, pour menacer à nouveau le pays. » (6) Même l’Arabie saoudite par le biais de son agence de presse SPA s’est fendu d’un communiqué rassurant : « Etant donné que l’Iran est un pays voisin, l’Arabie saoudite espère bâtir avec lui de meilleures relations dans tous les domaines sur la base du bon voisinage et de la non-ingérence dans les affaires internes. Les tensions ont été vives récemment entre l’Arabie saoudite et son principal rival régional, notamment sur le conflit au Yémen où Ryad mène une campagne de frappes aériennes contre des rebelles chiites soutenus par l’Iran. En Syrie, l’Arabie saoudite soutient les rebelles qui tentent de renverser le régime alors que Téhéran demeure le principal allié régional de Bachar al-Assad.
Le marché pétrolier et le futur chaos des rentiers

L’Iran est un grand pays technologiquement avancé. Il détient la quatrième réserve pétrolière mondiale avec plus de 160 milliards de barils (13/14% des réserves) 34.000 milliards de mètres cubes gazeux 16% des réserves mondiales. La population est d’environ 80 millions. Le taux d’alphabétisation est de 93% pour les Iraniens de 19 à 40 ans, l’Indice de développement humain est 0,707 ayant été classé au 88e rang mondial. Le PIB par habitant 2013/2014) est de 4 748 dollars avec un produit intérieur brut (PIB (2013/2014 de 366,1 milliards $. Le PIB est ventilé comme suit : agriculture : 11,3% -industrie : 37,6%- services : 51%. L’Iran est donc un pays industrialisé contrairement à l’Algérie ou le taux d’industrialisation représente 5%. L’économie est dépendante cependant des revenus pétroliers 75% environ des recettes de l’Etat. Pour éviter le gaspillage le gouvernement a mis en place des aides ciblées pour les couches à faible pouvoir d’achat et à commencé à arrêter progressivement les subventions sur l’énergie.
Les prochains mois et années seront pénibles pour les rentiers. Les exportations de brut iranien étant plafonnées à 1 million de b/j environ selon les termes de l’accord intérimaire de Genève. L’Iran produisait plus de 2,5 millions de barils/jour. Ces facteurs ajoutés à une production hors Opep (67%) importante l’entêtement de l’Arabie saoudite pour ses parts de marché et le combat perdu contre les pétrole/gaz de schiste américain,, et pour couronner le tout la non-reprise de la croissance de l’économie mondiale, peuvent aboutir à une dégringolade encore pire du prix du baril. L’entrée en force de l’Iran sur le marché pétrolier et gazier mondial aura un impact sur l’économie algérienne. Pourtant, selon les calculs du FMI, la baisse des cours du pétrole devrait entraîner un manque à gagner de 300 milliards de dollars cette année pour les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). La question est de savoir pendant combien de temps ces pays pourront financer leur déficit sans envisager de baisser leurs dépenses. D’autant que le pétrole ne semble pas décidé à remonter.
On dit que le malheur des uns fait le bonheur des autres. « Une manne tombée du ciel. ». C’est ainsi que les analystes qualifient la chute vertigineuse des prix du pétrole sous le seuil symbolique des 50 dollars le baril. La facture énergétique de la France qui s’est élevée en 2013 à environ 66 milliards d’euros, pourrait considérablement s’alléger, on peut envisager une économie de l’ordre de 20 milliards d’euros sur les importations. De plus, l’encre de l’accord n’a pas encore séché que les investisseurs se préparent à revenir en Iran et c’est la course aux offres de service ; de belles opportunités s’ouvrent aujourd’hui, particulièrement en matière d’infrastructures (eau, routes, énergie) mais aussi pour remettre en état l’appareil de production de pétrole et de gaz.

Les défis de l’Algérie
On le voit, si les pays du Golfe peuvent tenir du fait de leur matelas évalué à plus de 1000 milliards de dollars. ce n’est pas le cas de l’Algérie pour qui le retour de l’Iran avec seulement 1 million de barils risque de faire chuter le prix du baril à 40 dollars. Dans ces conditions, on sait que l’Arabie saoudite qui arme et finance le terrorisme international a placé l’Algérie sur la liste noire des pays qui supportent le terrorisme. Pour Eric Draitsen, l’État algérien subit l’assaut d’Al Qaîda et d’autres groupes terroristes depuis longtemps. La guerre contre le terrorisme en Algérie remonte à plus de vingt ans. À ce titre, le gouvernement de l’Algérie doit comprendre clairement la menace sérieuse que l’Arabie saoudite représente, car les Saoudiens sont les principaux bailleurs de fonds et les patrons des groupes terroristes, y compris Aqmi et beaucoup d’autres. La nature robuste des structures militaires et policières algériennes ont permis au pays de rester ferme face à la guerre permanente du terrorisme. L’Algérie demeure résolue à lutter contre le terrorisme quels qu’en soient les coûts, c’est précisément la raison pour laquelle elle est diabolisée par les Saoudiens. (7)
Il est regrettable de le dire, la transition énergétique vers le développement durable n’est pas encore opérationnelle. Une stratégie qui permet de freiner le gaspillage actuel, qui rationalise la consommation et qui investit dans les énergies renouvelables. Un exemple ? le Danemark a réussi à produire 140% de ses besoins en électricité... rien qu’avec du vent. Qu’attendons-nous pour mettre en place cette transition ? Nous n’allons pas passer notre temps à guetter les mouvements erratiques d’un prix du baril. Le changement c’est maintenant. Un espoir ? Il est possible au vu des changements que l’Arabie saoudite par réalisme du fait que l’Iran redevient le pivot de la nouvelle alliance des Etats-Unis, du fait aussi de son enlisement dans le dossier yéménite, du fait de son déficit abyssal en vienne à faire raviver l’Opep avec une entente des grands, c’est-à-dire avec l’Iran pour raffermir les prix du pétrole.
1.http://french.xinhuanet.com/monde/2015-07/14/c_134412252.htm
2.Joshua Keating http://www.slate.fr/story/ 104407/accord-iranien-proche-orient#xtor=RSS-2 Traduit par Antoine Bourguilleau 17.07.2015
3.http://www.europalestine.com/spip.php?article10803
4. Nucléaire iranien : un « premier pas » vers le désarmement dans la région (Ligue arabe)
5.http://www.algerie1.com/affaires/impacts-geostrategiques-et-energetiqu...
6.http://www.france-irak-actualite.com/2015/07/accord-de-vienne-sur-le-n...
7.https://www.oximity.com/article/Eric-Draitser-L-Alg%C3%A9rie-demeure-r... it&utm_source=it-5-folDig&utm_medium=email


 
jeudi 23 juillet 2015
 

Nucléaire: le hara kiri à la française! par René Naba

 

 


IRIB-Laurent Fabius se rendra le 29 juillet 2015 à Téhéran
pour une prise de contact avec les dirigeants iraniens, quinze jours après l'accord international sur le nucléaire iranien. En prévision de ce déplacement, l'Iran a adressé deux messages codés au ministre français des affaires étrangères, qui s'était targué de faire preuve de «fermeté constructive» lors des négociations.
 
Le premier message codé:
 
Téhéran a réservé son premier accueil à l'Allemagne, rival économique de la France et chef de file de l'Union Européenne, en la personne du vice chancelier allemand chargé de l'économie, Segmar Gabriel;
 
Le second message codé:
 
Téhéran a réservé son second accueil à Staffan Di Mistura, émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, déjà en possession du document adopté par le Congrès fondateur de l'opposition démocratique syrienne, au Caire (8-9 juin), en vue d'une transition politique en Syrie.
 
Bon nombre d'observateurs trépignent d'impatience à l'idée de sa voir si Laurent Fabius osera répéter sa bravade faite devant un parterre de ses supplétifs du temps de la splendeur de la diplomatie française se croyant conquérante en Syrie, à savoir «Jabhat An Nosra fait du bon travail en Syrie».
 
Interview de René Naba au journal espagnol La Vanguardia. Propos recueillis par Rafael Poch De Féliu, correspondant de La Vanguardia à Paris.
 
La France passe pour être la grande perdante de la redistribution régionale, malgré les propos soporifiques de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius. Dans ses deux versions néo gaullistes et socialistes, elle a assumé une fonction de mercenaires auprès des pétromonarchies soutenant inconditionnellement leurs positions même les plus dangereuses pour la sécurité de la France à long terme (Libye, Syrie).L’accord sur le nucléaire iranien constitue un coup de semonce indirect aux deux trublions de la zone, Israël et l’Arabie Saoudite, et vise à réduire à néant leur capacité de chantage.Le fait que l’Iran ait accédé au rang « de puissance du seuil nucléaire » brise, au niveau du Monde musulman, le monopole de l’arme atomique jusque là détenu par les sunnites (Pakistan).LV : Quel était l’intérêt des États-Unis de parvenir à un accord avec l’Iran ?RN – 1er intérêt avancé comme prétexte officiel : Prévenir une prolifération nucléaire et une course à l’armement atomique dans la zone. L’argument ne tient pas la route car les Occidentaux ont été les principaux pollueurs atomiques de la planète tant par l’usage directe de la bombe atomique en zone de conflits au Japon en 1945 (Hiroshima et Nagasaki) que du fait de leur expérience atomique à ciel ouvert du désert de Mexique à Reggane en Algérie), que par leur aide à l’équipement nucléaire d’Israël, de l’Afrique du sud du temps de l’Apartheid, de l’Inde et du Pakistan.2ème intérêt qui constitue un « véritable non dit de la stratégie internationale » : Empêcher quiconque de se doter de l’arme atomique hors la caution occidentale et sans la technologie occidentale, dont il devra rester éternellement dépendant et donc sous contrôle. Cette position est constante depuis l’effondrement du bloc soviétique.L’Iran, hors de la sphère d’influence occidentale, et surtout rival de l’Arabie saoudite, le principal partenaire arabe des États-Unis, en accédant à la bombe atomique sans l’accord des Occidentaux et leur concours, aurait réduit à néant la valeur dissuasive de la stratégie occidentale.3ème intérêt : L’accord sur le nucléaire iranien revêt un double avantage :– Le fait que l’Iran ait accédé au rang « de puissance du seuil nucléaire » brise, au niveau du Monde musulman, le monopole de l’arme atomique jusque là détenu par les sunnites (Pakistan). L’accord est valable dix ans. Au delà, l’Iran pourrait servir de contrepoids tant à Israël qu’au Pakistan happé par la tentation talibane. L’accord ouvre le jeu au niveau régional qui se ne réduit plus à un binôme mais ouvre la possibilité à d’autres combinaisons d’alliance, ponctuelles, sur des dossiers précis.LV : Comment cet accord va affecter la consolidation régionale et mondiale de l’Iran ?RN – Dans l’ordre subliminal, tout en les noyant sous un flot d’assurances, l’accord constitue un coup de semonce indirect aux deux trublions de la zone, Israël et l’Arabie saoudite, et vise à réduire à néant leur capacité de chantage.Au delà des objectifs annoncés, l’accord répond à deux objectifs :Premièrement, faire baisser en intensité la capacité de nuisance d’Israël et de l’Arabie saoudite, en réduisant leur marge de manœuvre. Le fait que les États-Unis soient alliés des deux parmi les grands États voyous (Rogue state) de la zone, l’Arabie saoudite et Israël, porte en lui les germes du dépérissement du crédit moral de l’Amérique et partant de son leadership. Cette extraordinaire tolérance de l’Amérique à l’égard de ces deux pays la tirent vers le bas. Un arrangement entre les États-Unis et l’Iran, sur le modèle de la réconciliation entre les États-Unis et le Vietnam, constituerait un moyen de pression indirect sur les deux grandes théocraties que sont l’Arabie saoudite et Israël pour les amener à se conformer avantage aux normes internationales.Deuxièmement, une phase de pré-détente entre l’Iran et le Bloc atlantiste pourrait favoriser une convergence de fait dans le traitement des points brûlants de l’actualité régionale notamment le combat contre le djihadisme takfiriste (Da’ech), une éventuelle stabilisation de la situation en Syrie prélude à un règlement négocié etc.LV : Quel regard portez vous les négociateurs iraniens ? Comment jugez-vous la qualité de leur prestation ? D´ou cela provient-il ?RN – L’équipe de négociateurs iraniens a été formée dans les universités américaines, notamment Jawad Zarif, ministre des Affaires étrangères, et surtout Ali Salehi, diplômé en physique nucléaire de la prestigieuse université américaine Massachusetts Institute of Technology (MIT), la plus importante université scientifique au Monde.Leur expertise est doublée d’une ardente obligation de servir leur pays et d’une farouche volonté d’indépendance. L’équipe iranienne constitue dans les faits, la négation du comportement des zombies médiatiques arabes qui sont succédé sur les écrans de télévision à l’occasion du mal nommé « printemps arabe » de Bourhane Ghalioune, premier président de l’opposition syrienne off shore, et sa porte parole Basma Kodmani, qui faisaient office de supplétifs syriens de l’administration française dont ils étaient les salariés… pour diriger la révolution en Syrie… depuis la France.LV : Pourquoi la France a-t-elle une attitude si belliqueuse envers la Syrie et l’Iran ?RN – La France, dans ses deux versions néo gaullistes et socialistes, assume une fonction de mercenaires auprès des pétromonarchies soutenant inconditionnellement leurs positions même les plus farfelues, même les plus dangereuses pour la sécurité de la France à long terme (Libye, Syrie).De surcroît, co-belligérante de l’Irak dans sa guerre contre l’Iran, dans la décennie (1979-1989), un des principaux pollueurs atomiques de la planète, équipementier nucléaire du régime d’apartheid d’Afrique du sud et d’Israël, de même que l’Iran impériale via le consortium Eurodif, la France passe pour être la grande perdante de la redistribution régionale, malgré les propos soporifiques de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius.L’Iran vient de lui adresser un message limpide à l’effet de calmer ses ardeurs, en recevant dimanche 19 juillet, le vice chancelier allemand chargé des finances pour la première visite d’une délégation occidentale en Iran, depuis l’accord sur le nucléaire, soit cinq jours après sa conclusion. Le ministre allemand est accompagné d’une importation délégation du patronat et de scientifiques. Tout un programme qui se passe de commentaires.LV : Que connaît-on de l’aide français à Jabhat an Nosra, la franchise d’Al-Qaïda en Syrie, dénoncé par certains députés de la droite a Paris ?RN – Laurent Fabius, le plus capé des hiérarques de gauche, a été le seul chef de diplomatie d’une grande puissance occidentale, à avoir donné un quitus favorable à Jabhat an Nosra en Syrie.« La phrase, célèbre, est passée à la postérité : Jabhat An Nosra fait du bon travail en Syrie ». Cela a pu être interprété comme un feu vert au djihad de la part de ses compatriotes français et la France paie le prix de cette légèreté.La phrase pèse lourd et demeurera longtemps présente dans la mémoire des peuples, notamment en France parmi les sympathisants de « Charlie hebdo » dont il a commandité le massacre de son équipe rédactionnelle. En France, comme chacun sait, nous sommes « responsables pas coupables ».LV : Le 14 Juillet, François Hollande a dit que l’accord avec l’Iran est important « parce que si Téhéran aurait l’accès à la bombe atomique Israël (et la Arabie Saoudite) voudrait aussi l’accès.» Le Président peut ignorer la réalité qu’Israël dispose d’un arsenal nucléaire depuis la décennie 1960 avec la collaboration de la France ?RN – Visiblement François Hollande n’a pas fini de cuver le vin qu’il a bu en compagnie de Benyamin Netanyahu dans la cuisine du dirigeant le plus xénophobe de l’histoire d’Israël.En fait François Hollande a associé Israël à l’Arabie Saoudite dans un artifice de langage pour ne pas donner l’impression de se faire exclusivement l’interprète des craintes de l’Arabie saoudite, l’incubateur absolu du djihadisme planétaire et à ce titre indéfendable auprès de larges segments de l’opinion publique française. L’enrober d’Israël, « l’unique démocratie du Moyen Orient » et « sentinelle du Monde libre face à la barbarie arabo-musulman » permet, dans son esprit, de faire mieux avaler la couleuvre aux téléspectateurs.À proposRafael Poch De Féliu, correspondant de La Vanguardia à Paris, est titulaire d’un double diplôme d’histoire contemporaine de Barcelone et de Berlin Ouest. Natif de Barcelone (1965), il a été en poste successivement à Moscou (1988-2002), Pékin (2002-2008) et Berlin (2008-2014). Auparavant, il a été correspondant tournant en Europe centrale pour l’agence de presse allemande DPA, avec Hambourg pour base.La Vanguardia est un journal édité à Barcelone, publié en deux éditions parallèles : espagnol et catalan. Son premier exemplaire est sorti le 1er février 1881, ce qui en fait l’un des plus vieux périodiques d’Espagne.http://www.lavanguardia.com/pr/internacional/20150720/54433490666/rene-naba-francia-gran-perdedora-acuerdo-iran.htmlLe texte complet de l’interview en version espagnole : http://www.pressreader.com/spain/la-vanguardia/20150720/281672548631381/TextView
 
lundi 20 juillet 2015
 

Quand la France foulait aux pieds ses intérêts en Iran

 

 

 

Quand la France foulait aux pieds ses intérêts en Iran
Par suite de l’accord historique sur le nucléaire iranien, du 14 juillet dernier, le chef de la diplomatie française avait annoncé sa prochaine visite à Téhéran. Chose tout à fait légitime et allant de soi.
Ce qui l’est moins, c’est la précipitation apportée par Paris à renouer les liens avec l’Iran.
En effet, ce qu’il faut savoir est que ledit accord a été retardé de près de deux ans du fait de l’intransigeance… de la France, la plus engagée des P5+1 à faire rendre gorge à Téhéran. Ce qui, en termes prosaïques, s’appelle insulter l’avenir. Plus que cela, la France dans son jusqu’au-boutisme a surtout ignoré ou négligé ses intérêts intrinsèques avec l’Iran. Cela ne s’invente pas, d’autant plus que Paris a de fait perdre de vue l’adage qui dit qu’ «en diplomatie il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts», d’où la nécessité de toujours laisser entrouverte la porte.
La France, dans son exaltation à défendre prioritairement les intérêts d’Israël avait omis les siens propres.
En effet, dans les diverses phases des difficiles négociations sur le nucléaire iranien, la France, particulièrement son chef de la diplomatie Laurent Fabius, s’est le plus durement illustrée envers l’Iran. C’est ainsi que Paris s’est signalée à l’attention générale en étant pratiquement seule contre tous en novembre 2013 quand elle a opposé son veto au pré-accord qui se dessinait induisant l’échec des négociations de Genève. L’étrange intransigeance du ministre français des Affaires étrangères y a été décisive.
Cela avait à l’époque suscité l’étonnement, voire déconcerté les observateurs y compris l’ennemi déclaré de l’Iran: les Etats-Unis. Paradoxalement, seul Israël avait approuvé et applaudi ce fanatisme, inconcevable, venant d’un pays aussi au fait des arcanes de la diplomatie et de ses interactions qui auraient dû lui imposer de savoir raison garder. Cela n’a pas été le cas, M.Fabius se félicitant même d’avoir «empêché» un «mauvais» accord.
A quelques variantes près, l’assise de l’accord auquel sont parvenus, mardi dernier, les P5+1 et l’Iran, est celle-là même refusée à l’époque par la France qui a fait perdre à tout le monde près de deux années. En effet, beaucoup d’experts voyaient alors dans le document de Genève «une authentique percée vers un apaisement des relations entre l’Occident et l’Iran» et un règlement négocié de cette difficile impasse nucléaire.
En vérité, à l’époque, donc en novembre 2013, personne n’avait compris l’attitude négative prise par la diplomatie française. Même les Iraniens les plus hostiles au pouvoir des ayatollahs n’avaient pas admis le fait. D’ailleurs, les réseaux sociaux s’en sont donnés à coeur joie, allant jusqu’à accuser Laurent Fabius d’être «l’âne des Israéliens». C’est dire, jusqu’où la France, singulièrement son représentant officiel Laurent Fabius, obnubilée par la haine de l’Iran – que l’on supputait à l’aune du seul Israël – a gravement nui à ses propres intérêts alors que des dizaines de sociétés françaises ont ou avaient eu pignon sur rue à Téhéran. En se faisant le porte-voix zélé d’Israël, la France aura surtout foulé aux pieds ses propres intérêts en Iran.
C’est, dès lors, d’un cocasse incongru, que ce soit ce même Laurent Fabius – alors que l’encre des signatures de l’accord de Vienne n’a pas encore séché – qui annonce sa prochaine visite dans la capitale de cet Iran honni. Hier, dans son ardeur vengeresse, la France a négligé le fait que l’Iran est un riche pays disposant des quatrième et deuxième réserves mondiales de pétrole et de gaz. Aujourd’hui, toute honte bue, Paris est le premier à se précipiter vers un Iran redevenu fréquentable. Honteux!
Gageons que l’Iran et les Iraniens ont la mémoire longue et se feront un devoir de rappeler au chef de la diplomatie française, s’il atterrit un jour à Téhéran, son ostracisme malvenu envers leur pays.
http://www.lexpressiondz.com/edito/220764-quand-la-france-foulait-aux-pieds-ses-interets-en-iran.html

 
lundi 6 juillet 2015
 

Les menteurs ont la vie dure

 

de Maamar Farah


  • US Secretary of State Colin Powell holds up a vial that he said was the size that could be used to hold anthrax as he addresses the United Nations Security Council 05 February, 2003 at the UN in New York.  Powell urged the UN Security Council to say "enough" to what he said was Iraq's 12 years of defiance of international attempts to destroy its chemical and biological weapons. AFP PHOTO/Timothy A. CLARY

    Maamar Farah, journaliste chevronné ayant fait ses premières armes au quotidien national El-Moudjahid, membre fondateur en 1990  du Soir d’Algérie, à la faveur de « l’ouverture démocratique », se livre dans cette chronique à une rétrospective de la situation internationale depuis le false flag du 911 et rappelle les mensonges d’état commis par les responsables américains et reconnus plus tard par ces derniers. Des mensonges qui les ont menés à déclarer une série de guerres meurtrières et totalement inutiles si ce n’est d’avoir détruit totalement des pays et réduit leurs peuples à la misère, cette opération entrant dans le cadre d’un vaste plan de démembrement du Proche-Orient en vue de permettre à l’entité sioniste d’asseoir sa suprématie militaire régionale. Il n’épargne nullement la France « — devenue, elle aussi  pro-sioniste — et complice du génocide syrien » largement impliquée dans de multiples interventions hors de ses frontières dans des conflits qui ne la concernent nullement et jouant le rôle peu glorieux de seconds couteaux.


    A la veille de l’entrée des troupes US en Irak, et alors que beaucoup d’amis éclairés saluaient la prochaine «chute d’un dictateur», nous tenions un langage tout à fait à l’opposé des belles déclarations d’intention qui survolaient le monde, grâce aux immenses moyens de communication modernes au service de l’Empire. Nos cris n’allaient pas plus loin que le bout du couloir de notre rédaction ! Certains nous traitaient d’attardés, de révolutionnaires dépassés, d’adeptes de théories du complot, et j’en passe. Nous disions clairement qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak. Nous traitions Powell de menteur. Un lecteur se révoltait dans une lettre postale : comment un petit journaliste du tiers-monde peut-il remettre en cause des déclarations officielles, dites sous le serment et devant les membres du Conseil de sécurité ? Et lorsque le pauvre Powell, quelques années plus tard, est venu, presque en larmes, demander pardon à la communauté internationale, nos amis démocrates, amoureux de la «transparence» américaine, n’avaient pas de commentaires à faire. Au même moment, de grands quotidiens US publiaient des éditoriaux dans lesquels ils présentaient leurs excuses à l’opinion américaine pour avoir appuyé une guerre injuste, meurtrière et improductive et aussi pour avoir bêtement cru les mensonges sur les armes de destruction massive. Dieu merci, avec nos petits moyens et nos faibles connaissances, nous n’avons pas menti à nos lecteurs !
    A la même période, nous écrivions que l’Irak n’était que le prélude à une immense manipulation qui va toucher d’autres pays. Le plan, concocté dans les laboratoires de la pensée unique et de l’extrémisme sioniste, coulés dans l’ultraconservatisme de la nouvelle droite au pouvoir, prévoyait d’abattre tous les pouvoirs hostiles à Israël ou pouvant le devenir à la chute des amis, nombreux, qui dirigeaient certains pays. L’ennemi des Américains et des sionistes est la démocratie ! Oui, je l’écris et le répète : leur ennemi mortel est la vraie démocratie, celle qui libère les peuples de la tutelle des oligarchies et des valets de l’impérialisme, celle qui combat pour le pain et la dignité, pour la justice sociale, pour l’accès gratuit aux soins, pour un enseignement ouvert aux démunis, pour une juste répartition des richesses nationales ! La démocratie, pour l’impérialisme et le sionisme, est un simple moyen de mettre en place des régimes fidèles à leurs thèses, corrompus, prêts à frapper toute idée d’émancipation et de justice ; des régimes qu’ils tiennent par le bout de la laisse, afin qu’ils puissent servir leurs intérêts à l’intérieur et à l’extérieur. Dès qu’un pouvoir opte pour une autre voix, il est déclaré «dictatorial» ! C’est de bonne guerre, mais ce qui fait mal c’est de voir, chez nous, des moyens d’information qui croient en ces blagues et défendent les mêmes positions, consciemment ou inconsciemment.
    Tout en dénonçant la nouvelle guerre impérialiste en Irak, nous avertissions : la prochaine étape sera la Syrie. Et nous expliquions que le régime laïque et progressiste de Bachar El Assad, proche de l’Iran, ayant de fortes relations militaires avec la Russie, n’était pas du goût des faucons au pouvoir à Washington. Vous remarquerez que nous ne parlons pas de «danger» car le véritable danger dans la région s’appelle Israël ! C’est Israël qui est venu perturber la vie paisible des peuples du Moyen-Orient et leur coexistence pacifique ! C’est Israël qui a instauré un climat de guerre permanente et accéléré la militarisation des sociétés ! C’est Israël qui occupe des terres étrangères, dont le Golan, jusqu’au moment où j’écris cet article ! C’est Israël qui possède la bombe atomique ! C’est au somment du pouvoir israélien que se trouvent les hommes hostiles à la paix, racistes et arrogants, que personne n’inquiétera et que nulle cour n’ira chercher pour leur demander des comptes sur leurs crimes nombreux contre l’humanité ! C’est Israël qui continue d’encourager la colonisation de terres qui ne lui appartiennent pas et qui sont propriété de la Palestine ! Mais les impérialistes ne voient aucun de ces «défauts». Le système est démocratique, nous dit-on ! Deux partis, aux orientations idéologiques qui se rapprochent chaque jour davantage, nourris aux mêmes idées sionistes, dominent la scène politique et leur va-et-vient au sommet de l’Etat, est suffisant pour déclarer le système «démocratique» ! Ajoutez une folklorique transparence dans la communication de l’armée, quelques procès retentissants pour corruption, et vous aurez le tableau, presque complet, de cette farce gobée par des milliards de personnes… En vérité, c’est une société où la liberté n’existe pas, où l’armée détient le pouvoir absolu, où les gestes et paroles de chacun sont surveillés pour cause de «sécurité nationale». C’est un pays théocratique, bâti sur des idées extrémistes, soutenu par une riche communauté extérieure qui exerce de terribles pressions sur des pouvoirs occidentaux, à tel point que ceux qui ne font pas allégeance à Israël, n’ont aucune chance de gagner des élections.
    Israël n’est pas seulement servi par les impérialistes. Des régimes arabes, des monarchies pour être plus précis, sont aux ordres de Tel-Aviv. En façade, ils sont contre, mais dans les faits, ce sont les plus fidèles serviteurs du sionisme. Pendant qu’Al Jazeera faisait semblant de dénoncer la politique israélienne, son prince de l’époque visitait Tel-Aviv et rencontrait Levni. Les Saoudiens investissent en Israël et de nombreux richissimes hommes d’affaires du Golfe se rendent sur la côte de la Palestine occupée pour leurs vacances. Ce sont des faits authentiques. Nous écrivions à l’époque que la Syrie sera tôt ou tard attaquée militairement parce que l’intérêt des impérialistes et des sionistes est d’installer, à Damas, un régime à leur solde qui facilitera, par la suite, l’accès à l’Iran. Ce que nous ne savions pas, par contre, c’était que les nouvelles guerres imaginées par les mêmes cabinets cités plus haut allaient avoir un visage tout à fait nouveau : ni Israël, ni les Etats-Unis, ne vont faire la guerre en Syrie. Les lois d’aide à l’opposition «modérée» sont vite votées et voilà le chemin ouvert pour une agression barbare dont les images choquent le monde. Il n’y a pas d’opposition modérée digne qui accepte d’être un instrument de l’agression de son propre pays. Ce sont des traîtres et des renégats formés dans les écoles de la CIA et qui sont vite effacés par la formidable montée en puissance des groupes djihadistes radicaux !
    Le monde, quand il n’est pas directement impliqué comme la France — devenue, elle aussi, pro-sioniste —, est complice du génocide du peuple syrien. La France aide les terroristes et est allée jusqu’à s’opposer à l’inscription de groupe Al Nosra sur la liste des organisations terroristes. Avant de céder. La Turquie joue un jeu trouble. Alors que le pétrole volé par Daesh aux peuples irakien et syrien passe par son territoire et que des milliers de djihadistes y transitent, le pouvoir islamo-conservateur d’Ankara, qui entretient de très fortes relations avec Tel-Aviv, joue au sauveur de Ghaza ! Daesh, c’est Israël et la Turquie, sous l’influence directe de la CIA et la complicité sonnante et trébuchante des traîtres arabes. L’ennemi commun demeure l’Iran. L’Algérie qui n’a pas marché dans l’agression du Yémen (un autre front anti-Iran) et qui maintient une position relativement indépendante par rapport aux «toutous» arabes, ne semble pas avoir la force politique nécessaire pour résister aux tentatives de déstabilisation qui peuvent prendre différentes formes. L’absence d’un homme fort et physiquement apte à la tête de l’Etat ne facilite pas les choses… Mais c’est déjà une bonne chose que d’avoir gardé l’Iran comme ami.
    Par Maâmar FARAH
    farahmadaure@gmail.com
     
    dimanche 5 juillet 2015
     

    Explosions Nucléaires au Sahara Algérien, Israel était le principal organisateur et bénéficiaire !

     

     


    Par Wah Fkir
    Dans un document inédit , Page1:« Dans les années 50, le destin de l’État hébreu était l’une des priorités du pouvoir français. Une politique d’aide militaire, secrètement élaborée au ministère de la Défense, aboutit à un accord nucléaire jamais avoué […] Haut fonctionnaire et personnage très influent de la politique française de défense de l’après 1945, Abel Thomas est l’homme qui a livré le programme nucléaire français à Israël. Dans les années cinquante, il était le chef de cabinet du ministre de la Défense, Maurice Bourgès-Maunoury […] De nombreux politiques et militaires français, socialistes pour la plupart, entretenaient alors avec Israël une véritable passion romantique, et Abel Thomas joua le rôle le plus décisif dans la participation de la France à l’option nucléaire de David Ben Gourion. “C’est l’œuvre de ma vie. Pour moi, le destin d’Israël fut vital dès sa création.” »
    «Le même article explique que le ministère de la Défense, Abel Thomas étant en première ligne, commença par livrer secrètement, à la fin de 1955, neuf Mirage… qui furent effacés des effectifs officiels, sans même en informer le ministère des Affaires étrangères dirigé par Christian Pinault, considéré, ainsi que la plupart des diplomates, comme « pro-arabe».
    «En 1956, Thomas joua un rôle majeur dans l’opération de Suez, après la nationalisation du canal par Nasser, étant le contact privilégié de Shimon Peres, alors ministre israélien de la Défense. Mieux, Peres «Le Yediot Aharonot de Tel Aviv publiait fin septembre (1) un article révélant un accord nucléaire jamais révélé entre la France et Israël, ou comment la France a livré à l’Etat hébreu l’arme nucléaire. A la tête de cette fantastique trahison étatique, un Français, Abel Thomas, aujourd’hui âgé de 80 ans.»
    Page 2:
    «.....il disposera même d’un bureau à Matignon, à côté de celui du Premier ministre! Puis, Abel Thomas, François Perrin, le directeur du Commissariat à l’énergie atomique, et Shimon Peres firent fléchir le Premier ministre Guy Mollet sur la question du nucléaire. Dès octobre 1957, Israël et la France signaient un accord diplomatique  avec des clauses secrètes sur le nucléaire. La France s’engageait à fournir une pile atomique qui devait être installée à Dimona, dans le désert du Néguev, l’uranium enrichi (mais Thomas a refusé de le confirmer) et le matériel nécessaire à la fission du plutonium.»
    «Bref, on parlait de nucléaire civil et on pensait nucléaire militaire. Comme devait le déclarer le journaliste d’investigation Pierre Péan, auteur de Les Deux Bombes (Fayard, 1982) : « Le plus étonnant est que les Français aient aussi rapidement livré un programme nucléaire à peine sorti des fonts baptismaux. » Il y eu en fait, en sous-main, comme le révèle Dominique Lorentz, dans Affaires atomiques (Les Arènes, 2001), aval secret des services américains : « C’est la France naturellement qui fut choisie pour aider Israël afin de ne pas mécontenter le Congrès. »
    «Ce, d’autant qu’en 1956 la France ne détenait même pas encore un savoir-faire qu’elle n’a acquis en 1960 et que la France ne disposait pas encore de la bombe… qui intéressait Israël. Pour Lorentz, il y aurait eu en fait complémentarité entre les deux pays, la France apportant sa puissance industrielle et Israël les procédés américains. Ce qui explique que ce sont des Israéliens qui dirigeront le démarrage de la centrale de Marcouleet des physiciens israéliens seront présents, le 13 février 1960, à Reggane (Sahara), pour l’explosion de la première bombe A. Qui connaît pourtant Abel Thomas? Pratiquement personne et son nom n’apparaît même qu’épisodiquement dans les deux ouvrages précités, les seuls pratiquement sur la question. Né à Fontenay-le-Comte (Vendée) le 18 juillet 1920, il est le fils d’un officier portant le même prénom et de France Chauveau. Passé par le lycée de Beauvais et l’Ecole polytechnique, cet ingénieur général du génie civil maritime, il participera à la Résistance (son frère mourra en déportation à Dora et sa mère sera décorée de la Croix de guerre par le général Koenig, (fervent sioniste) et combattra, comme officier de chars, dans la division Leclerc (1942-1944). Il sera décoré de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre.»
     Complément, ajouté le 07 Avril 2010:
     Extrait de
     "jeuneafrique.com/Article/LIN24127histoenneil0/Histoire-secrete-de-la-bombe-israelienne.html" :

    «Cependant, en France, la IVe République s'efface devant la Ve. Cela ne va pas sans causer quelque inquiétude parmi les dirigeants israéliens. On note toutefois que l'ancien gouverneur général de l'Algérie, Jacques Soustelle, qui compte parmi les amis affichés d'Israël, comme de nombreux gaullistes, est ministre de l'Information dans le gouvernement de Gaulle de 1958, et ministre chargé du Sahara et des Affaires atomiques - cela ne peut pas mieux tomber… - dans le gouvernement Debré en 1959. En face, un personnage étonnant va devenir l'antenne à Paris de Pérès, qui est promu, en 1960, ministre adjoint de la Défense. Ce nouveau venu, Shalhevet Freier, a le statut d'attaché scientifique à l'ambassade d'Israël. C'est un savant et un maître espion, humaniste et militant antinucléaire aux côtés d'Albert Einstein et de Bertrand Russel en même temps que décidé à aider son pays à acquérir des armes nucléaires.  (Notez le double langage militant antinucléaire, pour les Goyim-naifs et sioniste pour la cause talmude).
    Bref, la coopération militaire entre Paris et Tel-Aviv, nouée autour de la guerre de Suez, va perdre de l'intensité, car de Gaulle juge inadmissible l'étroitesse des rapports entre états-majors, mais conserver son efficacité. Ce qui freine quelque peu la mise au point de l'armement nucléaire israélien est plutôt, directement et indirectement, son coût. Parce que les fonds secrets à la dispo­sition du Premier ministre représentent des sommes importantes, mais pas illimitées, et parce que les cadres supérieurs de l'armée, à l'exception notable du général Ezer Weizman, commandant de l'armée de l'air, ont tendance à trouver utopique l'idée d'une arme atomique, et à juger prioritaire que l'on porte remède aux graves difficultés d'approvisionnement des troupes en vivres et en munitions. »
    «Comment Israël, en dépit de toute cette activité, de tous les contacts entre diplomates et chercheurs israéliens et français, entre politiciens israéliens et membres de premier plan de la diaspora juive, en dépit de l'intérêt croissant des services de renseignements des puissances, singulièrement des États-Unis, au Proche-Orient, a-t-il pu garder le secret sur son projet nucléaire ? L'explication tient surtout en ce qu'il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Dès le mois d'avril 1959, a découvert Karpin, l'ambassadeur du Royaume-Uni à Tel-Aviv avait obtenu des extraits d'un discours de Pérès devant des hauts fonctionnaires, évoquant « le développement d'armements secrets ». Il avait transmis l'information à l'attaché naval américain. La CIA avait vainement essayé d'obtenir une confirmation, et l'affaire en était restée là. Au mois de juillet suivant, le département d'État et l'AEC (Commission de l'énergie atomi­que) avaient appris que la Norvège avait signé un contrat de fourniture d'eau lourde à Israël, alors que les États-Unis, d'abord sollicités, avaient refusé, mais l'information avait été classée sans suite. Le 13 février 1960, le premier essai nucléaire français, à Reggane au Sahara, est tout sauf secret : « Hourra pour la France ! » télégraphie de Gaulle. On imagine mal que la présence de deux scientifiques israéliens soit passée inaperçue des « grandes oreilles » de Washington.»
     
    jeudi 2 juillet 2015
     
    Islamophobie, judéophobie

    Les frères jumeaux

     

     

     

    par Alain Gresh
    Les éditions Syllepse publient un texte posthume d’Ilan Halevi, « Islamophobie et judéophobie. L’effet miroir ». Cette réflexion stimulante aide, notamment dans la période de l’après-Charlie, à comprendre les ennemis qu’il est nécessaire de combattre aujourd’hui et les parallèles entre l’antisémitisme des années 1930 et l’islamophobie aujourd’hui. J’en ai rédigé la préface que je publie ci-dessous.
    Un débat atour de ce livre avec Marwan Mohammed et Alain Gresh aura lieu mardi 16 juin à 19 h à la librairie Les Guetteurs de vent, 108 avenue Parmentier 75011.
    Ayant fait des choix improbables tout au long de sa vie, ayant assumé des ruptures avec ses attaches «  tribales  », ayant choisi la cause palestinienne et rejoint le Fatah, l’organisation de Yasser Arafat, lui qui était né juif, Ilan Halevi peut encore nous surprendre. Dans les derniers mois de sa vie, il s’est aventuré à écrire un texte sur l’islamophobie et les discriminations qui frappent les musulmans. Ilan ne dénonce pas seulement les guerres impériales menées au nom de la «  civilisation  » et du «  progrès  », voire parfois du christianisme, contre les Barbares. Il ose, ce qui lui vaudra, nul n’en doute, dans l’au-delà auquel il ne croyait pas, la haine de tous les éditocrates d’aujourd’hui, dresser un parallèle entre l’antisémitisme, dont il avait eu personnellement à souffrir à sa naissance sous l’Occupation, et l’islamophobie dont le cancer s’étend au sein de la classe politique, des journalistes, des intellectuels, qu’ils soient de gauche comme de droite. Car, pour reprendre la jolie formule de l’historien Michel Dreyfus sur l’antisémitisme, s’il n’y a pas d’islamophobie de gauche, car les deux termes sont contradictoires, il y a bien une islamophobie à gauche, peut-être la plus dangereuse [1].
    Ilan le fait avec un sentiment d’urgence qui transparaît dans son écriture, inquiet face à la montée des périls, aux dérives qui nous entraînent tout droit à une «  guerre de civilisation  ». D’entrée de jeu, il confesse «  à quel point [son] propos est peu abstrait, et dépourvu du détachement que la rigueur scientifique requiert de l’historien, et du chercheur en général. Mais la reconnaissance de cette urgence est également source de légitimité pour ce propos, car il y va de la guerre, de la mort et de la souffrance, et de l’absolue nécessité de leur résister  ». Mais s’il écrit ce livre en militant, il le fait aussi avec sa formidable culture, avec sa profonde connaissance de l’histoire, celle des Juifs, celle de la Palestine, mais aussi celle du monde dont il s’est toujours senti citoyen, quelles que soient ses attaches (ou plutôt à cause de ses attaches) avec la Palestine.
    L’ouvrage se déploie sur deux axes, celui de l’analyse de «  la guerre contre le terrorisme  » et celui du parallèle entre islamophobie et antisémitisme. Depuis la présidence de George W. Bush, la «  guerre contre le terrorisme  » se situe au cœur de la stratégie mondiale des Etats-Unis et de celle de nombre de ses alliés. Il est vrai que Barack Obama a légèrement infléchi les orientations de son prédécesseur, pour tenir compte des défaites militaires américaines, des réticences de son opinion publique, mais il continue à bombarder l’Irak et la Syrie et à envoyer ses drones tuer aux confins du Pakistan comme au Yémen ou en Somalie, mêlant, dans ses «  assassinats ciblés  », des «  terroristes recherchés  » et des civils innocents [2].
    Au discours sur le terrorisme, largement dominant aussi en France, notamment depuis les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher de janvier  2015 [3], Ilan réplique ironiquement  : «   La guerre à l’ombre de laquelle croît aujourd’hui le nouveau “chauvinisme de guerre” est officiellement définie comme une confrontation aux dimensions planétaires contre “le” terrorisme. Stricto sensu, le terrorisme est une technique de guerre parfaitement criminelle, mais tristement universelle, qui consiste à prendre des civils pour cibles d’opérations militaires à des fins politiques. Le nouvel ennemi global ne serait donc pas un Etat ou un groupe d’Etats, un pays, un régime ou un parti, ou même une idéologie, mais une technique  ! Une guerre globale contre les marteaux-piqueurs  ? Contre les embrayages automatiques  ? Peut-on concevoir une guerre contre une méthode sans se préoccuper de savoir qui y a recours et pourquoi  ? Il paraîtrait que poser de telles questions est en soi une démarche suspecte, car le “terrorisme”, comme le claironnait José Aznar alors qu’il dirigeait le gouvernement espagnol, “ne doit pas être compris, ou expliqué, mais combattu  !”. »
    Aussi condamnable soit-il, le terrorisme fait partie de la panoplie militaire et, comme on l’a souvent répété, il est l’arme des faibles. Figure brillante de la révolution algérienne, arrêté par l’armée française en 1957, Larbi Ben Mhidi, chef de la région autonome d’Alger, fut interrogé sur la raison pour laquelle le Front de libération nationale (FLN) déposait des bombes camouflées au fond de couffins dans les cafés ou dans les lieux publics. «  Donnez-nous vos avions, nous vous donnerons nos couffins  », rétorqua-t-il à ses tortionnaires, qui l’assassineront froidement quelques jours plus tard. La disproportion des moyens entre une guérilla et une armée régulière entraîne une disproportion du nombre des victimes. Si le Hamas et ses alliés doivent être considérés comme des «  terroristes  » pour avoir tué trois civils pendant la guerre de Gaza de l’été 2014, comment faut-il qualifier l’Etat d’Israël, qui en a massacré, selon les estimations les plus basses, celles de l’armée israélienne elle-même, entre 800 et 1 000, dont plusieurs centaines d’enfants  ? Qui osera désigner un Etat qui détruit l’Irak ou qui massacre en Palestine comme «  terroriste  »  ? Qui traînera George W. Bush ou Benyamin Nétanyahou devant la Cour pénale internationale  ?
    Lire aussi « Pour en finir (vraiment) avec le terrorisme », Le Monde diplomatique, avril 2015.Même du point de vue des objectifs de ses promoteurs, la «  guerre contre le terrorisme  » se révèle un désastre. Selon la Global Terrorism Database de l’université du Maryland, Al-Qaida et ses filiales ont commis environ deux-cents attentats par an entre  2007 et 2010. Ce nombre a augmenté de 300 % en 2013, avec six-cents actes. Et nul doute que les chiffres de 2014 battront tous les records avec la proclamation du «  califat  » par Abou Bakr Al-Baghdadi. Qu’en est-il du nombre de terroristes  ? Selon les estimations occidentales, 20 000 combattants étrangers ont rejoint l’organisation de l’Etat islamique (OEI) et les organisations extrémistes en Irak et en Syrie, dont 3 400 Européens. Rappelons qu’Al-Qaida n’existait pas en Irak avant l’invasion de ce pays par les Etats-Unis en mars  2003.
    Ce bilan serait bien fragmentaire s’il ne prenait en compte les désastres géopolitiques et humains. Depuis 2001, les Etats-Unis, parfois avec l’aide de leurs alliés, ont mené des guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye et, de manière aérienne, au Pakistan, au Yémen et en Somalie. Bilan  : l’Etat libyen a disparu [4], l’Etat irakien sombre dans le confessionnalisme et la guerre civile, le pouvoir afghan vacille, les talibans n’ont jamais été aussi puissants au Pakistan. Condoleezza Rice, ancienne secrétaire d’Etat américaine, évoquait un «  chaos constructif  » en 2005 pour justifier la politique de l’administration Bush dans la région, annonçant des lendemains qui chanteraient l’hymne (américain) de la démocratie. Dix ans plus tard, le chaos s’est étendu à tout ce que les Etats-Unis appellent le «  Grand Moyen-Orient  », du Pakistan au Sahel. Et les populations comptent parmi les premières victimes de cette utopie «  constructive  ».
    Mais il existe une autre victime de cette guerre, note Ilan, l’ensemble des musulmans qui se voient désignés à la vindicte publique. Oubliées les alliances d’antan qui soudaient le président Ronald Reagan aux «  combattants de la liberté  » afghans  ; effacé le soutien à tous les groupes islamistes, du moment qu’ils affrontaient l’empire du Mal soviétique ou combattaient le nationalisme ou la gauche arabes. Désormais, l’islam est devenu l’ennemi public numéro  1, même si, explique Ilan, «  le langage est piégé. Car selon les principaux chefs d’orchestre de cette bataille planétaire, l’ennemi ne serait pas l’islam, mais l’islamisme. Or, cet islamisme, assimilé au terrorisme, est un ennemi sans visage, à l’image de ces hommes posant et paradant en cagoule devant les caméras des médias de leurs présumés adversaires. De la même façon qu’aucun criminel de guerre ne se revendique “terroriste”, puisque tous prétendent perpétrer leurs forfaits au nom des idéaux les plus nobles, aucun encagoulé de l’audiovisuel ne se revendique “islamiste”, puisque précisément tous prétendent incarner l’islam tout court, rejetant tous les autres islams dans les ténèbres extérieures de la jahiliyyah (l’“ignorance” préislamique) ou de l’usurpation, et fondant ainsi le dérapage conceptuel évoqué plus haut  ».
    Et, de fait, ce qui frappe et ce sur quoi Ilan insiste, c’est cet engrenage qui entraîne à faire de la religion un tout homogène, l’associant à la violence et à l’intolérance, à travers la réification des concepts, qu’il s’agisse de celui de chahid ou de hijab, mots réduits à une seule interprétation qui ramènent l’islam à une religion monolithique, sans débats, sans nuances, sans histoire. L’auteur revient ainsi sur la notion de jihad et ce qu’elle signifie pour les croyants et non sa lecture réductrice par les médias. «  Il est généralement traduit par guerre sainte, et cette notion sous-entend une guerre obligatoire contre les non musulmans pour les convertir de force ou les exterminer. Laissons de côté l’usage métaphorique du mot, qui, comme “croisade” en français, peut s’appliquer à toute lutte pour une cause juste, sans inférer du contenu idéologique ou religieux de la démarche. Même littéralement, le jihad reste un effort sur la voie de Dieu qu’il soit interne ou externe, individuel ou collectif, comme son sens radical le suggère (en arabe, la racine j-h-d traduit la notion d’effort), et le mot lui-même n’a intrinsèquement aucune connotation a priori militaire ou violente, comme le mot français “mobilisation”. On peut parfaitement parler de jihad pacifique.  »
    Mais ce ne sont pas seulement les concepts qui sont réduits à des slogans rabâchés au journal de TF1, ce sont aussi les forces identifiées à l’islam politique qui sont caricaturées, alors même qu’elles poursuivent des stratégies différentes, voire contradictoires et que, comme tous les partis à travers le monde, elles évoluent plus en fonction des réalités de terrain que d’une idéologie monolithique. On se souvient comment les Frères musulmans égyptiens, sous la présidence de Mohammed Morsi, avaient justifié «  religieusement  » le prêt à intérêt pour défendre l’accord signé par leur leader avec le Fonds monétaire international (FMI).
    L’auteur analyse la stratégie du Hezbollah et réserve de longues pages au Hamas, pour lequel il n’a pourtant aucune sympathie idéologique, Ilan étant un membre du Fatah, le rival du Hamas, mais dont il suit les évolutions, évolutions que les Occidentaux et le gouvernement israélien refusent de voir, tandis que Benyamin Netanyahou identifie le Hamas à Al-Qaida. Le Hamas, «  vient de loin et ira sans doute loin, résume Ilan. La démocratie musulmane, qui serait à l’islam ce que la démocratie-chrétienne est au christianisme, est l’alternative immédiate au fanatisme, à l’intolérance et à la violence politique. Aujourd’hui, en Palestine, c’est parce que le Hamas et le Jihad islamique palestinien occupent l’ensemble du terrain islamique, qu’il n’y a pas d’espace pour les sectes d’assassins de type Al-Qaida. Cela, cependant, suppose aussi de préserver l’espace dans lequel, tout en reconnaissant leur droit de cité dans le débat, on peut continuer à les combattre, ou au moins à leur opposer un projet autre que le leur.  » Pour reprendre une boutade d’un ami journaliste israélien, «  nos dirigeants n’ont pas voulu le Fatah, ils ont eu le Hamas  ; ils ne veulent pas le Hamas ils auront Al-Qaida  ».
    Cette haine de l’islam qui porte et nourrit même les responsables et les médias occidentaux, dépasse le cadre politique ou géopolitique  ; elle rappelle, et c’est un des apports majeurs de cet ouvrage, l’antisémitisme des années 1930. « Dans ce dispositif de guerre des civilisations, on entend souvent parler d’une rive “judéo-chrétienne”, d’un “camp”, d’une “civilisation” judéo-chrétienne, qu’on pourrait opposer au monde musulman. Paradoxal renversement des termes d’une équation historique bien différente, où des Croisades à la Reconquista espagnole et jusqu’à l’antisémitisme européen moderne c’est bien l’Occident chrétien, et non l’Orient musulman, qui a le plus haï et persécuté les Juifs.  »
    Cette opération idéologique suppose d’identifier les Juifs des années 1930 à l’Europe (et donc d’expliquer qu’ils n’ont rien de commun avec ces immigrés qui débarquent aujourd’hui sur nos côtes) [5]. L’entreprise ne manque pas de piquant si l’on se rappelle que cette expression de «  civilisation judéo-chrétienne  » est née dans les années 1930, précisément pour contrer le discours hitlérien de défense de l’Occident et de la civilisation chrétienne contre les Juifs. Le philosophe français catholique Jacques Maritain écrivait ainsi en 1942 que la tradition «  judéo-chrétienne  » était la source des valeurs occidentales. Cette vision, fondée sur de louables intentions, continua d’être utilisée, notamment aux Etats-Unis, pour affirmer la supériorité du «  monde libre  » sur l’Union soviétique athée. Pourtant, dès les années 1960, elle tomba en désuétude, les guerres de libération anticoloniales mettant à bas l’idée d’une lutte de civilisation dans laquelle le Nord représenterait le Bien. Paradoxalement, c’est avec la chute du Mur de Berlin que la notion de «  civilisation judéo-chrétienne  » a connu une nouvelle jeunesse, dans une acception inédite puisque les Juifs étaient inclus dans un Occident ressuscité et mythique destiné à rejeter les nouveaux parias, les musulmans. Ils n’étaient plus des «  Juifs  », mais des «  Blancs  » aux avant-postes de la lutte contre la Barbarie.
    Nul mieux que l’écrivain israélien Amos Oz n’a exprimé, à son corps défendant, cette posture historique d’identification des Juifs à l’Europe et aux «  Blancs  ». Dans un discours sur les années 1930 prononcé à Francfort en 2005, il expliquait  : «  À l’époque, les trois quarts de l’Europe n’aspiraient qu’à se débarrasser définitivement de tous ces paneuropéens fervents, polyglottes, férus de poésie, convaincus de la supériorité morale de l’Europe, amateurs de danse et d’opéra, amoureux du patrimoine paneuropéen, rêvant d’une unité européenne post-nationale, prisant la courtoisie, les toilettes et les modes européennes, admirateurs inconditionnels d’une Europe que depuis des années […] ils s’étaient évertués à amadouer, à enrichir dans tous les domaines et par tous les moyens, s’efforçant de s’intégrer, de l’attendrir en lui faisant une cour effrénée, de se faire aimer, accepter, de la satisfaire, d’en faire partie, d’être aimé.  »
    À cette invraisemblable distorsion des faits, le poète et écrivain israélien Yitzhak Laor rétorque  : «  Les Juifs assassinés en Europe n’étaient pas une nation d’“europhiles”. […] Ils n’étaient pas “polyglottes, férus de poésie, convaincus de la supériorité morale de l’Europe, amateurs de danse et d’opéra”, etc. Un tel propos est une offense aux victimes du génocide, dont la majorité n’allait jamais à l’opéra ni ne lisait de poésie européenne.  » Amos Oz nie tout simplement l’altérité des victimes juives, qui ressemblaient bien plus aux travailleurs immigrés d’aujourd’hui qu’à des Européens «  bien élevés  », comme le révèlent les photos des ghettos est-européens, mais aussi les mesures de restriction de l’immigration juive imposées par les gouvernements européens et par celui des Etats-Unis dans le premier tiers du XXe siècle, qui les dénonçaient en termes aussi violents que ceux utilisés aujourd’hui comme les musulmans.
    Analysant le discours de nombre d’intellectuels médiatiques français, de Bernard-Henri Lévy à Alexandre Adler, de Pierre-André Taguieff à Alain Finkielkraut, Ivan Segré, un philosophe juif religieux, a dénoncé la dissolution du judaïsme et de sa singularité dans le christianisme et l’Occident. Car, pour lui, elle constitue une partie de l’«  opération idéologique d’envergure  » visant à imposer le mot d’ordre de «  défense de l’Occident  ». Ce mensonge est d’autant plus dangereux que, dans les faits, les parallèles entre l’antisémitisme et l’islamophobie sont nombreux. «  Nous avons fermement l’intention de montrer ici, écrit Ilan, au-delà de toute provocation, que l’islamophobie, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à sa tante maternelle la judéophobie, communément appelée antisémitisme, fonctionne de la même façon, joue un rôle comparable, et qu’elle en est, en fait, une excroissance et un développement. Mieux, que toute tentative de se mesurer à l’une sans prendre l’autre à bras-le-corps est par définition futile, car l’islamophobie, sous-catégorie du racisme en général, apparaît dans la nature sociale comme une métastase de l’antisémitisme. Nous nous attacherons à suivre à la trace ce cheminement.  »
    Et il précise  : «  Les islamophobes ressemblent comme des frères jumeaux à des antisémites. Qu’ils raisonnent, ou plutôt qu’ils déraisonnent, comme des antisémites. Avec la même mauvaise foi et avec la même bonne conscience. Mieux, qu’il crève les yeux de tout observateur dépassionné, un cas de figure, il faut l’admettre, rarissime dès qu’il s’agit des uns (les juifs) comme des autres (les musulmans), que l’islamophobie joue dans la société actuelle un rôle comparable à celui que l’antisémitisme a joué en Europe avant la seconde guerre mondiale. Elle fournit le terreau idéologique, le ciment discursif interclassiste sur lequel peuvent croître les nouvelles formes de fascisme.  »
    Certains opposent la violence de l’islamisme pour nier le parallèle. Dans son livre posthume, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Charb s’interroge [6]  : «   En 1931, existait-il un terrorisme international qui se réclamait du judaïsme orthodoxe  ? Des djihadistes juifs menaçaient-ils d’instaurer l’équivalent de la charia en Libye, en Tunisie, en Syrie, en Irak  ? Un rabbin Ben Laden avait-il envoyé un biplan s’écraser contre l’Empire State Building  ? […] En 1931, l’intégrisme juif n’était pas ce qu’est au XXIe siècle l’intégrisme musulman.  » À quoi, par avance, Ilan rétorque  : «   Cette apparente réalité, criante, bruyante, sanglante, de l’islamisme bête et méchant d’Al-Qaida est bien sûr l’ultime argument opposable au parallèle entre la judéophobie et l’islamophobie. Car les crimes des “islamistes”, le massacre systématique des innocents, sont bel et bien réels, alors qu’aucun juif en tant que tel n’a jamais revendiqué le moindre crime transformant les antisémites en victimes ou leur permettant de se présenter comme tels. Il convient de replacer cette apparente différence dans le contexte de l’antisémitisme lui-même  : certes, les Juifs “en tant que tels”, en Europe, avant la seconde guerre mondiale, ne posent pas de bombes dans les lieux publics. Les “terroristes” d’alors, anarchistes, sociaux-révolutionnaires ou indépendantistes, pratiquent au pire l’assassinat politique, avec ou sans “dommages collatéraux”, dans des proportions que l’horreur contemporaine fait apparaître comme bénignes. Mais le discours antisémite, culminant dans le narratif nazi, attribuait aux Juifs, sans nul besoin pour ces derniers de revendiquer quoi que ce soit “en tant que tels”, toutes les violences sociales et politiques qui secouent la société bourgeoise, à commencer par le communisme lui-même, accusé de fomenter partout le désordre et la terreur.  » Les Juifs, continue Ilan, «   étaient également accusés d’être coupables de tous les méfaits du capitalisme. Ils étaient par ailleurs censés être les fauteurs de la guerre et donc redevables de toutes ses horreurs, des destructions, de la mort et des souffrances de millions d’hommes, de femmes et d’enfants. Conjugué à la vieille accusation théologique chrétienne de déicide, ça fait, dans le fantasme populaire, un impressionnant palmarès de charges criminelles.  »
    Un débat a surgi, notamment en France, sur le philosémitisme des Etats occidentaux [7]. Il mérite d’être mené, loin des réactions caricaturales et des accusations d’antisémitisme qui, à force d’être rabâchées, perdent toute force [8] Car ce philosémitisme n’est qu’une nouvelle forme de mise à l’écart des Juifs qui ne sont toujours pas considérés par les gouvernants comme des citoyens «  ordinaires  », comme des Français, des Allemands, ou des Américains «  à part entière  ». C’est d’ailleurs au nom de ce philosémitisme que l’on peut, comme l’écrit Ilan, «  impunément prétendre et écrire que le peuple palestinien n’existe pas, insulter l’islam et nier l’histoire des peuples autochtones des trois quarts de la planète, du moment qu’on confesse l’Holocauste et qu’on le reconnaît comme objet historique par les tribunaux, qui s’érigent en gardiens de la vérité historique, et qu’ils protègent tout à la fois de la recherche et de la comparaison  ». On pardonnera à Jean-Marie Le Pen tous ses excès sur l’islam, son islamophobie radicale, sa dénonciation des «  invasions musulmanes  », mais aucun dérapage sur la Shoah.
    L’urgence est là. La crise économique et sociale, le chômage de masse, la montée de l’extrême droite en Europe évoquent les signes inquiétants des années 1930. Que faire dans ce contexte où s’affrontent un bloc dit occidental et des mouvements comme Al-Qaida et l’Organisation de l’Etat islamique  [9] ? Choisir le non-alignement, comme les Etats indépendants l’avaient fait lors de la conférence de Bandung en avril  1955, il y a soixante ans, refusant les choix binaires entre le communisme et le «  monde libre  », répond Ilan en conclusion de son livre. «  Il y a la nécessité pour les peuples, les gouvernements, les Etats, mais aussi pour les sociétés dites civiles, et donc pour les individus aussi, d’un nouveau non-alignement. Certes, comme nous l’avons vu tout au long de cette réflexion, la structure de la guerre globale actuelle diffère amplement de l’affrontement des blocs qui a marqué le XXe  siècle. L’Ennemi, ici, est invisible. Guerre mondiale et globale, mais contre un phantasme, contre l’hologramme incessamment projeté d’un épouvantail assisté par ordinateur. Pourtant, ses effets sur la société contemporaine sont parfaitement comparables, et la nécessité de refuser la logique de la guerre est absolument identique. Tout d’abord parce que l’identification avec l’un ou l’autre des “camps” en présence est impossible. Il s’agirait de choisir entre la peste et le choléra.  » Cette voie est bien sûr la plus difficile à choisir, la plus périlleuse, celle où l’on recevra des coups de tous les côtés, des partisans de chacun des deux camps, mais aussi la seule qui permet d’entrevoir un meilleur avenir pour l’humanité. Et personne ne s’étonnera qu’Ilan nous incite à l’emprunter.

    Après Charlie. La France, les musulmans et l’islamophobie

    Débat autour d’Emmanuel Todd, animé par Alain Gresh, Avec Ismahane Chouder, vice-présidente d’Islam & laïcité
    Vendredi 26 juin, Bourse du travail de Saint-Denis 9-11 Rue Génin, 93200 Saint-Denis. Métro Saint-Denis Porte de Paris De 18h30 à 21h
    Après l’attaque contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher et la mobilisation du 11 janvier 2015, le débat sur les musulmans et leur place dans la société française a été relancé. On sent monter un discours de haine qui n’est plus le seul fait de l’extrême droite ou même de la droite. Cette islamophobie se traduit par des agressions plus nombreuses et une politique de l’Etat qui favorise, voire organise, les discriminations à travers les politiques publiques. Le livre publié par Emmanuel Todd, Qui est Charlie ? a soulevé une levée de boucliers, des polémiques et des questions que nous vous appelons à discuter.

    Notes

    [1] Michel Dreyfus, L’antisémitisme à gauche, La Découverte, 2010.
    [2] Lire « “Guerre contre le terrorisme”, acte III », Le Monde diplomatique, octobre 2014.
    [3] Voir le dossier du Monde diplomatique de février 2015, « Attentats de Paris, l’onde de choc ».
    [4] Lire Patrick Haimzadeh, « En Libye, ce n’est pas le chaos, c’est la guerre », Le Monde diplomatique, avril 2015.
    [5] La partie qui suit et les citations sont tirées de Alain Gresh, De quoi la Palestine est-elle le nom ?, Les liens qui libèrent, 2009.
    [6] Charb, Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, Les Echappés, 2015.
    [7] Lire Houria Bouteldja, « Racisme(s) et philosémitisme d’Etat ou comment politiser l’antiracisme en France ? », Parti des indigènes de la République, 11 mars 2015.
    [8] Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), « “Non au philosémitisme d’Etat” : un slogan indigne ! », 7 avril 2015.
    [9] Lire Julien Théron, « Funeste rivalité entre Al-Qaida et l’Organisation de l’Etat islamique », Le Monde diplomatique, février 201
     
    "Si vous n’y prenez pas garde, les journaux finiront par vous faire haïr les opprimés et adorer les oppresseurs." Malcom X

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