ENTENTE IRAN – ÉTATS-UNIS À PROPOS DU NUCLÉAIRE IRANIEN
Voici que les géostratèges s’agiotent et tentent de comprendre les
tourments de la politique américano-Européenne au Moyen-Orient. Tout un
chacun devise à propos des intentions cachées des différents camps
engagés. Pour ces gens, la politique est un divertissement pour grands
manants – et tandis certains pleurniches qu’on les traite de
«conspirationnistes» – d’autres se questionnent sur les objectifs de
ces tractations
Les géostratèges s’égarent
Voici que les géostratèges
s’agiotent et tentent de comprendre les tourments de la politique
américano-Européenne au Moyen-Orient. Tout un chacun devise à propos des
intentions cachées des différents camps engagés. Pour ces gens, la
politique est un divertissement pour grands manants – et tandis certains
pleurniches qu’on les traite de «conspirationnistes» – d’autres se
questionnent sur les objectifs de ces tractations (1).
«On
nous cache de plus en plus de choses et les nouvelles sont filtrées,
même à la BBC! L'impression est que l'alliance fragile
USA-Union-Européenne se cherche des ennemis pour se justifier et qu'elle
est en train de trop en créer : Afghanistan, Irak, Syrie, Yémen, Libye,
État islamique + radicalisation turque, Kurdistan et conflit avec la
Russie... Allons-nous vers une guerre mondiale apocalyptique à plus ou
moins longue échéance impliquant le bloc USA-Union Européenne contre la
Chine et la Russie ? » (2)
Vous aurez compris qu’ici
l’expert de salon propose un sophisme comme explication à ses
supputations. L’alliance É.-U. – Union-Européenne se chercherait des
ennemis comme une bande d’amis cherche des ennuis sur les quais de Miami
(!) Il y a là comme une absurdité. Les bourgeoisies milliardaires
mèneraient la guerre pour se distraire, pour le plaisir de s’unir et de
justifier leur alliance décevante (?) Le pendant de ce salmigondis est
bien compris, il suffirait à la première occasion électorale venue de
changer d’un Président «faucon» à un Président «moron» pour changer la
politique d’une nation (sic). Pourtant, à la dernière occasion les
États-Unis ont changé leur président faucon (Georges W. Bush) par la
colombe Barak Obama (sic) et rien n’a changé dans la politique de la
classe capitaliste américaine agressive. On a pu observer la même
fumisterie électoraliste bourgeoise en République démocratique de France
citoyenne, au Royaume-Uni monarchique, au Canada parlementaire, etc.
La guerre est le prolongement de la politique.
La guerre est le prolongement de la politique. La politique est le
prolongement des conflits économiques entre multinationales
milliardaires concurrentes. L’alliance É.-U. – Canada – Union européenne
a été conçue pour défendre les intérêts économiques des conglomérats
impérialistes transatlantiques. Voilà le motif de l’existence d’une
alliance militaire comme l’OTAN. L’alliance économique transatlantique
(Traité de libre-échange de l’Atlantique Nord) vise la conquête de
marchés, de zones de ressources et de secteurs de valorisation de la
plus-value (3). Cette alliance économique d’abord, politique par la
suite et diplomatique et militaire ensuite, ne peut mener ces
agresseurs, à la fois «alliés» et «adversaires», qu’à attaquer les
alliances ennemies et à agresser certains pays à leurs frontières
(Serbie, Afghanistan, Irak, Ukraine, Syrie, Iran, etc.).
Il
est véridique que l’économie politique des États-Unis et de l’Europe
décline et que la crise économique systémique – voir l’incapacité de
valoriser le capital-profit – force les grandes puissances à attaquer
leurs concurrents d’Orient et d’Occident entrainant la création de
nombreux fronts d’agression, ce qui constitue la conclusion et non
l’amorce de ces collusions.
S’unir pour attaquer et partager
Les puissances impérialistes déclinantes ne mènent pas ces guerres de
rapines pour justifier leur union. Elles s’unissent afin d’écraser et de
soumettre leurs concurrents et pour s’emparer de leurs marchés, de
leurs sources de matières premières et de leurs secteurs de valorisation
des profits. Ainsi, nous le disions dans un article précédent – la
tactique d’encerclement de la Russie par l’impérialisme américain et
européen conjoint ne vise pas à détruire la Russie, mais à contraindre
ce pays à se détacher de la Chine et à rejoindre le camp Trans
Atlantique (4).
Photo Poutine Assad
L’agression américaine en Ukraine vise à rapprocher les têtes
nucléaires de l’OTAN des bases militaires russes. L’agression américaine
et européenne contre la Syrie vise à fermer la base militaire russe de
Tartous. Si demain Bachar al Assad répudiait le traité qui permet aux
navires de guerre russes de mouiller dans les eaux syriennes, ce chef
d’État honni par le Pentagone deviendrait un interlocuteur valable pour
Washington. En Afghanistan, quand les talibans ont finalement accepté de
négocier et de collaborer avec les services secrets américains pour
couper les oléoducs russes situés à proximité de leurs frontières, et
pour interdire toute construction d’oléoducs iraniens à destination de
la Chine, ils sont soudainement devenus des interlocuteurs crédibles
pour l’impérialisme américain.
La base navale de Tartous
Comme le butin n’est pas suffisant pour tous ces goinfres, et que les
attaques pour étendre les zones d’influence ne donnent pas les succès
escomptés, cela entraine des divisions parmi les partenaires (USA –
Canada – UE). Les Européens trouvent que l’ogre américain avale plus que
sa part du carnage. Ce à quoi rétorque le Pentagone, leurs troupes de
choc et leurs drones accomplissent le gros de l’ouvrage. À compter du
mois d’avril, le Canada lancera donc ses F-18 dans le ciel d’Irak et de
la Syrie pour agresser les troupes syriennes et irakiennes, et en
soutien à DAESH et à l’État Islamique. On pourrait en dire autant des
autres pays de l’OTAN engagés dans ce bourbier.
L’histoire de la lutte de classe
Chacun l’aura remarqué, les É.-U. ont leurs propres objectifs et leurs
propres priorités dans ce charnier. Ce sont eux qui sont sur la touche
et au bord du gouffre – le dollar étant floué de tout côté –. Ils
agressent donc et perdent du terrain sur tous les fronts. Nous assistons
au changement de la garde hégémonique impériale et ces changements se
font rarement dans le calme et la sérénité.
L’impérialisme
européen joue le second violon dans ces malversations, car ces nations
ont moins à perde que leur champion. Aussi, les pays de la vieille
Europe impérialiste sont plus accommodants avec certains belligérants,
alors que les impérialistes américains sont très occupés à assassiner
parce que désespérés. C’est le dollar qui est mis à mal et c’est
l’hégémonie étatsunienne qui est ostracisée dans le monde entier, de la
frontière afghane jusqu’en République Centre Afrique.
Les
géostratèges du dimanche constatant la multiplication des fronts de
résistance locale, nationale et régionale – et croyant la puissance
américaine invulnérable – imaginent que cette profusion de fronts
procède d’un plan ourdi – d’une machination – pour produire du chaos et
pour multiplier les foyers de résistance à leurs complots. Les
comploteurs, les géostratèges amateurs, et les équilibristes du
cataclysme oublient simplement que l’histoire des sociétés est
l’histoire des luttes de classe. Ceci signifie que pour chaque complot
ourdi par une clique impérialiste – divers autres complots sont ourdis
par les cliques impérialistes concurrentes et chacune de ces
conjurations entraîne des résistances locales, nationales et régionales
parmi les classes assaillies par ces manigances violentes.
Le micmac en Irak
Analysons la seconde guerre de la coalition américaine contre l’Irak
capitaliste (2003). La grande bourgeoisie irakienne, refusant de jouer
plus longtemps les supplétifs après qu’elle eut perdu la guerre des
années 1980 contre l’Iran, l’intendance américaine pensa qu’elle
pourrait changer de paladin à la tête de cet État pantin. La première
manche, jouée dans une guerre conventionnelle où la puissance de feu
américaine était infiniment supérieure à celle d’un adversaire équipé
des restants de l’armement étatsunien fut un succès facile et éclatant
pour la «Coalition» étatsunienne.
Rapidement les milices
chiites – sunnites – kurdes – wahhabites – djihadistes s’organisèrent,
chacune soutenue par différentes puissances étrangères, et par diverses
factions et clans de la bourgeoisie irakienne déchue. Le quotidien de ce
pays se transforma en une guerre civile fratricide où la classe
ouvrière et la paysannerie servirent de chair à canon à l’encontre de
leurs intérêts profonds. Tout cela ne visait pas à appliquer la
stratégie du complot et du chaos du soi-disant «Paln Oded Yinon de 1982)
(!) Cette guérilla se développa à l’encontre de la tactique
étatsunienne qui n’est jamais parvenue à faire de ce pays une base
stable pour attaquer la puissance iranienne qui veillait au grain.
Après des millions de morts, d’estropiés et de réfugiés, et après des
centaines de milliards de dollars dilapidés, la puissance américaine se
retira sans avoir rien accompli de ses projets de faire de ce pays une
base d’agression contre l’Iran. Pire, c’est l’Iran qui, à la faveur de
la guerre civile, gagna la partie et fit du gouvernement Maliki et des
milices chiites les gérants de ce pays conquis.
Les
États-Unis ourdirent une tactique alternative par la création d’un État
islamiste voyou regroupant les restants de leurs milices irakiennes et
syriennes regroupées à la frontière entre les deux pays détruits.
État islamique
Entre temps, les puissances occidentales avaient ouvert un second
front en Syrie dans l’espoir d’éparpiller les efforts de l’Iran sur
plusieurs fronts. Le Pentagone croyait venir à bout facilement du
gouvernement syrien en soutenant des paladins européens errants et
quelques malandrins pétaradants aux frontières du pays avec la Turquie
et de la Jordanie. Mal leur en prit. La Russie refusa le compromis et
maintient sa base navale en Syrie. Pire, la Russie équipa l’armée
syrienne de missiles antiaériens efficaces ce qui fit reculer l’aviation
étatsunienne et israélienne. Quant à l’Iran, cette puissance
capitaliste, elle maintient son soutien à ses milices aussi bien en
Irak, au Liban, qu’au Yémen et en Syrie.
Nous en sommes là
aujourd’hui. L’Iran a lancé le «Hezbollah» du Yémen contre la coalition
américano-saoudienne. L’Iran a lancé le Hezbollah d’Irak contre Daesh et
l’État islamique, alors que l’armée syrienne, aidée par le Hezbollah du
Liban, bloque la fuite de Daesh vers l’Ouest. La frontière turque sera
bientôt leur seule porte d’évasion ce qui déplaît aux capitalistes
turques qui sont à repenser leur soutien à ces milices terroristes
financées par le Qatar, l’Arabie Saoudite, les États-Unis et la France.
Pour les oligarques turques, une guerre de clans en Syrie peut être
encouragée, mais pas question que ce conflit soit exporté vers le
Kurdistan Turque (5).
Nos pronostics
Nous
prévoyons que les milices du Hezbollah contiendront les milices
terroristes de plusieurs pays (Turquie, Arabie, Qatar, Jordanie, France,
États-Unis) et que la Turquie se retirera de ce conflit contre la
promesse que le Kurdistan irakien ne s’étendra pas au-delà. L’Irak sera
sous contrôle iranien et vendra son pétrole en devises américaines. La
Syrie sera pacifiée et les milices sanguinaires massacrées ou chassées
du pays via la Jordanie. La main tendue par les États-Unis à Bachar al
Assad laisse entrevoir l’issue du conflit, au grand dam des
impérialistes français et israéliens qui se seront fait flouer. La
go-gauche de l’Hexagone l’avait prédit. La gauche parisienne n’en finit
plus de réclamer une meilleure défense des intérêts de la patrie face à
la perfide Albion des Anglo-saxons (sic).
L’accord sur le nucléaire iranien
Et voici que les États-Unis laissent tomber leurs proches alliés,
l’Arabie Saoudite, le Qatar et Israël, l’immortel fraternel (sic) pour
s’aboucher avec l’Iran des mollahs milliardaires et vindicatifs dans une
entente à propos du nucléaire iranien dont les Américains n’étaient
préoccupés que pour faire chanter ce «non-aligné». L’entente avec l’Iran
comprend des clauses publiques et des clauses secrètes qui stipulent
probablement que l’Iran utilisera le dollar américain pour ses échanges
pétroliers (6).
L’Union européenne aura été trahie par son
«ami» en hégémonie dans cette suite de conflits que l’Occident ne
pouvait pas gagner depuis que leur champion est en perdition. La Russie a
renforcé ses positions en Syrie sauf que son rapprochement avec l’Iran
en sort affaibli (7).
Les capitalistes chinois seront
restés derrière les rideaux même si ce sont eux qui sont visés. Comme le
montre la figure ci-dessous les Chinois poursuivent frénétiquement
leurs préparatifs de guerre en prévision de l’affrontement inévitable
qui pourrait voir triompher le prétendant au titre de champion de
l’impérialisme moribond, accordant un sursis à ce mode de production en
perdition.
La classe ouvrière internationale subit
passivement ces guerres entre puissances militaires dont les préparatifs
s’intensifient. Saura-t-elle affronter toutes les factions de la
bourgeoisie mondiale avant que celles-ci ne se lancent dans un conflit
atomique ? Ou alors, comme en 1914, la classe ouvrière internationale
attendra-t-elle de déclencher l’insurrection après l’explosion ? Une
chose est certaine cependant, la classe ouvrière tient entre ses mains
la solution à cette succession de carnages.
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Manifeste du Parti ouvrier. Robert Bibeau. 2014. Publibook. http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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(1)
http://www.mondialisation.ca/mythes-mensonges-et-conspirations-du-magazine-francais-lexpress/5440410
et http://www.michelcollon.info/Charlie-USA-Daesh-les-7.html
(2) http://fr.sputniknews.com/analyse/20150202/1014264655.html
(3) http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-vrais-patrons-sont-derriere-les-rideaux-quatre-traites-inegaux/
(4) http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/loperation-barbarossa-ii-ramener-la-russie-dans-le-giron-europeen/
(5) http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/daesh-faire-valoir-du-terrorisme-etatique/
(6)
http://www.latribune.fr/economie/international/nucleaire-iranien-les-etats-unis-comptent-bientot-trouver-une-solution-466542.html
(7)
http://french.irib.ir/analyses/chroniques/item/364769-quel-destin,-pour-la-guerre-entre-moscou-et-washington,-sur-l%E2%80%99avenir-du-dollar-am%C3%A9ricain
http://www.france-irak-actualite.com/2015/04/djihadistes-de-l-ei-et-maintenant-ils-saccagent-hatra.html
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/integrisme-islamiste-contre-national-chauvinisme/
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