Il
est évident que l'Algérie, et donc ceux qui planifient comment augmenter les recettes
du pays par les exportations d'hydrocarbures, ont été piégés. Les cours du brut
sont descendus jeudi au-delà du seuil psychologique des 50 dollars/baril. Et la
santé du marché pétrolier ne fait que péricliter, ce qui, assurément, ne prête
guère à l'optimisme. Encore moins à l'immobilisme.
Les
recettes pétrolières de l'Algérie, qui font vivre quelque 38 millions
d'habitants, sont en passe de fondre comme neige au soleil. Les raisons d'une
telle sinistrose sont multiples, et ne sont pas seulement le fait d'une baisse
des prix du pétrole, une éventualité d'ailleurs, qui fait partie des règles
versatiles et changeantes des marchés financiers internationaux. Le fait est
donc qu'aujourd'hui l'Algérie doit revoir tous les mécanismes de fonctionnement
de son économie, de l'affectation des ressources et de gestion de cette période
de crise, pour ne pas tomber dans une période noire, comme celle de la décennie
1990.
À
moins de 50 dollars/baril, les recettes d'hydrocarbures algériennes ne
devraient guère dépasser les 60 milliards de dollars. Ce qui placerait
automatiquement le pays dans une situation d'urgence par rapport à des importations
lourdes, et souvent fastueuses, qui ne sont pas compensées par une
diversification des exportations. L'Algérie, il faut se réveiller, est un pays
monoexportateur, et la tendance n'est pas pour changer dans les dix prochaines
années.
Dès
lors, la seule solution qui se présente aux pouvoirs publics est d'aller
chercher l'argent là où il se trouve. Sans état d'âme, le Parlement Algérien
avait voté en février 2013 l'exploitation des gaz de schiste, donnant le feu
vert au gouvernement pour entamer une vaste opération de recherche-exploration,
puis de production d'hydrocarbures non-conventionnels, le pétrole et le gaz de
schiste, ou comme disent les experts, les Shale oil pour le premier et les
shale gas pour le second. La configuration sociale et économique des prochaines
années, avec un budget annoncé de 260 milliards de dollars pour le plan
quinquennal 2014-2019 ne donne aucune marge de manœuvre au gouvernement. Pis,
le stress financier est entré de plain-pied dans la nouvelle situation dans
laquelle se trouvent les pouvoirs publics, qui, à l'horizon 2019, doivent avoir
déjà engrangé les premières recettes provenant des exportations de gaz de
schiste.
Car
à ce moment, il ne s'agira plus de discuter du bien-fondé de l'exploitation ou
non des hydrocarbures non-conventionnels, mais comment faire face à une
formidable demande sociale en équipements socio-éducatifs et économiques dans
un environnement qui enregistre pratiquement une demande multipliée par deux en
énergie domestique (gaz et électricité). Les chiffres du ministère sont là, et
donnent froid dans le dos, à moins que le 'mix'' énergétique projeté,
notamment avec l'appui de Sonelgaz, ne refroidisse les craintes des experts sur
des lendemains difficiles. Car à l'horizon 2040, l'augmentation continue du
volume des besoins en produits énergétiques entraîneraient une consommation de
gaz de 200 milliards de GW/h, alors qu'elle passera de 30 à 100 milliards M3
par an, durant la même période.
À
ce moment là, la question de la provenance du gaz et du pétrole de schiste se
posera moins que celle de savoir comment rentabiliser la production des
énergies non conventionnelles. Car entretemps, toutes les opportunités d'un
développement économique classique, basé sur l'agriculture et l'industrie
orientées vers la consommation locale et l'exportation,, auront été
'grillées'' par un ravageur ostracisme politique.
Enregistrer un commentaire