Par Abdelkader Dehbi:
Commentaire publié sur Le Grand Soir :
Non à la manipulation M. Jacques-Marie Bourget !
Sophisme : "Argument, raisonnement faux (➙ paralogisme) malgré une apparence de vérité et généralement fait avec mauvaise foi."
Voilà ce que dit le Grand Robert dans sa définition du sophisme…
En prenant appui sur ce qu'il appelle ""les décapitations perpétrées par les « barbares » du califat irako-syrien"" pour étayer son article, M. Jacques-Marie Bourget ne commet rien moins qu'un sophisme de la pire espèce, dans la mesure où personne n'est en mesure à l'heure qu'il est, de nous démontrer que les scénarios des exécutions, ne sont pas précisément… des scénarios ; comme on en a vu tant, depuis la super production hollywoodienne du 9 Septembre – n'en déplaise à l'auteur de l'article qui s'y réfère lui, comme étant une vérité irréfragable.
Mais il y a bien pire quand, par une espèce d'effet de manches, M. Bourget enfonce le clou de son raisonnement ab absurdo en poursuivant :
""Puisque ni la France ni la « communauté internationale » n’ont jamais protesté contre les meurtres et décapitations à la chaine perpétrés par les islamistes algériens, c’est que ces crimes n’ont jamais existé.""
Pour autant, je ne voudrais pas croire que M. Bourget chercherait ici, à dédouaner les généraux criminels putschistes, auteurs du Coup d'Etat du 11 Janvier 1992, tous issus des rangs de l'armée coloniale – Larbi Belkeir, Khaled Nezzar, et autres Lamari, pour ne citer que ceux-là – dont les noms sont régulièrement revenus dans de nombreux dossiers dûment documentés, ayant trait à des Crimes de Guerre, commis ou commandités par ces généraux criminels. ( cf : http://www.algeria-watch.org/mrv/2002/chrono/chrono_1992.htm …et suivants jusqu'à 2002.
Je ne voudrais pas croire non plus, qu'un homme informé comme M. Bourget, ne serait pas au courant que la Justice suisse – contrairement à la Justice française qui a protégé son soudard en l'exfiltrant sur Alger – est toujours officiellement saisie de l'instruction d'un lourd dossier de Crime de Guerre contre le général Nezzar.
Je ne voudrais pas croire enfin, que ce grand journaliste n'aurait pas entendu parler des crimes de masse, commis sous fausse bannière des GIA et commandités par les généraux de la junte, à Relizane, Béni Messous, Raïs ou Bentalha en particulier, dont toute la planète a entendu parler.
Je ne cherche pas non plus à disculper les islamistes ; y compris ceux qui n'étaient pas infiltrés et manipulés; mais les crimes de masse, ce sont les généraux ci-devant soudards de l'armée coloniale qui les ont commis.
Je n'aurais pas la cruauté de demander à M. Bourget de nous dire QUI sont les responsables des 20.000 "disparus", pour la quasi-totalité, des membres ou des sympathisants du parti du Front Islamique du Salut qui a eu le tort de remporter une écrasante victoire aux élections générales du 16 Décembre 1991… Parce que je craindrais d'ébranler sa "logique imparable" et sa "conclusion quasiment scientifique"…. Comme il l'écrit avec tant de légèreté.
Quant à la "bonhomie de "son" Mitterrand, les algériens de ma génération et ceux des générations plus jeunes en connaissent un bon bout : mes congénères savent que c'est lui qui a ordonné – comme Garde des Sceaux et Intérim de Mollet en Mars 1957 – que soit livré le héros emblématique de la Révolution, Larbi Ben M'hidi, aux assassins et tortionnaires d'Aussaresses; les plus jeunes savent aussi, que c'est Mitterrand – il était Président en 1992 – qui a en grande partie cautionné – pour ne pas dire encouragé en sous-main – le Coup d'Etat de Janvier 92.
Libre à M. Bourget de défendre "ses" généraux d'Alger qui ont mis mon pays à feu et à sang et continuent d'exercer le pouvoir réel derrière la façade du clan corrompu des Bouteflika – vous savez ? les amis des Chirac, des Sarkozy et autres Hollande… Et dont les "amitiés" semblent plus que jamais affirmées, depuis le long séjour hospitalier – Avril à Juillet 2013 – de M. Bouteflika au Val-de-Grâce, puis aux Invalides… Mais de grâce, M. Bourget, abstenez-vous de porter des jugements péremptoires sur une Histoire récente de l'Algérie que vous semblez si peu maitriser. Vous risquez de graves accusations de la part de la vox populi d'ici, j'entends, le peuple de base, qui n'a pas été gangrené par la "Françalgérie".
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