Les douze membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont finalement suivi la « ligne » défendue depuis quelques mois par l’Arabie saoudite. Après deux jours de rencontres informelles et cinq heures dediscussions en séance plénière, jeudi 27 novembre, à Vienne, ils ont décidé de ne pas resserrer les vannes. Le quota officiel de 30 millions de barils par jour, fixé il y a trois ans quand le cours du Brent était à 100 dollars, est maintenu.
Les marchés pétroliers, qui avaient commencé à s’inquiéter dans la journée, ont sanctionné cette décision. Les prix du baril sont tombés dans la journée à des niveaux inconnus depuis août 2010 : autour de 75 dollars à Londres et de 71 dollars à New York.
Cette décision n’est pas une surprise. Avant la réunion, les six Etats du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Koweit, Emirats arabes unis, Qatar, Bahrein, Oman) s’étaient entendus pour refuser toute baisse du quota. Le ministre saoudien du pétrole, Ali al-Naïmi, avait déclaré, la veille, qu’il laisserait jouer l’offre et la demande pour fixer les prix et que « le marché se stabilisera de lui-même ». Plusieurs membres de l’OPEP, notamment le Venezuela et l’Iran, défendaient au contraire une baisse du quota pour faire remonter les cours et éviter de lourds déficits budgétaires. Mais ces « faucons » avaient aussi un souci : préserverl’unité du cartel.
L’OPEP, qui n’assure qu’un tiers de la production mondiale, ne veut pas porterseule le poids de l’ajustement. La veille de la réunion de Vienne, l’Arabie saoudite et le Venezuela avaient fait des appels du pied aux Russes et aux Mexicains. En vain. Les Saoudiens voient aussi d’un très mauvais œil la hausse de la production américaine. « Pourquoi l’Arabie saoudite devrait réduire sa production ?», estimait, mercredi, M. al-Naïmi. « Les Etats-Unis sont aussi un gros producteur maintenant. Devraient-ils couper ? »
Pour l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les prix resteront déprimés au cours du premier semestre 2015. Du côté de l’offre, la montée en puissance de la production américaine ne ralentit pas et grâce à leurs huiles de schiste, les Etats-Unis produisent déjà 9 millions de barils par jour, se rapprochant de l’Arabie saoudite et de la Russie. Du côté de la demande, l’Europe et de grands pays émergents ne donnent pas de signes tangibles de reprise économique.
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