Un jeu de massacre sans fin
par M. Saadoune
La
guerre contre le Daech est sans victoire possible. L'écrasement de l'EI, s'il
se réalise, donnera naissance à de nouveaux périls. C'est un message
d'Occidental, Dominique de Villepin, adressé aux Occidentaux.
L'ancien
Premier ministre français n'a rien d'un naïf, il n'ignore pas qu'il existe des
enjeux politico-économiques en œuvre dans ces guerres à répétition où les
Occidentaux interviennent, créent de graves problèmes et se piquent
d'intervenir, à nouveau, pour les «corriger».
Cela
ne date pas d'aujourd'hui et l'Irak, objet d'un traitement particulier depuis
le début des années 90, continue à illustrer ce jeu malsain. Aujourd'hui, avec
un Daech à la vision moyenâgeuse, les Occidentaux pensent que cela dispense
d'avoir à trop expliquer.
Le
Daech, c'est le méchant, et il ne sert à rien d'en chercher la généalogie,
c'est déplacé, laisse-t-on entendre. Et, bien entendu, dans dix ans, quand on
en aura fini avec le Daech, il y aura d'autres réalités, sinistres parce que
nées de la violence, qui justifieront d'autres interventions.
Quand
les dirigeants occidentaux hurlent que ce n'est pas la guerre des
civilisations, c'est qu'ils la font ou la préparent. On est bien dans cette
arrogance qu'ont les puissants de prendre plus faibles qu'eux comme des objets
de laboratoire.
Après
tout, si tous ces Etats se disloquent et se multiplient en des entités en
guerre perpétuelle, il y a certainement de l'argent à ramasser. La guerre, même
si elle est sans victoire, offre bien des opportunités aux affaires
Le
discours occidental, ce n'est pas une nouveauté, tient à mettre en avant la
participation des Etats arabes à la coalition. Sauf qu'ils l'ont déjà fait dans
les précédentes «coalitions». Ils ont joué ce rôle de comparse sans pour autant
convaincre qu'il s'agit d'une opération arabe.
Les
régimes qui sont aujourd'hui dans la coalition ont, de manière multiforme, par
l'argent et la latitude laissée à leurs jeunes, pré-formatés, de rejoindre le
terrain de la «guerre contre les Safavides chiites», contribué à la
cristallisation de ce kyste nommé Daech.
C'est
un jeu de massacre sans fin. En Libye, également, les appels à l'intervention
militaire étrangère sont formulés avec une insouciance totale pour ses conséquences
désastreuses qu'il n'est pas difficile de deviner. Et qu'ils n'acceptent
d'ailleurs pas d'assumer.
En
Irak et en Syrie, ils savent pertinemment que les frappes aériennes
disloqueront le prétendu «Etat islamique» mais ne résoudront pas les problèmes
par une guérilla qui ne peut que perdurer. On veut le résoudre par la
«formation» des rebelles syriens qu'on croit pouvoir «encadrer» mais dont le
comportement futur restera imprévisible.
Même
si les responsables algériens s'abstiennent de le dire ouvertement pour des
raisons de complaisance diplomatique, l'intérêt national commande de ne pas
s'insérer dans ces démarches.
A
plus forte raison pour la Libye voisine où la transformation d'une mission de
protection de la population en opération de changement de régime a entraîné un
effondrement du peu d'Etat et une militarisation des tribus.
La
tentative de présenter les choses sous la dichotomie, facile et fausse, entre
«libéraux» et «islamistes», n'a pas fonctionné. Des tentatives sont menées et
l'Algérie y est partie prenante pour renouer le dialogue entre les Libyens et
les amener à se donner des garanties mutuelles et à ouvrir l'avenir.
C'est
une démarche politique nécessaire sur laquelle il faut persévérer contre les
partisans de la guerre qui, il ne faut pas s'illusionner, reviendront à la
charge pour fabriquer des Daech à combattre.
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