ELWATAN-ALHABIB
jeudi 16 octobre 2014
 
Ghardaïa révèle le délitement de l'autorité étatique




par Kharroubi Habib
La gestion exclusivement sécuritaire à laquelle le Pouvoir s'entient pour le conflit communautaire dont la ville de Ghardaïa et sa région sont le théâtre, a montré ses limites puisque, malgré le déploiement impressionnant de forces de l'ordre en ces lieux, la violence et les affrontements intercommunautaires reprennent au moindre prétexte et sont de plus en plus tragiques dans leurs conséquences. Des partis et personnalités de l'opposition ont bien tiré la sonnette d'alarme en faisant valoir que ce mode de gestion d'un conflit aussi profond et complexe que celui qui a cours à Ghardaïa depuis des mois, ne peut se régler de cette manière. Ce dont les autorités n'ont pas tenu compte. Leur aveuglement a aggravé la situation au point qu'elles sont arrivées à être confrontées à un fait absolument inédit dans les annales du pays : l'expression de leur ras-le-bol de policiers dont le corps est chargé de la gestion sécuritaire du conflit. Que ces policiers en soient arrivés à manifester publiquement contre la pression terrible à laquelle ils sont soumis depuis trop longtemps au milieu d'un conflit dont ils constatent que la méthode utilisée pour le gérer est en échec, cela est un signe adressé aux autorités d'avoir à la changer. Quand ce sont des policiers qui l'adressent, il ne devrait qu'inciter ces autorités à rechercher une autre solution au conflit. Elles ont bien tenté d'instaurer un dialogue avec les parties en conflit à Ghardaïa, mais elles l'ont fait avec des interlocuteurs dont elles en ont elles-mêmes décrété la représentativité et excluent ceux qui en sont réellement dotés, uniquement parce qu'ils n'expriment pas le politiquement correct et, donc, susceptibles de soulever des problèmes qui « gênent » ou de porter des accusations compromettantes contre certains milieux attisant le conflit mais bénéficiant de protections dont l'identification n'est pas voulue.

Le conflit dont Ghardaïa est le théâtre n'a que trop duré. Et cela parce que, même en dépêchant d'imposantes forces de l'ordre, l'Etat est absent dans la région, au point que l'on est tenté de penser que le pourrissement découlant de ce vide étatique a été quelque part prémédité et escompté. En tout cas, la fronde qui en a résulté dans le corps policier directement confronté à ses conséquences, montre que la situation a atteint une gravité qui risque de donner lieu à un scénario plus tragique que celui que vit la région depuis plusieurs années. Il est à craindre que le délitement de l'autorité qui se constate à Ghardaïa ne soit en fait que la face avérée de celui de tout l'Etat algérien, résultant de la paralysie dont est frappé son sommet depuis que le président de la République est confronté à un problème de santé qui a rendu pour lui pratiquement impossible l'exercice de ses fonctions. Comme l'a déclaré avec raison un des leaders de l'opposition, «la tragédie de Ghardaïa n'aurait jamais pris les proportions qu'elle a avec un pouvoir présent, légitime et crédible».
 
 
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