Mahmoud Abbas, ce cheval de Troie
par Moncef Wafi
Sur
la fragile base d'une présomption de culpabilité, alors que l'enquête n'a pas encore
livré son verdict, l'enlèvement de trois jeunes étudiants juifs le 12 juin
dernier et la découverte de leurs cadavres dans le sud de la Cisjordanie
occupée, ont donné à Benjamin Netanyahu le prétexte d'assassiner plus de 2000
Ghazaouis dont la quasi-majorité des civils, pour tuer le Hamas palestinien.
L'opération de représailles « Bordure protectrice », comme je l'avais évoqué
dans un précédent éditorial, avait pour principal objectif inavoué de Tel-Aviv
de mettre à mal l'accord de réconciliation conclu entre le Fatah de Mahmoud
Abbas et le Hamas qui a conduit le 2 juin à la formation d'un gouvernement de
consensus commun à la Cisjordanie et à Ghaza. Le but est presque atteint avec
la coopération acquise et active des Egyptiens, puisque Mahmoud Abbas n'a pas
hésité à brandir la menace de mettre fin à cet accord d'union nationale
accusant le mouvement islamiste d'entraver le travail de ce nouveau
gouvernement. Deux semaines après l'arrêt des hostilités sur Ghaza, abandonnée
à son sort par les pays arabes, hormis l'Algérie qui a réitéré son soutien à la
cause palestinienne, Mahmoud Abbas s'en remet toujours à la très inutile Ligue
arabe et au Caire de Sissi pour se voir dicter sa démarche. Des Egyptiens
accusés par le Hamas, lors des pourparlers entre Palestiniens et Israéliens sur
les cessez-le-feu pendant les 50 jours de tueries, de l'avoir piégé après que
le Caire s'est fendu d'une deuxième feuille de route qui ne reprend pas ou peu
les revendications palestiniennes. Pour revenir aux exigences de l'Autorité
palestinienne, un des acquis de Tel-Aviv, avec un Mahmoud Abbas toujours
fortement critiqué, désavoué même de l'intérieur, Hamas les perçoit comme une
forme de chantage pour rendre Ghaza aux mains de Ramallah.
Ainsi,
ce que l'armée israélienne n'a pas pu réaliser avec ses bombes et son blocus,
Mahmoud Abbas veut y parvenir en mettant la pression sur les dirigeants de
Hamas d'accepter son autorité sur la Bande. Une autorité perdue depuis 2007
lorsque le Hamas, qui avait remporté les législatives de 2006, prenait Ghaza de
force après une guerre fratricide avec le Fatah. Avec l'appui de l'Egypte, qui
a appelé à des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens alors que
Tel-Aviv refuse de discuter directement avec le Hamas, Mahmoud Abbas veut coûte
que coûte retrouver son autorité sur Ghaza aidé en cela par l'intransigeance du
Caire à ne pas rouvrir le passage de Rafah tant qu'il est contrôlé par le
Hamas. Ce dernier qui, légitimement et se prévalant de sa «victoire» militaire
sur Tsahal, ne devra pas lâcher Ghaza aussi facilement. Et on risque fort bien
de voir le Hamas cerné de toutes parts par les «collabos» de Ramallah, l'allié
égyptien et l'ennemi sioniste et d'assister à de nouvelles violences où le
sang, cette fois-ci, ne sera qu'arabe. Cent pour cent arabe.
Enregistrer un commentaire