L'EIL est une menace mais qui a rendu cela possible ?
par Kharroubi Habib
L'Amérique
et les Occidentaux battent tambour de guerre contre l'organisation terroriste
«l'Etat islamique» qui, de groupuscule djihadiste armé apparu en Irak sous
occupation américaine ayant été près de l'extinction, s'est subitement
transformée en une véritable machine de guerre qui fait désormais planer une
menace aux dimensions mondiales, comme l'a justement qualifiée l'ONU. Ils font
silence néanmoins sur les raisons qui lui ont permis cette mue. Pour la bonne
et simple raison qu'à des motifs multiples, leur responsabilité est directement
en cause, accablante. Les Américains éludent en effet que la guerre qu'ils ont
menée contre l'Irak et l'occupation par eux de ce pays ont créé les conditions
ayant permis l'apparition de cette organisation terroriste tout comme ils
zappent que l'appui intéressé qu'ils ont accordé au soi-disant gouvernement
«démocratique» mais en réalité sectaire et corrompu qu'ils ont placé à la tête
du pays en prévision de leur retrait n'est pas étranger à la résurgence en
terme de capacité de recrutement d'adeptes combattants. Ils font autant silence
sur le fait qu'ils ont offert à «l'Etat islamique» l'opportunité d'un autre
champ de bataille, la Syrie en l'occurrence, où la convergence momentanée de
ses buts de guerre avec ceux de l'Occident et de ses alliés dans la région lui
a permis de bénéficier des aides sans compter et multiformes de ces derniers.
«L'Etat
islamique» n'a déclenché son offensive «irrésistible» contre le pouvoir de
Baghdad, dont Nouri El Maliki était l'homme «fort», qu'après avoir obtenu ces
aides et que les services secrets saoudiens eurent circonvenu des rebelles
irakiens sunnites non affiliés initialement à la mouvance terroriste de faire
cause commune contre «l'ennemi» chiite.
Les
«grandes oreilles» américaines ne pouvaient être dans l'ignorance du «grand
jeu» auquel s'adonnaient les pétro-monarchies, leurs alliés liges, avec cette
organisation terroriste. Washington crie maintenant au danger alors qu'elle en
est l'apprenti sorcier qui en fut le promoteur. L'Amérique et les Occidentaux
se défaussent, question de responsabilités, sur le régime syrien qu'ils
présentent comme ayant porté sur les fonts baptismaux cette sinistre
organisation et l'avoir sponsorisée pour détourner leur vindicte contre lui.
Israël, qui n'en est pas moins responsable du grand «foutoir» que l'Amérique et
les pétro-monarchies ont semé avec leur stratégie à la gomme, surenchérit dans
la diabolisation des prétendus géniteurs de «l'Etat islamique» qui sont pour
lui les Iraniens. Tout ce beau monde hurle maintenant à l'unisson au loup dont
ils ont couvé la portée mais sans que l'un ou l'autre fasse son mea-culpa
d'avoir eu une part de responsabilité. Mieux encore, ils accablent de leurs
arrogantes injonctions à s'aligner sur leur toute aussi calamiteuse stratégie
de guerre contre «l'Etat islamique» les pays et Etats qui, instruits de leur
duplicité, font de la résistance à s'impliquer dans sa mise en œuvre. Des
djihadistes afghans à «l'Etat islamique» en passant par El-Qaïda et toutes les
formes qu'a prises ici et là le terrorisme prétendument islamiste, il y a une
constante vérifiée: celle que derrière chacune de ces organisations, il y a eu
au départ la main et le soutien souvent réunis de l'Amérique, de l'Occident en
général, d'Israël et des infâmes pétro-monarchies arabes.
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