Droit international malmené
par Kharroubi Habib
Dans son allocution à l'ouverture de la conférence
internationale pour la paix et la sécurité en Irak, qui s'est tenue à Paris,
son initiateur, le président français Hollande, a rappelé que dans sa
résolution 2170 le Conseil de sécurité de l'ONU a déclaré que l'organisation
terroriste « l'Etat islamique constitue un danger immense pour la sécurité du
monde ». L'appréciation du Conseil de sécurité aurait en principe permis sa
saisine à l'effet qu'il vote une résolution autorisant une intervention
militaire internationale sous égide onusien contre cette organisation
terroriste. Les Américains qui rameutent la « communauté internationale » pour
une intervention de ce genre, se sont abstenus de la démarche, lui substituant
la constitution d'une coalition d'Etats, dont ils ont soigneusement sélectionné
la composante, approuvés et secondés par les Français qui ont organisé à Paris
le « show » d'officialisation de cette coalition.
Pourquoi Washington n'est-elle pas passée par le Conseil de
sécurité de l'ONU, si ce n'est parce que l'intervention militaire pour laquelle
elle a opté n'est pas seulement destinée à contrer l'avancée de l'organisation
terroriste en Irak, mais aussi à réaliser dans la foulée l'objectif américano-occidental
d'en finir avec le régime syrien.
La trentaine d'Etats et d'organisations qu'Obama et François
Hollande sont parvenus à enrôler dans leur coalition ne représentent nullement
la « communauté internationale », comme ils se plaisent à leur en attribuer
cette qualité. Les opérations militaires auxquelles ils ont souscrit sans en
référer au Conseil de sécurité de l'ONU, sont de fait à considérer comme une
violation du droit international. Cette violation du droit international est
devenue une constante pour les Etats-Unis. L'establishment américain s'est fait
en effet une règle d'estimer que le « droit » de leur pays est au-dessus de
celui qui régit les relations internationales sur lequel repose l'édifice
onusien. Le concept de « communauté internationale » que l'Amérique et ses
alliés européens brandissent à chaque coup quand les Nations unies ne les
suivent pas sur leurs plans unilatéraux de résolution d'une crise ou d'un
conflit internationaux, n'est qu'une invocation masquant leur total mépris de ce
que pensent ou proposent ces Nations unies. Pour l'Amérique et ses alliés, la «
communauté internationale » se résume à leurs seuls pays et à ceux qui, en la
circonstance, adhèrent à leurs projets ou initiative. La conférence de Paris
n'a pas failli à cette règle. Ses participants, moins d'une trentaine d'Etats,
sont censés avoir traduit la volonté de la « communauté internationale » et
vont agir sous son couvert et avec son accord.
Dans la réalité, les Occidentaux ont enterré l'Organisation
des Nations unies qui, elle, est véritablement représentative de la communauté
internationale. Il y a eu du cynisme froid dans l'exhortation faite par le
président français à la communauté internationale, l'appelant à « s'engager
ensemble aux côtés des autorités irakiennes, clairement, loyalement et
fortement ». En fait de loyauté, les promoteurs de la coalition prétendument
anti-Etat islamique, en sont totalement dénués au décryptage des
arrière-pensées qui sous-tendent leur décision d'engager une intervention militaire.
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