Lancer des bombes de 250 kilos sur l’Irak est-elle
la seule solution envisagée par les États-Unis pour combattre l’État
islamique, alors qu’il existe un large éventail d’autres options ?
Tout d’abord, remémorons-nous l’origine de l’EI (Etat Islamique) :
Les États-Unis ainsi que leurs partenaires minoritaires ont détruit
l’Irak puis ont laissé s’y installer des tensions sectaires, la
pauvreté, le désespoir et un gouvernement illégitime ne représentant ni
les sunnites ni aucun autre groupe. Ensuite, tout en continuant de
soutenir le gouvernement de Bagdad, les États-Unis ont armé et entraîné
l’EI et des groupes qui lui étaient alliés en Syrie en leur fournissant
des missiles Hellfire pour attaquer les Irakiens à Falloujah ou
ailleurs. Au sein de l’EI figurent des religieux, mais aussi des partisans
opportunistes qui considèrent cette organisation comme la force
résistant aux directives non souhaitées de Bagdad et, de plus en plus,
aux États-Unis. L’EI est en possession de pièces d’artillerie américaine
qui lui ont été directement fournies en Syrie ou qui ont été dérobées
au gouvernement irakien. Selon les derniers chiffres du gouvernement
américain, 79 % des armes remises aux gouvernements du Moyen-Orient
proviennent des États-Unis, sans compter les transferts aux groupes tels
que l’EI et sans compter non plus les armes que possèdent les
États-Unis. Par conséquent, le premier changement à opérer est
le suivant : arrêter de détruire les nations à coup de bombardement et
arrêter de fournir des armes à une région en plein chaos. La Libye
constitue bien sûr un autre exemple du désastre causé par une guerre
américaine, guerre dans laquelle, d’ailleurs, les deux camps utilisaient
des armes américaines et qui avait été lancée en se basant sur une
rumeur selon laquelle Kadhafi menaçait de massacrer des civils. Cette
rumeur a aujourd’hui été démentie preuves à l’appui. Voici la deuxième chose à faire : être très
sceptique vis-à-vis des actions humanitaires. Le bombardement commandité
par les Etats-Unis près d’Erbil en vue de défendre les Kurdes et les
intérêts pétroliers des États-Unis était initialement prévu pour
protéger les habitants d’une montagne. Or, la plupart de ces montagnards
n’avaient nul besoin d’être secourus. Cette justification a dès lors
été écartée, tout comme Benghazi. Souvenons-nous également qu’Obama
avait été forcé de rapatrier des troupes américaines d’Irak, car il
n’était pas parvenu à obtenir du gouvernement irakien l’immunité pour
les crimes commis par ses troupes. Obama ayant aujourd’hui obtenu cette
immunité, les soldats sont retournés en Irak : leurs crimes leur ont
coûté des bombes de près de 250 kilos. Alors qu’ils ont tenté de secourir des otages et ont découvert une
maison vide, qu’ils sont accourus vers la montagne pour sauver 30 000
personnes et n’en ont trouvé que 3 000 dont la plupart ne voulaient pas
partir, les États-Unis prétendent savoir exactement qui les bombes de
500 livres sont en train de tuer. Mais peu importe qui ces bombes tuent,
elles génèrent davantage d’ennemis et renforcent le soutien à l’EI au
lieu de le diminuer. En conséquence, les États-Unis se retrouvent à
présent de l’autre côté de la guerre en Syrie. Que font-ils donc ? Ils
changent de camp ! Désormais, la principale obligation morale n’est plus de bombarder
Assad, mais de bombarder pour défendre Assad, le seul élément cohérent
étant que « quelque chose doit être fait » et la seule chose concevable
est de choisir un camp et de le bombarder. Mais pourquoi est-ce le seul choix envisageable ? D’autres solutions me viennent à l’esprit : 1. S’excuser auprès du dirigeant de l’EI pour l’avoir brutalisé à
Abou Ghraib ainsi qu’auprès de chaque autre prisonnier persécuté durant
l’occupation américaine. 2. S’excuser d’avoir détruit l’Irak et présenter ses excuses auprès de chaque famille y vivant. 3. Entamer le processus de dédommagement en fournissant de l’aide
(pas une « aide militaire », mais une aide concrète, de la nourriture et
des médicaments) à tout l’Irak. 4. S’excuser d’avoir joué un rôle dans la guerre en Syrie. 5. Entamer le processus de dédommagement en fournissant une aide concrète à la Syrie. 6. Annoncer l’intention de ne pas fournir d’armes à l’Irak, la Syrie,
Israël, la Jordanie, l’Égypte, le Bahreïn ou à toute autre nation aux
quatre coins de la planète. En outre, les États-Unis devront annoncer
qu’ils entendent entamer le rapatriement des troupes américaines
présentes en territoires et mers étrangers, dont l’Afghanistan. (La
Garde côtière des Etats-Unis installée dans le golfe Persique a
clairement oublié la position géographique des côtes américaines !) 7. Annoncer l’intention d’investir massivement dans l’énergie
solaire, l’énergie éolienne et toute autre forme d’énergie verte ainsi
que délivrer ce savoir aux gouvernements à démocratie représentative. 8. Commencer à munir l’Iran de technologies éoliennes et solaires
propres, et tout cela à un prix bien plus bas que le montant payé par
les États-Unis et Israël pour menacer l’Iran au sujet d’un programme
d’armement nucléaire non existant. 9. Mettre un terme aux sanctions économiques. 10. Envoyer des diplomates à Bagdad et à Damas pour discuter de
l’aide à apporter et pour encourager la mise en place de sérieuses
réformes. 11. Envoyer des journalistes, des bénévoles, des gardiens de la paix,
des boucliers humains et des négociateurs dans les régions en crise,
tout en étant conscient que cela signifie risquer des vies, même si
cette solution comporte moins de risques que l’usage de la force
militaire. 12. Doter le peuple d’une assistance en matière d’agriculture, d’éducation, lui fournir caméras et accès à Internet. 13. Lancer une campagne de communication aux États-Unis pour
réinstaurer des opérations de recrutement de l’armée, basées sur la
compassion et le désir de servir en tant que bénévoles majeurs,
encourageant médecins et ingénieurs à consacrer leur temps à se rendre
dans ces régions en crise et à les visiter. 14. Travailler en collaboration avec les Nations unies pour tous ces points. 15. Traduire les États-Unis devant la Cour pénale internationale et
proposer volontairement la poursuite judiciaire des hauts fonctionnaires
américains de ce régime et des précédents pour leurs crimes. Source : warisacrime.org
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