Washington médite de faire coup double
par Kharroubi Habib
Le Pentagone est dans le vrai en voyant en « l'Etat
islamique » l'organisation djihado-terroriste « la plus sophistiquée et mieux
financée » que les Etats-Unis ont eu à combattre. Mais le Pentagone et ses
spécialistes n'expliquent pas le pourquoi et comment cette organisation qui a
été longtemps un groupuscule qui a failli s'éteindre en Irak où il a pris
naissance est devenue cette machine de guerre dont la puissance contraint
maintenant l'Amérique à s'impliquer militairement directement contre elle. Il
est trop court comme le font des experts occidentaux d'attribuer à « l'Etat
islamique » d'être ce qu'il est devenu au seul fait qu'ayant défait l'armée
irakienne il s'est procuré sur son dos et celui de l'Etat irakien l'armement et
l'argent qui ont font le groupe djihado-terroriste le plus « sophistiqué »
ainsi que perçu par le Pentagone.
« L'Etat islamique » a fait la démonstration de sa
puissance bien avant l'offensive qu'il a lancée en Irak contre l'armée de ce
pays. La montée de sa puissance s'est démontrée en Syrie sans que les
Occidentaux s'en inquiètent car dans ce pays ils ont fermé les yeux sur elle
car étant celle d'un groupe en qui ils ont vu un allié de « circonstance »
contre le régime de Bachar El Assad. D'où lui venaient l'argent, l'armement et
les combattants qui lui ont permis de devenir le principal adversaire militaire
du régime syrien ? Mais indirectement de ces Occidentaux et des Etats arabes
s'étant lancés dans la croisade contre ce régime. Les uns et les autres ont
très vite su que l'armement dont ils ont doté la rébellion présentée par eux
comme « modérée » se retrouvait aux mains des combattants de « l'Etat islamique
» qui n'hésitaient pas dans ce but à s'en prendre à elle. Comme ils ont très
vite su que les rebelles qu'ils ont entraînés et formés dans des camps en
Jordanie et en Turquie censément pour le compte de la rébellion syrienne «
modérée » sont passés en grand nombre dans le camp des combattants de « l'Etat
islamique ».
Quant à l'origine du financement dont « l'Etat islamique »
a bénéficié pour faire sa guerre en Syrie, c'est un secret qui n'en est un que
pour les officiels occidentaux. Ce sont les services secrets des
pétromonarchies, ceux en particulier de l'Arabie Saoudite et du Qatar, qui ont
été les « généreux » donateurs. Maintenant que la véritable nature de « l'Etat
islamique » s'est dévoilée à un point tel qu'il contraint l'Amérique et les
Occidentaux à le déclarer leur « premier ennemi », ils promettent des stratégies
de combat contre lui dont ils assurent que l'un des axes fondamentaux est de
traquer ses sources de financement. Sans pour autant dévoiler publiquement le
rôle que jouent sur ce plan les pétromonarchies.
La montée en puissance de « l'Etat islamique » a arrangé
les calculs de l'Amérique. Elle lui a offert le prétexte d'un réengagement
militaire en Irak que son opinion publique ne combattra pas eu égard à la
réputation sanguinaire que se sont forgée les combattants de ce groupe, mais
aussi en Syrie avec l'alibi qu'il faut pourchasser ces derniers là où ils
sévissent. Les stratèges américains préparent une intervention en Syrie en
ambitionnant donc de faire d'une pierre deux coups, affaiblir « l'Etat
islamique » et asséner des frappes contre les forces du régime syrien qui
permettraient à la rébellion « modérée » de récupérer les terrains perdus
devant elles. Washington pense qu'une intervention américaine en Syrie
soulèvera moins d'opposition et de réprobation en étant drapée de la
justification de l'absolue nécessité de détruire la puissance de « l'Etat
islamique ».
Calcul et stratégie de « gribouille » mal inspirés tant
l'Amérique ne dupe plus personne sur ses desseins dans cette région du monde
qu'est le Moyen-Orient, qui sont qu'il faut y créer des situations qui ferment
aux peuples de la région toute perspective de s'affranchir de l'intégrisme et
des dictatures. « L'Etat islamique » en favorise la réalisation. Comme tous les
groupes djihado-terroristes qui font comme lui profession de combattre
l'Amérique et l'Occident, il ne fait en réalité que donner à l'Amérique les
mobiles à ses interventions militaires.
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