Quand l'Arabie Saoudite dénonce l'extrémisme religieux
par Kharroubi Habib
Les djihadistes de « l'Etat islamique » n'ont été déclarés «
ennemi numéro un » de l'islam par la monarchie saoudienne et ses autorités
religieuses que du moment où El Baghdadi leur chef a proclamé la création du
«khalifat islamique» sur les territoires syrien et irakien tombés sous le
contrôle de ses combattants. Le roi et les émirs saoudiens ont vite fait après
cela de comprendre ce que la création de ce «khalifat islamique» aurait de
menaces pour leur monarchie dont les citoyens ont été au même titre que tous
les musulmans du monde appelés par le «khalif» autoproclamé à lui faire
allégeance. D'autant que d'utopique la création du «khalifat islamique» s'est
muée en réalité dont les promoteurs ont publiquement annoncé qu'elle est
appelée à englober l'ensemble du monde arabe et musulman.
Jusqu'à ce que les djihadistes de « l'Etat islamique »
caressant le rêve de l'instauration du « khalifat islamique » se sont
dangereusement rapprochés de ses frontières, l'Arabie Saoudite n'a pipé mot sur
la nature terroriste et extrémiste de leur idéologie qu'elle dénonce maintenant
et contre laquelle elle prétend vouloir mobiliser contre elle l'ensemble des
Etats de la région. Il faut le dire et le marteler, ce n'est pas l'idéologie
des djihadistes de « l'Etat islamique » qui effraye les émirs et oulémas
saoudiens. Cette idéologie ils l'a partagent avec ces djihadistes découlant du
wahhabisme dont leur pays a été le berceau et leur monarchie l'actif
propagateur à travers le monde. Ils ne se démarquent d'eux que sur leur
prétention à instaurer le « khalifat islamique », entité impliquant la
subordination à elle, religieuse et politique, de tous les Etats musulmans.
Sans avoir aspiré à fonder à son profit un khalifat
islamique, la dynastie saoudienne exerce néanmoins le magistère du leadership
sur le monde arabo-musulman du fait qu'elle règne sur le pays d'où est sorti
l'islam et où sont ses deux villes saintes les plus sacrées et qui plus est
disposant de l'énorme puissance financière que lui confèrent ses immenses
ressources énergétiques. Elle sait désormais que si « l'Etat islamique »
parvient à sa fin qui est l'instauration d'un « khalifat », les conséquences risquent
de lui être fatales. Entre leur monarchie et le mythique « khalifat islamique
», les Saoudiens enfermés dans une conception rigoriste sur la nature de l'Etat
musulman ne sont pas en majorité contre la résurgence du « khalifat ». Ils sont
d'ailleurs nombreux sinon majoritaires dans les rangs des combattants de «
l'Etat islamique ».
L'on comprend par conséquent que la monarchie saoudienne
soit paniquée par la perspective que poursuivant leur offensive en Irak ces
combattants se rapprochent de son territoire qu'ils se promettent logiquement
d'englober à celui de leur « khalifat islamique ». Pour autant, la fermeté de
la condamnation de l'idéologie terroriste et extrémiste de « l'Etat islamique »
formulée par les émirs et oulémas saoudiens a exclusivement ciblé cette
organisation sans englober celles qui comme le front Enosra en partagent les
dogmes et en pratiquent les sanguinaires prescriptions. Celles-ci continueront
à bénéficier de leurs soutien et largesses car s'étant refusées à adhérer au
projet de création du « khalifat islamique ». Il faut par conséquent que cesse
l'hypocrisie qui consiste à faire semblant de croire que la monarchie
saoudienne va arrêter d'être le prédicateur de l'extrémisme religieux qui
quelle que soit son expression nuit à la religion musulmane et alimente
l'islamophobie à travers le monde.
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