Cycle Orwellien: l’Etat Islamique ou l’art de créer des épouvantails
Photographie
parue le 31 mai 2013 comme illustration d’un article de Travis Thornton
et publiée sur United Liberty. On peut y voir outre des chefs
militaires et politiques de la rébellion syrienne, le sénateur américain
John McCain (à droite) fixer du regard un homme habillé en noir (à
gauche). Ce dernier, barbe taillée et main droite sur le genou n’est
autre que celui qui deviendra le fameux Abou Bakr Al-Baghdadi, Calife
autoproclamé de l’Etat Islamique après la chute de Mossoul.
Intervention
humanitaire américano-britannique au Nord de l’Irak pour sauver des
minorités? Du déjà vu réchauffé qui n’étonne plus grand monde reflétant
plus le déclin total de l’imagination stratégique occidentale que
l’effet d’annonce à des fins de propagande politique.
Revenons aux fondamentaux. Voyant tous ses plans stratégiques au Moyen-Orient
échouer face à l’axe Damas-Téhéran, Washington a incité ses alliés
ayant le plus de ressources financières disponibles à financer
l’organisation terroriste connue sous l’appellation « Etat Islamique
d’Irak et du Levant » devenue par la suite l’Etat Islamique (Islamic
State ou IS en Anglais). Les combattants de cette organisation ont reçu
un entraînement spécifique dans des bases en Turquie et en Jordanie sous
l’encadrement des forces spéciales de plusieurs pays de l’Otan mais
également de pays arabes et asiatiques. De gros contrats d’équipement
ont été signés et des firmes mondiales comme Toyota ou Motorola ont
décroché leurs contrats de la décennie. Parmi les formations proposées
figurent un module spécialisé destiné à une poignée d’initiés: la
désactivation des systèmes de contrôle équipant certains systèmes
d’armes de fabrication US en dotation au sein de l’armée irakienne. La
suite est connue: l’Etat Islamique déferle sur le Nord de la Syrie où il
s’accroche avec l’ensemble des protagonistes mais ne pouvant venir à
bout d’une armée syrienne
déterminée, il se lance à la conquête du Nord de l’Irak en exploitant
une révolution sunnite menée par les anciens partisans de Saddam
Hussein. C’est à la faveur de cette révolte d’envergure que les éléments
de l’Etat Islamique d’Irak et du Levant capturent des villes aussi
importantes que Mossoul et menacent de marcher sur Baghdad. La situation
devient confuse. Les Syriens interviennent avec leur aviation en Irak
et les iraniens y dépêchent des forces spéciales. Moscou fournit en
urgence à Baghdad des avions d’attaque
au sol. L’Etat Islamique est annoncé depuis Mossoul et un certain Abou
Bakr Al-Baghdadi apparaît en s’autoproclamant Calife de l’ensemble des
musulmans sur terre. L’Etat Islamique se heurte au Kurdistan où se
trouve une base secrète des forces spéciales US. Que s’est-il passé? Un
classique. Les américains
se retournent contre ce qu’ils ont contribué à créer de toutes pièces
en soutenant le Kurdistan. En réalité l’avancée de l’Etat Islamique sur
des territoires riches en pétrole était le signal d’une intervention US.
Motif invoqué: la persécution des Chrétiens d’Orient (qui n’ont rien à
voir avec les Chrétiens d’Occident) et de certaines minorités comme les
Yazidis, les Assyriens, les Kurdes. On relèvera que lorsque ces mêmes
minorités se faisaient trucider par les factions de la rébellion
syrienne soutenues par Washington et Israël, personne en Occident n’a osé élevé la moindre voix.
Or qui a planifié la destruction des
Chrétiens d’Orient? Les israéliens et leurs alliés. Les Chrétiens
d’Orient n’ont jamais reconnu et ne reconnaîtront le Concile Vatican II
et considèrent que les Juifs portent l’entière responsabilité de la
crucifixion de Jésus-Christ. Ils sont encore plus opposés au sionisme et
à la politique sioniste de l’Etat d’Israël que ne le sont leurs
compatriotes musulmans.
Il a fallu un outil commode. Les Anglais
l’ont trouvé. C’est la stratégie du manteau vert. Les israéliens l’ont
pensée et les américains utilisée. On ressort le vieux concept du
Califat et on met en scène un acteur professionnel. Le personnage de
Abou akr Al-Baghdadi est né.
Lors de sa visite clandestine au Nord de
la Syrie en 2013, le Sénateur sioniste US John McCain, une version plus
puissante que le BHL français (il ne faut pas perdre de vue que la
France est le second pays en termes d’influence sioniste dans le monde)
a rencontré des cadres supérieurs de l’armée syrienne libre ASL, des
responsables du Front El-Nosra et un certain Abou Doua alias Ibrahim
Alias Ibrahim Awad Ibrahim Ali Al-Badri al-Samarrai, alias le Docteur
alias le bon Samaritain alias Simon ou Shimon qui sera connu un peu plus
tard sous son nom de guerre Abou Bakr Al-Baghdadi.
Après tant de mensonges et de crimes,
Obama et ses petits vassaux anglais osent encore parler d’une
intervention humanitaire en Irak. Les français leur emboîtent le pas
évidemment car l’occasion est trop propice pour accaparer quelques votes
au sein d’une opinion qui croit à une nouvelle persécution de Chrétiens
par les méchants Sarrasins d’autant plus que le climat largement
islamophobe y est favorable.
Washington finance des raids aériens
contre quelques positions préalablement choisies des hordes de l’Etat
Islamique pour protéger une base secrète de la CIA et des forces
spéciales à Erbil au Kurdistan irakien contre une attaque de factions
« incontrôlables » de l’organisation mais prépare le terrain à
l’utilisation du Kurdistan pour frapper la Syrie et l’Iran.
L’Irak n’a jamais été libre et une petite ingénierie politique a
permis de faire disparaître Al-Maliki. C’est à peu près le même jeu en
cours en Afghanistan avec moins de fracas.
A l’heure où je rédige ces lignes,
Al-Baghdadi doit siroter son Cognac bien au frais en pensant à acquérir
une nouvelle Rolex et en affichant un large rire sardonique sur ce qui
ce passe actuellement en Orient. Obama, Cameron et Fabius peuvent
continuer à mentir, personne n’est dupe. La stratégie de Washington a
atteint les limites de son propre chaos. Orwell n’aurait pas imaginé
mieux!
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