Sionisme et arabité, même combat
par Moncef Wafi
Fallait-il
encore des preuves de la connivence internationale avec le régime d'apartheid
instauré par Israël pour mesurer le degré de cynisme et d'hypocrisie qui
suintent de derrière les portes des Nations unies ? Ce qui est en train de se
passer dans les territoires occupés et à l'intérieur même de l'Etat sioniste,
entre chasse à l'Arabe et appel au meurtre, n'a d'égal que le silence corrompu
et complice des régimes arabes et musulmans occupés plus à regarder le Mondial
et à écouter leur ventre en pensant à un peu plus bas.
Si
la réaction des démocraties de ce monde ne s'est pas fait attendre après
l'enlèvement et l'assassinat des trois jeunes Israéliens, même Abbas, en bon
petit bouclier qu'il est, s'en est indigné, la vendetta relayée par les
punitions collectives chères à Israël n'a ému personne. Comble du cynisme
occidental, Washington s'est plus inquiété pour le passage à tabac de Tareq
Abou Khdeir, 15 ans, citoyen américain et accessoirement pour le département
d'Etat cousin du jeune Palestinien enlevé et brûlé vif. Le mythe de la plus
grande démocratie dans la région, relayé et monté en pièce par les médias sous
l'emprise des lobbies juifs européen et américain, est en train de prendre du
plomb dans l'aile avec ces expéditions punitives des colons israéliens qui se
sont substitués à la justice de leur pays.
Pour
preuve et en plus des milliers de messages de haine et d'appel à la vengeance,
trois des six suspects extrémistes juifs arrêtés dans l'affaire de Mohammad
Abou Khdeir sont passés aux aveux, en avouant l'horrible meurtre. Le ministre
israélien de la Justice avait déclaré qu'un tel crime serait considéré comme du
terrorisme. A ces péripéties judiciaires, s'ajoute la situation militaire qui
risque d'embraser totalement la région. Les raids de l'aviation israélienne ont
fait au moins, selon les comptes rendus de la presse, sept morts parmi les
combattants palestiniens à Gaza, alors que des émeutes prennent de l'ampleur en
Israël.
Face
à ce double danger, le gouvernement de Netanyahu joue la carte de l'apaisement,
contesté par son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, un faucon
ultranationaliste, qui a rompu son alliance avec le Likoud. Le risque d'une
crise gouvernementale n'est pas à exclure quand on sait que Lieberman n'a
jamais caché sa haine des Arabes. L'Autorité palestinienne, un des acquis de
Tel-Aviv, n'est pas également à l'abri d'une crise de confiance sans précédent
puisque son président Mahmoud Abbas est fortement critiqué, désavoué même de
l'intérieur. Quant au Hamas, son accord de réconciliation conclu avec le Fatah,
qui a conduit le 2 juin à la formation d'un gouvernement de consensus commun à
la Cisjordanie et à Gaza, est sérieusement menacé.
Sur
le plan international, ce nouveau cycle de violences a relégué, au second plan,
les mises en garde d'une vingtaine de pays européens de leurs ressortissants
contre toute activité économique avec les colonies israéliennes installées dans
les territoires palestiniens occupés, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. S'il
n'est pas question de boycott, ni de sanctions, il n'en demeure pas moins que
c'est une première qui veut que l'Europe soit désormais plus ferme à l'égard de
la politique de colonisation d'Israël. Quoi qu'il en soit, les Palestiniens se
retrouvent encore une fois seuls devant leur destin trahis par leurs propres
frères de sang, par les régimes arabes corrompus et l'Occident hypocrite.
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