«On est tous des Palestiniens»
par Moncef Wafi
Aux
premières heures post-11 Septembre, le Français est devenu Américain,
l'Allemand aussi, idem pour l'Anglais, et un peu partout en Europe, on est tous
devenus des Américains. Par solidarité, souvent, et par démagogie pour
certains. Mais dans le monde arabo-musulman, la règle n'est pas à la solidarité
réelle, efficace, elle est verbale, théâtrale, impuissante. Sinon, il reste la
compassion pour les peuples et l'indignation pour certains régimes et roitelets
arabes.
«On
est tous des Palestiniens», n'en déplaise à certains parce que la cause
palestinienne nous interpelle, nous colle à la peau depuis la guerre d'Algérie,
nous en premier lieu, nous les Arabes et les musulmans même si les Palestiniens
sont les premiers à tourner le dos à cette cause. A l'avoir trahie et pervertie
sur l'autel des vanités personnelles. Avant de cesser d'être une cause commune,
le combat palestinien s'est dissous dans les querelles de clocher, entre ego
des chefs et butins de guerre des milices. Aujourd'hui, en Palestine, dans les
rues de Ghaza et Ramallah, deux villes sœurs qui se tournent le dos pour faire
plaisir aux Israéliens, il y a plus de collaborateurs du Mossad que de vrais
combattants pour la liberté. Aujourd'hui, les Palestiniens meurent sous les
bombes parce qu'ils ont oublié un jour de mourir le fusil entre les mains.
«On
est tous des Palestiniens», même si ce slogan sonne aussi creux que
l'indignation des Arabes, il doit pourtant être le fil conducteur d'un retour
de la flamme. Le monde arabe doit prendre conscience qu'il est resté en marge
de l'histoire qui s'écrit sur son cadavre, au sang de sa terre. Les Arabes
doivent cesser de croire au Père Noël en attendant que Ban Ki-moon lève le
petit doigt pour stopper l'agression d'Israël contre les enfants et les femmes
de Ghaza et ne plus espérer une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU
condamnant l'Etat sioniste. Pour ceux qui l'ignorent encore, «nous sommes tous
des Palestiniens» parce que nous n'avons ni Washington, ni Paris, et encore
moins Londres et Berlin comme alliés de notre cause.
Parce
qu'Israël a été élu à la vice-présidence de la Commission de décolonisation de
l'ONU, la même qui est chargée de la décolonisation, des droits du peuple
palestinien et des territoires occupés. Un ultime pied de nez à la cause
palestinienne et à la face des Arabes. Le Qatar, au nom des Etats arabes
membres de l'ONU, a protesté. Comme toujours. Sans réagir ni lui ni les autres
pays. Ils ont protesté pour la forme pour dire «que c'est pas bien», comme dans
une cour d'école, mais même dans une cour de récréation on se bat pour ses
droits ou pour défendre un plus faible.
Que
faire donc ? Facile, si on n'a pas le courage d'aller mourir sous les bombes à
Ghaza, faire comme l'Eglise presbytérienne des Etats-Unis qui a voté en faveur
d'un nouveau boycott d'Israël à travers trois compagnies américaines visées
pour avoir procuré du matériel et des services aux forces de sécurité
israéliennes ainsi qu'à des colonies. Le boycott, la rupture des relations
diplomatiques, le secteur énergétique sont autant d'armes entre les mains des
régimes arabes pour peu qu'ils veuillent bien s'en servir, mais sans tireur,
les armes ne sont d'aucune utilité. Et tant que des Palestiniens continueront à
mourir en toute impunité, nous serons et resterons tous des Palestiniens.
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