Ghaza,Champs-Elysées, le spectacle continue
par Moncef Wafi
Quel
point commun existe-t-il entre le défilé militaire français du 14 Juillet sur
les Champs-Elysées et le massacre des Palestiniens à Ghaza ? Aucun à priori si
ce n'est que les deux sont devenus des spectacles grandeur nature. Si pour le
défilé français le spectacle est un rendez-vous annuel de plus en plus apprécié
par Paris pour montrer ses muscles militaires et son arsenal de guerre à
exporter en Afrique, la guerre contre les civils palestiniens est devenue une
sorte de divertissement, un écran géant de cinéma ou une scène de théâtre avec
la mort et la destruction d'une ville en live et comme bonus une entrée
gratuite.
Alors
que des civils palestiniens meurent chaque jour sous les bombardements, à
échelle industrielle, de l'aviation sur la bande de Ghaza, les civils
israéliens, eux, s'installent pop-corn et fauteuils en plein air à Sderot pour
assister au spectacle pyrotechnique que leur offre Tsahal. L'information a été
rapportée par le quotidien danois Kristeligt Dagblad qui raconte, dans sa
version du 11 juillet, qu'une cinquantaine d'Israéliens se sont rassemblés dans
ce lieu qui offre un point de vue sur la bande de Ghaza et qui se transforme
«en une sorte de fête». Le journal rapporte également les propos de certains
spectateurs contents d'être sur place. «C'est super d'être ici. Tu peux sentir
le tonnerre et voir les roquettes. C'est une quête de sensations fortes», dira
cynique l'un d'eux. Ou encore on pouvait entendre des discours triomphalistes
comme ceux tenus par un jeune Américain de 22 ans installé en Israël qui
ajoutera que «nous sommes ici pour regarder Israël détruire le Hamas».
Cela
ne s'invente pas et l'exemple de Sderot est loin d'être un cas particulier. Ce
massacre à ciel ouvert, qui perpétue le génocide du peuple palestinien,
s'installe dans la durée à l'image de toutes les campagnes militaires
israéliennes contre les Arabes, le tout sous le regard bienveillant de
l'Occident et du silence complice des régimes arabes, malgré tous les
communiqués de dénonciation rédigés entre deux boureks. Pendant ce temps-là, on
célèbre en France le centenaire de la Première Guerre mondiale sur fond d'une
polémique algérienne. Une participation au défilé quoique symbolique avec la
présence de trois uniformes algériens accompagnés d'un ministre de la
République.
Si
la délégation officielle algérienne à ce rendez-vous a aiguisé le refus de
certains qui y voient comme un enterrement définitif de la demande du repentir
français, la présence de Youcef Yousfi, le ministre de l'Energie, ne saurait
passer inaperçue. Le choix d'un tel portefeuille est en lui-même énigmatique
puisqu'on aurait pu envoyer un autre ministre à sa place. N'importe lequel.
D'aucuns
feront vite le lien avec le dossier du gaz de schiste et la dernière visite de
Fabius en Algérie. Alors discutera-t-on du futur des énergies non
conventionnelles entre Alger et Paris en marge des fanfares militaires ? Loin,
très loin du faste parisien, des Israéliens zappent entre les Champs-Elysées et
la bande de Ghaza.
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