Ces “Fennecs” algériens au passeport français
Nos
immenses chroniqueurs-supporters sportifs, qu’on n’ose qualifier de
journalistes, n’en parlent guère mais 19 des 25 Fennecs algériens, qui
courent après une sphère ridicule puisqu’elle a la détestable gueule
d’un ballon de plage, ont dans leur sac de sport un passeport français.
Ils sont nés à la Garenne Bezons, à Nanterre, Saint Denis ou
Villeurbanne mais ont gardé le privilège de pouvoir concourir pour
l’Algérie.
.
Je me souviens de joueurs de foot d’Amérique du sud, comme Combin et
Trézéguet, qui ont naguère porté le maillot coqué. Et personne n’y a
trouvé malice. L’immense Tony Parker n’a de « français » que le fait
d’être né en France, et il fait pourtant le bonheur de tous ceux qui ne
mettent pas tout leur nationalisme dans le même panier.
Ces Fennecs affrontent les teutons,
Ces
"Fennecs" algériens ont été à l’école communale et laïque, puis la
majorité s’est perfectionnée au foot dans les Centres de formation des
clubs professionnels français. Et c’est très bien puisque seul le jeu
compte. Il a pour lui l’art improvisé, l’invention de l’immédiat, une
création qui peut parfois venir de derrière les cerveaux, inimaginable.
Le foot bien joué c’est un monde en train de naître, le terrain est une
toile et les joueurs y dessinent des œuvres insensées.
Lisez le
dernier bouquin de Jean-Claude Michéa, ce philosophe dont le landau
était un empilement de vessies de ballons et de bouquins d’Orwell, il
parle de foot, la seule « valeur » universelle capable de faire pleurer,
ensemble et d’émotion, des Inuits et des angevins. Au passage il
rappelle la formidable assertion de Cantona quand il dit : « Mon plus
joli but fut une passe », c’est même le titre de son bouquin. Ceux qui
ne comprennent pas ce que nous dit Eric ne sont que les héritiers de
Thierry Rolland, destinés à fleurir la tombe de ce fossoyeur de l’esprit
du foot. Lui, et c’est un symbole du jour, qui ne comprenait pas qu’on
puisse être à la fois tunisien et arbitre de haut niveau.
L’étendard polonais
A
l’époque précolombienne où je jouais au Racing Club de Paris, grand
rival du Stade de Reims, mes amis étaient, pour la plupart, polonais
d’origine, italiens ou tchèques. La misère et l’existence de la mine les
avaient conduits en France. Quand Kopa marquait pour les tricolores ou
le Réal, il arrivait dans les corons que des hommes aux visages dessinés
à la poussière de charbon brandissent un étendard polonais. Ou Italien
si l’auteur du coup au but était Piantoni… Votre dentiste vous le dira,
les racines sont parfois tenaces, et personne ne vient jeter la pierre
aux immigrés russes de Paris ou de Nice qui continuent, valises prêtes, à
attendre le retour d’un tsar à Moscou. Qui a protesté, lors des manifs
organisées par le CRIF, d’une subite floraison de drapeaux bleu et blanc
floqués d’une étoile de David ? Je me souviens, puisqu’on évoque des
« débordements violents », qu’un commissaire de police parisien a été
poignardé un jour de protestation en soutien à Israël par un délinquant
qui a pris la fuite vers Tel-Aviv … Mieux, au gré d’une Europe des
régions qui gomme celle des nations, personne ne siffle quand on chante
une complainte bretonne en ouverture de la finale de la Coupe de France.
Les
seuls cris, hurlements et protestations, quand on mélange les
passeports comme les cartes avant une belote, viennent de ceux qui
détestent l’Algérie et, plus largement, les arabes. Que des français
« pas de souche » se réjouissent de la victoire du pays de leur grand
père est incompréhensible pour un Finkielkraut. Comme il est le plus
intelligent de la bande, vous imaginez, qu’à la vision d’un tel
spectacle, le cerveau d’un Eric Zemmour ne peut que bouillir dans sa
petite marmite crânienne. Par charité missionnaire je ne m’étendrai pas
sur les positions d’un Thierry Mariani atteint par trop de douleur,
tant son amour pour la jeunesse Russe est de notoriété. En France la
minorité bretonne catalane ou corse peut s’afficher dans une joie que le
reste des citoyens « de souche » se doit de partager. Pour un arabe, la
minorité doit rester invisible.
Jacques-Marie Bourget.
Grand
reporter et écrivain, Jacques-Marie Bouget commence sa carrière chez
Gallimard à la NRF puis enchaine l’ORTF, L’Aurore, Le Canard Enchainé,
L’Express, VSD, le Sunday Times, Paris-Match et Bakchich.
En 1986, il a obtenu le Prix Scoop pour avoir révélé l’affaire Greenpeace.
URL de l’article : http://mondafrique.com/
EN COMPLEMENT (par LGS) :
Et en dehors du foot, ces étrangers qui ont contribué à faire la France
« Dans la France de 2014, les porteurs de noms à consonance belge,
italienne, polonaise, espagnole, portugaise, sont coulés dans le creuset
d’une banalisation totale. A l’occasion, on en fait des maires, des
députés, des ministres. Sous un nom d’usage simplifié, Nicolas Sarközy
de Nagy-Bocsa devient président de la République sans que le corps
électoral ne lui reproche ses ascendances hongroises.
Le temps a
fait son office. Une cible nouvelle est trouvée pour le racisme parfois
meurtrier (comme on l’a vu) dont ont souffert les ancêtres de ces
immigrés, racisme que perpétuent les ignares qui ont oublié, ou n’ont
jamais su, que coule dans leurs veines un mélange de sang gallo-romain,
anglais, normand, celte, ibère, germain, arabe, etc., et qu’ils sont un
patchwork de gènes, mais surtout de culture, d’éducation.
Personnalités célèbres françaises ayant des origines étrangères
« L’Italien Giulio Mazarini, plus connus sous le nom de cardinal
Mazarin, dirigea la France peu de temps après avoir été naturalisé. La
Polonaise Maria Salomea Skłodowska devint Marie-Curie ; naturalisée
française par son mariage, elle donna à la France deux prix Nobel. Le
Polonais Georges Charpak devint Français et obtint aussi un prix Nobel,
Missak Manouchian un résistant Arménien, donna sa vie pour libérer notre
pays. Compagnon de la Libération, le Russe Romain Gary, honora notre
langue jusqu’à obtenir deux fois le prix Goncourt.
Ajoutons Severiano de Heredia, mulâtre Cubain, qui fut maire de Paris.
Son cousin, José-Maria de Heredia enrichit la poésie française1. Le
Vénézuélien Francisco de Miranda fut un des généraux de la Révolution
française.
Et la liste n’en finit plus : Jacques Offenbach, Ariane Mnouchkine,
Isabelle Adjani, Zinedine Zidane, Charles Aznavour, Henri Verneuil, Paul
Verlaine, Marguerite Yourcenar, Henri Michaux, Robert Badinter, Sylvie
Vartan, Julia Kristeva, Francis Picabia, Pablo Picasso, Manu Chao,
Samuel Beckett, Coluche, Lino Ventura, Yves Montand, Michel Piccoli… »
Etc.
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