A
croire que Benjamin Netanyahu n'attendait qu'un alibi pour envoyer dere-chef
des chasseurs F-16 bombarder la bande de Ghaza et réenclencher un nouveau cycle
de violence. Le prétexte, l'enlèvement de trois jeunes Israéliens le 12 juin et
la découverte de leurs cadavres dans le sud de la Cisjordanie occupée. Pour
Tel-Aviv, le doute n'est pas permis et les deux principaux suspects de
l'enlèvement appartiennent au Hamas à Hébron. Sur la fragile base d'une présomption
de culpabilité, le Premier ministre israélien a promis de «faire payer» le
Hamas islamiste, en déclenchant une opération de représailles en Cisjordanie et
à Ghaza.
Outre
l'aspect militaire «classique», entre bombardements israéliens et roquettes défensives
palestiniennes, une chasse à l'Arabe a d'ores et déjà commencé dans les rues de
Jérusalem. Un adolescent palestinien de 16 ans a été enlevé dans la nuit du
lundi et assassiné peu après. Un acte possible de vengeance, estimaient les
médias ce mercredi, en représailles de la mort des trois jeunes Israéliens. Le
fait de désigner à la vindicte populaire l'identité des tueurs présumés, alors
que l'enquête n'a pas encore livré son verdict, a eu son effet escompté en
jetant les Israéliens dans la rue pour réclamer vengeance. Mardi soir, la
police a arrêté une trentaine de personnes qui participaient à une
manifestation dans Jérusalem sous les cris de «mort aux Arabes» alors que des
affrontements violents opposaient manifestants palestiniens et police israélienne
dans le quartier de Shuafat dont était originaire l'adolescent palestinien.
C'est
dire si les commanditaires de l'enlèvement et de l'assassinat des jeunes
Israéliens sont arrivés à leur but. Ainsi, et comme première conséquence
interne, l'accord de réconciliation conclu entre le Fatah de Mahmoud Abbas et
le Hamas, qui a conduit le 2 juin à la formation d'un gouvernement de consensus
commun à la Cisjordanie et à Ghaza, est sérieusement menacé. Sur le plan
international, ce drame a relégué au second plan les mises en garde d'une
vingtaine de pays européens de leurs ressortissants contre toute activité
économique avec les colonies israéliennes installées dans les territoires
palestiniens occupés, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. S'il n'est pas question
de boycott, ni de sanctions, il n'en demeure pas moins que c'est une première
qui veut que l'Europe soit désormais plus ferme à l'égard de la politique de
colonisation d'Israël.
Cet
épisode dramatique est aussi l'occasion pour Netanyahu d'en finir avec le Hamas
puisque depuis l'enlèvement, Tsahal a arrêté 420 Palestiniens en Cisjordanie,
dont 305 membres du Hamas. Cinq Palestiniens ont été tués par des soldats
israéliens depuis le début de l'opération. A travers cette recrudescence de la
violence, les Palestiniens qui ont décidé d'opter pour une «intifada blanche»,
une sorte de résistance non violente, risquent de revoir leurs copies et de
reprendre les armes au grand bonheur de l'Etat hébreu.
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