WikiLeaks: Manning sort de son silence, accuse Washington de mentir sur l'Irak
le 15.06.14
Photo de Bradley Manning, devenu depuis Chelsea Manning, le 20 août 2013 à...
L'ex-analyste du renseignement en Irak Chelsea Manning,
incarcérée pour avoir été à l'origine de la plus grande fuite de
documents secrets de l'histoire américaine, est sortie de son silence,
dimanche, en accusant Washington de continuer à mentir sur l'Irak.
"Alors
que l'Irak entre en guerre civile et que l'Amérique envisage encore une
intervention, ce travail inachevé confère une nouvelle urgence à la
question de savoir comment l'armée des Etats-Unis contrôle la couverture
médiatique de son engagement de longue date là-bas et en Afghanistan",
a-t-elle souligné.
Chelsea Manning, anciennement prénommée Bradley,
condamnée à 35 ans de prison en cour martiale pour la fuite de 700.000
documents confidentiels, s'exprime dans une chronique publiée dimanche
dans le New York Times, intitulée "La brumeuse machine de guerre".
"Je
crois que les limites actuelles de la liberté de la presse et le lourd
voile du secret du gouvernement empêchent que les Américains saisissent
pleinement ce qui se passe dans les guerres que l'on finance", écrit
encore la prisonnière.
"Je sais que par mes actes, j'ai violé la loi.
Cependant, les inquiétudes qui m'avaient alors guidée n'ont pas été
résolues", écrit Manning, incarcérée à Fort Leavenworth, au Kansas.
Manning,
qui a officiellement adopté le prénom féminin Chelsea et demande à
bénéficier d'un traitement hormonal pour changer de sexe, avait été
reconnue coupable en août 2013 d'avoir transmis au site WikiLeaks des
centaines de milliers de documents diplomatiques et militaires, que le
site avait publiés.
Alors que le président Barack Obama a annoncé
cette semaine étudier "toutes les options" pour empêcher l'avancée des
jihadistes en Irak, l'ancienne analyste du renseignement militaire dans
ce pays fustige "un accès éviscéré du public américain aux faits, les
laissant sans moyen d'évaluer la conduite de leurs dirigeants".
Evoquant
la présentation de l'élection de 2010 en Irak, alors décrite comme un
"succès", Manning explique que "ceux qui étaient stationnés dans ce pays
étaient tout à fait conscients d'une réalité plus complexe" que celle
présentée officiellement.
"J'étais choquée par la complicité de notre
armée dans la corruption de l'élection. Pourtant ces détails
profondément troublants ont disparu des radars des médias américains.
Comment les plus hauts décideurs peuvent-ils dire que l'opinion publique
américaine et même le Congrès soutiennent le conflit alors qu'ils n'ont
pas eu la moitié des informations?", écrit Manning, en précisant
n'avoir jamais vu plus de douze journalistes américains accrédités
simultanément en Irak pour une population de 31 millions habitants et
117.000 soldats américains.
Il s'agit de sa "première chronique
écrite derrière les barreaux", souligne Emma Cape, du Réseau de soutien
de Manning, soulignant sa "perspective unique sur la question".
"L'article
démontre le perpétuel intérêt de Manning à militer pour la transparence
du gouvernement", ajoute-t-elle dans un communiqué.
AFP
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