Un enlèvement qui soulève interrogations
par Kharroubi Habib
L'enlèvement il y a quelques jours de trois adolescents israéliens
près d'Hébron en Cisjordanie dans une zone sous contrôle policier et militaire
de l'Etat sioniste n'a été jusqu'à maintenant revendiqué d'aucun côté. Ce qui
n'a pas empêché le Premier ministre Benyamin Netanyahu de l'imputer au Hamas et
d'en rendre responsable aussi l'Autorité palestinienne. Suite à quoi les
autorités israéliennes ont lancé une vaste opération en Cisjordanie qui sous
prétexte de trouver et de libérer les trois adolescents donne lieu à des
arrestations en masse de citoyens palestiniens en majorité ciblés pour leur
appartenance ou sympathie pour le mouvement islamiste Hamas. Parmi ceux-ci se
comptent d'ex-détenus en Israël récemment libérés et des responsables dont le
président en titre du parlement palestinien.
En focalisant sans preuve sur le Hamas, Netanyahu tente à
l'évidence de contrer la répercussion favorable qu'a eue internationalement la
réconciliation qui s'est opérée entre cette faction et celle du Fatah de
Mahmoud Abbas qui a permis la constitution d'un gouvernement palestinien
d'union nationale.
L'enlèvement des trois adolescents israéliens est une
réalité. Il est survenu néanmoins à un moment où Israël a besoin d'un événement
dramatique pour donner du crédit à sa thèse qu'il n'y aurait rien à attendre
pour la paix entre lui et les Palestiniens après que ces derniers ont scellé
leur réconciliation qui réintègre le Hamas dans le jeu politique et ignore que
celui-ci est considéré par lui comme étant une organisation « terroriste »
vouée à sa destruction. Une coïncidence qui donne à réfléchir d'autant que les
zones d'ombre entourant l'opération sont nombreuses.
Pourquoi d'abord les autorités israéliennes ont
immédiatement accusé le Hamas d'être derrière elle et cela alors même que leurs
services de renseignement nagent en plein cirage dans leur tentative de savoir
par qui les trois adolescents ont été enlevés ? Pourquoi aussi la police
israélienne alertée peu après par l'un d'eux qui était parvenu à la contacter
téléphoniquement a mis plusieurs heures à se convaincre de la réalité du rapt
et à se déployer pour tenter de les retrouver ? Pourquoi enfin les ravisseurs
ont choisi pour entreprendre leur opération dans une zone qui n'est pas sous
contrôle policier de l'Autorité palestinienne mais sous celui des Israéliens ?
Il n'est certainement pas à exclure que le rapt est le fait
d'activistes du Hamas opposés à la réconciliation intervenue entre leur mouvement
et le Fatah. Ne doit pas l'être plus certainement l'hypothèse qu'il a été
télécommandé par une des officines de l'action secrète anti-palestinienne dont
on sait qu'elles infiltrent à un haut degré les groupuscules palestiniens en
désaccord aussi bien avec le Hamas que le Fatah.
Ce que l'on constate à l'évidence c'est que l'émotion
suscitée par le sort des trois adolescents permet à Netanyahu et à ses
collaborateurs d'interpeller la communauté internationale en la sommant de
réviser son appréciation positive sur la réconciliation inter-palestinienne et
de cesser son rapprochement avec le Hamas. Interpellation qui se heurte au
scepticisme méfiant au plan international que provoque la présentation censée
être de l'événement faite par les autorités israéliennes et les conclusions
qu'elles en tirent et qui toutes visent à casser la dynamique de l'unité
inter-palestinienne et à servir de prétexte au renforcement de l'occupation
israélienne en territoires palestiniens. Même les Etats-Unis d'ailleurs se sont
gardés d'entériner franchement la présentation israélienne. C'est dire que
l'opération d'Hébron paraît trop concorder avec les calculs des autorités
israéliennes pour que le doute n'accompagne pas sur ses tenants et
aboutissants.
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