Qui a dit que l'Algérie a perdu la main dans le dossier malien ?
par Kharroubi Habib
Depuis le lancement par la France de l'opération militaire
«Serval» dans le nord du Mali, l'Algérie a semblé avoir perdu la main sur le
dossier de la crise malienne au profit de Paris et d'acteurs régionaux l'ayant
supplantée en terme d'influence auprès des protagonistes de cette crise. Une
perception qui a valu chez elles aux autorités algériennes la critique d'avoir
abdiqué sur ce dossier pourtant crucial pour les intérêts nationaux
géostratégiques et sécuritaires de l'Algérie.
Depuis quelque temps, plus précisément suite aux
affrontements militaires ayant opposé à Kidal et dans sa région l'armée
malienne et les combattants du MNLA, et après le cessez-le-feu qui s'est
négocié entre Bamako et ce mouvement sous l'égide de l'Union africaine, la
diplomatie algérienne a fait un spectaculaire «come-back» dans le processus
visant à trouver une issue à la crise malienne. Après une série de contacts et
de concertations tous azimuts entrepris par le chef de notre diplomatie Ramtane
Lamamra, Alger a en effet abrité successivement une réunion regroupant les
principaux groupes rebelles de l'Azawad qui a abouti sous la médiation
algérienne à l'adoption par eux d'une plate-forme commune délimitant de leur
point de vue le cadre des négociations directes avec le gouvernement de Bamako
auxquelles ils sont prêts à prendre part.
Ce fut ensuite la tenue de la 4ème session du comité
bilatéral stratégique algéro-malien qui a vu les autorités de Bamako octroyer
leur aval à une médiation active de l'Algérie. Laquelle session a été suivie
par celle réunissant les ministres des Affaires étrangères des pays du Sahel.
Son retour en force dans le traitement du dossier de la crise malienne,
l'Algérie l'a réussi en suivant la ligne directrice consistant à rallier à son
plan de sortie de crise et les protagonistes directs de celle-ci et les
partenaires internationaux ou régionaux de l'Etat malien concernés et
préoccupés par sa persistance. Mission réussie pour la diplomatie algérienne
dont tout le monde salue désormais le regain d'implication dans l'affaire
malienne, y compris Paris qui semble avoir cessé de vouloir marginaliser Alger
sur le traitement de celle-ci.
S'expliquant sur les tenants et aboutissants des rencontres
en lien avec la crise malienne qu'Alger a abritées, Ramtane Lamamra a fait
valoir qu'elles ont permis de baliser le cadre qui va permettre aux parties
maliennes d'entrer de plain-pied dans le dialogue inclusif inter-malien que
tout le monde a déclaré vouloir mais en a été empêché sous différents prétextes
ou faute d'accord sur son fond. Ce cadre, l'Algérie l'a finalement délimité en
accord avec toutes les parties concernées. Une adhésion qui augure que la phase
initiale de ce dialogue dont le lancement va se faire rapidement à Alger va
consacrer le rôle déterminant que la diplomatie algérienne a décidé d'assumer
pour réconcilier entre eux les Maliens.
Ils se sont assurément trompés ceux qui ont pris la
discrétion dans l'action qui a caractérisé la diplomatie algérienne sur le
front sahélo-malien pour un « baisser de bras » dû à l'impuissance du pays à
faire valoir son statut de puissance régionale et résigné à voir sans réagir
d'autres parties prendre la place qui lui revient dans la région sahélienne qui
est sa profondeur stratégique.
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