Ahmed Ouyahia, ministre d'Etat, directeur du cabinet présidentiel,
a clôturé jeudi après-midi le cycle des consultations autour de la révision de
la Constitution qu'il avait été chargé d'entreprendre par le chef de l'Etat. Au
terme de cet aspect de sa mission, Ouyahia aura reçu plus de 70 invités entre
leaders de partis politiques, personnalités nationales, associations de la
société civile et universitaires, sur les centaines qui ont été destinataires
de son invitation à le rencontrer.
Bien que parmi la trentaine de destinataires ayant décliné
de participer aux consultations il en est dont l'absence a incontestablement
marqué les esprits parce que s'agissant de partis ou personnalités aux
positionnements qui ne laissent pas indifférent, le pouvoir ne manquera pas
évidemment de qualifier de « réussite » l'opération de consultations qu'a
pilotée le directeur de cabinet du président. Mais si effectivement Ouyahia n'a
enregistré finalement que peu de défections, il ne peut être représenté que le
panel d'invités qu'il a reçu suffit à avaliser que ces entretiens ont permis
que la construction d'un consensus large tel que voulu par le pouvoir autour de
son projet de révision de la Constitution a été atteinte.
L'on ne peut en effet parler de consensus dès lors que les
interlocuteurs d'Ouyahia sont dans leur majorité proches du pouvoir même si
certains d'entre eux affichent d'être à distance de lui. Pour le citoyen lambda
qui a suivi le déroulement des consultations, le défilé de figures auquel elles
ont donné lieu a été la confirmation à ses yeux qu'il s'est agi d'une opération
qui n'a concerné que le pouvoir et des acteurs n'étant pas en divergence
fondamentale avec lui. Il ne faut pas s'étonner à ce qu'ils sont nombreux à ne
voir dans ces consultations qu'un stratagème dont le but a été de créer
l'illusion qu'il n'a pas été de l'intention du pouvoir de procéder à la
révision de la Constitution en cercle fermé en son sein sans prendre au
préalable les avis et propositions du plus grand nombre d'acteurs politiques,
sociaux ou spécialisés qui puisse être.
Ils se sont d'autant convaincus que le scénario des
consultations sur la révision de la Constitution auquel Ouyahia a prêté la main
leur est apparu un remake à l'exact de celui qui a eu pour metteur en scène
Abdelkader Bensalah et la commission l'ayant assisté. Qu'en a-t-il résulté de
ce dernier si ce n'est que Bouteflika avait procédé à une révision dont le
contenu n'a répondu qu'à ce que lui voulait et des textes de loi sur les partis
et le processus électoral ayant ignoré les avis recueillis. De là à considérer
que le pouvoir est dans la même logique pour ce qui est des consultations
menées par Ouyahia, le pas a été vite franchi et d'aucuns pensent que la
mouture de révision qui sera finalement présentée pour adoption a été déjà
ficelée avant qu'Ouyahia n'entame ses entretiens. Si cela n'est pas l'intention
du pouvoir, pourquoi alors avoir opté pour ce type de consultations et non pas
pour une conférence nationale réunissant le maximum de participants avec pour
but qu'elle détermine les axes devant guider le travail d'amendement de la loi
fondamentale ?
La nécessité de réviser la Constitution est proclamée par
tous quel que soit le positionnement doctrinal et politique de chacun. La
démarche adoptée par le pouvoir indique qu'il entend être le seul déterminant
de son contenu. Preuve s'il en est qu'il n'est pas disposé à faire de
concessions ou à céder aux revendications qui remettent en cause son
fonctionnement et mode d'exercice.
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