Le plus dur reste à faire par l'opposition
par Kharroubi Habib
Les
acteurs politiques et sociaux ayant participé mardi à la conférence nationale
sur la transition démocratique ont à juste titre souligné que leur rencontre a
fait la démonstration qu'ils ont pu dépasser les clivages qui les ont empêchés
jusque-là de se parler et d'envisager d'agir solidairement pour tenter de
sortir le pays de la crise multidimensionnelle dans laquelle l'a plongé un
régime défaillant et déliquescent et qui malgré cela s'accroche au pouvoir
quitte à ce que le chaos en résulte.
La
conférence de l'hôtel Mazafran a incontestablement marqué un tournant pour
l'opposition politique algérienne. En l'organisant, celle-ci a signifié qu'elle
est déterminée à mettre en avant les convergences qui peuvent apparaître entre
ses composantes et s'y tenir pour concevoir une stratégie d'action et
d'engagement commune face au pouvoir considéré désormais par tous comme le
problème dans la crise algérienne.
Si
tous les participants à la conférence du Mazafran ont exprimé la satisfaction
qu'ils ont d'avoir contribué au pas en avant positif qu'a fait l'opposition en
l'occurrence, nul d'entre eux n'a, on veut le croire, la naïveté de penser que
les choses vont changer comme il l'espère uniquement parce que l'opposition a
fait la démonstration qu'elle peut parler d'une même voix et s'est entendue sur
la nécessité de la mise en place d'une transition démocratique comme issue à la
crise dans laquelle se débat l'Algérie.
Si
l'illusion qu'il pourrait en être ainsi a effleuré les esprits d'aucuns,
Abdelmalek Sellal s'est chargé au nom du pouvoir de leur signifier que celui-ci
est dans un tout autre état d'esprit et poursuit un plan politique excluant
tout ce que l'opposition propose dans le sien. C'est pourquoi la conférence du
Mazafran doit impérativement être suivie d'autres initiatives de la part de
l'opposition prouvant au pouvoir qu'elle ne se confinera pas à agiter en vase
clos sa proposition d'une transition démocratique mais faire en sorte de la
jeter au sein du peuple qui seul en la reprenant à son compte sera en mesure de
l'imposer au pouvoir.
En
d'autres termes, les partis et personnalités nationales ayant souscrit à la
plateforme politique pour une transition démocratique ne doivent pas se
contenter d'y avoir adhéré mais « mouiller le maillot » pour faire partager
leur projet par le peuple algérien. Ce qui implique qu'ils aillent à lui,
qu'ils brisent le mur de défiance sur lequel ils ont buté et que leur a valu
leur exercice de la politique qui ne faisait pas place à la participation
responsable du peuple à la définition de ce qui serait bon pour la nation.
Sans
l'adhésion autour d'elle de ce peuple, l'opposition ne peut espérer amener le
pouvoir à donner suite à ses propositions. Benflis, l'une de ses locomotives,
en est apparu conscient et a cherché à en convaincre les participants à la
conférence en leur faisant valoir que « le dialogue avec le pouvoir ne doit pas
se limiter à un duel entre le pouvoir et l'opposition mais doit intégrer un
troisième élément qui est le peuple ». L'intégration du peuple dans ce duel est
le vrai et décisif défi auquel l'opposition doit s'attaquer. En se rassemblant,
elle a apparemment opté pour la démarche qui lui permettrait d'entreprendre la
reconquête de l'estime populaire qui rendrait plus audible sa voix au sein de
l'opinion.
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