LA TRANSITION, SELLAL ET L'ARMEE
par Moncef Wafi
« Historique», c'est l'épithète qui revient le plus
souvent pour qualifier la conférence nationale sur la transition de ce mardi
qui a réuni, et pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie, une
opposition en ordre de marche, toutes tendances politiques comprises.
Démocrates, républicains, islamistes ou sans chapelle politique, l'opposition
algérienne a réussi le pari de transcender toutes les divergences idéologiques
et personnelles qui ont depuis toujours fait le lit du pouvoir en place.
Le message de la Coordination nationale pour les
libertés et la transition démocratique (CNLTD) et des autres personnalités et
partis présents au rendez-vous est clair et sans ambages : le changement par la
transition. Plus qu'une exigence, une épitaphe pour un système qui a réussi la
gageure d'unifier une classe politique nationale, dite d'opposition, que tout
divisait. L'opposition, en décidant de mettre ses divergences et les ego de ses
chefs de côté, en appelle à l'ANP pour jouer un rôle, sinon LE rôle, dans cette
transition «démocratique» et «pacifique» exigée. En mettant ainsi l'institution
militaire au-devant de la scène, les partisans de la transition tentent de
s'inscrire dans la logique des équilibres de force en Algérie et même s'ils ont
l'intime conviction que la «grande muette» ne répondra pas à leur appel, ils
espèrent qu'elle ne les contrariera pas, adoptant la neutralité dans ce qui
s'apparente, d'ores et déjà, comme un bras de fer entre l'opposition et le
gouvernement.
L'autre béquille sur laquelle prétend se reposer
l'opposition est la mobilisation et l'adhésion citoyenne pour mener à bien le
projet de la transition. A propos de la position du peuple, le représentant de
Djil Djadid dira que «c'est lui qui va faire changer les rapports de force». Le
Premier ministre Sellal a été très clair à ce sujet puisqu'il a qualifié la
transition de «faux problème», excluant également le retour de l'ex-FIS, dont
des dirigeants étaient présents à la conférence de la CNLTD. Et comme pour
mieux souligner son refus à une quelconque transition, il a affirmé que la
dissolution de l'APN n'était pas non plus dans l'agenda gouvernemental. Des
réponses indirectes à la plateforme portant organisation de la transition,
véritable feuille de route de l'opposition pour prétendre à un changement du
système actuellement en place. Sellal, à travers ses «constantes», répond
également à une interrogation de l'opposition sur la réaction du pouvoir face à
cette démarche. Un point d'interrogation qui a déjà trouvé réponse dans
l'esprit de tous les acteurs de la transition qui estiment que «le jeu est
piégé» pour ne reprendre que les propos de Karim Tabbou.
De cette rencontre, les participants convergeront
vers l'approfondissement du dialogue, l'enrichissement du projet de plateforme
déjà mis en place ainsi que l'élaboration d'un document consensuel de référence
à soumettre au pouvoir et à la société. L'opposition a aussi réaffirmé sa
détermination à «poursuivre la lutte», manière d'inscrire dans la durée leur
action politique. La réunion a débouché entre autres sur les traditionnelles
mises en garde contre la corruption, le favoritisme et l'absence d'une vision
économique. Dans les recommandations de la CNLTD, «la nécessité d'associer les
femmes et les jeunes» dans cette transition et l'importan
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