ELWATAN-ALHABIB
lundi 16 juin 2014
 

Hocine Malti: "Exploiter le gaz de schiste pour l'Algérie équivaut à se tirer une balle dans le pied" 

 

 

 

 

HuffPost Maghreb  |  Par Malik Tahir 
Hocine Malti, ancien haut responsable de Sonatrach, auteur d’une Histoire secrète du pétrole algérien (La découverte) a lancé un appel aux Algériens à "s’indigner " et à contraindre le gouvernement à renoncer à exploiter le gaz de schiste. Dans cet entretien, il explique les raisons de son opposition à une option qui, affirme-t-il, est dangereuse et suicidaire pour l’Algérie.

Pourquoi vous opposez-vous à l’option du gaz de schiste alors que le pays connait, selon les experts, un déclin pétro-gazier ?
Nous parlerons un peu plus loin du déclin de la production de pétrole et de gaz. Quant aux raisons pour lesquelles je m’oppose à l’exploitation du gaz de schiste, elles sont nombreuses et connues de tous.
Premièrement la pollution qu’elle cause. La technique aujourd’hui utilisée pour extraire le gaz est la fracturation hydraulique. Il s’agit d’injecter à très haute pression dans le puits un mélange d’eau, de sable et des produits chimiques afin de créer une perméabilité artificielle de la roche en la fracturant, car le schiste est très compact et imperméable. Les fissures ainsi créées constitueront autant de voies de communication possibles entre la couche porteuse et d’autres situées au-dessus ou au-dessous, à travers lesquelles vont circuler le mélange eau-produits chimiques, mais aussi un peu de gaz. Et c’est là que se trouve le grand danger de cette technique, car les deux peuvent atteindre lors de leur migration les immenses réserves d’eau de la couche albienne notamment. Or les produits chimiques utilisés sont pour certains radioactifs et pour d’autres cancérigènes ; le schiste lui-même recèle des gaz radioactifs qui seront également libérés. Tous ces produits vont se retrouver aussi en surface et dans l’air.
LIRE AUSSI: Les techniques d'extraction du gaz de schiste (VIDÉO)
Certains parlent d’exagération et citent les Etats-Unis comme exemple...
On a vu aux Etats-Unis des robinets d’eau flamber ce qui prouve bien que même les couches d’eau potable, proches de la surface du sol, ont été contaminées. Aux Etats-Unis toujours, où la règlementation est pourtant très stricte, plusieurs compagnies pétrolières ont été condamnées à de très fortes amendes car les décharges de produits chimiques qu’elles avaient créées et la pollution des eaux de rivières qu’elles avaient provoquée, ont causé d’énormes dégâts à la faune et à la flore environnantes.
Dans le cas de l’Algérie, si l’eau de l’albien venait à être polluée, ce sont des milliers de milliards de mètres cubes d’une eau de pluie accumulée depuis des siècles qui serait définitivement perdus. L’Etat algérien aura ainsi porté atteinte à la source de vie des générations futures ; si les citoyens que nous sommes laissaient faire, nous serions complices d’un tel crime. On assiste quasi journellement à travers le monde à des manifestations contre l’exploitation du gaz de schiste.
Parmi les rares pays qui l’ont autorisée, on trouve la Pologne où les fermiers se sont opposés violemment aux opérations de Marathon, Exxon et Talisman Energy. Déçues par les résultats enregistrés, par les réserves du pays qui sont passées en quelques années de 5 300 milliards de mètres cubes à 800 et par l’accueil de la population, ces multinationales ont fini par quitter le pays.

En Argentine, ce sont les Indiens du sud du pays, les Mapuche, qui se sont insurgés contre les opérations menées par Chevron. La plus haute autorité morale du christianisme, le pape François a fait part de son opposition à la fracturation hydraulique dans son pays d’origine l’Argentine, en recevant un groupe d’activistes argentins et en posant avec eux pour une photo avec un tee-shirt indiquant "No al fracking" (Non à la fracturation hydraulique).
En France, le gouvernement a proclamé un moratoire interdisant l’exploitation du gaz de schiste jusqu’à ce que soit mise au point une technologie moins polluante, moins nocive pour l’homme, pour les animaux et pour la végétation. Le gouvernement algérien lui-même reconnait la dangerosité de cette exploitation : le communiqué publié à l’issue du conseil des ministres du 21 mai dernier spécifie qu’il y a lieu "de veiller à ce que la prospection, et plus tard l’exploitation des hydrocarbures schisteux soient menées en permanence avec le souci de préserver les ressources hydriques et de protéger l’environnement".


Est-ce uniquement pour des questions environnementales que vous êtes contre?
La deuxième raison pour laquelle je suis opposé à l’option gaz de schiste est que les Algériens ne maitrisent pas la technique d’extraction ; ils sont condamnés à faire appel aux compagnies étrangères qui nous factureraient certainement très cher leur savoir-faire. Or cette activité est très peu rentable.
On ne peut, en effet, mettre en production par fracturation hydraulique qu’une zone limitée à cent ou deux cents mètres maximum autour du puits, car la nature imperméable de la roche empêche le gaz de circuler, contrairement à ce qui se passe dans les gisements de gaz naturel. On ne peut donc extraire qu’une faible partie des réserves en place.
Pour ces mêmes raisons, le profil de production d’un puits de gaz de schiste est totalement différent de celui produisant du gaz naturel ; ce dernier va continuer à produire durant plusieurs décennies, tandis que l’autre va s’essouffler au bout de 4 à 5 ans. Pour maintenir le niveau de production, il faudra forer encore et encore et par conséquent engager des sommes énormes d’argent, que l’Algérie aurait tout intérêt à utiliser pour d’autres activités économiques. Ce qui explique pourquoi l’exploitation du gaz de schiste ne serait pas rentable en Algérie aujourd’hui.


Ce n’est pas rentable aussi aux Etats-Unis?
Même aux Etats-Unis où les coûts sont moindres que chez nous, l’exploitation n’a été rendue possible que grâce à la politique laxiste en matière de crédit adoptée par la Réserve Fédérale depuis 2007. Malgré cela de nombreuses compagnies ont de grosses difficultés à rembourser les prêts qu’elles ont contractés pour se lancer dans l’aventure du gaz de schiste, tandis que d’autres ont tout simplement mis fin à leurs opérations. L’activité elle-même a nettement baissé : les investissements pour le pétrole et le gaz non conventionnel sont passés, selon l’agence Bloomberg, pour toute l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) de 54 milliards de dollars au premier semestre 2012 à 26 milliards pour la même période de 2013.
C’est d’ailleurs parce qu’elles espèrent réaliser des opérations plus juteuses que chez elles que les compagnies américaines voudraient venir travailler en Algérie.
Elles ont effectivement de grandes chances de tirer leurs épingles du jeu en raison du coût élevé des prestations qu’elles factureront à Sonatrach, d’une part, mais aussi parce que la nouvelle loi sur les hydrocarbures leur permet de ne payer des impôts à l’Etat algérien qu’en fonction de la rentabilité des opérations qu’elles entreprennent. Il leur sera facile de démontrer que celle-ci est nulle ou très proche de zéro. Pour Total, la situation est identique avec en plus le fait que le groupe ne peut, pour le moment pas travailler en France.


Vous avez appelé les Algériens à s’indigner et à contraindre le pouvoir à revenir sur sa décision d’exploiter le gaz de schiste. Entretemps, Abdelmalek Sellal a dit que l’exploitation du gaz de schiste ne se fera que sur le long terme et Youcef Yousfi a affirmé qu’il serait irresponsable de ne pas l’exploiter le gaz de schiste. L’opinion algérienne est assez désemparée devant ces discours contradictoires. Peut-on expliquer les choses simplement?
C’est probablement de crainte de heurter l’opinion publique que le premier ministre a semblé rejeter à beaucoup plus tard l’exploitation du gaz de schiste, tout en rajoutant quand même que ce serait "haram" de ne pas le faire, tandis que le ministre de l’énergie a lui été plus direct. Il est clair qu’ils sont tous deux taraudés par le déclin de la production de pétrole et de gaz en Algérie un phénomène qu’ils semblent découvrir, alors que les spécialistes ont tiré depuis longtemps la sonnette d’alarme. Je dirais même qu’un vent de panique souffle actuellement dans les rangs du pouvoir. Mais ce que ne disent ni Sellal, ni Yousfi, c’est qui est responsable de cette situation. Qui a poussé au-delà des limites du raisonnable, au-delà des règles de bonne conservation des gisements, l’exploitation de Hassi Messaoud et de Hassi R’Mel pour ne citer que les deux plus gros gisements algériens ? Qui a publié une profession de foi dans le Washington Times du 22 novembre 2002, selon laquelle "l’Algérie ambitionne de devenir le premier producteur de pétrole du continent africain et d’assurer ainsi aux Etats-Unis la sécurité énergétique dont ils ont besoin"? Abdelaziz Bouteflika. Chakib Khelil l’a mise à exécution.
A la suite de quoi les importations américaines de brut algérien qui étaient quasi nulles à l’arrivée de ce tandem aux affaires (50 000 tonnes en 2000), sont passées à 500 000 tonnes en 2001, avant d’atteindre 1 500 000 tonnes en 2002, pour culminer à plus de 22 000 000 de tonnes en 2007 et se stabiliser enfin aux alentours de 16 à 17 millions de tonnes jusqu’en 2010, année du limogeage de l’ex-ministre de l’énergie. Cette frénésie à satisfaire les desiderata des Américains a causé une très sérieuse détérioration des gisements de pétrole. Dans nombre d’entre eux d’importantes quantités de pétrole ont été piégées et ne seront plus jamais récupérées. Le même point de non-retour a été atteint à Hassi R’Mel également. C’est là la pire des situations que puisse connaitre tout gisement et que tout ingénieur de réservoir –Chakib Khelil en est un– doit tout faire pour l’éviter.

On pourrait objecter que l’option prise pour le gaz de schiste vise à corriger cette situation...
Laisser faire est tout simplement criminel. Maintenant que le mal est fait, que le régime de Bouteflika a bradé les ressources en hydrocarbures de l’Algérie, il nous propose de porter atteinte à la denrée la plus précieuse que recèle le sous-sol algérien, l’eau. Voici des années qu’il nous rabâche les oreilles avec la même litanie : nous devons nous préparer pour l’après-pétrole. Mais qu’a-t-il fait dans ce sens ? Rien, si ce n’est continuer à dilapider les ressources financières du pays afin de pérenniser son pouvoir. A-t-il cherché à modifier le système économique rentier sur lequel il a bâti ce pouvoir? Non. Et maintenant que nous sommes entrés dans l’après-pétrole que nous propose-t-il ? La solution de facilité : continuer à vivre de la rente ! Produire un autre pétrole dans l’après-pétrole afin de perpétuer le système et le régime en place ! Continuer à utiliser la même recette, celle qui lui a permis d’acheter des consciences, d’acheter des soutiens, à l’intérieur et à l’extérieur, d’acheter le silence des grandes puissances, celle qui a aussi permis à tous les mafieux qui gravitent autour et à l’intérieur du pouvoir de constituer d’énormes fortunes!
A-t-il pensé à stimuler le génie des hommes? Non. A mettre à contribution l’intelligence humaine ? Non. Il ne sait d’ailleurs pas ce que cela signifie, car de l’intelligence, il n’en a pas. A imaginer un autre système économique qui ferait que le pays ne dépendrait plus d’une seule et unique ressource, un système qui rendrait les citoyens plus inventifs, plus industrieux et finalement plus libres ? Encore une fois, non. Ce régime est incapable de raisonner de cette façon. Et puis c’est dangereux pour lui. Des citoyens qui innovent, qui travaillent, qui ne dépendent pas de lui, c’est le glas qui sonne pour lui.

Mais sortir de la rente prendra du temps...
Les Algériens ne sont pas des manchots, ils savent utiliser leurs mains. Savent-ils manufacturer, fabriquer un quelconque objet dans une grosse usine ou dans une toute petite échoppe ? Bien sûr qu’ils savent le faire. Sont-ils des débiles incapables de faire fonctionner leurs cerveaux, incapables de toute réflexion, incapables de toute créativité ? Evidemment, non. Les Algériens sont, comme tous les autres peuples de la Terre, en mesure de créer, de produire, de réfléchir, d’imaginer, d’innover, de maitriser, même les technologies de pointe, pour peu que l’Etat mette à leur disposition les conditions nécessaires ! Mais ils ont affaire à des gouvernants qui ne sont pas à la hauteur des aspirations du peuple, des gouvernants qui ne sont motivés que par leurs intérêts personnels, qui ont tout fait pour briser toute initiative qui viendrait du peuple, des gouvernants qui ont cherché à faire de chaque citoyen algérien un assisté, un individu qui viendrait quémander auprès d’eux les miettes de ce gros gâteau, la rente pétrolière, qu’ils considèrent être leur bien privé.
LIRE AUSSI: Algérie: Le gaz de schiste n'a pas beaucoup de partisans dans la presse et les réseaux sociaux
Est-ce qu’il y a des solutions?
Des solutions existent pour éviter ce " naufrage " qui leur fait tellement peur. Revoir la politique des prix des produits dérivés des hydrocarbures afin d’éviter la gabegie instaurée dans ce secteur, instaurer un sérieux contrôle des prix et des circuits de commercialisation des produits pétroliers ou de la bouteille de gaz butane qui ont permis à toute une mafia de s’enrichir en les revendant au Maroc ou au Mali. Il suffirait aussi que nos gouvernants décident de mener une lutte implacable contre la corruption pour faire rentrer immédiatement, et chaque année, au minimum quelques 10 milliards de dollars dans les caisses de l’Etat. C’est évidemment ce qu’ils ne comptent pas faire, car pour eux la corruption est le système de gouvernance sur lequel ils ont bâti leur pouvoir ; prêcher la vertu équivaudrait donc à scier la branche sur laquelle ils sont assis. D’autant plus que derrière eux on a vu apparaître ces dernières années une nouvelle race d’oligarques, encore plus voraces que ceux qui les ont précédés, qui vont exiger qu’en cette fin de règne, et avant d’entrer complètement dans la période trouble de l’après-pétrole, leur soit garantie une nouvelle rente.
Réétudier sérieusement le barème du prix du gaz vendu aux ménages et aux industriels afin que soit établi un meilleur équilibre entre l’offre et la demande est une autre solution qui éviterait que ne soit bradée et gaspillée une ressource de plus en plus rare. Mettre en place un nouveau modèle énergétique, exploiter les énergies renouvelables, l’énergie solaire notamment, sont deux autres pistes à explorer. Puis enfin, poser à la base de toute réflexion, un axiome : l’Algérie n’est pas condamnée à être à jamais un simple fournisseur d’énergie.

Dans le cas où l’Algérie va vers l’exploitation, qui en profitera le plus? Les Américains? Les Français? Qu’y gagnerait l’économie algérienne?
Je sais en tout cas qui y perdra beaucoup, l’Algérie. Pour toutes les raisons que j’ai déjà évoquées. J’ai expliqué comment les partenaires étrangers ne paieraient à l’Etat qu’un impôt très faible, voire pas du tout, car il leur sera facile de démontrer que la rentabilité de l’exploitation est quasi nulle, si ce n’est carrément nulle. Sonatrach, de son côté, perdra de l’argent, car elle aura en plus à supporter le coût de l’assistance que lui facturera son partenaire. On constate qu’aujourd’hui aux Etats-Unis, le coût de revient du gaz de schiste est supérieur au prix de vente, ce qui explique la baisse de l’activité dont j’ai parlé tout à l’heure. Ne gagnent de l’argent que ceux qui produisent de l’huile et du condensat en concomitance avec le gaz. Ce sera pire en Algérie. On sait que Sonatrach subit à l’heure actuelle d’énormes pressions de la part de ses clients qui lui demandent de baisser les prix du gaz naturel qu’elle leur livre et de le déconnecter du prix du brut. Ce retournement du marché est dû au gaz de schiste qui est venu concurrencer le gaz naturel. Si l’Algérie venait à produire de nouvelles quantités de gaz de schiste, elle participerait donc à accentuer la tendance ; elle se tirerait une balle dans le pied.
Économiquement parlant, Américains et Français en tireraient, je pense, un profit équivalent, la différence étant qu’en France il existe une seule grosse compagnie pétrolière Total, alors qu’aux Etats-Unis on en trouve des dizaines, de toutes tailles.
 
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