GUERIR UNE GRIPPE PAR LA GREFFE D'UN REIN
par M. Abdou BENABBOU
Evaluer
le coût financier du manque de savoir-faire, si on s'évertuait sérieusement à
s'y intéresser nous ferait tomber des nues. Plomberie, électricité, mécanique
et les multitudes vertus des accommodations que nous gérons tous les jours
coûtent de l'argent. Réparer une fuite d'eau ou installer un chauffe-bain, se
soucier d'une panne de voiture ou fixer un nouveau climatiseur, comme
d'innombrables autres contraintes inévitables, nous imposent des charges qui
allègent tous les porte-monnaie. L'insuffisance d'aptitude professionnelle chez
les garants supposés des remèdes domestiques est souvent porteuse d'un surcoût
qu'on devrait le regarder de plus près.
La
non qualification des acteurs est toujours nourricière de tâtonnements. Les
bons mécaniciens comme les solvables plombiers et électriciens n'existent plus.
Aller directement à la source du mal est devenu un long et scabreux voyage.
Dénicher aux premiers abords l'usure prononcée d'une durite ou d'une batterie
renvoie bêtement au changement d'une cylindrée. Se diriger franchement et en
connaissance de cause vers un robinet d'eau défaillant laisse place stupidement
au remplacement d'une chaudière. Comme si pour guérir une grippe, la greffe
d'un rein était imparable.
Le
règne de la gabegie est si absolu qu'il n'est pas difficile à tout un chacun
d'entrevoir les contours d'une culture où l'irrationnel est roi. Sa dictature
devient logique quand les normes universelles sont bouleversées et les valeurs inversées.
Jeter de l'argent sans que l'on se rende compte par les fenêtres devient alors
un sport national. L'exercice a de qui tenir quand ceux qui guident et
régissent nos gestes et nos comportements cassent sans grande conscience notre
tirelire nationale. Un sou n'est plus un sou puisqu'il n'est engendré ni par la
sueur ni par le savoir. Quand les compétences disparaissent, le champ devient
libre pour les outrances .Le temps est insulté par les plus incroyables des
inconséquences.
Alors
est plombier ou mécanicien qui veut et tant pis pour le savoir-faire.
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