Des acteurs politiques aux réflexes identiques
par Kharroubi Habib
Le pouvoir pense que les partis et personnalités qu'il a
conviés à participer aux consultations autour de la révision de la Constitution
constituent un éventail représentatif des courants d'opinions entre lesquels se
partage la société algérienne et qu'ainsi donc la somme de leurs avis et
propositions reflèteront au plus près possible ses demandes et attentes liées à
cette révision. Ce qui n'est pas du tout le point de vue des citoyens en voyant
qui défilent chez Ahmed Ouyahia. Certes, ce sont toutes des personnalités
partisanes ou nationales respectables. De là pourtant à considérer que ce
qu'elles ont dit ou diront au directeur de cabinet de la présidence est ce que
ces citoyens veulent, il n'y a que le pouvoir qui feint de le croire.
La réalité est que le grand absent du prétendu dialogue que
le pouvoir a engagé sur son projet de révision de la Constitution est le peuple
algérien lui-même. L'on ne peut en effet soutenir qu'il y est associé au
travers des partis et personnalités conviés. Si l'intention du pouvoir avait
été de prendre l'avis du peuple, la solution aurait été qu'il soumette à
consultation populaire son projet qui ne soit pas confinée à la seule
participation d'invités qui répétons-le ont vocation à y prendre part mais ne
sont nullement habilités à parler au nom du peuple dans son entier.
Cette mise à l'écart du peuple sur des problèmes qui
concernent son avenir au premier chef n'est pas le fait du seul pouvoir.
L'opposition qui rejette la démarche du pouvoir dans sa tentative de traitement
de la crise politique en fait de même. Celle qui a rédigé une plateforme
politique censée cadrer un projet de transition démocratique, a opté pour la
soumettre à un aréopage de personnalités dont là aussi la respectabilité n'est
pas en cause, mais le doute permis sur leur prétention à parler au nom du
peuple.
Tant du côté du pouvoir que de celui de l'opposition, l'on
prétend agir dans le sens voulu par les citoyens, que l'initiative dont ils
sont le promoteur respectif répond à l'attente de ces citoyens. Mais les deux
sont enfermés dans des tractations dont les protagonistes sont pour le premier
des chefs de partis et des personnalités appartenant ou proches du sérail, pour
la seconde des hommes d'appareils partisans et des personnalités dont
l'influence auprès de l'opinion reste à démontrer.
Quand on sait que les citoyens ont à tort ou à raison opté
pour n'avoir confiance ni dans le pouvoir ni dans l'opposition, l'on se
s'étonne pas qu'ils accueillent avec méfiance ce que sont en train de « mijoter
» chacun dans son coin ces deux pôles de la scène politique. Le pouvoir le sait
et ne va certainement pas soumettre à référendum son projet de révision de la
Constitution auquel les consultations limitées auxquelles il donne lieu ne
donneront aucune crédibilité consistante aux yeux des citoyens. Le problème qui
se posera à l'opposition sera celui de mobiliser ces mêmes citoyens autour de
sa plateforme politique dont elle a, elle aussi, tenu le peuple à l'écart de la
réflexion et de la proposition sur son contenu. Les Algériens n'ont finalement
pas tort en revendiquant en même temps et le changement de pouvoir et un
renouvellement radical du personnel politique y compris dans les rangs de l'opposition.
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