et de faciliter l’intégration professionnelle et sociale des
Français en Israël, la gestion de l’Antenne Emploi-Formation a été
confiée en 2008 à l’association AMI dans le cadre d’une convention
annuelle passée avec le Consulat général de France à Tel-Aviv. »
Qu’est-ce que donc que cette AMI, avec laquelle le gouvernement
français a signé une convention, c’est-à-dire que Paris a payée avec les
deniers publics ? L’association « Alya et meilleure intégration ». Pour
ceux qui ne le savent pas, Alya (« la montée ») désigne le départ des
juifs vers Israël. Ce départ a toujours été au centre des préoccupations
des organisations sionistes avant 1948 et du gouvernement israélien
depuis.
Le site de l’association proclame : « C’est décidé, je fais mon Alya !
C’est décidé, cette année, je monte en Israël ! Mazal Tov, nous vous
attendons ! Comme vous le savez, il n’y a pas d’âge pour faire son Alya :
Que vous soyez jeune, en famille ou retraité, AMI vous donne toutes les
clés pour mener à bien la préparation pratique des étapes nécessaires à
l’accomplissement de votre Alya. »
Ce site — dont un des partenaires est le ministère des affaires
étrangères français ! — propose d’aider à l’installation des arrivants
dans différentes villes, dont, par exemple, Har Homa, une colonie
israélienne située en territoire palestinien occupé. Rappelons que,
toutes les semaines, ce même ministère condamne la colonisation — qui
est, selon les statuts de la Cour pénale internationale (CPI), un crime
de guerre.
Mais il y a loin de la parole aux actes et la France est devenue un
allié stratégique d’Israël, comme en a témoigné la visite de François
Hollande en novembre 2013. Comme en témoigne aussi le fait que, au
moment où Paris dénonce les djihadistes partant se battre en Syrie, il
ne prend aucune mesure contre les milliers de Français qui servent dans
l’armée israélienne, notamment dans les territoires occupés, et violent
ainsi le droit international ainsi que la politique officielle de la
France (lire Marc Cher-Leparrain, « Ces Français volontaires dans
l’armée israélienne », OrientXXI, 18 mars 2014).
Plus encore, l’ambassadeur de France en Israël Patrick Maisonnave
reçoit des soldats israéliens, comme l’écrit l’édition française du
Jerusalem Post le 14 janvier 2014 : « Ce sont dix soldats “seuls”,
enrôlés dans Tsahal alors que leurs parents sont restés en France, qui
sont arrivés jeudi 9 janvier à Yaffo pour rencontrer l’ambassadeur de
France. » Patrick Maisonnave s’est félicité de « l’engagement courageux »
de ces soldats dans une armée d’occupation dont les crimes sont
documentés tous les jours par les organisations de défense des droits
humains.
Mais pour le représentant de la République, les Palestiniens ne sont
sans doute pas des êtres humains. Pour les Français qui servent dans
cette armée non plus : il faut notamment lire dans cet article les
propos hallucinants de cette soldate qui déplore que pendant l’opération
« piliers de défense » contre Gaza en novembre 2012, son kibboutz a été
bombardé, oubliant ainsi les milliers de victimes palestiniennes… Ce ne
sont pas des êtres humains, on vous dit.
> Le site de l’AMI précise aux jeunes, ceux qui sont « aidés » par le consulat, qu’ils devront faire leur service militaire :
> « En Israël, l’armée est obligatoire et constitue une période
déterminante dans le processus d’intégration. Sauf dérogation donc, les
jeunes olim devront faire leur service militaire. Le temps
d’incorporation dépend de l’âge que vous aurez au moment de votre
arrivée en Israël. »
> On se souvient du scandale qu’avaient provoqué en 2004 les
appels du premier ministre israélien de l’époque, Ariel Sharon,
enjoignant aux juifs de France d’émigrer en Israël (« Ariel Sharon
appelle les juifs à quitter la France », Nouvelobs.com, 19 juillet
2004). On ignorait que le gouvernement français participait à cette
entreprise.
Alain Gresh
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