L'offre
faite par Bouteflika lors de la cérémonie de son investiture d'une concertation
pouvoir-opposition sur la révision de la Constitution projetée par lui a été
diversement accueillie dans les rangs de celle-ci. Il y a en effet parmi cette
opposition un camp apparemment minoritaire qui ne serait pas contre la
participation à la démarche proposée par le président reconduit. A la condition
entre autres toutefois, comme l'a énoncé le président du Front du changement
(FC) Abdelmadjid Menasra, que la concertation soit le cadre d'un dialogue «
sérieux, large, rassembleur et réformateur » dont le fruit en serait « une
constitution consensuelle » qui ne soit pas seulement « un discours ».
La
grande majorité de l'opposition a quant à elle réagi négativement à l'offre.
Des partis, rassemblements et personnalités politiques appartenant à ce courant
de l'opposition ont pris position contre elle en la qualifiant d'opération
visant à « diviser et casser » l'opposition au sein de laquelle se sont fait
jour des convergences sur lesquelles s'opère son rassemblement dont le pouvoir
redoute l'impact et l'effet mobilisateur contre lui. Il y a toutefois que si
dans ce camp l'intention est arrêtée de ne pas participer au processus de la
consultation proposée par le président reconduit, des fissures apparaissent
entre ses composantes quant à la stratégie que l'opposition doit adopter face
au pouvoir.
Partant
d'un diagnostic de la crise nationale qui leur est commun, les partis et
personnalités politiques de ce camp divergent néanmoins quant aux
préconisations à suivre pour en éradiquer les causes. D'aucuns défendent le
point de vue qu'il est impossible de changer ou de faire évoluer de l'intérieur
le système et le régime et prônent par conséquent de l'entente en dehors d'eux
sur un processus de changement que l'opposition unie défendrait pacifiquement
en usant de toutes les formes de lutte qui sont à sa disposition. D'autres
estiment par contre qu'il faut faire preuve de réalisme compte tenu du rapport
de force entre le pouvoir et l'opposition qui est loin d'être favorable à celle-ci
et plaident par conséquent pour « la reconstruction d'un consensus national »,
projet qui viserait à élaborer avec l'opposition politique, la société civile
et le pouvoir un programme consensuel de sortie de crise.
L'inquiétant
dans les divergences de vision qui sont apparues au sein de cette opposition
sur la manière pour elle de se positionner face au pouvoir dans l'après 17
avril est qu'elles risquent de prendre le dessus sur ses convergences qui lui
ont permis d'opérer des rapprochements ayant suscité l'espoir de la voir parler
et agir unitairement face à un pouvoir qui a puisé une partie de sa force de
l'émiettement de ses adversaires. Depuis le lancement du processus électoral
qui a conduit au quatrième mandat, l'on a assisté à des regroupements entre
composantes de l'opposition qui sont inédits, voire étonnants mais qui prouvent
que leurs initiateurs sont dotés d'une maturité politique capable de déjouer
les manœuvres de division auxquelles va être confronté leur projet de formation
d'un front anti-système susceptible d'être le porteur crédible d'un projet
d'alternative à ce système pour qui le quatrième mandat de Bouteflika est
l'ultime planche à laquelle il s'est accroché pour durer.
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