Lettre ouverte aux Européens coincés derrière le rideau de fer israélo-US
par
Hassan Hamadé
Vu
d’Occident, l’Otan mène la guerre contre le terrorisme. Mais sitôt sorti
de ce monde bien ordonné, la vérité est autre : l’Otan est le maître du
terrorisme international, protégeant des camps d’entraînement
d’Al-Qaïda en Libye et en installant d’autres sur son propre sol, en
Turquie. Jamais Al-Qaïda n’a renversé de gouvernement ni conquis de
nation, toujours il a détruit des sociétés, appliquant pour Washington
la doctrine straussienne du chaos constructeur. Pour Hassan Hamade, la
civilisation débuta en Syrie, tandis que l’Europe, l’Amérique du Nord et
Israël ne sont encore qu’au stade de la barbarie. Vous n’en avez pas
conscience et pensez être supérieurs ? Il vous ouvre les yeux.
- Abdelhakim
Belhaj, commandant du Groupe islamique combattant en Libye (GICL).
Financé par le MI6, il tente quatre fois d’assassiner Mouamar
el-Kadhafi. Il devient le n°3 d’Al-Qaïda. Réfugié au Qatar, en 2010, il
revient en Libye dans un avion militaire et est nommé par l’Otan
gouverneur militaire de Tripoli. Il est toujours recherché par le Comité
des sanctions des résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) des Nations
unies.
Je vais vous raconter des choses graves que le
rideau de fer imposé à l’Union européenne vous empêche de savoir. Je
vais vous parler de la liaison dangereuse qui vous uni, à votre insu, à
la plus redoutable des nébuleuses terroristes opérant sur la scène
internationale : Al-Qaïda !
Oui, Al-Qaïda, celle que le dictionnaire politico-sécuritaire de
votre « Occident » définit comme la mère accoucheuse de la plus cruelle
des mouvances terroristes se réclamant de l’islam.
Al-Qaïda est considéré comme l’ennemi stratégique du « monde civilisé », tout en constituant une menace imminente pour les pays que vous imaginez « en voie de civilisation ».
Et pour que ces derniers puissent continuer leur marche dans votre
voie, ils ont besoin d’être protégés de ce danger terroriste qui les
guette. C’est pourquoi tout contact avec Al-Qaïda ou avec ses branches,
ses réseaux ou ses dérivées est strictement interdit, condamné, et le
cas échéant réprimé. C’est un principe indiscutable que les États-Unis
ont établi. Ils se sont arrogés le monopole de veiller à son respect et
de contrôler son application. Mais ce respect n’a jamais dépassé les
limites du discours politico-médiatique, c’est-à-dire celles de la
propagande, dans sa plus simple et basse expression, car on ne peut plus
parler de médias libres chez vous, dans l’espace atlantiste, mais
plutôt d’outils de propagande.
Cette propagande s’est révélée plus que jamais mensongère sur le
théâtre d’opération syrien où certaines branches et dérivées d’Al-Qaïda
—tels le Front Al-Nosra et l’Émirat islamique en Irak et au Levant— ont
gagné une notoriété mondiale en participant à la guerre d’anéantissement
que livre l’axe israélo-US au plus ancien pays du monde, la Syrie.
Durant ces trois années de guerre d’agression, la nébuleuse d’Al-Qaïda a
fait preuve d’une discipline exemplaire dans l’application stricte et
rigoureuse des plans établis par le commandement US. Elle s’est montrée
la plus à même d’exécuter la stratégie du « chaos constructeur »
qui passe nécessairement par la destruction de la société syrienne, en
même temps que par celle des infrastructures économiques et étatiques.
Il s’agit d’une vaste invasion de la barbarie pour détruire la
civilisation.
L’Otan, en respectant scrupuleusement les directives de Washington,
apporte sa protection immédiate à la formation et au fonctionnement du
front armé engagé dans le projet israélo-US de démantèlement de la
Syrie, en transformant ce berceau commun de la Chrétienté et de l’Empire
arabe en « champs de carnage ou triomphe la mort » [1].
Cette œuvre apocalyptique s’inscrit dans la lignée des crimes suprêmes,
fierté anglo-saxonne sanguinaire, après Hiroshima et Nagasaki (1945) la
Palestine (depuis 1948…) le Vietnam (1962-1975) l’Irak (depuis 1991…)
pour n’en citer qu’un échantillon choisi seulement au cours des récentes
décennies.
Le mensonge, toujours le mensonge, principal levier de la propagande
US, dans le domaine politico-sécuritaire comme dans le domaine
économique, se manifeste selon la technique saisie par le fameux
Observatoire du mensonge de George Orwell, ainsi cette impitoyable
entreprise belliciste est mise en marche sous les drapeaux combinés de
la « Démocratie » et des « Droits de l’homme ». Les gouvernements sous-traitants, chargés de mener cette entreprise, sont appelés « les Amis de la Syrie ».
Les combattants de base, des dizaines de milliers de djihadistes, issus
de plus de 80 nationalités, sont désignés comme des « opposants armés » ou des « combattants de la liberté » etc.. plus menteur que çà, tu meurs.
N’est-ce pas le mensonge qui a donné à cette gigantesque déstabilisation du monde arabe l’appellation de « printemps arabe » ? Force est de constater que partout où passe ce « printemps »
s’installe la confrérie des Frères musulmans. Dans son ombre,
fleurissent les organisations terroristes les plus violentes et démarre
le processus de destruction des sociétés. Nombreux sont les exemples à
commencer par la Libye dont la partie sud, le Fezzan, s’est transformée
en un sanctuaire de camps militaires d’Al-Qaïda, entre les villes de
Ghat (près de la frontière algérienne) et de Sabbah (proche du Niger).
Selon les services atlantistes, il y existe trois camps où sont formés
des terroristes qualifiés (des experts en explosifs et dans la
préparation des voitures piégés, etc…) pour répondre aux besoins du
voisinage africain (Mali, Niger, Tchad, Algérie, Nigeria). Ces
terroristes pas comme les autres entretiennent des relations très
solides avec certaines organisations extrémistes, comme Aqmi et Boko
Haram. Leurs universités du terrorisme répondent aux « besoins »
d’autres pays, tel que la Syrie, devenue ces temps-ci une destination
privilégiée pour ses lauréats. Les cours y sont donnés par des « professeurs »
pakistanais, égyptiens, saoudiens, yéménites et autres. Pour les deux
mois de décembre 2013 et janvier 2014, cette très prestigieuse
université a envoyé en Syrie 5 000 djihadistes de nationalités
multiples… [2]
Une idée de la situation dans cette zone a été donnée par l’ex-chef
d’état major des armées françaises, l’amiral Édouard Guillaud, lors
d’une rencontre avec une vingtaine de journalistes, à Paris, le 26
janvier 2014, une semaine avant son départ à la retraite. Il déclarait :
« Le Sud de la Libye est devenu un véritable trou noir (…) un lieu
de régénération, d’approvisionnement en armes des terroristes, c’est le
nouveau centre de gravité du terrorisme ».
Graves sont ces révélations. Surtout lorsqu’elles viennent d’un homme
qui n’a vécu aucun cas de conscience face à la mission qu’il était
chargé d’exécuter en Libye, en étroite coordination avec son homologue
britannique. Mais ces révélations pour choquantes qu’elles puissent
paraitre ont le mérite d’être vraies. Cependant, les aveux de l’amiral
ne s’arrêtent pas là. Il va beaucoup plus loin jusqu’à proposer une
nouvelle intervention militaire (cela veut dire un nouveau round de
destruction de ce qui n’a pas été encore totalement détruit dans le
pays). Il déclare in texto : « L’idéal serait de monter une opération internationale avec l’accord des autorités [libyennes]. Et
il faudra bien, un jour, se poser la question d’une intervention. Mais
le problème, c’est qu’il faudrait d’abord qu’il y ait un État dans le
Nord du pays » [3].
L’Otan et la « commodité du mensonge »
À écouter l’amiral dans ses aveux, on ne dirait pas que la France ait
joué un quelconque rôle dans la guerre d’agression de 2011, la
destruction de l’État libyen et la transformation de son vaste
territoire en un « nouveau centre de gravité du terrorisme ».
N’est-ce pas cette participation à l’une des entreprises guerrières les
plus sales, les plus criminelles et les plus mensongères qui a été
malhonnêtement présentée comme une noble assistance de la part de la
France et du Royaume-Uni à la genèse du prétendu « printemps arabe » ? Sans parler des 160 000 victimes des innombrables massacres et tueries qui ont accompagnés cette guerre d’agression [4]
Venons-en à la « commodité du mensonge » [5]
qui ne cesse de marquer le discours atlantiste sur cette gigantesque
déstabilisation qui frappe plusieurs pays pris pour cibles par la
stratégie du « chaos constructeur » états-unien. Cette « commodité du mensonge »,
relayée par le terrorisme du système médiatique, veut vous faire croire
et nous faire croire encore que l’Otan se trouve incapable de paralyser
ces usines de production de terroristes si ce n’est de les anéantir. La
réalité des faits, sur le terrain, offre un démenti catégorique, sans
appel, à ces mensonges grotesques compte-tenu de la parfaite domination
de l’espace aérien libyen par l’aviation franco-britannique ainsi que de
la surveillance continue du territoire sud-libyen par les satellites « occidentaux »
qui guettent le moindre mouvement, le moindre bruit, dans l’immensité
du Sahara, avec une attention toute particulière réservée aux « trois centres de formation accélérée au djihad ».
Nul n’ignore l’extrême précarité de ces académies de terrorisme situées
en plein air, dans l’étendue sahraouie, sans aucune couverture,
s’offrant en cibles faciles à tout ennemi qui pourrait venir du ciel.
Ceci étant, l’aviation franco-britannique, à elle seule, assure la
véritable protection à ces trois bases d’Al-Qaïda dans la zone du sud
Libyen. Cette réalité, pour perverse qu’elle puisse vous paraitre, et
que le rideau de fer israélo-US vous occulte, apporte, par voie de
conséquence, un net démenti aux allégations mesquines de Paris, de
Londres et des autres capitales de l’Alliance du mensonge commode, selon
lesquelles le bloc « occidental » est déterminé à accomplir la grande et lourde tache de terroriser les terroristes, de les « détruire », selon l’expression de François Hollande.
Essayons de planer, ensemble cette fois-ci, dans le vide de la
bonhomie, toujours guidés par les discours pédagogiques de vos
dirigeants atlantistes, toujours orientés par la pensée unique que
propagent vos médias, conformément au code de conduite défini dans le
dictionnaire du politiquement correct, et imaginons le président
français sérieux dans sa volonté de « détruire » ce terrorisme.
Une seule conclusion s’impose : qu’il le fasse et nous serons les
premiers à l’applaudir. Il a devant lui trois cibles faciles à détruire.
C’est pour lui un jeu d’enfant compte tenu de sa parfaite maitrise de
l’air. Chacun sait que dans une zone géographique désertique, telle que
le Fezzan, celui qui maitrise l’air contrôle le sol. Le président doit
passer à l’attaque, sans perdre plus de temps. Il est bien placé pour le
faire, surtout que c’est dans cette redoutable usine de terroristes que
sont formés les combattants les plus dangereux qui menacent les « intérêts français » au Mali, dans toute la zone du Sahel et ailleurs sur le continent africain.
Boko, Alep et « Damas sur Scène »
L’affaire Boko Haram [6]
est venue s’ajouter au dossier pour mettre en évidence une fois de plus
la perversité des gouvernements totalement inféodés au diktat de Washington. D’abord Boko Haram, qui n’est qu’un mouvement d’imbéciles et de criminels, trouve ses besoins en « terroristes qualifiés »
assurés provisoirement par cette même Académie des hautes études en
terrorisme du Fezzan. Pourquoi donc tout ces coups de théâtre —dont la
scène la plus mensongère fut présentée à Paris, en forme de conférence
réunissant autour d’un personnage excessivement médiocre cinq présidents
africains directement concernés par le dossier en question, sous le
contrôle direct de la bannière étoilée— et ne pas attaquer directement
la source, au Fezzan ? Il faudrait être absolument stupide, pour prendre
au sérieux ce soudain réveil de l’humanisme, de la Maison-Blanche, de
l’Élysée ou du 10 Downing Street, ou prendre pour de vraies les larmes,
celles de crocodiles versées sur le triste sort des filles nigérianes
par les épouses, les concubines et les maitresses des chefs d’États
otanesques. Pourtant, toutes et tous, non seulement demeurent
insensibles aux multiple appels à l’aide de la population civile de la
métropole martyre d’Alep —une population assoiffée, affamée,
ensanglantée, prise en otage par les takfiristes—, mais ils apportent
leur soutien illimité à ces terroristes qui « font du bon boulot » selon Laurent Fabius [7].
Laurent Fabius encourage à l’assassinat de Bachar el-Assad.
N’oubliez pas que dans l’arbre généalogique de la confrérie des
Frères musulmans, Boko Haram, le Front Al-Nosra, l’Émirat islamique en
Irak et au Levant, le Front islamique et compagnie sont de véritables
sœurs jumelles, prises en charge à leurs naissances par les monarchies
du Golfe, toujours sous les directives anglo-saxonnes. Cependant, les
sœurs jumelles reconnaissent, toutes, à Al-Qaïda un droit d’ainesse
indiscutable confirmé par une prodigieuse historicité qui remonte à la
fameuse guerre d’Afghanistan contre l’URSS, dans les années 80 du siècle
dernier.
Il s’agit d’un choix posé par Washington seul. Voilà pourquoi le
président Hollande, tout comme David Cameron, s’avère animé d’une
exceptionnelle force d’inertie. Il parait que, pour faire usage de la
force des armes, il lui faudrait avoir la permission de Washington. Oui,
la permission de Washington. « Nous devons attendre la décision du Congrès »...
ainsi parla François Hollande. C’était le 6 septembre 2013. La
Maison-Blanche venait de reculer sans prévenir ses Alliés, après la mise
en garde du président russe Vladimir Poutine qui n’avait pas hésité à
qualifier, solennellement, son visiteur le secrétaire d’État US John
Kerry de « menteur » lorsqu’il accusait la Syrie de bombarder
chimiquement sa propre population. Donc il est encore tôt, trop tôt
même, pour oublier cette fameuse déclaration du président Hollande,
révélatrice d’une extrême vassalité vis-à-vis de son supérieur
hiérarchique otanesque. Il est des déclarations qui resteront gravées
dans les annales des relations internationales. Celle du 6 septembre
2013 en est une, elle en dit long sur la véritable nature des relations
transatlantiques, plutôt des relations entre l’occupant US et l’occupé
européen. Le premier ordonne, certes en fonction de ses intérêts, le
second exécute. Et les intérêts de l’Européen où sont-ils ?
François Hollande n’interviendra pas sans l’aval du Congrès états-unien
C’est là où s’opère la combinaison diabolique entre le dirigeant
européen et la violence du rideau de fer dont la principale vocation
consiste à priver le plus large public de tout accès à la vérité. Il
s’agit d’un trucage continu de l’information auquel se livre la machine
médiatique. Par le biais de « l’info-flation » [8]
le public subit, toujours à son insu, une opération de décervelage, un
décervelage en masse des masses à travers lequel le système médiatique
atteint le plus haut degré du terrorisme appliqué. C’est bien à ce
niveau que se situe la dimension invisible qui caractérise le rideau de
fer israélo-US et qui le différencie de celui qui existait dans
l’ex-bloc de l’Est. Son rôle consiste à camoufler les véritables
contradictions stratégiques entre les intérêts européens et les intérêts
états-uniens de sorte que vous, public coincé derrière ce rideau de
fer, ne puissiez pas remarquer que vos dirigeants servent les intérêts
de l’Empire et non les vôtres. C’est bien à cause de ces créatures
médiocre qui vous gouvernent que vous vous retrouvez depuis trois ans,
et sans vous en rendre compte, en liaison honteuse et criminelle avec
Al-Qaïda et ses ramifications, dans le même camp que les égorgeurs
d’enfants, les éventreurs de femmes, les cannibales, marchant
bras-dessus-bras-dessous avec la confrérie des Frères musulmans,
participant activement, toujours sans vous en rendre compte, à
l’anéantissement de la Syrie, notre nation-mère, la belle Syrie, berceau
de la chrétienté avec son insolite exemplarité du vivre en commun entre
religions, confessions et ethnies. C’est ainsi que les gouvernements
atlantistes ne cessent d’innocenter les organisations terroristes, de
tous les massacres que les dizaines de milliers de leurs combattants
étrangers commettent sur le sol syrien, et d’attribuer leurs tueries aux
forces gouvernementales.
Missions suspectes des trois bases d’Al-Qaïda en Turquie
La propagande atlantiste est tellement primitive que ses auteurs et
ses dépositaires s’enflamment à la moindre remise en question de sa
version officielle. Ce fut le cas de l’ambassadeur de France à l’Onu,
Gérard Araud, menteur de vocation, ultra-sioniste d’adoption, sans
conviction, qui n’a pas trouvé autre que le qualificatif d’« agent » pour faire taire le très sérieux correspondant de la chaine panarabe Al-Mayadeen,
Nizar Abboud, dont le crime suprême a été d’oser demander au diplomate,
en toute politesse, un éclaircissement sur les relations triangulaires,
Qatar-France-Al-Qaïda. Exactement la même médiocrité, musclée et
arrogante, qu’étale fièrement son supérieur hiérarchique, Laurent
Fabius, qui n’a pas hésité à exprimer son estime pour le Front Al-Nosra
qualifiant ses crimes abominables de « bon boulot » [9]. Ceci alors qu’Al-Nosra annonçait « la bonne nouvelle aux frères djihadistes du monde entier » :
la fusion totale de ses structures organisationnelles avec celles de la
très redoutable Al-Qaïda Fi Bilad Ar-Rafideine (Al-Qaïda en
Mésopotamie) qui est la version irakienne de l’Aqmi maghrébine et du
Boko Haram nigérian. Désolé de revenir à ces déclarations pour défendre
la vérité que l’info-flation cherche toujours à vous occulter.
L’ambassadeur Gérard Araud qualifie d’« agent » le journaliste Nizar Abboud
Cette expression, révélatrice d’un sadisme absolu, du chef de la
diplomatie française, signifie en matière de terrorisme appliqué que les
lauréats de l’Académie du Fezzan font du « bon boulot » s’ils se dirigent tout droit vers la Syrie et font du « mauvais boulot »
s’ils rejoignent Boko Haram au nord du Nigeria et dans les environs du
Sahel. La prestigieuse Académie continue à desservir les deux
destinations, conformément aux directives de Washington que vos
gouvernements européens sont déterminés à appliquer à la lettre.
Toujours dans le cadre des directives de Washington, ruissellent les
pétrodollars des monarchies du Golfe pour couvrir le financement de
l’énorme logistique déployée en vue d’assurer le transfert des
djihadistes, d’un pays à l’autre ou d’un continent à l’autre, en toute
fluidité, sans aucun obstacle, par mer, air et terre, ainsi que pour
l’organisation et la gestion des structures d’accueil et d’hébergement.
Car il s’agit de plusieurs dizaines de milliers de combattants
farouches, venus du Caucase, du Maghreb, d’Égypte, du Pakistan,
d’Afghanistan, d’Arabie Saoudite etc… L’envoyé spécial du secrétaire
général des Nations unies, Lakhdar Brahimi avait avancé, en avril 2013,
le chiffre approximatif de 30 à 40 000 combattants étrangers [10],
alors que des estimations beaucoup plus sérieuses évoquent des chiffres
dépassant les 100 000 combattants… puis il s’agit de l’injection de ces
djihadistes au cœur même du pays à abattre. L’exemple de la Syrie en
est le plus éloquent.
Attaquée par ces « combattants de la liberté », infiltrés par
les cinq frontières terrestres depuis le Liban, Israël, la Jordanie,
l’Irak et la Turquie, ainsi que par la Méditerranée, la Syrie résiste
depuis plus de trois ans. C’est bien grâce à cette résistance que tous
vos masques sont tombés sur la scène internationale. C’est la chute
finale sur le plan idéologique. Désormais, votre « Occident » ne peut plus dire un seul mot en matière de terrorisme. Votre « Occident »
ne peut plus cacher son véritable visage de principal fabricant de
terroristes. Il en est le protecteur, le financier, le commanditaire, le
commandant. Triste vérité.
Le terrorisme constitue une des principales composantes de l’arsenal
militaire de votre Otan. Ceci ne cesse d’être prouvé et certifié. L’axe
Otan-Al-Qaïda se révèle à qui veut voir et à qui veut entendre.
Aujourd’hui même, se déploient au cœur de la Turquie, c’est à dire au
cœur du bouclier oriental de l’Alliance atlantique, trois camps
militaires d’Al-Qaïda, regroupant chacun plusieurs milliers de
combattants, répartis dans trois régions de grande importance [11] :
1.
Le camps de Şanlıurfa, situé dans la zone frontalière avec la Syrie.
C’est un point de départ et une base arrière pour des raids qu’effectue
Al-Qaïda à l’intérieur du territoire syrien. De ce camps sont parties
les troupes de choc qui ont attaqué récemment la très symbolique région
de Kassab, un des fiefs de la présence arménienne en Syrie et un exemple
vivant d’ouverture socioculturelle, fierté du patriotisme syrien [12].
2.
Le camps d’Osmaniye mérite une attention très particulière car il
projette la lumière sur des dimensions soigneusement occultées par le
rideau de fer. Son emplacement, en soi, est très énigmatique d’autant
qu’il est révélateur du niveau de confiance qui règne au sein de
l’intimité CIA-Al-Qaïda. D’abord le camps est situé dans une zone
sécurisée par la présence de la très grande base militaire de la US Air
Force d’Incirlik. Voisinage certes très significatif, mais ce n’est pas
tout.
Non loin de ces deux bases supposées être des ennemies existentielles du « monde civilisé »,
se trouvent les intersections des oléoducs et des gazoducs en
provenance d’Irak et d’Asie centrale qui débouchent dans le port turc de
Géihan sur le littoral méditerranéen. Stop !
Al-Qaïda-oléoducs-gazoducs … ça devrait nous rappeler quelque chose
que le rideau de fer néglige volontairement : l’Algérie des années 90 du
siècle dernier. Souvenez-vous mes amis européens qu’alors que vos
intérêts étaient régulièrement attaqués et endommagés, les milliers de
kilomètres de pipe–line qui sillonnaient et sillonnent toujours
l’immense territoire algérien furent épargnés, voir même protégés. Ce
n’est pas par simple coïncidence que la confiance règne entre l’Empire
et ses ennemis présumés. L’Empire, parait-il leur accorde le soin de
veiller sur la sécurité de son artère vitale. Méfiez-vous des attraits
du discours officiel, c’est dans ce qui est officieux que se cache
parfois la vérité.
3.
Le camps de Karaman, situé dans la zone nord-ouest d’Adana, considéré
comme une académie d’études avancée en matière de terrorisme appliqué.
Ce camps est plus proche d’Istanbul que de la frontière syrienne. Il
semble moins impliqué dans la guerre que ne le sont les deux autres. Ce
qui pose des points d’interrogations quant à son objectif véritable en
territoire turc. Rien de beau, ni de bon, ne peut venir de cette
nébuleuse infernale. C’est la boussole indispensable dans toute
recherche concernant le rôle d’Al-Qaïda ou de sa progéniture.
En ce qui concerne ces bases précisément il s’agit d’essayer
d’explorer quel avenir est réservé à la Turquie dans l’optique du « chaos constructeur » en plein application dans la région. Pour cela, il ne faudrait exclure aucune hypothèse, dont les scénarii
les plus catastrophiques ou les comparaisons qui se présentent à
l’esprit, sans sollicitation de notre part, compte tenu de l’intensité
des cas du Pakistan et de l’Ukraine. N’est-ce pas l’extrême gravité des
enjeux qui à poussé Kemal Kılıçdaroğlu, président du Parti Républicain
du Peuple, kémaliste et principale force de l’opposition, à mettre en
garde le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, lors de la récente
bataille des municipales, l’incitant à rompre immédiatement ses
relations avec Al-Qaïda pour épargner à la Turquie des retombées
néfastes sur sa propre sécurité nationale : « Nous avons demandé à Erdoğan de se désengager d’avec Al-Qaïda sinon ce serait dangereux pour la sécurité nationale de la Turquie ».
L’ambigüité qui entoure la mission de ce camps de Karaman exige une
surveillance continue et justifie toutes les craintes relatives à cette
présence d’Al-Qaïda sur la ligne de front de l’Alliance qui prétend
diriger la « guerre contre le terrorisme ».
- En
juin 2010, les Frères musulmans organisèrent la Flottille de la liberté
pour rejoindre Gaza et furent attaqués par Tsahal en pleine
Méditerranée. Le Premier ministre turc vint visiter un des blessés,
Mahdi Al-Harati, présenté à la presse comme un militant turco-irlandais.
Il s’agissait en fait d’un agent de la CIA, membre d’Al-Qaïda. En 2011,
il commanda avec des officiers français le siège de l’hôtel Rixos de
Tripoli (Libye) dans les sous-sols duquel Mouammar el-Kadhafi s’était
réfugié. En 2012, il commanda une unité du Front Al-Nosra en Syrie.
Ce n’est qu’un petit exemple, parmi tant d’autres, sur la tombée des
masques et l’effondrement de la citadelle des mensonges bâtie autour de
l’Otan depuis des dizaines d’années. Votre « Occident » et ses
mauvaises fréquentations menacent la paix du monde et l’avenir de
l’humanité. La légèreté extrême de vos dirigeants ainsi que leurs
magouilles et leur cupidité criminelle transforment vos régimes
politiques en des dictatures prédatrices incompatibles avec l’existence
même d’un État de droit. La politique qu’ils mènent en votre nom glisse
de manière irréversible vers le totalitarisme.
Dure est cette constatation, mais elle a le mérite d’être sincère.
[
1] Pierre Corneille dans
Le Cid
[
2] « Ouverture tardive de la chasse au Jihad en Libye », par C.A.,
Le Canard enchaîné, 5 février 2014.
[
3]
Le Canard Enchainé, 5 février 2014.
[
4] Estimation selon les rapports internes de la Croix-Rouge internationale.
[
5]
La raison assiégée, par Al Gore, Seuil éd. 2008. Lire le chapitre réservé à cette commodité.
[
6] «
"La face cachée de l’Affaire Boko Haram (Africom Brezynski, Plan Yinon)" », Reggan Lawson,
YouTube, 17 mai 2014.
[
7] Cité in «
Pression militaire et succès diplomatique pour les rebelles syriens », par Tsabelle Mandraud (avec Gilles Paris),
Le Monde, 14 décembre 2012
[
8]
C’est-à-dire l’inflation d’informations. Le système de propagande
occidental est fondé sur la surabondance et non plus sur la rareté.
Ndlr.
[
9]
Op. Cit.
[
10] «
Briefing
to the Security Council by the Joint Special Representative of the
United Nations and the League of Arab States for Syria », par Lakhdar Brahimi, 19 avril 2013.
[
11] “
Israeli general says al Qaeda’s Syria fighters set up in Turkey”, par Dan Williams, Reuters, 29 janvier 2014.
[
12] «
L’armée turque aide des mercenaires étrangers à pénétrer en Syrie » ; «
L’armée turque détruit un avion de combat syrien » ; «
Le Conseil de sécurité refuse de condamner l’attaque turco-terroriste de Kassab », Réseau Voltaire, 22, 23 mars et 4 avril 2014.
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