La raison d'être des «particulets»
par Kharroubi Habib
Que
les partis et personnalités politiques qui ont pris la décision de ne pas
répondre à l'invitation de participer à la consultation sur le projet de
révision de la Constitution que le pouvoir s'apprête à lancer ne s'illusionnent
pas sur la portée dissuasive de leur décision. Le pouvoir ira au bout de son
projet, avec ou sans eux. Il se trouvera en effet une pléthore d'autres partis
et personnalités politiques qui eux répondront à son invitation. Ce qui lui
permettra de minorer l'absence des boycotteurs et de la présenter comme n'ayant
pas empêché l'émergence d'un large consensus autour de sa démarche.
A
l'occasion de la consultation annoncée, il sera encore une fois constaté que le
multipartisme en Algérie a été totalement dévoyé et que la majorité des
formations auxquelles il a donné naissance sont à la solde du pouvoir qui leur
a délivré leurs agréments. Elles participeront par conséquent massivement à
cette consultation et créeront ainsi l'illusion que les partis qui se seront
abstenus ne sont pas représentatifs de l'opinion nationale dominante sur la
question de la révision de la Constitution. Les boycotteurs pourront toujours
leur dénier d'être des acteurs politiques crédibles et les présenter comme des
faire-valoir n'ayant aucune audience populaire, mais sans convaincre pour
autant qu'eux ont l'écoute de l'opinion algérienne. Et c'est cela la grande
faiblesse de ces partis et personnalités politiques qui ont pris position
contre la démarche du pouvoir.
Ils
se trompent s'ils pensent qu'ils ont surmonté leur faiblesse en se fédérant en
un pôle d'opposition qui comme le prétendent certains parmi eux aurait été la
locomotive du mouvement qui a détourné la majorité des électeurs du vote à
l'occasion de l'élection présidentielle. En l'état actuel de leur audience
auprès des citoyens, le pouvoir ne craint nullement ses adversaires partisans
individuellement ou coalisés. Ils ne sont pas près en effet de représenter une
force en mesure de faire échec à ses initiatives car s'étant durablement
démonétisés en restant sur le seul registre de la dénonciation du pouvoir et de
ses échecs, et en faisant la démonstration de leur incapacité à aller vers les
citoyens avec des projets alternatifs au sien qui seraient rassembleurs.
Cette
impuissance évidente de l'opposition partisane n'a pas échappé aux anti-pouvoir
qui mènent leur combat en dehors du cadre partisan. Sans déjuger l'action et
les initiatives de la première, ils tentent de créer un cadre de lutte autonome.
Ce que l'un de leurs chefs de file a présenté comme devant être «un espace
citoyen» dans lequel se fédéreront les militants de la société civile
convaincus que la seule façon de faire fléchir le pouvoir c'est de construire
«un rapport de force sur le terrain» qui l'obligerait à entendre les
revendications de la société algérienne.
Il
est vrai comme la dit ce même acteur politique qu'il «ne sert à rien de rêver
ou de fantasmer» sans être une force qui en impose au pouvoir. Un mouvement
citoyen large et déterminé à se faire entendre en sera effectivement une que le
pouvoir ne pourrait contrer comme il le fait avec les quelques partis qui lui
sont résolument hostiles dont il étouffe les voix discordantes en montant en
épingle celles des «particulets» dont il a favorisé la création en surnombre
pour justement obtenir la cacophonie discréditante de tout le champ politique
partisan.
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