LA RAISON CONTRE L'IMPASSE
par M. Saadoune
Avec des variantes et parfois des divergences sur
l'approche, les acteurs de l'opposition convergent pour appeler à un changement
de régime. Leurs propositions ou suggestions ne peuvent, à priori, susciter un
quelconque intérêt chez un pouvoir habitué à n'obéir qu'à son propre agenda.
Rien ne semble changer, la formalité électorale expédiée et moyennant des
fausses ouvertures, comme l'octroi de postes ministériels, le pouvoir poursuit
son chemin
dans l'impasse globale.
La révision «consensuelle» de la Constitution n'a pas
vraiment de sens si un nouveau contrat politique n'est pas négocié pour passer
à une autre étape, à une autre gouvernance. Mais par quel moyen l'opposition,
dans sa diversité, pourrait convaincre les tenants du régime de prendre acte de
sa dangereuse obsolescence alors que des intérêts puissants profitent du
statuquo ? Pour reprendre la fameuse formule, de combien de divisions cette
opposition dispose-t-elle pour convaincre ceux qui détiennent les leviers du
pouvoir qu'il est de l'intérêt de tous, y compris du leur, d'aller vers un
changement organisé ? Vu sous cet angle, le pouvoir peut passer outre, d'autant
que l'absence de structuration politique de la société ne permet pas de créer un
rapport de forces en faveur du changement.
L'opposition n'a en réalité qu'un sens des
responsabilités qui lui commande de multiplier les appels et les alertes. Jouer
la rue n'est pas une option pour elle mais les tenants du régime auraient tort
d'y voir un signe de leur propre force. L'absence de structuration politique de
la société ne joue pas forcément dans le sens de cette «stabilité» qui est
opposée, de manière absurde, à ceux qui appellent au changement. Les exemples
ne manquent pas. Le cas libyen, tout proche, rappelle que le néant politique
n'existe pas. Et qu'une société non structurée et non organisée constitue aussi
un terrain fertile pour les jeux extérieurs. Un régime peut fonctionner un
certain temps en usant des instruments de la répression, de la redistribution
voire de la corruption, il ne peut le faire indéfiniment. Les Etats les plus
forts et les plus résistants aux manœuvres extérieures - pour reprendre le
thème phare du discours du statuquo - sont ceux où l'adhésion libre des citoyens
est authentique.
Au lieu d'effrayer les Algériens de la menace du
printemps, il vaut mieux tirer les leçons de ce qui est arrivé en Libye ou en
Syrie. La dictature et l'autoritarisme emportent, dans leur effondrement, ce
qui reste d'Etat et de pays. La Libye est désormais une somme de villes-milices
avec un risque d'éclatement. La Syrie est exsangue. Ce n'est pas le «printemps»
qui a causé ces malheurs, c'est la folie et l'aveuglement de ceux qui dirigent.
Les opposants n'ont pas de «divisions armées» pour convaincre le pouvoir mais
ils ont l'argument de la raison. De la raison patriotique qui commande de ne
pas attendre que les chocs arrivent pour se résoudre à tourner la page d'un
régime dont la perpétuation est devenue un vrai danger. Ghardaïa est un signal.
En Kabylie, le MAK gagne du terrain malgré l'effort des forces démocratiques
attachées de manière viscérale à une vision nationale.
LES REPONSES DESTRUCTRICES A L'IMPASSE SONT DES
POSSIBILITES SERIEUSES. C'EST UN AUTRE SIGNE POUR CEUX QUI NE VEULENT PAS SE
LEURRER DE LA STABILITE DONT SE GARGARISENT LES TENANTS DU POUVOIR. LES RISQUES
DE DESAGREGATION NE SONT PAS DE SIMPLES HYPOTHESES ET CELA SUFFIT COMME
ARGUMENT POUR DEMONTRER QUE LE STATUQUO EST UNE GRAVE MENACE.
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