La mission de sécurité américaine arrive au Nigeria
15 mai 2014
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La photo ci-dessous est
tirée d’une vidéo, que l’on pourrait appeler la « vidéo officielle »,
qui va permettre l’intervention américaine et tout ce qui s’en suit.
Dans la vidéo qui a fait le tour du monde (c’était bien son but, non?),
un comédien jouant le rôle du chef des bandits avec tout l’accoutrement
du parfait terroriste fait son numéro. Mais si je parle de cette
mascarade, c’est qu’il y a quelque chose de visuellement insolite dans
cette vidéo, détecté par l’œil averti de notre ami Byblos, c’est la profession de foi
musulmane (Il n’y a de divinité que Dieu) écrite en arabe sur la
banderole en haut à gauche de l’écran. Où est le problème, direz-vous?
Le problème c’est que, si les lettres sont bien en arabe, leur
calligraphie est … hébraïque. Ça, Michelle Obama ne pouvait pas le
savoir. Quoique… son mari n’a-t-il pas appris le coran quand il était gamin ?
Boko-Haram
Profession de foi musulmane écrite avec une calligraphie hébraïque
Quelques jours seulement après avoir
plus ou moins contraint le président Goodluck Jonathan à accepter contre
son gré l’« aide » américaine pour le sauvetage de 223 lycéennes
captives du groupe d’insurgés islamistes Boko Haram, le gouvernement
Obama effectue des vols de surveillance au-dessus du Nigeria.
Le porte-parole de la Maison Blanche,
Jay Carney a dit que la totalité, à l’exception d’un seul, des 27
membres de l’équipe de conseillers et du personnel de sécurité, ont
installé un bureau dans la capitale d’Abuja pour superviser les
opérations au Nigeria. Les membres sur place comprennent cinq
responsables du Département d’Etat, dix planificateurs et conseillers du
Pentagone, sept soldats du commandement pour l’Afrique et quatre
spécialistes du FBI en matière de récupération de personnes victimes
d’enlèvement.
« L’ampleur de cette aide a été définie
et elle comprend une assistance militaire et juridique, une assistance
consultative tout comme un soutien en matière de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, » a dit Carney.
Retrouver les lycéennes ne sera pas
facile, vu que les forces américaines devront fouiller une zone de la
taille de la Nouvelle Angleterre, a-t-il dit. Il a signifié par là que
les forces américaines étaient là pour rester et seraient probablement
augmentées.
La signification de « conseillers
américains » est rapidement devenue évidente. Faisant référence à la
suggestion faite par le dirigeant de Boko Haram selon laquelle le groupe
négocierait contre une rançon, l’échange de prisonniers ou quelque
autre arrangement, la porte-parole du Département d’Etat, Jen Psaki, a
dit que le gouvernement Obama refuserait de payer la rançon pour
certaines ou toutes les filles, bien que la décision relevait du
gouvernement nigérien. « La politique des Etats-Unis… est de refuser aux
ravisseurs le bénéfice de leurs actes criminels, dont les rançons et
les concessions, » a-t-elle dit.
Jonathan a consciencieusement suivi la ligne indiquée et refusé tout arrangement avec les ravisseurs.
Son gouvernement et sa clique de riches
partisans sont tellement méprisés qu’Abuja n’a que peu d’emprise
véritable sur de vastes pans du pays. Le Nord-Est musulman se trouve en
état d’urgence depuis un an et l’armée n’a pas réussi à vaincre
l’insurrection de Boko Haram. Dans la région du delta du Niger au
Sud-Est, 10 pour cent au moins de la production pétrolière sont perdus
par suite de vol et d’approvisionnement illégal à une échelle
industrielle.
Le président a ignoré le rapt des filles
pendant trois semaines puis a ensuite rejeté la faute sur leurs parents
pour n’avoir pas fourni suffisamment d’informations sur leur identité.
Lorsque les manifestations ont éclaté au motif que rien n’était fait
pour obtenir la libération des filles, l’épouse du président, Patience
Jonathan, a ordonné l’arrestation de deux dirigeants des protestations,
les accusant d’appartenir à Boko Haram et d’avoir monté de toutes pièces
l’article sur l’enlèvement dans le but de discréditer le gouvernement.
Dans une situation où le gouvernement du
Nigeria est chancelant, les Etats-Unis ont, à toutes fins utiles, pris
en charge la gestion du pays et la recherche des lycéennes offre un
prétexte bien commode. La présidence de Jonathan ne durera que tant
qu’il appliquera les dictats de Washington.
La Grande-Bretagne, la France, le Canada, la Chine et Israël ont envoyé des équipes de spécialistes et de l’équipement pour faciliter les recherches.
Le président français, François
Hollande, a profité de l’occasion pour réclamer la tenue d’une réunion
au sommet sur la sécurité en Afrique occidentale en se concentrant sur
Boko Haram et qui devrait se tenir ce week-end à Paris. Cette réunion
comprendra probablement les dirigeants du Nigeria et d’au moins quatre
pays voisins: le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Benin.
Le déploiement de forces occidentales
constitue une escalade significative de l’intervention militaire en
cours effectuée par Washington et ses alliés en Afrique, de l’Afrique du
Nord et de l’Est à la Corne de l’Afrique et au Sahel, jusqu’à l’Afrique
occidentale riche en pétrole.
Le but de ce « pivot vers l’Afrique »
est de s’emparer des vastes ressources minérales et énergétiques du
continent face à la concurrence de la Chine qui a dépassé les Etats-Unis
en tant que principal partenaire commercial de l’Afrique.
La mobilisation d’une entreprise néocoloniale dans un pays qui a dépassé l’Afrique du Sud pour devenir la 27ème
plus grande économie du monde a été légitimé par une campagne
médiatique sociale internationale menée par les médias sur le hashtag #
(mot clé) BringOurGirlsBack (Ramenez nos jeunes filles). Elle a reçu un
bon coup de pouce du Forum économique mondial sur l’Afrique qui s’est
tenu la semaine passée à Abuja, où les grands patrons milliardaires africains et les PDG des gigantesques sociétés transnationales et des institutions financières se sont côtoyés.
Leur programme est tellement hostile à
l’égard des grandes masses de la population que les commerces et les
établissements scolaires ont été fermés dans la capitale et que leurs
hôtels et leurs lieux de rencontre ont dû être protégés par 6.000 agents
de sécurité dont certains étaient venus des Etats-Unis.
Un soutien non négligeable pour le forum
est venu de la conférence des femmes entrepreneurs qui se réunissait au
même moment à Lagos. Des féministes bien connues et certaines des plus
puissantes femmes du monde dans les médias, la mode, les affaires et la
politique étaient présentes. Leur rôle était d’utiliser les questions de
genre pour promouvoir les intérêts prédateurs de l’impérialisme
américain en exigeant une intervention internationale, c’est-à-dire une
action militaire pour obtenir la libération des filles.
A Washington, les membres féminins du
groupe de délégués noirs du congrès ont tenu une conférence de presse
pour dénoncer les actions de Boko Haram et exiger le retour des
lycéennes dans leur famille.
La campagne a atteint son paroxysme
lorsque le président américain Barack Obama a passé son émission
radiophonique hebdomadaire à la première dame Michelle qui a prononcé
des inepties en disant que : « Dans ces filles, Barack et moi voyons nos
filles. Nous voyons leurs espoirs, leurs rêves et nous ne pouvons
qu’imaginer l’angoisse que ressentent leurs parents en ce moment. »
Les Obama sont très sélectifs dans leur
angoisse. Selon l’UNICEF, quelque 4,7 millions d’enfants au Nigéria en
âge d’entrer à l’école primaire ne vont pas à l’école et il n’est pas
rare de voir une centaine d’élèves par enseignant, ou d’élèves assis
sous les arbres devant le bâtiment de l’école parce qu’il n’y a pas
assez de salles de classe. Dans certains des Etats au Nord du Nigeria,
la proportion des filles par rapport aux garçons est de moitié ou du
tiers.
Parallèlement aux 16.000 millionnaires
du Nigeria, le taux de chômage officiel était en 2011 de 23 pour cent,
tandis que quelque 70 pour cent de la population vivait sous le seuil de
pauvreté en 2010.
La rengaine « humanitaire » a été
reprise et amplifiée par les grands groupes de médias au nom de
Washington et du droit du patronat de piller les ressources de certains
des peuples les plus pauvres de la planète. De telles campagnes sont
devenues un moyen privilégié pour légitimer les guerres en faveur d’un
changement de régime et pour venir à bout de l’opposition de masse de
l’opinion publique au colonialisme.
L’indignation morale présente des
similitudes frappantes avec la campagne #Kony2012 pour la capture de
Joseph Kony, dirigeant de l’Armée de résistance du Seigneur qui était
responsable de l’enlèvement de centaines d’enfants aux quatre coins de
l’Afrique. Cela avait abouti au déploiement de centaines de troupes des
forces spéciales américaines en Ouganda et dans les pays limitrophes et
qui ont depuis été dotés d’avions de combat de type CV-22 Osprey
capables de décoller et d’atterrir à la verticale. Deux ans et demi plus
tard, Kony n’a toujours pas été capturé.
Un responsable du Pentagone a dit que
l’armée envisageait également d’envoyer des drones au Nigeria. Il a
révélé peut-être plus qu’il ne croyait lorsqu’il a dit que des drones
pouvaient être détournés de la recherche pour Kony en Afrique orientale
vers le Nigeria.
Derrière l’indignation morale il y a
l’inquiétude quant à la présence accrue de la Chine au Nigeria. Le
volume d’affaires est tel que des vols quotidiens réguliers sont assurés
à présent entre les deux pays. Plus de 17.000 Chinois résident
légalement à Lagos et dans l’Etat d’Ogun voisin, mais le nombre réel est
estimé être bien supérieur. La principale attraction du Nigeria est son
pétrole et une entreprise chinoise a annoncé en janvier des
investissements pétroliers et d’exploration de gaz de 10 milliards de
dollars dans la région du bassin de Bidan dans l’Etat de Niger.
Le premier ministre chinois Li Keqiang
a proposé son aide au Nigeria pour lutter contre le terrorisme, dont un
entraînement militaire pour des opérations de contre-insurrection.
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