Une des premières annonces «sociales» après
l'élection présidentielle a porté sur la promesse d'une suppression de l'article
87 bis qui bride le salaire minimum en y intégrant les indemnités et primes de
toute nature. Pour ceux qui dénonçaient, non sans raison d'ailleurs, un article
scélérat imposé dans la foulée du plan d'ajustement structurel dicté par le
FMI, ce n'est pas une tardive mesure de justice. Ils s'insurgent contre ceux
qui mettent en garde contre l'impact budgétaire de la mesure en les dénonçant
comme des «néolibéraux».
En réalité, les choses ne sont pas aussi simples. On
peut être pour la suppression de cette disposition scélérate sans occulter que
cela pose un vrai problème financier pour les entreprises publiques comme
privées. Mais on peut également souligner aussi que ce n'est pas la suppression
de l'article 87 bis qui va ruiner les finances publiques. D'autres domaines
sont plus dispendieux que les petits salaires. Mais la mesure, annoncée pour la
loi de finances 2015, aurait pu être une opportunité d'ouvrir un vrai débat sur
la manière dont les recettes de la rente pétro-gazière sont affectées.
On peut avoir la fibre sociale sans occulter les
réalités. Que l'on soit de gauche ou de droite, il est difficile de ne pas
constater le caractère absurde des prix des carburants ou de l'électricité. La
consommation intérieure explose très fortement encouragée par des prix bas qui
engendrent le gaspillage et les trafics avec les pays voisins. Et comme il est
de règle, les plus grands consommateurs de l'énergie à bas prix sont les plus
riches. Un quart du carburant consommé en Tunisie arrive d'Algérie par les
canaux de la contrebande. A l'Ouest, l'activité des hallabas semble reprendre
comme tout le monde prévoyait. On ne traite pas des problèmes d'économie avec
la mobilisation du gendarme ou du policier. L'effet n'est jamais durable, la
crispation sécuritaire ne pouvant résoudre durablement et sérieusement un
problème dont la contrebande n'est que l'effet et non la cause. Les vrais
leviers sont connus.
Pour éviter le gaspillage et la contrebande, il faut
des prix moins décalés de ceux des voisins ou du marché international. Quand le
ministre de l'Energie, en personne, annonce que la facture énergétique a
approché de 40 milliards de dollars en 2013, il n'est pas besoin d'être un
économiste pour constater qu'on baigne dans l'absurde. L'Algérie où l'activité
industrielle a reculé a une consommation d'un pays industriel ou
post-industriel. Le vrai problème est qu'en annonçant cette facture lourde, on
prend soin de préciser qu'il n'est pas question de revoir les prix ou les
tarifs. La hantise de la contestation par la rue est le souci majeur, elle est
d'ailleurs le corollaire d'un problème de légitimité et de crédibilité de ceux
qui exercent le pouvoir.
CONTRAIREMENT AUX IDEES REÇUES, LES ALGERIENS NE SONT
PAS DERAISONNABLES, ILS PEUVENT ACCEPTER UN LANGAGE DE VERITE. MAIS ILS
N'ACCEPTERONT PAS, NON PLUS, DES VERITES A SENS UNIQUE. LE SYSTEME ALGERIEN QUE
CE SOIT AU NIVEAU POLITIQUE OU ECONOMIQUE BAIGNE DANS L'INFORMEL AVEC CE QUE
CELA SUPPOSE COMME SUSPICION DE CORRUPTION ET DE MALVERSATIONS. ET LES «
AFFAIRES» QUI SORTENT SUR LA PLACE PUBLIQUE NE SONT PAS POUR LEVER CETTE
SUSPICION GENERALISEE. COMMENT DIRE AUX ALGERIENS QU'ILS DOIVENT PAYER
L'ELECTRICITE ET LES CARBURANTS AU « JUSTE PRIX» QUAND LA GESTION DES AFFAIRES
PUBLIQUES N'A RIEN D'EXEMPLAIRE ? COMMENT DIRE AUX ALGERIENS QUE LA
PRODUCTIVITE DE LEUR TRAVAIL EST TRES BASSE COMPARATIVEMENT AUX VOISINS QUAND
LA PERFORMANCE GOUVERNEMENTALE EST MEDIOCRE MALGRE LA DISPONIBILITE DE L'ARGENT
? LA SUPPRESSION DE L'ARTICLE 87 BIS EST BENIGNE A COTE DE CETTE FUITE EN AVANT
D'UN SYSTEME QUI NE VEUT PAS CHANGER. QUI NE SAIT MEME PAS COMMENT FAIRE POUR
EVITER D'ALLER VERS L'ICEBERG. LA DERAISON N'EST PAS CHEZ LES ALGERIENS
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